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Chroniques
Faire dans la dentelle
Par Synda Tajine
03/09/2024 | 15:59
4 min
Faire dans la dentelle

 

Le régime fait dans la subtilité. Il mise sur l’intelligence des Tunisiens pour faire passer son message. Il fait dans la plus fine des plus fines des dentelles.

La subtilité de ses actes fait qu’ils sont extrêmement difficiles à percevoir. Rares sont les citoyens qui ont la présence d’esprit de démasquer ce plan très bien ficelé. Il l’est tellement qu’il n’est perceptible qu’au regard du plus aiguisé des observateurs. Ceux qui veulent critiquer la probité du régime doivent vraiment creuser et chercher très très loin.

 

Personne ne s’est rendu compte que le régime a jeté à la poubelle les décisions – définitives et irrévocables – du tribunal administratif. L’instance – indépendante – des élections marche tellement sur les œufs, est tellement respectueuse des procédures, qu’elle a appliqué la loi à la lettre et fait les choses dans les règles de l’art. Certaines âmes critiques et jamais satisfaites pourraient parler d’ « irrespect des fondements de l’Etat de droit ». Honte à ces calomnieurs ! Il s’agit d’un simple souci de timing. Les 27 éminents magistrats du tribunal administratif n’ont tout simplement pas respecté les délais. Ils ont mal fait leur travail et ont envoyé leurs décisions en retard.

Ils ont fait bien pire, apparemment. Même s'ils avaient respecté les délais, leurs jugements n'auraient en rien rétabli les requérants dans la liste des candidats, car l'Isie se rend finalement compte qu'il s'agit d'un problème de fond et non seulement de timing. Dommage pour eux (et pour les trois candidats écartés, puis retenus, puis finalement écartés). L’instance de Bouasker devait agir dans le respect de la loi et traiter tous les candidats sur un pied d’égalité. Que pouvait-elle faire d’autre ?

 

Personne ne s’est rendu compte non plus que sur les 17 candidatures initilament déposées auprès de l’Isie, trois seulement ont été officiellement retenues. Les bulletins numéro 3 dont plusieurs ont été privés, les candidats emprisonnés dans des affaires qui trainent, et les autres convoqués et intimidés, personne n’en a entendu parler. Il s’agit de chimères, d’écrans de fumée brandis par les détracteurs du régime – et de la nation – afin de faire de l’ombre au processus électoral. En attendant, ce processus continue son chemin dans la transparence, l’intégrité et le parfait respect des règles.

 

Aucun de ces détracteurs du bien de la nation et de ces complotistes n’a remarqué que deux candidats seulement ont été retenus pour concurrencer le président. Le premier est un ancien soutien du régime (qui a tourné sa veste dans une manœuvre des plus fines) et l’autre… il est actuellement en prison, arrêté il y a à peine 72 heures. Une arrestation qui était loin de le surprendre.

Vous n’avez pas remarqué ? Nous non plus. Seules les âmes les plus malintentionnées pourraient s’attarder sur des détails aussi insignifiants.

 

Ces mêmes âmes viles et malintentionnées ont défendu ces magistrats coupables de conflit d’intérêts. Ils sont même allés jusqu’à démentir Riadh Jrad, farouche défenseur du régime. Ce dernier, empli de bonnes intentions, n’a fait que questionner la probité et l’indépendance de ces magistrats coupables d’avoir rétabli des candidats rejetés par l’Isie.

Avec la rigueur et l’impartialité de sa plume, le jeune propagandiste n’a fait qu’étayer des faits solides et difficiles à démentir. Il n’a parlé ni de « débiles » pour qualifier ceux qui apportaient des preuves pour démentir ses propos, ni de « complotistes et manipulateurs » en évoquant ceux qui les mettaient en doute. Il s’est basé sur la force des argumentaires et fait appel à l’intelligence des internautes.

Ses commentateurs et défenseurs s’étaient extasiés, très peu sensibles au sensationnel. La précision paye toujours. Les foules n’apprécient que très peu rumeurs et calomnies. Il ne faut pas insulter l’intelligence collective.

 

Tant de subtilité est aveuglant. Toute cette finesse nous empêche de voir les mauvais traitements consacrés aux critiques du régime et aux opposants politiques. Il nous empêche de remarquer les journalistes emprisonnés à cause du décret 54. Celui des prisonniers politiques encore détenus malgré l’expiration des délais.

Autant de prétextes que les mauvaises langues pourraient trouver pour justifier les dérives du régime actuel. Toutes peuvent être balayées d’un revers de main. Calomnies, mensonges, complot ourdi contre l’Etat et sa souveraineté. Et même si les preuves manquent, il suffit d’un doute, d’une accusation pour que leurs auteurs se retrouvent dans l’ombre.

 

Au fil du temps, opposants, rivaux et détracteurs du régime ont été éliminés un à un. Un sort différent a été réservé à chacun d’entre eux. La scène politique a été vidée et celle, médiatique, intimidée et menacée. Une vaste opération d’« assainissement », diraient les mauvaises langues. Le fait est que cette opération a été opérée dans une subtilité telle que personne ne l’a vue venir. Personne ne pouvait critiquer, ni s’indigner contre un plan aussi bien ficelé et aux intentions aussi moralement irréprochables.

 

« Celui qui ose les innocenter n’est qu’un complice ». Inutile donc de chercher bien loin. La subtilité de cette phrase résume tout…

 

Par Synda Tajine
03/09/2024 | 15:59
4 min
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Commentaires
DHEJ
Ponctualité!
a posté le 03-09-2024 à 21:45
Notre justice n'est pas connue ponctuelle!


L'administration non plus!


Le tunisien d'une façon générale.


ZABA paix à son âme a été écarté par un coup d'état


La Troïka par les élections; et les opposants de ROBOCOP sont écarté par la loi!


Bravo ROBOCOP!
Zarzoumia
Dentelle
a posté le 03-09-2024 à 18:22
A côté, les frappes chirurgicales, c'est du pipi de chat. C'est de la haute précision, un travail d'orfèvre qui confirme les dires de notre président. L'intelligence tunisienne bat à plate couture l'intelligence artificielle. KS fait dans la dentelle, rien d'étonnant de quelqu'un fait de l'étoffe des véridiques et des prophètes. Le professeur assistant et son sbire l'étudiant raté confirment le proverbe arabe qui dit qu'on trouve dans la rivière ce qu'on ne trouve pas dans la mer. Le chrétien avait raison, les derniers seront les premiers.
C'est divin, ce 25 juillet. 2 plus 5, ça fait 7. Juillet est le septième mois. C'est le chiffre divin, c'est la bonté divine dont Marzou9i nous a parlé. '?a me rappelle le 7 novembre. Vous allez me dire, le 7 on a compris mais le onzième mois ? Rassurer vous, c'est toujours divin, c'est les 11 pour cent des élections de KS.
Ne vous étonnez pas de tant d'intelligence, je suis tunisien.
Ha nendebhom, KS ne va pas nous acheter ni les chaussettes ni les chaussures.
Fathi
Ironie?
a posté le 03-09-2024 à 17:36
Synda tagine. On pouvait croire qu'il s'agissait d'un plaidoyer de défense du régime c'était finalement de l'humour. Parler de l'un pour viser l'autre, Espérons que la chronique sera facile à décrypter par le lecteur courant. Risque
A1
2042: la grenouille est cuite !
a posté le 03-09-2024 à 16:45
En lieu de fine dentelle, j'évoquerais plutôt la classique fable des grenouilles et crapauds plongés dans une marmite qui chauffe petit à petit. Quand ils comprennent enfin leur véritable situation le point de non retour est déjà atteint (exit parlement, exit constitution, exit conseil supérieur de la magistrature, exit Haica, exit instance de lutte contre la corruption, exit conseils municipaux, exit les institutions, exit journalisme libre et citoyen, exit des opposants de tout media public, exit Tribunal administratif, exit état de droit, bienvenue dans la loi de la... jungle).

Qui a plongé nos grenouilles dans cette marmite ? Leurs anciens émirs des taifs ? Les voisins occidental et/ou septentrional ? Leurs propres têtards ? Leur roi gros crapaud dénudé ou ses marionnettistes ? Ses fantassins et chevaliers protecteurs ? nul ne saura.

Quand aux rares grenouilles et crapauds censés et intelligents qui restent dans cette marmite, je leurs conseille la dernière page de l'oeuvre orwellienne:
"L'ignorance c'est la force, la liberté c'est l'esclavage".
En 2042... "la lutte était terminée. Il avait remporté la victoire sur lui-même. Il aimait BB".

A notre tour de jeter l'éponge, vive le 25, vive le 54, le 35, le 117. Que le prophète et ses apôtres le père-soldat, le frère-sauterelle et le cousin-algérien montrent sur cette terre bénie les miracles de cette nouvelle doctrine qui sauvera soyez-en surs toute l'Humanité.