Le temps d'avoir l'accord, les incivilités se renouvellent et les délinquants disparaissent
Il faut redonner officiellement le pouvoir de police aux maires.
Par Synda Tajine
S’il y a un sujet sur toutes les lèvres c’est bien les municipalités et leur gestion. Les élections pour les municipales n’ont pas suscité un grand engouement, mais c’est la gestion des conseils municipaux et les décisions qu’ils prennent ces derniers jours qui déchaînent les foules aujourd’hui. Dans sa grande sagesse, le Tunisien est toujours aussi plein de contradictions. Beaucoup de ceux qui critiquent les municipalités et les maires aujourd’hui n’ont pas pris la peine de donner leurs voix. Allez comprendre…
Le fait le plus notable, la semaine dernière, a été la sortie radiophonique du maire de Sfax qui s’était indigné contre « le fait d’attribuer une voiture populaire à un maire ». « Une voiture de 20.000 DT ? C’est comme si on lui donnait un vélo ! », a-t-il dit. Son indignation contre « l’atteinte au prestige du maire » a suscité, à juste titre, l’indignation générale.
« Ce n’est pas un droit personnel, c’est le prestige de la ville qui est lié à celui du maire ! », a-t-il dit. Le maire semble convaincu par ce qu’il dit. Mais il est difficile de se laisser convaincre. Ceux qui connaissent la ville de Sfax n’ont sans doute pas pu passer outre l’état déplorable des routes, l’amoncellement des saletés et des ordures, l’absence de bennes à ordures, de parkings, de jardins municipaux et de plein d’autres nécessités qui pourraient redonner à la ville son prestige. Mais cette voiture n’est qu’anecdotique. Cela dénote seulement de la « stupidité », excusez la violence du terme, du maire de Sfax, fraîchement élu par les Tunisiens afin de défendre les intérêts de la ville et qui sort sur une radio régionale pour lier le prestige de la capitale du Sud à sa propre voiture de fonction.
Pendant des semaines, Mounir Elloumi ne sera connu que comme étant « le maire à la grosse cylindrée ». Pourtant, il aurait vraiment gagné à prendre des décisions courageuses et novatrices qui redonneront un peu de fraîcheur à une ville qui en a vraiment besoin. Mais dans sa bourde, aussi bien du point de vue communication que stratégie municipale, la loi est de son côté puisque le conseil municipal a approuvé en majorité cette décision. Amen !
Le prestige des nouveaux maires. Parlons-en justement. N’est-ce pas le même prestige qui a poussé la grande et puissante mairesse de Tunis, l’inégalable Souad Abderrahim, à quémander auprès du ministre des Collectivités locales un titre de Secrétaire d’Etat. « Je n’ai plus que la moitié du salaire et des privilèges, mais cela m’importe peu, je voudrais « la valeur morale » du titre. Je suis prête à renoncer à la moitié de mon salaire pour cela », a-t-elle dit à Riadh Mouakher. Peu importe si c’est contraire à la nouvelle loi. « Ce sont nous qui écrivons la loi ! », a-t-elle dit. Amen !
Parlons-en justement de la loi. Entre la loi qui permet à un maire de bénéficier d’une voiture de fonction de plusieurs dizaines de milliers de dinars, car approuvée par le conseil municipal, et l’autre qui ôte au maire de Tunis son « privilège » de secrétaire d’Etat, dans un souci d’équité, il existe cette loi qui permet au gouverneur de s’opposer à une décision prise par le maire de mettre sous scellés une construction anarchique.
Dans la mairie de La Marsa, un bras de fer oppose le maire Slim Mehrezi au gouverneur de Tunis Chedly Bouallègue concernant une construction « bâtie sans autorisation municipale et sans respect des dispositions du plan d’aménagement d’un quartier à vocation résidentielle ». A qui incombe le droit de décider ? Ce sera au tribunal administratif de trancher puisque l’affaire a été portée devant la justice.
La loi, encore. Est-il légal aujourd’hui qu’un maire convoque un journaliste pour instruction ? La réponse semble évidente de ridicule et pourtant ! La semaine dernière, le maire de Bizerte a convoqué un journaliste d’Oxygène FM suite à une publication concernant un incident dans une station de louages et par souci de « transparence et de crédibilité ».
Les maires se cherchent aujourd’hui. Entre immenses pouvoirs et prestiges bafoués, et immenses chantiers et villes délaissées, ils ne savent plus où donner de la tête. La loi reste assez floue et les interprétations les plus loufoques sont permises et même, totalement légales. Leur application dépend parfois de l’intégrité du maire en question et de sa réelle disposition à servir sa ville, avant de se servir lui-même.
Dans tout ce capharnaüm, il en existe quelques uns, rares certes, qui ont décidé d’honorer leurs promesses électorales et de faire passer l’intérêt des riverains sur les viles considérations de prestige et de pouvoir. En plus du maire de La Marsa sui s’élève contre un « abus » du gouverneur, celui de l’Ariana, qui renonce à son salaire et à ses avantages pour servir sa ville. N’est-ce pas tout simplement ce que veut le peuple ?
Par Synda Tajine
S’il y a un sujet sur toutes les lèvres c’est bien les municipalités et leur gestion. Les élections pour les municipales n’ont pas suscité un grand engouement, mais c’est la gestion des conseils municipaux et les décisions qu’ils prennent ces derniers jours qui déchaînent les foules aujourd’hui. Dans sa grande sagesse, le Tunisien est toujours aussi plein de contradictions. Beaucoup de ceux qui critiquent les municipalités et les maires aujourd’hui n’ont pas pris la peine de donner leurs voix. Allez comprendre…
Le fait le plus notable, la semaine dernière, a été la sortie radiophonique du maire de Sfax qui s’était indigné contre « le fait d’attribuer une voiture populaire à un maire ». « Une voiture de 20.000 DT ? C’est comme si on lui donnait un vélo ! », a-t-il dit. Son indignation contre « l’atteinte au prestige du maire » a suscité, à juste titre, l’indignation générale.
« Ce n’est pas un droit personnel, c’est le prestige de la ville qui est lié à celui du maire ! », a-t-il dit. Le maire semble convaincu par ce qu’il dit. Mais il est difficile de se laisser convaincre. Ceux qui connaissent la ville de Sfax n’ont sans doute pas pu passer outre l’état déplorable des routes, l’amoncellement des saletés et des ordures, l’absence de bennes à ordures, de parkings, de jardins municipaux et de plein d’autres nécessités qui pourraient redonner à la ville son prestige. Mais cette voiture n’est qu’anecdotique. Cela dénote seulement de la « stupidité », excusez la violence du terme, du maire de Sfax, fraîchement élu par les Tunisiens afin de défendre les intérêts de la ville et qui sort sur une radio régionale pour lier le prestige de la capitale du Sud à sa propre voiture de fonction.
Pendant des semaines, Mounir Elloumi ne sera connu que comme étant « le maire à la grosse cylindrée ». Pourtant, il aurait vraiment gagné à prendre des décisions courageuses et novatrices qui redonneront un peu de fraîcheur à une ville qui en a vraiment besoin. Mais dans sa bourde, aussi bien du point de vue communication que stratégie municipale, la loi est de son côté puisque le conseil municipal a approuvé en majorité cette décision. Amen !
Le prestige des nouveaux maires. Parlons-en justement. N’est-ce pas le même prestige qui a poussé la grande et puissante mairesse de Tunis, l’inégalable Souad Abderrahim, à quémander auprès du ministre des Collectivités locales un titre de Secrétaire d’Etat. « Je n’ai plus que la moitié du salaire et des privilèges, mais cela m’importe peu, je voudrais « la valeur morale » du titre. Je suis prête à renoncer à la moitié de mon salaire pour cela », a-t-elle dit à Riadh Mouakher. Peu importe si c’est contraire à la nouvelle loi. « Ce sont nous qui écrivons la loi ! », a-t-elle dit. Amen !
Parlons-en justement de la loi. Entre la loi qui permet à un maire de bénéficier d’une voiture de fonction de plusieurs dizaines de milliers de dinars, car approuvée par le conseil municipal, et l’autre qui ôte au maire de Tunis son « privilège » de secrétaire d’Etat, dans un souci d’équité, il existe cette loi qui permet au gouverneur de s’opposer à une décision prise par le maire de mettre sous scellés une construction anarchique.
Dans la mairie de La Marsa, un bras de fer oppose le maire Slim Mehrezi au gouverneur de Tunis Chedly Bouallègue concernant une construction « bâtie sans autorisation municipale et sans respect des dispositions du plan d’aménagement d’un quartier à vocation résidentielle ». A qui incombe le droit de décider ? Ce sera au tribunal administratif de trancher puisque l’affaire a été portée devant la justice.
La loi, encore. Est-il légal aujourd’hui qu’un maire convoque un journaliste pour instruction ? La réponse semble évidente de ridicule et pourtant ! La semaine dernière, le maire de Bizerte a convoqué un journaliste d’Oxygène FM suite à une publication concernant un incident dans une station de louages et par souci de « transparence et de crédibilité ».
Les maires se cherchent aujourd’hui. Entre immenses pouvoirs et prestiges bafoués, et immenses chantiers et villes délaissées, ils ne savent plus où donner de la tête. La loi reste assez floue et les interprétations les plus loufoques sont permises et même, totalement légales. Leur application dépend parfois de l’intégrité du maire en question et de sa réelle disposition à servir sa ville, avant de se servir lui-même.
Dans tout ce capharnaüm, il en existe quelques uns, rares certes, qui ont décidé d’honorer leurs promesses électorales et de faire passer l’intérêt des riverains sur les viles considérations de prestige et de pouvoir. En plus du maire de La Marsa sui s’élève contre un « abus » du gouverneur, celui de l’Ariana, qui renonce à son salaire et à ses avantages pour servir sa ville. N’est-ce pas tout simplement ce que veut le peuple ?