La Tunisie au Conseil de sécurité : une opportunité pour s’affirmer
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Candidate au Conseil de sécurité de l’ONU, la Tunisie a été élue, ce vendredi 7 juin 2019, en tant que membre non permanent par l’Assemblée générale des Nations unies à New York avec une majorité honorable de 191 voix. Un évènement marquant et très attendu pour la diplomatie tunisienne, tant les enjeux et les défis sont importants tenant compte de la conjoncture géopolitique actuelle.
C’est la 4ème fois dans son histoire que la Tunisie siège au Conseil de sécurité. Elle a, déjà, été membre non permanent pour les mandats 1959-1960, 1980-1981 et 2000 -2001. « L'élection de la Tunisie pour la quatrième fois de son histoire en tant que membre de ce principal organe des Nations Unies reflète le respect dont jouit notre pays au niveau international et particulièrement des groupes africain et arabe qui ont déjà confirmé leur soutien à cette candidature depuis le Sommet arabe de septembre 2014 et le sommet africain de juillet 2018 » précise le ministère des Affaires étrangères à l’issu de l’opération du vote.
Composé de quinze membres, dont cinq permanents dotés du droit de veto, à savoir la Chine, les États-Unis, la France, le Royaume-Uni et la Russie et dix autres membres, dits non permanents, élus pour une durée de deux ans, le Conseil de sécurité est le principal organe de l’ONU. Sa mission étant de maintenir la paix et la sécurité internationale et d’établir les sanctions internationales et l'intervention militaire.
Ainsi, obtenir un siège au sein de l’organe exécutif des Nations unies, constitue un enjeu de taille pour la Tunisie. En effet, la Tunisie aura à représenter aussi bien les groupes africains que ceux arabes au sein de l’ONU. Une lourde responsabilité pour notre pays, tenant compte des difficultés rencontrées dans la région africaine et des conflits grandissants dans la région du Moyen Orient. Un équilibre difficile à trouver entre le maintien de la paix dans ces zones sous haute tension et les intérêts diplomatiques et géostratégiques qu’elle doit préserver.
C’est dire, également, que la Tunisie aura un rôle important et une mission délicate qu’elle se doit d’accomplir durant son mandat. Elle se sera confrontée à trancher et à statuer sur des affaires touchant la région africaine, la cause palestinienne, les développements en Syrie et au Yémen. Tant de dossiers chauds en perspectives, si ce n’est la plus grande majorité, qui s’inscrivent dans le cadre de sa représentativité. Il y va de la préservation de son image à l’échelle internationale, notamment, en cette période où la Tunisie demeure l’unique pays, frappé par la vague « des printemps arabes, ayant réussi sa transition démocratique. La réussite du processus transitionnel en Tunisie ainsi que son succès sécuritaire dans la lutte contre le terrorisme, malgré une conjoncture régionale défavorable lui ont conféré un statut privilégié dans le monde.
D’ailleurs, la diplomatie tunisienne a été active durant près de deux ans afin de décrocher son siège, et préparer son accession au conseil de sécurité, en travaillant sur plusieurs thèmes, notamment, le renforcement des relations avec les partenaires régionaux dans les efforts de consolidation de la paix durable, la consolidation de la participation de la femme et de la jeunesse dans les efforts d’intermédiation et de prévention des conflits et leur règlement, ainsi que le renforcement de la cohésion et de l’efficience au sein des structures de l’ONU pour la lutte contre le terrorisme et l’adaptation des travaux du Conseil de sécurité en la matière en fonction des besoins des pays faisant face à ces menaces..
Il va sans dire que l’obtention de ce siège, constitue une consécration pour la diplomatie tunisienne, malgré toutes les critiques et les reproches faites au Conseil de sécurité au niveau du système de prise de décision et de l’inefficacité de son action. Cela provient du problème de représentativité de certains pays, outre le pouvoir exorbitant accordé aux cinq membres permanents du Conseil de Sécurité d'empêcher l'adoption d'une décision. Le droit du veto fait que certains dénoncent la marginalisation des membres non permanents. Tant de critiques qui ont exigé la mise en place en d’un projet de réforme du conseil de sécurité. Et c’est justement, ce projet de refonte du conseil qui accordent plus d’importance aux membres non permanents. D’ailleurs, la Tunisie compte contribuer à ce projet afin d’améliorer les mécanismes de fonctionnement et les méthodes de travail de l’organe exécutif de l’ONU.
En tout état de cause, cette élection sera une véritable consécration pour la diplomatie tunisienne. Forte de son expérience et du haut de ses 63 ans, la Tunisie aura un rôle crucial à jouer durant son mandat, notamment, en ce qui concerne le maintien de la paix dans les régions arabe et africaine, la lutte contre le terrorisme et la consolidation du rôle de la femme et de la jeunesse. Une mission délicate et une lourde responsabilité qui mettront à l’épreuve le niveau notre diplomatie et ses capacités à relever les défis.
Sarra HLAOUI