
Le président du syndicat des pharmaciens privés, Naoufel Amira, est intervenu, ce vendredi 4 novembre 2022, au micro d’Elyes Gharbi, sur Mosaïque FM, pour revenir sur le départ des laboratoires pharmaceutiques et l’impact que cela aura sur le secteur en Tunisie.
« Ce départ ouvrira la voie au marché parallèle et nous commençons déjà à le constater, les cas sont encore rares mais les pénuries vont changer la donne. Aujourd’hui, nous constatons que quelques centaines de médicaments sont en rupture de stock et la liste est évolutive » a déclaré Naoufel Amira.
Il a souligné que le constat est clair et que des réformes structurelles sont nécessaires. Naoufel Amira a évoqué les délais inacceptables en ce qui concerne l’enregistrement des médicaments, précisant, comme il le fait depuis des mois, que le système a évolué dans le monde entier et qu’en Tunisie, le système est archaïque et fait que les laboratoires mettent des années à obtenir des autorisations alors que d’autres pays ont déjà autorisé le médicament, parfois en quelques jours.
« La Tunisie n’a jamais été un grand marché, mais un marché agréable, nous sommes passés de la deuxième position en termes de rapidité d’octroi des autorisations, aux derniers en ce qui concerne la commercialisation de médicaments innovants. Aux Émirats un médicament est autorisé en 45 jours, il lui faut cinq ans en Tunisie » a affirmé Naoufel Amira, expliquant que le citoyen est ainsi privé des molécules innovantes qui offrent plus de confort aux malades, en raison notamment du déficit des caisses sociales qui sont incapables de rembourser ces médicaments.
« Dire que les laboratoires tunisiens sont capables de remplacer les laboratoires étrangers n’est pas juste. Chacun a sa place sur le marché, nos laboratoires fabricateurs de génériques, les Big pharma sont des créateurs de marché et s’ils ne sont plus là, il n’y a plus de création de richesse. D’ailleurs le départ de ces laboratoires n’est pas du tout en faveurs des laboratoires locaux, c’est même totalement l’inverse » a-t-il poursuivi.
Naoufel Amira a enfin souligné que le cadre législatif doit être revu pour lever les lourdeurs procédurales, que les fonds alloués dans la loi de Finances 2022 à la pharmacie centrale doivent être débloqués dans l’immédiat et enfin que la Tunisie finisse par instaurer une mesure permettant aux médicaments autorisés par les agences étrangères, notamment européenne et américaine, d’avoir automatiquement l’autorisation d’entrer sur le marché tunisien.
M.B.Z