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Tunisie - Le marché parallèle se légalise davantage !
05/04/2011 |
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Tunisie - Le marché parallèle se légalise davantage !
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Le retour à la normale suite à la Révolution du 14 janvier s’est accompagné par une effusion d’étalages de toutes sortes de marchandises sur les artères principales des grandes villes, notamment, à Tunis. C’est, semble-t-il, l’unique créneau accessible aux chômeurs.

Des marchandises d’origines inconnues sont exposées au public, notamment, des produits cosmétiques mais, aussi, des habits et des produits ménagers qu’on avait croisés auparavant aux marchés Sidi Bou Mendil, Moncef Bey et ailleurs.
Cet essor du secteur informel a certes provoqué la colère des commerçants ainsi que celle des stands ‘réguliers’ des mêmes marchandises. Des querelles avaient eu lieu et des descentes de la police et de l’armée sont parvenues à repousser ces ‘intrus’ vers des artères secondaires de la Capitale.
Toutefois, ce constat n’est que la face apparente du véritable casse-tête qu’est le secteur informel qui représente, selon le recoupement de plusieurs estimations, dont les structures de l’UTICA, près du tiers du Produit Intérieur Brut (PIB). Hédi Djilani, l’ex-patron des patrons avait même avancé le taux de 45% du PIB pour lancer la sonnette d’alarme lors d’un Conseil national de l’UTICA en 2008.

Il est donc clair que ce marché occupe une place importante dans cette économie de corruption régnant auparavant en Tunisie et qu’il faudrait trouver des moyens adéquats pour éradiquer. Les observateurs attirent toutefois l’attention sur le fait que ce circuit informel occupe au moins 15 % de la population active dont il est impératif de gérer l’avenir.
Les ‘commerçants’ précisent que « la mafia des Trabelsi et des Ben Ali tiraient les ficelles de ce marché, relayée par des intermédiaires en contact direct avec les revendeurs. Laquelle Mafia recevait des commandes fermes et acheminait les marchandises à destination, moyennant des commissions de l’ordre de 50 % du coût des produits ».
« Il s’agit pour nous de bonnes affaires car ceci englobait aussi bien le transport que les taxes douanières, sans le moindre tracas administratif en plus. La ‘Famille’ avait des sociétés de négoce international installées en Turquie qui faisaient le relais et leurs containers n’étaient pas du tout inquiétés à l’arrivée au port de Rades. La marchandise est livrée jusqu’au magasin », ajoutent-ils.

Depuis la Révolution, ces commerçants sont aux abois, il ne suffit pas que leurs réseaux ont été démantelés avec la chute des parrains, et comme la Nature a horreur du vide, des intrus ont exploité le passage à vide accompagnant l’installation du nouveau régime de transition pour s’installer. « Pourquoi nous priver de ces opportunités ? » s’interrogent-ils. « L’Etat peut tirer profit de cette opération en la légalisant. Il s’agit de ressources énormes pour le Budget à travers des taxes douanières, sans oublier les centaines de milliers d’emplois dans les catégories des plus démunis », ajoutent-ils.
Du côté du réseau régulier, on n’entend pas cette question de la même façon. Hamadi Ben Sedrine, le nouveau patron de l’UTICA « ne voit certes pas de problèmes dans l’importation légale qui répond aux normes et paie ses taxes. Ceci entre dans les règles du jeu » mais « s’insurge contre la décision du Gouverneur de Tunis d’attribuer un terrain propriété de la centrale patronale (du côté du marché Moncef Bey, devant l’emplacement de Sama Dubaï) au profit des nouveaux venus dans le circuit informel ». M. Ben Sedrine a annoncé « un pourvoi devant le Tribunal administratif contre cette attribution illégale ». Pour l’UTICA, il ne s’agit pas uniquement de lutter contre le phénomène d’étalage anarchique sur la rue d’Allemagne ou l’avenue de Paris, « il y a des réglementations à respecter ».

Donc, d’une part, il y a cette question de circuit informel gangrénant l’économie qui doit se régulariser en l’intégrant dans le circuit légal. D’autre part, il y a cette contrainte des centaines de milliers d’emplois dans ce circuit qui réduit la marge de manœuvre des décideurs.
Un économiste préférant l’anonymat a interprété la situation en ces termes : « Le circuit informel peut constituer une bouffée de sauvetage pour l’emploi pendant quelques années, faute de taux de croissance suffisant, il ne saurait être un choix économique de longue durée ». « Ce n’est pas un hasard si des originaires du Centre-Ouest et du Sud-ouest sont les principaux employés de ces marchés informels. Ce sont les zones les plus pauvres de la Tunisie auxquelles il faut impérativement accorder de l’intérêt économique pour éviter ce flux vers le circuit informel », a-t-il ajouté.
Un autre dossier brûlant pour le gouvernement de transition.

Crédit photo : Le Temps - Tunisie
05/04/2011 |
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