
Par Hazem Krichene *
La Transition énergétique n’est pas un luxe de développement pour la Tunisie. Il s’agit d’une bataille pour la survie de la Nation. Depuis 2007, les Tunisiens ne cessent de croitre en nombre, avec une croissance annuelle moyenne de 1% pour faire un peu plus d’un million de nouveaux Tunisiens entre 2010 et 2019. Selon des scénarios de croissance établis par des centres de recherches et des organismes internationaux (OCDE, IIASA, PIK, etc.), la population tunisienne serait entre 13 et 14 millions d’habitants en 2050. L’installation totale d’énergie en Tunisie est à environ 5,800 MW, dont 97% provient de l’énergie fossile, avec une croissance annuelle de la demande entre 2 et 5 (%) compte tenu de la dynamique démographique actuelle. Le modèle de développement actuel mènerait à l’insécurité énergétique, à un déséquilibre structurel de la balance commerciale, et à des effets économiques pires que ceux du Covid-19.
Energie fossile et défis climatiques :
Selon un rapport de l’IPCC (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), le réchauffement climatique induit une hausse mondiale de température de 0.15°C en moyenne par décennie depuis 1970. La Tunisie, quant à elle, observe une hausse d’environ 3 fois supérieure à la moyenne (0.5°C) par décennie depuis 1970. Les prévisions climatiques prévoient un scénario ‘catastrophe’ pour notre pays, où à l’horizon 2100 les températures seraient supérieures de 4 à 7 °C par rapport à celles d’aujourd’hui. C’est un bilan alarmant qui s’accompagnerait par des baisses annuelles de précipitations entre 10 et 40 (%), avec 10 à 30 (%) de moins durant la saison pluvieuse (Octobre - Avril). Tout ceci mènerait à de longues périodes de sècheresses, à des pénuries d’eau, à des crises sociales, voir à de l’insécurité alimentaire.
Trois conséquences majeures découlent de ce constat qu’on vit déjà aujourd’hui. Les deux premiers constats découlent de la rareté de l’eau qui touchera la consommation quotidienne des ménages pour usage privé et qui affaiblira l’agriculture et augmentera la dépendance du pays aux fournisseurs étrangers pour se nourrir. L’agriculture en Tunisie ainsi que dans la région MENA (Afrique du nord et Moyen-Orient) est identifiée comme le secteur le plus vulnérable aux changements climatiques. Premièrement, 80% de l’agriculture tunisienne dépend de la pluie. Deuxièmement, l’agriculture consomme à elle seule 80% des ressources en eau disponibles actuellement. Ainsi, la rareté de l’eau et les baisses annuelles de précipitations mèneront à l’affaiblissement de l’agriculture tunisienne. Une solution, voir l’unique selon les développements technologiques actuels, c’est la désalinisation de l’eau de mer. Ce procédé, qui a ses limites surtout environnementales, représente la seule porte de sortie de crise pour la Tunisie. L’implémentation de telles centrales est d’une urgence sans précèdent. Toutefois, ce procédé est tellement énergivore, qu’il sera impossible pour les consommateurs tunisiens de soutenir la production sous un modèle de développement basé sur l’énergie fossile.
La troisième conséquence est la chaleur suffocante qui induira une demande exponentielle de l’air conditionné. Des recherches empiriques ont démontré que la chaleur réduirait la productivité. Ainsi, pour différentes tâches intellectuelles, la productivité décroit par 2% pour 1°C additionnel au-delà de 25°C. Par conséquent, la demande en air conditionné dans un contexte de température moyenne supérieure de 4 à 7 °C qu’à celle d’aujourd’hui, est vitale pour l’appareil économique de la Tunisie.
Sur le ‘moyen-terme’ (jusqu’à 2050), l’Etat sera incapable de soutenir les dépenses énergétiques. L’appareil économique sera dépendant de l’étranger et des pays exportateurs de l’énergie fossile. Le budget de l’Etat sera de plus en plus vulnérable aux fluctuations des matières premières fossiles. La Tunisie serait vulnérable aux guerres commerciales et aux calculs géopolitiques qui dépassent ses moyens. Sur le ‘long-terme’ (2100), l’énergie fossile se ferait rare, les pays les plus développés passeront à l’énergie verte renouvelable (ER), et le marché des énergies fossiles sera de plus en plus cher surtout avec l’introduction de la taxe carbone.
Une possible transition énergétique 100% renouvelable à l’horizon 2030 :
En 2016, la Tunisie, avec 47 autre pays, s’engage au cours du forum des pays vulnérables au changement climatique (CVF, Climate Vulnerable Forum) d’aboutir à une transition énergétique 100% renouvelable en 2050. Ce plan stratégique s’accompagne par des objectifs intermédiaires de 12% et de 30% d’ER en 2020 et 2030 (1500 MW solaire, 1700 MW éolienne, 500 MW solaire thermodynamique et 300 MW biomasse). La Tunisie avait prévu en 2020 des installations en ER d’environ 1900 MW (reportée à 2022). Actuellement, on est à environ 350 MW d’ER ce qui montre une politique de transition très en retard par rapport à ses promesses.
Une équipe de recherche finlandaise a émis des scénarios pour démontrer la faisabilité d’une transition énergétique 100% renouvelable en Tunisie (et dans la région MENA en général) à l’horizon 2030. Ainsi le coût actualisé de l’énergie varierait entre 40.3 et 52.8 €/MWh. Le scénario le moins cher correspondant à une collaboration technologique dans la région MENA. Quant au deuxième scénario, il suppose l’absence de collaboration régionale. Avec des prévisions allant jusqu’à 2100, la transition ER réduirait les coûts de l’énergie de 55 à 69% comparant au modèle de production actuel. Le coût de l’eau par un procédé de désalinisation alimenté par de l’ER s’élèverait ainsi à 1.4 €/m³.
Aujourd’hui c’est l’urgence, et le débat publique devrait s’orienter vers les questions de développement, au lieu des tiraillements politiques, entre un président qui cherche à changer le régime politique, sans dire comment, et un Parlement qui cherche à déstabiliser le gouvernement.
* Dr. Hazem Krichene, Chercheur - Institut de recherche de Potsdam sur les effets du changement climatique

Tout le monde le sait et c'est même documenté.
Le Président à raison, il n'y a pas de parlement en Tunisie...
La majorité des députés sont des voyous sans aucune qualification pour faire de la politique.
Ils ne sont pas la pour faire fonctionner le pays mais pour trouver un travail à leurs proches et des avantages.
Libération de l'importation des batteries pour le photovoltaïque....
Prises à part, et compte tenu du fait que le personnel de ces centrales est payé sur toute l'année et que les frais d'entretien sont permanents, le kWh revient à 4 ou 5 dinars.
Ces pics peuvent très bien être satisfaits par des installations photovoltaïques (PV) dont le maximum d'énergie produite coïncide forcément avec le maximum de consommation des systèmes de climatisation. Le kWh "gaz" ou "fuel" à 4 ou 5 dinars sera remplacé par un kWh "PV" à 100 millimes de dinar.
Mais allez expliquer ça aux politicards ...
J'ai répondu simplement à l'auteur du papier qui a expliqué que l'accroissement de la consommation annuel qui l'estime entre 2 et 5% est la conséquence de l'accroissement démographique qui l'estime à 1%. (Voir le 1er paragraphe de l'article), ce qui doublement incorrect.
Ceux qui disent que la Tunisie baigne sur un lac de pétrole et ceux qui disent qu'on peut être à 100% énergie renouvelable, ne sont pas si différents !
l'augmentation de la consommation électrique est liée à l'utilisation massive de la climatisation pendant l'été.
L'énergie solaire photovoltaïque peut résoudre les problèmes des pics de la consommation qui découlent de l'utilisation massive de la climatisation.
Donc on peut monter à un mix « renouvelable/consommation totale » de l'ordre de 30% à 40%.
100 % de renouvelable n'est pas possible sans des solutions de stockage à grande échelle de l'électricité, chose qui n'est pas rentable actuellement.
D'un autre coté, l'achat de nouvelles turbineS à gaz à cycle combiné n'est pas rentable puisque le coefficient de charge annuel sera trop faible.
Un mix solaire photovoltaïque et turbine à gaz est une solution viable techniquement et c'est la plus rentable économiquement.
Un pays comme l'Allemagne, ou l'ensoleillement annuel moyen équivaut au un sixième du nôtre, réalise chaque année des installations solaires (thermiques et photovoltaiques) équivalentes à toutes nos réalisation durant 30 ans et même plus.
NB : Dans un pays au experts "fabricants de chiffres" pour des raisons politico-propagandistes, rien n'est à prendre au sérieux.. très malheureusement d'ailleurs..
Après l'énergie vient l'eau. Mais c'est seulement avec de l'énergie qu'on obtiendra de l'eau.
En Tunisie, nous avons un minimum de 20 ans de retard dans ces deux domaines vitaux pour les générations à venir, qui sont: les énergies renouvelables et le dessalement de l'eau de mer. L'eau va manquer, mais nous devons nous estimer heureux de disposer de plus de 1300 km de côtes donnant sur la mer méditerranée. C'est une combinaison "énergie renouvelable - dessalement de l'eau de mer" qui est la seule capable de nous sauver.
De plus, le système est "naturellement auto-régulé": pas de pluie signifie pas de nuages et donc du soleil. Et quand il y a du soleil, une installation photovoltaïque fonctionne à fond pour donner des kilowattheures électriques produisant par dessalement des mètres cubes d'eau douce utilisables pour l'agriculture ainsi que pour l'industrie et les ménages.
Un mètre cube d'eau douce obtenu par dessalement par le procédé d'osmose inverse, nécessite au maximum 4 à 5 kWh d'énergie électrique. Une installation photovoltaïque fonctionnant sous notre soleil, produit durant toute sa durée de vie, des kWh au prix de 0,100 dinar tunisien et même moins (prix actuel).
Ainsi, le prix de vente du mètre cube d'eau douce se situera, compte tenu de tous les frais et infrastructures, aux alentours de 1 dinars.
De l'eau à 1 dinar le mètre cube, ça ne sera pas cher dans les années à venir !
Le chiffre de 1,4 Euro par m3 me parait exagéré, sauf s'il s'agit des prévisions pour l'année 2100.
L'article mentionne que la Tunisie est très en retard dans la transition énergétique. C'est un constat réel et exact, et cet état des choses est dû à plusieurs causes et raisons, dont principalement:
* La nullité de TOUTE la classe politique formée principalement de profiteurs et d'affamés considérant le pouvoir et l'Etat comme un butin de guerre à se partager. Cela ne vous servira à rien de leur parler des années 2030 ou 2100. Ils ont faim, il veulent s'empiffrer tout de suite et au diable les générations futures !
* Le corporatisme des camarades syndiqués qui ne voient pas plus loin que la porte de leur usine, centrale ou société. Ils sont incapables de voir ou d'imaginer une nouvelle politique mettant en premier lieu l'intérêt de tout le pays. Leur intérêt corporatiste passe avant. Pour les énergie renouvelables par exemple, le plus grand "frein" est constitué par la STEG qui s'y est opposée, qui s'y oppose et qui s'y opposera !
* La catastrophe appelée "caisse de compensation". C'est une caisse qui subventionne tout et n'importe quoi à la mode des années 1940 à la sortie de la seconde guerre mondiale. Elle subventionne l'électricité pour freiner et rendre moins attractives les énergies renouvelables. Elle subventionne l'eau, pour inciter au gaspillage de cette denrée de plus en plus rare. Elle subventionne les produits alimentaires pour nourrir les pays voisins et même lointains (les pâtes tunisiennes sont très appréciées à ... N'djaména au Tchad. Elles traversent la Tunisie, la Libye et le Tchad du Nord au Sud pour être exposées dans les supérettes de la capitale tchadienne).
A la fin de l'article, on parle de "développement". C'est un mot qui nous est étrangement inconnu. Ici on préfère avoir des gens misérables, à qui on distribue des cartons et des oeufs pour faire comme émir el moominine et dénicher sa place au paradis. On préfère les avoir misérables pour acheter leurs voix avec un sandwich à l'harissa le jour des élections.
Constat amer, je vous l'accorde !!!

