
Dans une déclaration accordée, jeudi 15 mai 2025, à Jawhara FM, Mostafa Abdelkebir, président de l’Observatoire tunisien des droits de l’Homme, a dressé un état des lieux alarmant de la situation actuelle à Tripoli, capitale libyenne. Selon lui, tout regard sérieux sur la crise libyenne doit passer par trois prismes : la fragilité politique, l’effondrement humanitaire et l’instabilité sécuritaire.
Mostafa Abdelkebir souligne la confusion et l’inefficacité des décisions politiques actuelles. « Toutes les résolutions prises, dit-il, ne sont que des papiers sans portée réelle, manipulés sur les réseaux sociaux ou relayés sans impact par les ministères. » Il évoque une gouvernance éclatée et une situation paradoxale pour un pays où l’autorité militaire elle-même se désengage de ses propres opérations.
Pour Mostafa Abdelkebir, les affrontements récents et les manifestations dans les quartiers populaires de Tripoli sont révélateurs d’un profond rejet de l’ordre établi. Il ne s’agit pas simplement d’une réaction sécuritaire à des abus, mais d’un conflit bien plus profond : « un affrontement identitaire, régional et de pouvoir entre factions armées soutenues par des intérêts internes ou étrangers. » Il affirme que les habitants de l’ouest libyen et de Tripoli refusent « l’emprise politique, économique, militaire et sécuritaire imposée par des groupes principalement issus de Misrata. » « Tripoli, dit-il, n’est plus la capitale de tous les Libyens depuis l’arrivée au pouvoir d’Abdulhamid Debaibah. »
Sur le terrain, la situation est marquée par une paralysie partielle : routes coupées vers le nord, aéroport fermé, quartiers verrouillés par des brigades comme celles de Bouqra ou Radaa. Cependant, les accès depuis les villes de l’ouest, telles que Zaouia ou Zouara, restent ouverts, tout comme le poste frontalier de Ras Jedir avec la Tunisie. Mostafa Abdelkebir insiste sur le fait que les opérations restent concentrées à Tripoli, et que la circulation dans l’ouest libyen n’est pas perturbée.
Concernant la communauté tunisienne en Libye, il se veut rassurant : la majorité des ressortissants vivant en dehors de Tripoli se trouvent dans une situation normale, semblable à celle des citoyens libyens. En revanche, ceux qui résident à Tripoli doivent faire preuve de vigilance, limiter leurs déplacements et rester à l’abri. « Il conclut en affirmant que la situation sécuritaire reste très fragile et que de nouveaux développements sont à redouter à tout moment. »
M.B.Z