
La Tunisie a perdu onze places au classement annuel de la liberté de la presse, publié par Reporters sans frontières (RSF). Selon la même source, elle est passée de la 118e place en 2024 à la 129e place en 2025.
Selon RSF, le score de la Tunisie était de 49,97 points en 2024. Il est passé à 43,43 points en 2025. Le rapport indique que la Tunisie est le seul et unique pays à avoir enregistré un recul dans les pays de l'Afrique du Nord.
RSF a affirmé que le pays a aussi enregistré la plus forte baisse du score économique dans la région, avec un recul de trente points. La même source a évoqué un contexte de crise témoignant d'un ciblage de la presse indépendante.
« La crise politique qui secoue le pays et l'engagement ambigu de Kaïs Saïed pour la liberté de la presse ont d'importantes répercussions... Le palais de Carthage ne reçoit plus les journalistes malgré les protestations du Syndicat national des journalistes tunisiens... Le paysage médiatique est dominé par un discours uniforme favorable au président, malgré la résistance de certains médias », a ajouté la même source.
Le rapport a également évoqué un affaiblissement de l'indépendance du pouvoir judiciaire, l'application de textes hérités de l'ère Ben Ali et la menace que représente le décret n°54 pour la liberté de la presse.
« Les réseaux sociaux sont régulièrement utilisés par les partisans du président de la République pour lancer des campagnes de désinformation, décrédibiliser la presse, et instiller méfiance et confusion chez les électeurs. Les violences verbales à l'endroit des médias se sont multipliées ces dernières années...Les intimidations envers les journalistes se banalisent. Le harcèlement des journalistes est devenu courant en Tunisie, où les acteurs médiatiques sont arrêtés et poursuivis en justice en raison de leur travail ou même de leur solidarité avec leurs collègues », a affirmé RSF.
Le rapport a rappelé que la Tunisie avait enregistré un triste record en 2024 avec l'entame d'instructions judiciaires visant dix journalistes pour avoir exercé leur travail. L'ONG a cité l'exemple du journaliste Mourad Zeghidi, en prison depuis mai 2024.
S.G