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A quoi servira l'argent de la recapitalisation de la BH et de la STB ?
06/08/2015 | 19:59
6 min
A quoi servira l'argent de la recapitalisation de la BH et de la STB ?

La recapitalisation des deux banques publiques STB et BH a créé la polémique, puisque plusieurs voix s’élèvent pour s’opposer à ce projet et obliger les personnes et entreprises à rembourser les crédits avant de puiser dans la caisse de l’Etat pour recapitaliser les banques. Une campagne a même été lancée à cette fin, sous le slogan « lui, il vole et toi tu paies ! », sans que personne ne sache qui n’a pas remboursé quoi, ni à quoi servira l’argent qui doit être injecté.

 

Plus de 950 millions de dinars doivent être injectés dans le capital des deux banques publiques Société tunisienne de banque et Banque de l’Habitat. Une véritable nécessité quand on connait le niveau très peu concurrentiel de ces deux institutions comparées aux banques privées.

Lourdement endettées, les deux banques doivent être recapitalisées de toute urgence, sous peine de les voir plonger et, avec elles, l’économie du pays ou ce qu’il en reste.

Un projet de loi a été soumis à la commission des finances de l’Assemblée des représentants du peuple le 3 juin dernier. Après de nombreuses réunions, présidées par Mongi Rahoui et Mohsen Hassen, des auditions du ministre des Finances et des deux PDG, ainsi que la consultation d’experts, la commission a donné son verdict et présenté le projet à la plénière le 30 juillet. Le projet n’a cependant été divulgué aux députés que hier mercredi pour qu’il soit débattu demain vendredi 7 août. Très peu de temps pour que les députés planchent dessus sérieusement et vérifient son contenu. Deuxième surprise ce matin, on a émis la possibilité que le projet soit débattu aujourd’hui même ! De quoi alimenter toutes les suspicions, d’autant plus que le résultat de l’audit des deux banques, tant réclamé par l’opposition, n’a pas été rendu public.

 

A la lecture du projet de loi, on apprend que l’Etat va injecter à la STB un minimum de 190,8 millions de dinars directement et 191 millions de dinars indirectement, via les actionnaires publics. Les privés (actionnaires à hauteur de 49,5%) seront appelés à verser quelque 374 MDT. Faute de quoi, c’est l’Etat qui les versera à leur place, ce qui amènera sa participation globale dans ce cas extrême à 757 MDT.

Pour ce qui est de la BH, l’Etat est appelé à injecter 35,9 MDT directement et 26,8 MDT indirectement via les actionnaires publics. Les privés (actionnaires à hauteur de 43%) seront appelés à verser 47,3 MDT. A ce montant global de 110 MDT, s’ajoutera un emprunt obligataire de 90 MDT.

 

A quoi servira cet argent ?

La STB, bien à la traine des banques privées sur les plans commercial, RH, technique et organisationnel, devra engager plusieurs chantiers dans tous ces départements.

Pour ce qui est du commercial, il est question de créer 42 nouvelles agences et moderniser 70 autres. Plusieurs produits bancaires doivent être proposés, un plan de réduction des coûts doit être mis en place et on tend à viser une nouvelle clientèle parmi les salariés des professions libérales et commerciales.

Pour les ressources humaines, la STB entend proposer un plan social touchant 520 agents dans le cadre du départ volontaire et 570 agents dans le cadre de la retraite anticipée. On recrutera en revanche 1700 personnes dans différentes spécialités, indispensables pour engager les réformes et on augmentera les salaires du personnel (inférieurs de 12% à la moyenne du secteur) afin de pouvoir attirer les meilleurs et de pouvoir être compétitif. Le coût global de cette restructuration des RH est de 142 MDT entre 2015 et 2019.

Sur le plan organisationnel, la STB va engager une restructuration totale de ses services, afin d’éliminer la bureaucratie ambiante.

La STB va enfin moderniser son système d’information (les banques concurrentes l’ont renouvelé depuis une bonne dizaine d’années) pour un montant estimé à 83 MDT.

 

La BH entend pour sa part, sur le plan commercial, créer de nouvelles agences (le nombre n’a pas été donné), moderniser ses services et réduire leurs coûts et ce pour un montant global de 56 MDT entre 2015 et 2019.

Pour les RH, la BH va engager un plan social comprenant 606 départs volontaires et 213 retraites anticipées. 300 personnes seront recrutées selon une nouvelle politique.

Selon une étude signalée dans le projet de loi, et dont nous ignorons la teneur exacte, la productivité des agents de la BH serait de 41% inférieure à la meilleure banque en Tunisie. Coût global du programme RH : 52 MDT.

Tout comme la STB, la BH entend également moderniser son système d’information et entend lui allouer quelque 31 MDT.

 

Pourquoi on en est là ?

Si sur le plan technique, il n’y a pas beaucoup à dire puisqu’on connait la destination des fonds demandés, il n’en est pas de même sur l’aspect politique et historique. Pourquoi deux fleurons du système bancaire tunisien en sont arrivés là ?

Les auditions du ministre, des PDG, du DG de la Bourse et de différents experts ont permis de jeter la lumière sur les défaillances. Et, contrairement à ce que prétendent plusieurs hommes politiques, ce n’est pas une question de créances impayées seulement dont les STB et BH souffrent.

Parmi les points cités, on relève que c’est l’ensemble du système bancaire tunisien qui est en train de souffrir et non uniquement ces deux banques. On rappelle aussi que les entreprises tunisiennes, essentiellement familiales et non cotées en bourse, investissent à hauteur de 30% en fonds propres et 70% en crédits bancaires. On évoque également la mauvaise gouvernance, la mauvaise gestion et la bureaucratie des banques publiques. Ces banques prêtent l’argent aux entreprises sur la base des garanties reçues et non sur la rentabilité des projets, sans oublier naturellement leur exploitation pour servir certaines « puissances » de l’ancien régime.

Les experts consultés par la commission des finances suggèrent plusieurs pistes pour rentabiliser les banques publiques, en assouplissant les procédures et la loi. On relève également que la Tunisie ne supporte pas trois banques publiques et qu’une seule suffit (la BNA) à condition d’accorder davantage de souplesse de gestion au PDG. Les experts consultés ont démontré qu’en accordant davantage de prérogatives au PDG, les résultats ne peuvent être que meilleurs. Et de citer, à titre d’exemple, le cas d’Attijari Bank qui est devenue rentable et moderne après sa privatisation.

 

Le projet de loi ne répond pas aux demandes pressantes de certains opposants et d’une certaine société civile qui veulent obtenir les documents d’audit originaux, au nom de la transparence. Les résultats de ces audits sont pourtant exposés dans le projet de loi. Ces mêmes parties exigent également qu’on dévoile les montants détaillés des créances classées et l’identité des bénéficiaires de ces crédits impayés. La demande semble être politique et voyeuriste. Vu qu’elle tombe sous le sceau du secret bancaire et la confidentialité des données, la liste en question n’a pas été rendue publique.

Certains y verront de l’absence de transparence et n’hésiteront pas à crier au scandale quant à la recapitalisation des deux banques, en dépit des explications détaillées fournies. Il est vrai que les délais accordés aux députés pour examiner les données sont très réduits, ce qui ne peut qu’alimenter la polémique et donner de l’argumentation, audible et peut-être crédible, aux critiques.

 

Raouf Ben Hédi

 

06/08/2015 | 19:59
6 min
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Commentaires (17)

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Adnène
| 10-08-2015 12:25
Cela ne changera rien dans les défauts structurels de ces banques, en plus il vont investir dans de trucs bidons genre réaménagement des agences, locaux ....Il fallait fusionner BH/STB optimiser les coûts des services ....une meilleure productivité .....pour corriger une erreur sur une transaction par carte électronique il faut 20 jours en moyenne....ce n'est pas dans toutes les agences qu'on peut acheter des devises .....puis la BCT doit penser à la convertibilité totale du dinar, je ne sais pas ce qu'ils attendent maintenant que tout le pays est hypothéqué pour au moins 1/2 siècle et que les investisseurs veulent et les tunisiens veulent une mobilité sans entraves de leurs avoir financiers et des personnes. Ils n'ont pas encore compris que le monde change et que ce n'est plus les règles frileuses des années soixante qui ont cours .....soyez imaginatifs vous êtes en plein méditerranée, au centre du monde, et vous vous laissez croupir en rafistolant de veilles épaves STB/BH.

Amazigh Tunisien
| 09-08-2015 13:26
Analyse d'un capitaliste
Dans l'article aucun critique de la loi c'est bizarre c'est de la presse ou quoi ??? défendeur droit d'homme ????
Défendeur de la révolution ???
Je te rappel RBH que plusieurs villages sont privé de l'eau potable plusieurs villages sont privé des écoles plusieurs villages sont privé des....... Mais pas d'argent pour résoudre ces problèmes !!!!!!!!!

safsaf123
| 08-08-2015 12:53
Il faudrait d'abord faire un audit sur les creances douteuses Que ces banQues en disposent. Nous voulons savoir a Qui ont profiter ces creances classees. Tout homme d'affaire ayant des creances classees aupres de ces banQues doit etre poursuivi penalement et Qu'on confisQue ces avoirs a hauteur de la creance.

Apres cela on pourrait parler de recapitalisation.

Je ne sais pas pourQuoi la notion de transparence offusQue certains. C'est l'indispensable dans une societe democratiQue

Tunisien
| 08-08-2015 11:39
Sauver les banques publiques est une nécessité.
Jouer la politique de l'autruche les mènera vers le modèle grec.
Ce qui est important est de mettre en place un SI crédible et des règles prudentielles authentiques!

foulen
| 07-08-2015 20:52
Le mal des banques publiques provient en partie de la corruption.et en seconde partie de la mauvaise gouvernance. La solution reside dans la privatisation.

abdelwaheb, BNP Parisbas de Paris
| 07-08-2015 19:11
La réponse est trés simple et se résume à un seul point: La STB n'a jamais aimé les cadres compétents et a toujours favorisé les plus médiocres. Pire! Elle a humilié les compétents en les rendant dépendants des plus médiocres, qui, sont devenus leurs patrons, comble de malheur. Ce qui a obligé les meilleurs à partir. Oui ce n'est pas plus compliqué que cela. Faites votre enquête et vous verrez que ce que j'avance ici est vrai et ce, depuis plus d'une décennie! Les meilleurs des grandes écoles sont partis les premiers suivis des integres, des travailleurs etc. Et vous vous étonnez encore que cette banque coule et croule sous les dettes et les crénces douteuses. Elle a de surcroit financé les projets les plus médiocres de l'économieet mal finacé sans études préalables. La face cachée de cette banque méconnue du grand public est toutefois visible pour les bons observateurs au travers des agences de la STB, d'un trés mauvais gout, sales, parmi les plus austères et les plus "moches" de tunisie et peut être du monde entier, ainsi que les cadres et agents, les moins polis et les plus mal habillés des banques de tunisie, des prolos en vadrouille qui ne sont jamais dans leurs bureaux et tout le temps en train de papoter de n'importe quoi. Eh oui, c'est comme ça et ils s'en sortiront encore une fois à bon compte aux frais de la veuve. Pauvre tunisie, pauvre tunisien qui devra encore une fois payer la facture! Idem pour les dirigeants de cette banque, ***. A méditer pour le peuple tunisien et surtout pour les députés de l'ARP.

salahtataouine
| 07-08-2015 19:07
Toujours bien informé !!!
Dans la rencontre "mamlouk/ben salmane" il y avait la main de "ben zayed"(emirati!!^)
Il y a "la bande des quatres: emirates;jordanie;egypte et oman" qui "pilotent" les" rencontres"

Il y a une delegation des emirats à damas en ce moment (officiellement pour "controle" de l ambassade avant "reouverture)
Une delegation du koweit avait fait la meme chose il y a quelques jours

Le mae de l arabie sera à mouscou mardi et une rencontre "poutine/el sissi se prepare activement
L ambassadeur syrien à l onu a rencontré celui des usa (le second ou l adjoint de l ambassadrice);rencontre demandeé par les usa

ASSAD a tenu et nous recolterons bientot

Vive l armeé arabe syrienne et ce peuple DIGNE de la syrie

Mustapha STAMBOULI
| 07-08-2015 18:30
La STB et la BH peuvent être sauvées sans recapitalisation en installant un conseil citoyen à la tête de chaque banque publique. Ces CC seraient formés par personnes compétentes (bénévoles) capables de prendre les mesures nécessaires afin de dégraisser ces deux banques, procéder à la récupération les dettes et surtout poursuivre en justice tous ceux qui ont participé à l'effondrement de ces institutions financières.

CA SERVIRA A FAIRE OUBLIER LA MAUVAISE GESTION ET VOLS DES RESPONSABLES...
| 07-08-2015 16:08
un ancien PDG de la BH, renvoye meme du comite central du RCD, pour ses scandales,imaginez cela...est encore aujourdhui meme actionnaire a une filiale d un groupe d une banque islamique, dans laquelle il fait encore le beau temps, avec d autres membres aussi professionnels....
les fonds NON RECUPERES, ne le seront pas...la majorite a ete accordee avec des connivences et des pourcentages en commissions,donc tout cet argent de recapitalisation ira encore dans les poches de conseils d administrations beni oui, incultes et voleurs...
les jetons depassent les dix et vingy mille dinars pour une rigolade de deux heures, et approobation IRRESPONSABLE et ONON INFORMEES, pour du cash....ne parlons paas des salaires des directions generales...les BONUS sont presque MILLIARDAIRES........pour le resultat que nous constatons.......
cette maffia INCULTE et ANALPHABETE de la banque met le pays en faillite, et le gouvernement ne s en occupe meme pas.....
il y a plein de jeunes universitaires du domaine qui peuvent balayer les arrives voleurs de la veille generation qui a tout sabote et leche pour etre la ou elle est....

tozz hekma
| 07-08-2015 15:03
ces deux banques detiennent l'actif le plus important en tunisie malgré leurs dettes,

et si on les affaibli et les etrangler on peut les vendre plus facilement aux preneurs étrangers contre une bonne commission

d ailleurs c t le sport favori des proches du pouvoir et du pouvoir lui meme à l aire de ben ali

maintenat c aux autre de se remplir les caisses de leurs associations et prêt noms et pour se faire il faut se mettre au travail par tout les moyens