
Le président de la République, Kaïs Saïed, s’est réuni mercredi 5 janvier 2022 avec la cheffe du gouvernement, Najla Bouden, la ministre de la Justice Leila Jaffel, le ministre de la Défense nationale, Imed Memmiche et le ministre de l’Intérieur, Taoufik Charfeddine.
L’objet central de la réunion est la justice. « Il n’y aucun moyen de s’ingérer dans la justice. Malheureusement, tout le monde sait, que depuis des décennies en Tunisie, la politique intervient dans la justice (…) Nous sommes là pour faire face à ces gens et faire régner la justice sur tous. Ce n’est pas parce qu’il avait occupé un haut poste ou détenait une grande fortune, qu’il bénéficiera d’un traitement de faveur, et encore moins pour les relations qu’il entretient avec l’étranger et dont il sollicite l’intervention », a clamé le président de la République insistant qu’il est contre, totalement contre, l’injustice.
Ces belles paroles présidentielles du 5 janvier 2022 méritent d’être gravées dans le marbre. Que demander de plus que le respect du Droit et de la Justice ? C’est par là, et uniquement par là, qu’on peut avoir un État développé, civilisé et prospère. « La justice est la base de tout », a rappelé hier le président de la République.
Si les paroles du président Kaïs Saïed sont des plus sensées, il en est autrement des actes sur le terrain. Les exemples de l’ingérence du pouvoir actuel dans la machine judiciaire et de l’irrespect de l’État de droit sont nombreux, de l’aveu même du président ou de son ministre de l’Intérieur.
Lundi dernier, Taoufik Charfeddine a tenu une conférence de presse dans laquelle il s’est élevé contre le retard pris par le parquet pour agir dans le dossier dans lequel est impliqué l’ancien ministre de la Justice Noureddine Bhiri. Le ministre de l’Intérieur, avocat lui-même, estime que le parquet a tellement pris de retard qu’il a pris les devants en ordonnant l’arrestation et l’assignation en résidence surveillée du suspect. Ce comportement, impensable dans tout État de droit, ne s’assimile-t-il pas à une ingérence dans le travail judiciaire par le pouvoir exécutif ? Ne viole-t-il pas le principe sacro-saint de la présomption d’innocence ? Quand bien même le peuple tunisien en entier (moins les islamistes) soit convaincu de l’implication de Noureddine Bhiri dans 1001 affaires louches, il n’en demeure pas moins que l’ancien ministre islamiste n’a pas eu droit à des procédures judiciaires légales et son arrestation n’a pas été ordonnée par un juge, comme l’exige le droit.
Hier, mercredi, le Tribunal de première instance de Tunis a publié un communiqué annonçant que 19 hommes politiques ont été déférés devant la chambre correctionnelle pour délits électoraux. Il s’agit là d’une réponse aux multiples appels du président de la République lui-même de donner suite aux conclusions de la Cour des comptes à propos de ces délits liés aux élections de 2019. N’y a-t-il pas, là aussi, une ingérence dans le travail judiciaire ?
Le communiqué du Tribunal se conclut par une phrase bien vicieuse, puisqu’elle épingle entre les lignes le président lui-même. « Il n’a pas été possible de déférer d’autres personnes devant le tribunal pour des raisons liées à la mise en mouvement de l’action publique, en rapport avec leur statut de contrevenant et l’achèvement des enquêtes », lit-on dans le communiqué. Autrement dit, on n’a pas pu convoquer Kaïs Saïed qui bénéficie de l’immunité présidentielle. Or, il se trouve que Kaïs Saïed a été épinglé, tout comme les 19 autres prévenus, par la Cour des comptes. Pourquoi convoque-t-on 19 candidats et non le vingtième, juste au prétexte qu’il bénéficie de l’immunité ? Si on invoque l’immunité pour Kaïs Saïed, on peut également l’invoquer pour Noureddine Bhiri, lui-même élu ! Il y a là, clairement, une preuve que la justice ne fonctionne pas à la même vitesse à l’égard des justiciables.
On se rappelle aussi comment il a assigné à résidence et interdit de voyage un nombre de personnalités politiques au lendemain du 25-Juillet. Qu’est-ce qui leur est reproché ? Leur assignation à résidence a été levée, et certains ont pu voyager, sans que l’on sache quelles ont été les raisons des « sanctions liberticides » qui leur ont été infligées. Le président de la République a beau clamer être contre toute forme d’injustice, les faits ne plaident pas du tout en sa faveur.
D’autres exemples ? Il y en a des dizaines, puisqu’on ne compte plus les attaques directes et indirectes du président de la République contre le Conseil supérieur de la magistrature et ce jusqu’à hier au cours de cette même réunion !
Retenons cependant cette sortie surréaliste du 30 décembre 2021 en plein conseil ministériel quand il a évoqué ce magistrat à qui un greffier a refusé de donner un dossier. Le président évoque le cas publiquement, devant les caméras, sans se rendre compte qu’il n’a pas et qu’il ne peut pas parler à un magistrat directement et encore moins à propos d’un dossier en particulier.
Qui était ce magistrat et quel est ce dossier ? Plusieurs juges connaissent l’affaire et nous témoignent que le magistrat en question prend ses ordres directement de Carthage et ne cesse de multiplier les injustices à l’encontre de personnes innocentes, juste pour se rapprocher de Kaïs Saïed.
Au-delà de ces exemples factuels qui démentent les propos du 5 janvier du président, les instances professionnelles judiciaires ne cessent de multiplier les déclarations et les communiqués dénonçant l’ingérence judiciaire et appelant au respect de l’indépendance de la justice. C’est un record depuis le 25 juillet. Jamais, ces instances n’ont réagi autant par le passé.
L’Association des magistrats, le syndicat des magistrats, les juges administratifs ou le CSM ont tous réagi pour rappeler la nécessité de respecter l’indépendance de la justice.
Jusqu’à hier avec le communiqué publié à l’issue de l’assemblée générale du Conseil supérieur de la magistrature. Ce dernier avertit contre la gravité du dénigrement touchant les magistrats et les pressions exercées sur eux, mettant en garde contre les répercussions possibles qui ébranlent la confiance en la justice.
Que doit-on comprendre ? La conclusion est toute simple : le président de la République dit une chose et fait tout le contraire. Ça n’a rien d’une première. Le président cherche à paraitre comme un messie irréprochable et veut donner l’impression que ses troupes agissent de leur propre chef. Or, en réalité, il n’en est rien. C’est lui, et bien lui, qui commande tout. Il est trahi par ses propres déclarations.
Le président a beau appeler à l’indépendance de la justice et à dire qu’il n’y aura jamais d’injustice sous son règne, il n’en est rien sur le terrain réel.
Raouf Ben Hédi


liberte de paroles des lecteurs pls surtout quand il n'y a eu aucune insulte
Alors que d'autre médias font la danse du ventre pour ne pas s'attirer les foudres du pouvoir.
Vous prenez des risques mais qui sont salutaires.
Chapeau bas
La sacralisation de la personne est la voie ouverte à la dictature. C'est l'histoire qui nous l'enseigne. Si nous continuons à pousser vers l'extrême, par vengeance ou par naïveté, nous allons tout perdre, très rapidement. Même les articles courageux tel que celui que nous a offert Si Raouf, on ne va pas pouvoir les écrire et les commenter en Tunisie. Lisez les journaux de 2010 pour voir ce que nous risquons.
Je doute qu'ils ne savent pas déjà que un accusé peut être différer sans être juger en attendant la fin de son immunité !
Mais on peut dire à dieu une fois pour tout à la justice en Tunisie!
Kais Saied serait impliqué mais protégé par son immunité, et comme on ne peut l'atteindre dans l'immédiat, on prépare ou on suggère qu'il ne perd rien à attendre. Car, aussitôt achevé son mandat, on lui tombera sur le paletot pour lui faire rendre gorge.
Tout cela est cohérent.
En revanche, l'auteur ou ceux qui en partagent la vision me paraissent n'avoir pas de mémoire fiable.
Qu'on se rappelle comment l'immunité de nos députés fut brandie tel un glaive et l'on nous tenait pour hérétique si l'on n'y souscrivait pas.
Pourtant, la comparaison peine à tenir la distance, toutes choses considérées, les faits reprochés éventuellement à K. Saied et son camp sont autrement bénins auprès de ce dont sont coupables les islamistes par l'étendue des infractions, les usages illégaux et la captation des appareils d'Etat.
Enfin, l'argent en quantités font ils ont disposé et leurs fortunes leur ayant permis d'acheter votants, députés et il se peut, aussi, des "partis" qu'on finit par se demander ce qui leur a échappé lorsqu'ils tenaient le pouvoir.
Soyons mesurés et gardons un tantinet la tête froide.
Je comprends que l'on s'attriste à ne plus pouvoir boire les prêches de haute volée de nos très bons amis Ghannouchi et sa suite.
On ne fera plus, au moins cela sera acquis jusqu'à nouvel ordre, l'objet de menaces ni d'ukases venus de ce camp comme celle de "dédommagements" obligés que nous fit Harouni nous prenant pour sa vache à lait.
Les historiens vont avoir du pain sur la planche s'ils s'avisent d'accomplir leur ouvrage si salutaire afin que nul ne puisse dire: je ne savais pas.
Soixante-cinq ans que cette institution est sous l'égide du parti UNIQUE de Bourguiba et de Ben Ali, les Islamistes et à leur tête Bihiri, par décision de la choura, on a instauré et infiltré toutes les institutions, et vous le saviez Mr Raouf Ben Hédi, que faire, dans ces cas, des juges qui travaillent aux ordres du Parti ENNAHDAH ces juges mêmes freinent, la bonne marche de la justice !
Se croiser les bras et attendre que ces Messieurs veulent traiter des dossiers que voici des années dorment dans les tiroirs.
Injuste même de laisser le pays entre les mains de ces gens-là.
Vous le soulever si bien que cet ancien ministre de la Justice a fait des dégâts dans l'institution, vous écriviez ceci : Le peuple tunisien en entier (moins les islamistes) soit convaincu de l'implication de Noureddine Bhiri dans 1001 affaires louches, il n'en demeure pas moins que l'ancien ministre islamiste n'a pas eu droit à des procédures judiciaires légales et son arrestation n'a pas été ordonnée par un juge, comme l'exige le droit ? ? ? Non et Non Mr R B H, cette justice est la leur, comment voulez-vous qu'elle agisse contre elle-même ? Cette arrestation ne peut être ordonnée par un JUGE, ce juge, c'est Bhiri même ! ! ! C'est Insensé cher Mr.
Soixante-cinq ans et que ce manège perdure, il faut un jour que ça s'arrête et rendre à C'?SAR ce qui appartient à C'?SAR !
Mr R B H soyez cohérent avec vous-même, vous écriviez des vrais faits, et subitement vous dites son contraire, c'est le paradoxe total, comment vous suivre
"Ces belles paroles présidentielles du 5 janvier 2022 méritent d'être gravées dans le marbre. Que demander de plus que le respect du Droit et de la Justice ? C'est par là, et uniquement par là, qu'on peut avoir un '?tat développé, civilisé et prospère. « La justice est la base de tout », a rappelé hier le président de la République." Cohérence, Cohérence, s'il vous plait cher Mr.(Manai)
on laisse faire , on reproduit la merdocratie précedente avec des pseudo partis moins que des patentes d epicier et on casse le pays et on critique tout ce qui bouge ...
sachez monsieur que réaliser est difficile ds ce pays massacré ...mais critiquer à votre maniere c est ce qu il ya de plus aisé...surtout ds un salon et en face d un ordi..
reveillez vous et aidez le président pour debarrasser au CARCHERE toute la racaille ..il y va de l avenir de nos enfants
Cà donne l'impression qu'il a pris ce président en grippe et, bien que je ne sois pas un de ses partisans et que j'ai plein de reproches à lui faire, je trouve Raouf un peu excessif.
Le csm aurait dû démissionner depuis les affaires des ses 2 plus grosses têtes et de la chute de son sponsors officiel la secte.
Mais dans ce pays on s'accroche à sont poste comme un morpion. Ils finiront par être "traités" comme tous les parasites