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Tunisie – Le "peuple" face aux ingérences politiques de l'UGTT
01/03/2011 |
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Tunisie – Le
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Au lendemain de la démission de Mohamed Ghannouchi et la nomination de Béji Caïd Essebsi, par le président de la République provisoire, pour le remplacer, la situation politique demeure floue, avec notamment la démission d’Afif Chelbi, ministre de l’Industrie et de la Technologie, Mohamed Nouri Jouini, ministre de la Planification et de la Coopération internationale et de Sami Zaoui, secrétaire d’Etat aux Technologies de la communication.
Il faut dire que l’annonce faite par Foued Mebazzaâ de la nomination de M. Essebsi au poste de Premier ministre a laissé entendre que le reste de l’équipe gouvernementale restait en place. Or, tous les débats parlaient d’un nouveau gouvernement qui doit être formé par le nouveau Premier ministre. Encore du flou.
Mais ce qui a jeté un gros pavé dans la mare, ce sont bien les propos tenus par Abdessalem Jrad, secrétaire général de l’Union générale des travailleurs de Tunisie (UGTT) qui a contesté ladite nomination tout en déclarant "qu'il n'y pas eu de consultation, et que la nomination s'est faite dans la précipitation" avant d’ajouter que le gouvernement actuel doit "démissionner immédiatement". Mais de quoi se mêle-t-il ?


Certains observateurs n’hésitent plus à montrer du doigt la centrale syndicale, plus précisément, son secrétaire général Abdessalem Jrad qui semble s’immiscer dans les affaires politiques, voire en devenir un acteur actif, influent et incontournable. Un rôle que lui contestent les politiciens, les juristes et une partie de la société civile, c'est-à-dire une partie du peuple.
Seuls quelques petits partis, dits « extrémistes » continuent à vouloir l’associer à l’action politique en l’impliquant dans ce qu’on appelle le « conseil de protection de la révolution », autoproclamé comme tel par ses auteurs qui croient, ainsi, élargir leur base réduite et légitimer le sit-in à la Place de La Kasbah.
Certains observateurs n’hésitent pas à avancer l’hypothèse d’une probable opération de diversion déclenchée par l’UGTT en vue de détourner l’attention des présomptions pesant sur le secrétaire général de la centrale syndicale qui multiplie les revendications, les rassemblements, les sit-in et les grèves tournantes.
De tels agissements ne peuvent que déstabiliser les différents départements ministériels et les faire détourner de leur vocation première en cette période bien particulière, à savoir la gestion des affaires courantes et la préparation des prochaines élections libres, démocratiques et transparentes.
Il y a lieu, donc, de se poser des questions sur le pourquoi d’une telle attitude du SG de l’UGTT ? Des sources proches de la commission d’enquête sur les malversations et la corruption indiquent que parmi les dossiers mis sur la table, il y aurait ceux de quelques membres de la centrale syndicale.
Certains médias ont rendu publique la liste des bénéficiaires des terrains lotis par l’Agence Foncière d’Habitation (AFH) dans la désormais très luxueuse région de Ain Zaghouan et qui auraient été recommandés par l’ancienne présidence de la république. Et parmi ces bénéficiaires, on retrouve Abdessalem Jrad, son épouse son fils et sa fille.

De là à dire que la publication des listes des personnes soupçonnées – il y a eu celle des 110 aussi – d’implication dans des malversations avec l’ancien régime a entraîné la flambée des perturbations et des violences, il n’y a qu’un pas que certains n’ont pas hésité à franchir.
Il est utile de rappeler, également, certains faits que les personnes averties savent déjà. D’abord, l’UGTT a été, tout le long des deux dernières décennies, un partenaire privilégié du régime du président déchu. Ensuite, à l’approche de chaque échéance électorale, la centrale syndicale exprimait publiquement et solennellement son soutien à la candidature de Ben Ali. D’ailleurs, n’oublions pas que Abdessalem Jrad était la dernière personnalité ayant été reçue en audience par le président déchu, juste après avoir reçu les secrétaires généraux de quatre partis d’opposition auxquels il avait remis une enveloppe de 50 mille dinars, selon les affirmations de Abdelfattah Amor.
Enfin, lors des derniers événements ayant conduit à la victoire de la Révolution, l’UGTT s’en était désolidarisée en publiant une déclaration précisant que la centrale syndicale n’a appelé à aucune manifestation ni à aucune grève et que l’implication syndicaliste était le fait d’agissements au niveau régional ou sectoriel.
Pis encore, un document accablant pour le SG de l’UGTT circule sur le réseau de facebook, dont l’authenticité reste à vérifier, et fait état de qualificatifs indécents pour la mémoire du jeune martyr Mohamed Bouazizi. En clair, si l’UGTT a participé à la Révolution, ce sont les syndicalistes de la base et non la direction qui a pris le train en marche, si elle l’a pris !

Quant aux quatre démissions du gouvernement transitoire, elles ne peuvent que le fragiliser davantage et compliquer une situation déjà inextricable. Mais ce qu’a écrit Sami Zaoui sur le réseau social Facebook est significatif à plus d’un titre.
Après avoir analysé les deux premières étapes du phénomène « DEGAGE », M. Zaoui écrit : « Voilà aujourd'hui ce qui menace notre administration et les entreprises publiques, et croyez-moi, la menace est sérieuse. Comment lutter? D'abord, en s'opposant fortement : c'est le rôle de tout responsable qui est en poste, ministres en premier lieu. En dénonçant cette démarche: c'est à chacun d'entre nous de le faire, à tout moment, dès qu'il a l'info.
Enfin et surtout, en étant soudés: je suis affligé de voir les gens de bonne volonté s'entre-déchirer : arrêtons les critiques incessantes, quotidiennes, certes parfois fondées, mais si destructrices. Et restons unis pour consolider, pour construire. Mettons toute notre bonne foi et notre énergie dans des actes positifs.
Ce que nous avons vécu au cours des dernières semaines était un rêve et il ne tient qu'à nous d'éviter le cauchemar qui se profile à l'horizon. Transformons dans les semaines qui viennent, le rêve en réalité ».

Reste qu’un début de climat chaotique commence de nouveau à régner sur Tunis. Et ce climat devrait profiter à tous ceux qui ont des choses à se reprocher et n’aimeraient pas que leurs casseroles soient découvertes par la commission chargée de lutter contre la corruption. Et il n’y a pas que l’UGTT, il y a également des membres de la famille de l’ancien président, d’anciens membres du parti au pouvoir, d’anciens hauts responsables dans différents départements…
Les quatre démissions observées en 24 heures pourraient-elles résoudre le problème ? On pourrait l’espérer dans la mesure que l’étape à venir, d’ici les élections, exige un gouvernement composé de ministres politisés et non de ministres technocrates. C’est ainsi qu’ils pourront lutter contre les pressions syndicales, politiques et autres.
01/03/2011 |
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