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Tunisie – En vidéo, le 14 janvier, raconté par Ali Seriati
27/07/2011 | 1
min
Tunisie – En vidéo, le 14 janvier, raconté par Ali Seriati
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Noureddine HLAOUI

Le Palais de Justice de Tunis a vécu, le 26 juillet 2011, des moments cruciaux avec la comparution de nombreux accusés parmi les membres et les proches de l’ancien président Ben Ali, dont notamment des frères, des sœurs, des neveux de Leïla Trabelsi et plus particulièrement, l’ex- directeur général de la sécurité présidentielle au Palais de Carthage, le général Ali Seriati, devant la Chambre correctionnelle d’été présidée par le juge Faouzi Jebali.

L’ambiance était électrique et l’effervescence à son comble dans la salle d’audience du tribunal avec des scènes insolites présentant Imed Trabelsi avec une barbe de plusieurs jours et un crâne quasiment rasé, plusieurs femmes accusées couvertes du voile traditionnel blanc (sefsari) qui empêchait de voir leur visage et, surtout, avec un Ali Seriati, barbu et détendu. Toute la salle s’était tue au moment où il donnait son récit des faits avant et durant le 14 janvier 2011.
L’audience était marquée, aussi, par des cris d’encouragement comme : « Courage ya Islem » et des cris de vengeance : « Bien fait pour vous, bande de voleurs ». Le tout sous une escorte impressionnante d’officiers de police et de l’armée dont notamment de hauts gradés.

Les principaux chefs d’accusation contre les 35 accusés dont 20 en état d’arrestation, 12 en état de liberté et 3 en état de fuite, consistent en l’ouverture de comptes bancaires et acquisition de biens à l’étranger, la détention illégale de devises étrangères, la confection douteuse de passeport et la détention de bijoux en or pour certains d’entre eux.
A noter que selon le procès verbal du 6ème bureau d’instruction du Tribunal de première instance de Tunis, l’accusé Ali Seriati comparait en état de liberté, alors que tout le monde sait qu’il se trouve en détention à la caserne d’El Aouina.
Renseignements pris, il s’avère qu’il est détenu dans le cadre d’une autre affaire que celle pour laquelle il a été jugé aujourd’hui et qui a été reportée au 2 août prochain à la demande de la défense, constituée de près de 25 avocats, pour mieux prendre connaissance des dossiers et préparer les plaidoiries.

Ainsi, tout le monde attendait, avec grande curiosité, la déposition d’Ali Seriati, un homme considéré comme clé dans ce qui s’est passé en cette journée du 14 janvier 2011.
Imperturbable, l’ancien chef de la sécurité présidentielle à Carthage a tenu à débiter son récit en évoquant des faits, en donnant ses impressions et ses appréciations et en faisant des révélations… Le tout sans être interrompu par le président de la Chambre, Faouzi Jebali, même si les propos de l’accusé donnaient, parfois, l’impression d’être hors sujet et allaient au-delà des questions de la Cour.
Ali Seriati indique que l’ancien président lui a demandé, le 14 janvier à midi, de préparer des passeports pour Houssem Trabelsi et sa famille, parce que leur domicile a été attaqué et incendié. Seriati a donné des ordres, dans ce sens, à l’officier chargé de la cellule des passeports au Palais de Carthage, Lamjed Debari.
Il a toutefois nié avoir reçu lesdits passeports parce qu’il n’a même pas eu la possibilité d’assurer le suivi puisqu’il était occupé par la situation de plus en plus détériorée dans le pays. Et à 15 heures, il a été convoqué par l’ancien président Ben Ali qui lui a donné l’ordre de préparer l’avion présidentiel en vue de quitter le pays en direction du Royaume d’Arabie Saoudite, afin d’effectuer les rites de la Omra en compagnie de son épouse, Leïla Trabelsi, sa fille Halima, son fiancé Mehdi Belgaïed, son fils, Mohamed et deux de ses gouvernantes.
Ces dires sont retrouvés dans le procès verbal sus-cité où il ajoute qu’après avoir été informé que des éléments de la police et de la Garde nationale ont procédé à l’arrestation de membres de la famille Trabelsi à l’aéroport, Seriati a donné l’ordre de mettre le cap sur l’aéroport militaire d’El Aouina au lieu de l’aéroport présidentiel de Tunis-Carthage (à quelques kilomètres). Il a même donné l’ordre de changer la piste de décollage pour éviter toute tentative de tirs contre l’avion. En d’autres termes, les membres de la famille Trabelsi ont été arrêtés alors que Ben Ali était encore en Tunisie et ce suite au zèle patriotique d’officiers de police et de l’armée présents à l’aéroport.

A 16 heures, Leïla Trabelsi est arrivée avec d’autres membres de sa famille. Et le cortège démarre en direction de l’aéroport militaire. Mais une fois sur les lieux, Seriati change d’avis et décide de rester en Tunisie au lieu d’accompagner Ben Ali à Djeddah.
Juste après le décollage, il a été arrêté par des officiers de l’armée.
Sur ordre de qui ? Ridha Grira, ancien ministre de la Défense, a affirmé, il y a quelques mois, que c’est lui qui aurait donné cet ordre.
Seriati affirme devant la Cour qu’il a préféré rester dans le pays où il suivait le cours des événements avec minutie affirmant que dès le 12 janvier, il était persuadé que la Tunisie allait se retrouver dans une situation de vide constitutionnel et que quelque chose d’étrange et de grave se tramait.
Il évoque, en effet, une opération de parachutage d’une unité de commandos autour du Palais de Carthage et un vol d’armes, dont plus particulièrement des mitraillettes Steyr (prononcez Shtayer), de la caserne de Menzel Bourguiba.
Ainsi, Ali Seriati estime qu’il n’a fait qu’assumer ses fonctions de directeur de la sécurité présidentielle et exécuter les ordres de son supérieur hiérarchique, en l’occurrence l’ancien président Ben Ali tout en niant en bloc les différents griefs et les chefs d’inculpations qui lui sont adressés.

On notera que le récit de Seriati comporte des détails différents de ceux donnés par l’ancien ministre de la Défense, Ridha Grira (cliquer ici pour voir notre article à ce sujet). On se pose, également, la question si l’ex-chef de la Garde présidentielle a tout déballé ou réserve t-il encore d’autres révélations lors des autres procès qui l’attendent ?
La révélation de ces parachutages de commandos et de vols de mitraillettes à Menzel Bourguiba a de quoi soulever de nouvelles questions sur ce qui s’est passé le 14 janvier et qui est derrière.


Lire la 1ère partie de la vidéo



Lire la deuxième partie de la vidéo


27/07/2011 | 1
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