L’efficacité des renseignements déjoue un plan chaotique à Jelma
Toute la Tunisie s’est réveillée, ce matin, sur le bilan de l’opération de Jelma. Mais aujourd’hui, ce sont les forces de sécurité qui ont vaincu. Une réussite de plus qui vient consolider le parcours réalisé dans la lutte contre le terrorisme. Retour sur une opération sécuritaire où le travail et le professionnalisme des renseignements et de la sécurité ont pris le dessus.
Les habitants de la délégation de Jelma, à Sidi Bouzid, se sont réveillés, à l’aube de ce jeudi 3 janvier 2019, sur le bruit des détonations et des échanges de tir. Ce fût les affrontements entre la brigade nationale de la lutte contre le terrorisme et des terroristes retranchés dans une maison dans la région. Après un long échange de tirs, deux terroristes se sont faits exploser par des ceintures explosives, refusant de se rendre et allant jusqu’au bout de leur idéologie jihadiste suicidaire.
Il va sans dire que cette opération de Jelma est l’aboutissement d’un véritable travail de renseignement. Il a été mené par l’unité nationale des enquêtes dans les crimes terroristes et les crimes organisés touchant à la sécurité du territoire national en collaboration avec la direction centrale des services spécialisés de la sécurité nationale et la direction de lutte contre le terrorisme à la direction générale des unités d’intervention de la sécurité nationale.
L’opération a commencé depuis la descente effectuée dans une habitation suspecte dans la région de Lassouda à Sidi Bouzid, le 19 décembre 2018, au cours de laquelle une grande quantité de produits chimiques dédiés à la fabrication d’explosifs a été saisie, ainsi qu’une ceinture explosive non achevée, une grenade manuelle, des manuels de fabrication d’explosifs, des explosifs à distance et des armes de guerre. Il y a eu, également, plusieurs arrestations de personnes impliquées dans cette opération.
C’est après l’achèvement des interrogatoires que le ministère de l’Intérieur a confirmé les informations exclusives publiées par Business News, selon lesquelles ce groupe terroriste planifiait des explosions simultanées à Sidi Bouzid durant le mois de janvier, tout en ayant pour cible des sécuritaires. Ainsi, le travail de renseignement s’est activé depuis la descente, et les unités sécuritaires ont réussi à localiser les deux terroristes Ezzeddine Aloui et Ghali omri dans une maison située au quartier du Nord à Jelma.
Né en 1991, le terroriste Ezzeddine Aloui a rejoint en 2014 Katibat Okba Ibn Nafâa affiliée l’Aqmi. A la suite de l’élimination de la majorité des membres de cette organisation, il a rejoint Jond Al Khilafa liée à Daesh.
Ce terroriste, actif entre les monts Meghilla et Salloum, a été impliqué dans plusieurs opérations terroristes et il a semé la terreur parmi les habitants. Il avait, également, le rôle de récolter de l’argent pour l’organisation terroriste. On notera, dans ce contexte, qu’il a volé 15 moutons à un berger le 22 avril 2018.
Ghali Omri, est quant à lui, né le 10 août 1987 et domicilié à Lassouda à Sidi Bouzid. Il est, également, classé comme étant un élément dangereux. Les deux hommes ont quitté Katibet Ajned Al Khilafa pour prendre la tête d’une nouvelle brigade terroriste, dénommée « Katibet Attawihid Wal Jihad »
A la fin de l’opération, deux charges explosives et des armes à feu de type "Steyr", appartenant à un militaire tué dans une embuscade posée par des terroristes en 2015, ont été saisies. Les forces de sécurité ont également saisi deux téléphones portables, une somme d'argent et deux fusils de chasse.
Cette opération anticipative s’inscrit, dans le cadre de la guerre déclarée par l’Etat contre le terrorisme. Les unités sécuritaires et militaires ont pu, grâce à la multiplication des mesures exceptionnelles, limiter l’action de ces groupes terroristes et les encercler sur les hauteurs des montagnes. D’ailleurs, cette réussite sécuritaire avait empêché un scénario chaotique, puisque cette cellule avait même planifié l’instauration d’un Emirat à Sidi Bouzid. Un plan rappelant l’opération de Ben Guerdène.
Cela va sans dire que la guerre contre le terrorisme ne peut s’accomplir sans dégâts et dommages collatéraux, sauf que la Tunisie demeure sur la bonne voix dans l’éradication de ce fléau et de ces dangers. La guerre contre le terrorisme est une guerre de longue haleine qui nécessite persévérance et patience
Sarra HLAOUI