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Chroniques
Diviser pour mieux régner
Par Synda Tajine
13/04/2021 | 16:59
5 min
Diviser pour mieux régner

 

Aujourd’hui est jour de fête dans les pays dits arabo-musulmans. Nous en faisons invraisemblablement partie même si nous ne sommes pas tous d’accord sur la définition à donner à ces pays-là. En ce premier jour de Ramadan, nous sommes en effet plus divisés que jamais. Tout est sujet à clivage, ceci va des orientations politiques de chacun à la manière même de se souhaiter bon Ramadan. 

 

Dans les discours politiques, le slogan de l’union est sur toutes les lèvres. En matière d’union, de fraternité et de solidarité, les tirades des gouvernants sont certes au diapason, mais dans les faits, c’est tout le contraire qu’on observe.

Dans ses vœux, Rached Ghannouchi dit que « la Tunisie va bien en ce mois du pardon et de la piété et que les Tunisiens et les musulmans devraient s’unir et se pardonner leurs erreurs ».

Kaïs Saïed adresse ses vœux aux Tunisiens en soulignant « la nécessité que ce mois soit une occasion de faire preuve d'entraide et de fraternité ».

Hichem Mechichi insiste sur « l’importance de s’unir et de laisser de côté les tiraillements en cette période difficile ».

Beaux discours mais grande hypocrisie. Parfaitement de circonstance en ce premier jour de Ramadan.

Oui car dans les faits, c’est tout le contraire que ces trois hommes font et les moyens d’y parvenir ne sont certes pas très différents. Fidèles à la tradition sociale de Ramadan, ils sont adeptes du « fais ce que je dis, mais surtout pas ce que je fais », et « ce que je fais, je dois le faire dans l’ombre ».

 

Dans cette société, ouverte telle une boite de Pandore, où les maux font la queue pour être résolus et compris, les dirigeants n’arrangent rien et ils divisent afin de ramasser les miettes.

Celui qui dit que « l’Etat n’a pas de religion », s’accapare le monopole de cette même religion, rien que pour casser l’argumentaire de ses adversaires politiques. Nous sommes les musulmans et eux sont les islamistes, terme qui ne veut rien dire selon le chef de l’Etat. Il va même jusqu’à leur adresser des salutations dignes des « mécréants » qu’ils sont.

Si Kaïs Saïed est celui qui prône le plus dans ses discours les principes du « vivre ensemble », ses propos ne sont pas moins contradictoires que ceux de ses adversaires. Références religieuses à outrance de la part de celui qui dit que l’Etat n’a pas de religion. Propos complotistes à chaque apparition publique censée rassurer les Tunisiens, il est plutôt adepte de l’adage qui dit que l’ennemi de mon ennemi est forcément mon ami. Chose qu’il a prouvée à travers sa visite égyptienne et ses propos au sujet de l’union des ulémas [ndlr Abir Moussi doit jubiler à l’heure actuelle].

Pas mieux du côté de Rached Ghannouchi dont le jeu est nettement moins subtil. Le grand manitou d’Ennahdha n’a en effet aucun complexe à serrer la main de ceux qu’il a auparavant accusés d’être les ennemis du peuple et de créer des situations sur-mesure pour mettre à l’écart ceux qui ne jouent pas son jeu. Les divisions qu’il crée s’étendent de son parti, au Parlement, à l’ensemble du pays et, même, aux pays voisins du Maghreb.

 

Encore pire du côté de Hichem Mechichi qui ne fait que subir et est plus dans la réactivité que la proactivité. Celui qui est au cœur de la discorde, n’a pour seul argument que son égo : « après moi, le chaos ». On ne s’attendait certes pas à mieux de la part du chef du gouvernement de la dernière chance…

 

Depuis des années, les politiques n’ont rien fait pour construire mais ont plutôt privilégié la facilité en préférant se servir des décombres. Bâtir ses slogans et tout son programme sur l’Autre et le meilleur moyen de le vaincre et de s’opposer à lui. Diviser pour mieux régner, et c’est le peuple qui en pâtit et en pâtira pour longtemps encore. Pas étonnant que la haine et la division prévalent dans notre société et que nous nous détestons les uns les autres. Tout nous pousse à le faire.

 

Dans quelques années, les sociologues et anthropologues feront le bilan de cette décennie décisive dans l’histoire de notre pays et ils découvriront ce qui a donné le déclic à tant de haine et de division. A l’heure où les tensions sociales bouillonnent et sont au bord de l’implosion, les divisions politiques qui fragmentent un peuple - pas très sûr de ce qu’il est et de ce qu’il veut - ne font qu’allumer la mèche.  

 

En attendant, il ne me reste qu’à vous souhaiter un bon et joyeux – ça va être difficile, je sais - Ramadan à tout le monde. Ceux qui se gargarisent de piété un mois par an ; ceux qui préfèrent être hypocrites avec eux-mêmes car n’ont pas le courage d’assumer ; ceux qui profitent de ce mois pour se recueillir et se rapprocher de leurs idéaux; ceux qui ne supportent pas l’hypocrisie ambiante ; ceux qui mènent leur barque et l’assument ; ceux qui se cachent pour manger et boire sans être dérangés ; ceux qui font des provisions d’alcool pour arriver à supporter la morosité ; ceux qui ne sauraient vivre sans leur shoot de Bricks et de Tarawihs et tous les autres qui suivent le mouvement et ne demandent qu’à ce qu’on les laisse vivre en paix… Bon Ramadan à eux tous. Ils sont tous autant Tunisiens les uns que les autres et personne n’a le droit de leur faire croire le contraire…

 

Par Synda Tajine
13/04/2021 | 16:59
5 min
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Commentaires
ZOZO Zohra
ZAIM ALLAH YARHMOU
a posté le 15-04-2021 à 12:26
https://www.facebook.com/watch/?v=581775389246718
Jilani
Un mois de paradoxes
a posté le 13-04-2021 à 20:58
Le mois où on pratique le plus les jeux d'argent, où les violences conjugales sont plus fréquentes, les gens sont impolis et conduisent trop mal, productivité nulle, tout cela n'a pas été prévu par le bon dieu ....
takilas
Cette mafia nahdha des escrocs.
a posté le à 04:50
Un mois de ramadan qui permet à nahdha de continuer d'escroquer le peuple tunisien.
Des voleurs et des escrocs ces nahdha qui n'ont aucune peur de Dieu même au mois de ramadan.
takilas
Diviser quoi ?
a posté le 13-04-2021 à 17:50
Ce ne sont pas des tunisiens, c'est des intrus et des nouveaux migrants grâce à Bourguiba qui a voulu les impliquer dans la société tunisienne croyant que ce sont des hominidés.
Et s'il savait que tout qu'il avait prédit allait survenir.
aldo
==== TUNISIENS OUI CERTES ====
a posté le 13-04-2021 à 16:22
la différence c'est qu'ils égorgent l'humain comme si toi tu manges KAABA BAKLAWA - plus le social et l'économie du bled etc etc etc , non non pas de PARDON avec ses pourris car ils ne s'arrêteront pas , LE PRIX EST NON NEGOCIABLE , FERME ET DEFINITIF .