
L’Union nationale de la femme tunisienne (UNFT) a exprimé son rejet catégorique des récentes initiatives législatives présentées à l’Assemblée des représentants du peuple, estimant qu’elles portent atteinte aux acquis des femmes tunisiennes et menacent la stabilité familiale dans le pays.
Dans un communiqué, publié vendredi 9 mai 2025, adressé au président du Parlement, aux membres de la commission de la législation générale et aux députés, l’organisation a dénoncé des « initiatives récurrentes ces dernières semaines », ciblant les droits des femmes. Elle cite notamment le projet de loi sur l’amnistie générale des personnes condamnées pour non-paiement de pensions alimentaires et la proposition de révision de l’article 32 du Code du statut personnel (CSP), texte fondamental garant de l’équilibre familial en Tunisie depuis sa promulgation.
L’UNFT estime que ces projets traduisent une volonté manifeste de remettre en cause les droits des femmes, pourtant garantis par la Constitution et les conventions internationales ratifiées par la Tunisie. L’organisation rappelle que le CSP, érigé en modèle dans le monde arabe, est le fruit de longues luttes menées par des femmes et des hommes croyant aux principes de la République, de justice, de liberté et d’égalité.
Elle pointe, en particulier, le risque majeur qu’engendrerait la révision de l’article 32, une initiative qui viendrait compléter celle de l’amnistie en matière de pensions alimentaires, sous prétexte de réduire la pression des affaires de divorce sur les tribunaux. Pour l’UNFT, ces propositions fragiliseraient le tissu familial, porteraient atteinte aux intérêts des enfants, et assimileraient le mariage à un simple contrat pouvant être dissous aussi aisément qu’un transfert de propriété.
« Notre expérience de terrain prouve que beaucoup de procédures de divorce dit ‘par consentement mutuel’ sont en réalité imposées à l’une des parties », avertit l’organisation, qui réaffirme que seule l’institution judiciaire, par le biais du juge conciliateur, est habilitée à trancher en matière de divorce, après avoir examiné les causes réelles et tenté de réconcilier les époux.
L’UNFT rejette également la création d’une instance de « conciliation familiale » parallèle, estimant qu’une telle structure ferait double emploi avec les juridictions existantes et compliquerait davantage les procédures.
Elle appelle les députés à ne pas céder aux pressions rétrogrades et réaffirme son engagement à défendre les droits des femmes tunisiennes, en particulier dans un contexte où les inégalités économiques et sociales rendent nombre d’entre elles vulnérables aux abus.
Pour rappel, la proposition de modification de l’article 32 du CSP prévoit de confier les divorces par consentement mutuel aux huissiers notaires, sans passer par un juge. Une mesure qui a suscité une vive polémique ces derniers jours, plusieurs organisations féministes et juridiques dénonçant un recul grave des garanties offertes aux femmes, notamment en matière de protection contre les pressions et les inégalités dans les rapports de force familiaux.
R.B.H