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Bras de fer enseignement-ministère : l’UGTT se casse un bras
23/07/2023 | 22:00
6 min
Bras de fer enseignement-ministère : l’UGTT se casse un bras

 

Le bras de fer engagé entre le ministère de l’Éducation et les structures syndicales du secteur, avait alimenté l’actualité sociale en Tunisie durant toute cette année scolaire. Alors que la fédération générale de l’enseignement était déterminée à tenir tête au pouvoir en place, à travers le mécanisme du blocage des notes, le ministère de tutelle n’a pas reculé d’un iota sur l’offre qu’il proposait aux enseignants. Au final, c’est le département de Boughdiri, syndicaliste chevronné, qui remporte ce match haut la main. Retour sur un duel qui a coûté un bras à l’UGTT. 



Depuis le début de cette année scolaire 2022-2023, les syndicats de l’enseignement avaient décidé de bloquer les notes des élèves et de ne pas les communiquer aux administrations des établissements scolaires. Un mécanisme devant servir à remédier aux multiples grèves observées les dernières années et ayant suscité la colère des parents tout en altérant le niveau académique des élèves. Les enseignants avaient plusieurs revendications, notamment, la retraite anticipée pour des raisons de santé, les promotions, les heures supplémentaires, la hausse de la prime de la rentrée scolaire et la régularisation de certains enseignants.

Ils réclament un dialogue « sérieux et responsable » à propos de ces diverses questions et demandent l’amélioration immédiate du pouvoir d’achat à travers le doublement de plusieurs primes et la régularisation des enseignants suppléants.


Au départ de la crise, le ministère avait dit respecter les revendications des enseignants qu’il trouvait « légitimes », soulignant, en revanche que la situation des finances publiques était très difficile et que la solution résidait dans le dialogue pour trouver des réponses progressives à ces revendications. 

Cependant, les négociations étaient longues et dures, notamment, à la suite du remaniement ministériel et la désignation de Mohamed Ali Boughdiri, ancien syndicaliste chevronné, à la tête du département, le 30 janvier 2023. 

Ainsi, le syndicat avait maintenu le mécanisme du blocage des notes en l’absence de progrès dans les négociations avec le ministère de l'Éducation.

Il a précisé que le ministère de l'Éducation n'a soumis aucune proposition répondant aux exigences professionnelles minimales du secteur. Les parties gouvernementales ont invoqué des difficultés dans les finances publiques qui les empêchent de répondre aux revendications ayant un impact financier. 


Coup de théâtre vers la fin de l’année scolaire, la commission administrative sectorielle de l’enseignement secondaire a décidé, le 22 mai 2023, d’accepter la proposition du ministère de l’Éducation.  Conformément à cet accord, le blocage des notes sera levé et les conseils de classe seront tenus. Les termes de l'accord disposent ce qui suit :

Achèvement du recrutement de la quatrième promotion des enseignants suppléants pour l'année 2023/2024.

En ce qui concerne la promotion de 2022, la fédération a reçu des engagements ministériels pour régulariser la situation des enseignants suppléants et régler leurs salaires.

Dans le même contexte, le ministère a présenté une proposition visant à augmenter la valeur du contrat de 750 dinars à 1.120 dinars pour ceux qui ont enseigné pendant une année scolaire complète.

Une nouvelle proposition ministérielle sera présentée pour recruter les enseignants suppléants inscrits dans la base de données de 2008/2016 et éliminer les formes d'emploi précaire lors des séances prévues par le ministère durant l'été 2023.


Cela dit, l’offre acceptée par la fédération de l’enseignement secondaire n’était pas à la hauteur des aspirations de la fédération de l’enseignement de base qui a choisi l’escalade en maintenant le blocage des notes. Cette décision a constitué une première fissure au sein de la centrale syndicale, à travers la dislocation de l’un de ses bras forts, à savoir les syndicats de l’enseignement. 

Les négociations vaines se sont poursuivies, mais elles furent accompagnées par des mesures radicales de la part de l’autorité de tutelle. Le coup de grâce a été donné à la suite de la révocation de 350 directeurs d’établissements scolaires par le ministère. Le département a ajouté qu’un gel des salaires serait également appliqué à 17.000 enseignants. Ceux-ci seraient privés d’un mois de salaire sur fond de blocage des notes. 

Le ministre de l'Éducation, Mohamed Ali Boughdiri, affirmé, dans une déclaration accordée, le 13 juin 2023, aux médias, que la rétention des notes est une forme de protestation illégale exhortant les enseignants à rendre leurs bulletins aux élèves dans les délais impartis.

« Les enseignants ne doivent pas prendre en otage les élèves pour défendre leurs revendications, nous sommes ouverts au dialogue, nous l’avons toujours été et le travail syndical est garanti mais doit s’inscrire dans la neutralité et sans toucher aux intérêts des élèves », a-t-il poursuivi.

Pour sa part, le secrétaire général adjoint de la Fédération nationale de l'enseignement de base relevant de l’UGTT, Ikbel Azzabi, a considéré que le ministre de l’Éducation, Mohamed Ali Boughdiri, avait affamé les enseignants. Il a assuré que les décisions du ministre, notamment, le gel des salaires, n'étaient ni légales ni éthiques. Il a rappelé que M. Boughdiri, avait l’habitude, avant de devenir ministre, de militer et d’encourager les mouvements de protestation.  Il a assuré, que le syndicat allait saisir le tribunal administratif afin de « barrer la route à la décision imprudente et sans précédent du ministre »« Nous avons envisagé d’autres mesures telles que des journées de colère et des protestations régionales puis nationales… Une manifestation nationale aura lieu. La date sera définie ultérieurement. Nous allons, aussi, saisir l’Organisation internationale du travail au sujet de toutes ses atteintes », a-t-il souligné. 

Et ce n’est pas plus tard qu’aujourd’hui, que la commission administrative sectorielle de l'enseignement de base a décidé de lever la décision de blocage des notes, appliquée tout au long de l'année scolaire 2022-2023. Cette décision était prise après l'évaluation de la lutte menée par le secteur, des mesures abusives prises à l'encontre des enseignants, de la révocation de plusieurs directeurs, et de nombreuses manœuvres concernant la remise des notes. 



Force est de constater que la centrale syndicale a largement perdu sa bataille face au pouvoir en place, en se pliant aux ordres du ministère. Bien que la structure syndicale ait menacé de poursuivre les protestations en engageant de nouvelles formes de lutte, le mal est déjà fait. En plus, l’UGTT n’ait joué aucun rôle déterminant durant ce bras de fer et son poids s’est montré tout léger face à la machine exécutive qui semble déterminée à raser tout se qui se positionne sur son chemin...


Sarra Hlaoui 


23/07/2023 | 22:00
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Commentaires
BOUSS KHOUK
le TOP ! C'EST SE CASSER EN TOTALITE
a posté le 24-07-2023 à 15:49
et on en parle plus de ces TDC !!
Patriote
Une première au monde
a posté le 24-07-2023 à 13:07
Prendre des enfants mineurs pour des prisonniers est un acte de torture qui est puni par les lois
Des gens nul opportunistes qui se servent de nos enfants pour leurs intérêts personnels
Aucun esprit de patriotisme et aucun respect des droits des enfants pour ces gens qui doivent être jugés
Le droit syndical ne permet en aucun cas de toétirer nos enfants pour aboutir à leurs fins
Le pouvoir doit récupérer tous les locaux mis à la disposition des syndicats de base gratuitement en plus des autres frais Steg Sonede et téléphone
C'est jeter l' argent du peuple par la fenêtre pour ces opportunistes
Zarzoumia
Un bras sacrifié
a posté le 24-07-2023 à 11:33
Je dirais plutôt que l'UGTT a sacrifié un bras. L'UGTT est noyauté par les appuis du président. On n'a qu'à écouter le discours d'un 3abid Lebriki par exemple. Il parle clairement de prioriser le gain politique sur les revendications sociales. Offrir la trêve au président sur le compte des intérêts de leurs adhérents. L'UGTT n'est plus en rang serré et cela en soit est une grande victoire pour l'exécutif. Le rouleau compresseur avance sans se soucier des méthodes et de la finalité pour assoir son pouvoir. La qualité du dialogue social et l'intérêt des tunisiens s'éclipsent devant les velléités hégémoniques. Malgré tout, cela contribue à l'effet cocotte minute car les problèmes ne sont pas résolus et les guerres seront toujours larvées.
SALIM
VOICI COMMENT LE MINISTERE DEVRA AGIR
a posté le 24-07-2023 à 10:36
1-OBJECTIF:Le ministère devra fixer l'objectif FERME , NON REVISABLE ET NON NEGOCIABLE:ZERO grève et ZERO retention de note (on ne doit pas entendre de cette MASCARADE) pour 2023/2024, quitte à reconsiderer le ministère de l'éducation comme ministère de souvrainté et apporter des modifications à la constitution pour rationnaliser le droit des grèves dans l'éducation (Il faut oublier les grèves de 1 et 2 mois,répétitives et meme illimitées). On ne resout pas le probleme des magistrats pou tomber dans le probleme des enseignants.

2-LES MOYENS:
a-Porter plaintes contre le TRIO su syndicat de l'enseignement de base pour les prjudices portées aux enfants et pour les offenses et les accusations SANS REUVES contre le ministère.J'ai lu hier des accusations de FALCIFICATION ET INTRUSION DANS LES SALLES DE CLASSE contre le ministere.Et c'est bien ENREGISTRE.
b-Refuser toute négociation avec le bureau fédéral actuel de l'enseignement de base, et entamer des dialogues avec les autres fédérations indépendantes ou appartenant à d'autres syndicats (UTT,CGTT).
c-Accélérer l'examen des plaintes contre la direction actuelle de l'UGTT ,car la guerre du syndicat du primaire contre le ministre n'est qu'une guerre PAR PROCURATION de TABBOUBI ET NAHDHA contre le PRESIDENT KAIS SAIED.
Lol
Collateral dommage
a posté le 24-07-2023 à 09:20
Une victoire et une perte éphémère.
Au milieu de tout ça les parents et les élèves sont dégoûtés et le système éducatif est la dernière des priorités.
Les générations mal éduquées a cause de ces guerres seront là pour plusieurs décennies
takilas
Ce ne son5 pas des guerres.
a posté le à 10:37
Ce sont des hypocrisies, des haines et du régionalisme maladif.
Finis l'empathie et l'altruisme des générations précédentes, des vrais tunisiens qui pensaient à l'avenir du.pays.
Maintenant après moi c'est.le déluge, l'essentiel c'est de s'enrichir, d'habiter Tunis et d'avoir imun véhicule.
takilas
L'UGTT c'est des malfrats. Qu'ils osent rester un peu tranquille et ne plus utiliser le nom du martyr Farhat Hached comme un fonds de commerce. Ihchmou chwaya âala rwahkoum âamaltou el âar .
a posté le 24-07-2023 à 02:05
L'ugtt c'est le casseur de la société tunisienne, même un jaloux et un envieux ne ferait pas comme eux.
Et puis surtout qu'ils n'oublierons pas d'aller jouer la chkobba à leur nouveau siège , en cours de construction et situé au plein centre de Tunis, soit un lieu où ils pourront accéder pour accomplir leurs emplettes, leurs commissions et leurs balades des gens heureux.
Bensa
C'est le bon chemin
a posté le 23-07-2023 à 23:19
Il faut que tous les ministres appliquent cette méthode de fermeté avec ces bandits
Oui à lutte syndicale non aux banditismes
Limou
Stop à l'impunité
a posté le 23-07-2023 à 23:11
Si nous sommes sous développés c'est en grande partie à cause de cette organisation des NON TRAVAILLEURS. Stop à l'impunité, celui qui ne travaille pas ne doit plus être payé. Celui qui insatisfait doit choisir une autre voie et non pas prendre les élèves en otage.