Fadhel Abdelkefi condamné à de la prison pour avoir fait fuiter des devises à l’aéroport de Tunis Carthage. L’affaire n’aurait pas dépassé le stade de rumeur infondée si ce n’était l’apport de certaines personnalités influentes sur les réseaux sociaux, aidées de certains médias disposant de « documents compromettants ». Aujourd’hui, certaines personnes, dont d’anciens élus et d’anciens ministres, appellent à sa démission pour une affaire antérieure à sa prise de fonction en tant que ministre d’un côté, et surtout, dénuée de toute implication personnelle.
L’affaire concerne une infraction de change pointée par les services de la douane et par la Banque centrale de Tunisie. Fadhel Abdelkefi, actuel ministre des Finances par intérim, aurait, en 2014, été arrêté avec de la devise étrangère illégale. Il s’agirait de l’équivalent de 250 mille dinars en dirhams marocains. Les initiés et les connaisseurs de la sphère financière tunisienne savent que l’ancien Directeur Général de Tunisie Valeurs ne saurait mettre en péril sa réputation et celle de son entreprise. C’est sans doute cela qui a fait que cette histoire se soit cantonnée à la sphère facebookienne dans un premier temps avant d’être reprise et amplifiée. Business News avait obtenu ces documents depuis quelques jours et s’était abstenu de les publier car il s’agit d’abord d’un seul son de cloche et parce que l’affaire ne tient pas debout.
En fait, l’incident est plus compliqué qu’une simple contrebande de devises. Les ennemis de Fadhel Abdelkefi l’ont compris et ils ont tendance à simplifier les choses sciemment. Le premier des raccourcis est de dire que Fadhel Abdelkefi a commis une infraction alors qu’il est cité dans cette affaire comme le représentant légal de l’entreprise Tunisie Valeurs. Donc, cela prouve déjà qu’on ne parle pas d’implication personnelle.
Maintenant, l’affaire en elle-même débute par l’ouverture d’une filiale de Tunisie Valeurs au Maroc, qui sera nommée Integra Bourse, en 2007. Outre des transferts d’argent de la société mère à la filiale, il y a eu également le transfert du système d’exploitation informatique (VALORIX) de Tunisie Valeurs à Integra Bourse. Ce transfert a été inscrit, dans un premier temps, au débit de la société Integra Bourse pour ensuite être intégré au capital de la société. Donc, en gros, c’est une société mère qui transfère une technologie à sa filiale comme cela se fait partout dans le monde. Le montant fixé par les commissaires aux apports concernant cette transaction est de 250.000 dinars, la somme objet du litige entre Tunisie Valeurs et la BCT et la douane.
Alors quel est ce litige ? La Banque centrale de Tunisie a estimé que la conversion d’une créance en capital propre est une opération de compensation. Par conséquent, Tunisie Valeurs doit obtenir une autorisation de la BCT pour procéder à une telle opération. Tout cela a été fait et la douane a été tenue au courant puisqu’elle a demandé des explications. Rien d’exceptionnel jusque là. Donc, le dossier est clos, normalement, le 10 décembre 2013. Sauf que la procédure légale s’est poursuivie alors que le dossier administratif était clos. Et donc, Fadhel Abdelkefi, en tant que représentant légale de Tunisie Valeurs, se trouve condamné par contumace à une peine allant de un mois à cinq ans en plus de fortes amendes.
C’est ce jugement et les documents qui le consignent qui ont été le cœur des récentes « révélations ». Ces documents sont estampillés par la direction générale des douanes relevant du ministère des Finances et concernent un jugement par contumace en première instance. Il a suffit aux avocats de Tunisie Valeurs d’y faire opposition le 10 août dernier pour le suspendre. On notera également qu’il s’agit d’un jugement qui date de 2014 et qu’il n’a donc jamais été appliqué.
Tout cela évidemment ne pouvait pas ne pas être récupéré politiquement pour nuire à Fadhel Abdelkefi et au gouvernement de Youssef Chahed. Fadhel Abdelkefi en contrebandier de devises, l'histoire était beaucoup trop tentante pour la laisser passer. Ajoutons à cela le fait que Fadhel Abdelkefi est ministre des Finances par intérim et qu’il se prépare actuellement à défendre le projet de Loi de finances 2018. Le timing de ce « dossier » prend plus de sens.
Ainsi, tous les ennemis du gouvernement Chahed - et ils sont nombreux - ont exploité cette histoire pour demander la démission de Fadhel Abdelkefi avec comme intention réelle de faire tomber le gouvernement Chahed. En plus, Fadhel Abdelkefi dérange. Son franc-parler, sa compétence et le fait qu’il ne doive rien à personne, politiquement, en fait une espèce de freelance incontrôlable. Le fait qu’il tienne des portefeuilles aussi sensibles que celui des finances agace encore plus. Dans une brève intervention durant une conférence de presse à la Kasbah, Fadhel Abdelkefi a coupé court et a déclaré qu’il ne démissionnerait pas de son poste. Il a ajouté qu’il s’engageait à ce qu’il n’y ait aucun conflit d’intérêt.
Cette histoire de règlement de changes et d’infraction supposée a pris une grande ampleur car elle concerne l’actuel ministre des Finances, Fadhel Abdelkefi. Toutefois, plusieurs investisseurs ont déjà fait les frais des complications administratives qu’impose la BCT quand il s’agit de faire sortir de l’argent de Tunisie, quitte à ce que ce soit pour l’investir à l’étranger. Toutefois, on ne parle pas de ces situations là car elles ne concernent pas des personnes qui ont la notoriété de Fadhel Abdelkefi. Au lieu de servir d’exemple criant des entraves à l’investissement que la Tunisie s’impose, la mésaventure de M. Abdelkefi est utilisée pour lui porter atteinte et pour l’accuser de vol et de corruption. Ceci est utilisé à des fins politico-politiciennes pour tenter de dégommer un ministre qui dérange.
Marouen Achouri
Commentaires (23)
CommenterComment décapiter la volonté de travailler
2 poids 2 mesures
good job....les douaniers ..
n'avait il pas dit qu'entre lui et l'Etat ( et non pas le gouvernement à bien le noter)il existe juste un papier
corruption mania
Trés compétent et pour preuve son flair d'anticipation! puisqu'il avait
les compétents et clean autoproclamés!
Pour le conflit d'interêt sur lequel il se prend en charge pour le prendre personnellement en charge pour qu'il n'aura pas lieu tant que lui il est là...et bla bla....c'est du genre " yzid fii el iilmm"
Et enfin regarder ce passage de l'arti le qui essaie de nous enroler dans la farine:
"...Tout cela a été fait et la douane a été tenue au courant puisqu'elle a demandé des explications. Rien d'exceptionnel jusque là. Donc, le dossier est clos, normalement, le 10 décembre 2013. Sauf que la procédure légale s'est poursuivie alors que le dossier administratif était clos...." qui peut croire à cette histoire? Qui peut ne pas douter que des transcriptions toutes récentes ont été faites par la douane pour passer l'éponge et sauver le Mr...."
Personnellement je ne lui veut pas du mal...mais je doute fort qu'il ait le courage du moins de demander pardon...
F. Abdelkefi devrait démissionner
D'autre part on doute de la compétence de quelqu'un qui se lance dans une affaire perdue d'avance.