La Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica), a réaffirmé, dans un communiqué publié mercredi 15 février 2023, sa position de principe sur la suprématie de la loi et la nécessité de traiter les dossiers de corruption dans le secteur des médias, sans la moindre atteinte à la liberté d'expression et de la presse et à l'indépendance de la ligne éditoriale des institutions médiatiques. Evoquant l'arrestation du patron de Mosaïque FM, Noureddine Boutar, la Haica précise que l'examen des questions liées au contenu des médias doit s'inscrire dans le cadre de la Constitution tunisienne, des pactes internationaux et du décret n° 115 relatif à la liberté de la presse, de l'imprimerie et de l'édition.
La Haica a également souligné qu’elle a, depuis des années, renvoyé de nombreux dossiers de médias illégaux, dans lesquels elle a consigné des soupçons de corruption financière et administrative, aux autorités officielles compétentes. Ces dossiers, précise l’instance, sont étayés par des documents délivrés par des autorités officielles où il est question de blanchiment d'argent, de décaissement de grosses sommes d'argent sans l'existence de revenus publicitaires et de transferts de plusieurs dizaines de millions de dinars en provenance de l'étranger. Il s'agit notamment de Zitouna Tv et radio Coran.
« Malgré les soupçons d'infractions graves contenues dans ces dossiers, l’instance n'a pas noté la moindre preuve de leur prise en compte et ils ne semblent pas être traités avec la rapidité et l'efficacité requises (…) ces chaînes continuent jusqu'à présent d'émettre en dehors du cadre de la loi» a-t-elle ajouté.
La Haica a enfin souligné la nécessité d'assurer l'indépendance de la ligne éditoriale des institutions médiatiques et son rejet catégorique de toute censure préalable des contenus médiatiques ou de toute ingérence dans les choix éditoriaux.
Suite à l’arrestation, dans la soirée de lundi 13 février 2023, du directeur de Mosaïque Fm, Noureddine Boutar, la mobilisation de la profession s’est organisée, dénonçant des tentatives du pouvoir en place de faire taire les journalistes. Le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a affirmé que toutes les données confirment que l’arrestation vise en réalité la ligne éditoriale de la radio, dénonçant l’utilisation du président de la République de son pouvoir pour asservir les médias et inciter contre les journalistes.
Le SNJT a aussi dénoncé les tentatives d’intimidation et de fabrication d’accusations pour faire plier les médias en flagrante violation des décrets 115 et 116.
Le syndicat a annoncé qu’il poursuivra la lutte pour la liberté de la presse et d’expression en Tunisie quel qu’en soit le prix, appelant les journalistes à se mobiliser lors de la journée de colère prévue le 16 février à la place de la Kasbah. Le SNJT a fait par ailleurs appel au sens des responsabilités de la société civile tunisienne à joindre le mouvement de résistance.
M.B.Z