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Le processus cahoteux du gouvernement Fakhfakh !
03/02/2020 | 19:59
6 min
Le processus cahoteux du gouvernement Fakhfakh !

 

Après plusieurs reports, la réunion entre le chef du gouvernement désigné, Elyes Fakhfakh et les partis politiques concernés par les concertations autour de la formation du gouvernement, a finalement eu lieu. Une réunion qui, malheureusement, n’a pas abouti à un accord définitif sur le document régissant l’action gouvernementale vu certaines réserves et exigences de la part des parties prenantes et qui ne feront, indéniablement, qu’entraver un processus gouvernemental déjà cahoteux..


Le 28 janvier 2020, le chef du gouvernement désigné, Elyes Fakhfakh a donné le coup d’envoi aux réunion des commissions communes des partis et blocs parlementaires concernés par les concertations autour de la constitution du gouvernement. Des rencontres organisées en vue de débattre d’un document contenant le programme gouvernemental et qui porte essentiellement sur les fondements de l’action gouvernementale et son approche, les mécanismes de leur exécution, les priorités économiques et sociales ainsi que sur la démarche de la composition du gouvernement.

Les partis présents à ces entrevues tenues à Dar Dhiafa à Carthage Ennahdha, Attayar, le Mouvement Echaâb, Tahya Tounes, Nidaa Tounes, Al Badil Ettounsi, Afek Tounes ainsi que l’Union populaire républicaine (UPR) après le retrait de la Coalition Al Karama refusant de collaborer avec Tahya Tounes, les mêmes partis qui assureraient la ceinture politique au gouvernement de Fakhfakh.

Examinant le document de référence intitulé « le gouvernement de la clarté et du rétablissement de la confiance », les partis concernés ont chacun annoncé leur position quant à ce document, y apportant également des modifications, lesquelles ont été prises en considération par M. Fakhfakh pour esquisser une deuxième version de ce document.

La version révisée a été adressée aux partis le 1er février consistant à un point de départ des concertations afin de parvenir à un document synthétique contenant les grandes réformes. Ces réformes seront capables de redonner la confiance aux Tunisiens, d’assurer la transition vers un Etat socialement responsable et garant de la justice aussi bien que de passer à une économie efficiente à haute valeur ajoutée.

 

Toutefois, la première réunion ne s’est pas déroulée sans heurts avec le retrait de Machrouû Tounes et de Afek Tounes. Après avoir exprimé leur disposition à discuter de ce document, les deux partis se sont rétractés au vu de la démarche adoptée lors des « étranges » sessions organisées avec les différents partis et la division des partis politiques en deux réunions séparées.

Ainsi, Machrouû et Afek ont, tous les deux, exhorté Elyes Fakhfakh à réviser sa démarche loin de toute « discrimination ou exclusion » sans pour autant s’engager à faire partie du prochain gouvernement.

Ils contestent, de ce fait, l’écart de Qalb Tounes et du Parti destourien libre (PDL) des négociations autour de la formation du gouvernement. Un écart qu’Elyes Fakhfakh a justifié par la non-concordance des programmes des deux partis susnommés avec les priorités des Tunisiens.

 

Le choix d’Elyes Fakhfakh d’exclure Qalb Tounes et le PDL a été fortement critiqué par plusieurs partis, outre Afek et Machrouû. Ce dernier a même accusé Kaïs Saïed d’être derrière cette idée ayant commandité cette exclusion en contrepartie de sa désignation d’Elyes Fakhfakh.

Tahya Tounes a, pour sa part, appelé M. Fakhfakh à élargir les concertations afin de former un gouvernement d’intérêt national.

Pour ce qui est des partis visés, en premier lieu, par cette exclusion, Qalb Tounes a jugé que la démarche du chef du gouvernement désigné n’était pas démocratique et qu’elle représentait un danger imminent pour le pays. Pour le parti de Nabil Karoui, il s’agit d’une manœuvre de Kaïs Saïed pour dissoudre le Parlement sans qu’il ait à en assumer la responsabilité, assurant que par cette exclusion, Elyes Fakhfakh était en train de s’isoler et de réduire considérablement les chances du passage de son gouvernement.   

Cependant et pour Elyes Fakhfakh, il ne s’agit pas d’une exclusion mais plutôt d’un choix d’opposition qui caractérise chaque démocratie. Il avait choisi les critères pour les partis politiques avec lesquels il souhaite se concerter notamment quant à « la symbolique du deuxième tour de la présidentielle et la volonté exprimée massivement par le peuple ». Des partis qui « partagent les valeurs du chef de l’Etat, Kaïs Saïed ainsi que la volonté des citoyens pour le changement et la lutte contre la corruption ».

Elyes Fakhfakh cherche, à travers les réunions avec les partis concernés par la formation du gouvernement, à obtenir un soutien politique permettant au gouvernement de passer devant le Parlement. Un gouvernement dont le programme sera « complet, harmonieux, réformateur et restreint ne comportant pas plus de 25 ministres pour plus d’efficience ».

 

C’est de ce fait qu’Elyes Fakhfakh a maintenu sa position à l’égard de Qalb Tounes et du PDL lors de la réunion de ce lundi 3 février 2020. La réunion qui était prévue samedi dernier pour être reportée suite à la demande du chef d’Ennahdha, Rached Ghannouchi s’est tenue en présence d’Ennahdha, d’Attayar, du Mouvement Echaâb, de Tahya Tounes, de la Coalition Al Karama, d’Al Badil Ettounsi, de Afek Tounes, de Nidaa Tounes et de l’UPR. Des partis partageant les mêmes principes et qui devraient approuver la feuille de la route du gouvernement, selon M. Fakhfakh.

Ainsi, ces partis respectent, selon M. Fakhfakh, la volonté du peuple exprimée par les urnes et visent essentiellement à assainir la scène politique, neutraliser l’institution publique et la tenir à l’écart des tiraillements politiques, consolider le rôle de l’Etat aussi bien que lutter contre la corruption.

 

Néanmoins, le maintien de la position d’Elyes Fakhfakh vis-à-vis Qalb Tounes et le PDL ainsi que les reports multiples de la réunion autour du programme gouvernemental ont fait que Machrouû Tounes refuse de nouveau la participation à la réunion d’aujourd’hui.

Après s’être retiré de la première réunion et puis convoqué à cette réunion malgré son retrait, Machrouû Tounes a décidé de ne pas y assister. Dans ce sens, il a relevé les multiples lacunes dans le processus de constitution du gouvernement dénotant de l'ambiguïté de la démarche d'Elyes Fakhfakh dans la formation de son gouvernement qui obéira aux directives d'une certaine partie politique, selon le parti.

 

En tout état de cause, les partis présents à la réunion d’aujourd’hui n’ont pas réussi à parvenir à un accord définitif sur le programme gouvernemental. La signature de ce document ne se ferait que lorsque la composition du gouvernement sera déterminée.

Bien que le chef du bloc parlementaire d’Ennahdha, Noureddine Bhiri ait représenté Ennahdha dans les concertations, le parti islamiste a refusé de signer ce document de référence avant de convenir sur le soutien politique, la structure du gouvernement, son programme ainsi que sa composition finale.

Ennahdha a réitéré, de surcroît, son attachement à un gouvernement d’union nationale qui n’exclut aucun parti politique et dispose d’un programme économique et social clair pour qu’il puisse bénéficier d’une large ceinture politique.

 

Elyes Fakhfakh se trouve aujourd’hui face à une mission pénible. Non seulement est-il appelé à trouver un terrain d’entente entre les différents partis politiques concernés par la constitution du gouvernement pour convenir du programme gouvernemental, mais il doit également assurer une large ceinture politique appuyant ce programme et assurant ainsi le passage de son gouvernement. Un passage qui n’est pas si évident s’il continue dans sa ligne de conduite et maintient son exclusion des forces parlementaires influentes à savoir Qalb Tounes et le PDL.

 

Boutheïna Laâtar

 

03/02/2020 | 19:59
6 min
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Commentaires
Tunisino
Il faut!
a posté le 04-02-2020 à 18:52
1. Revenir au régime présidentiel.
2. Limiter le nombre de partis politiques à trois: Gauche, Centre, Droite.
3. Imposer aux partis de ne présenter aux élections que des personnes de moyenne à forte compétence.
4. Consolider les lois pour imposer la discipline sur tous les plans.
5. Etablir un projet stratégique à atteindre dans 30 à 50 ans: Devenir le pays numéro 1 en Afrique par exemple (une fois atteint, on passe à un objectif plus ambitieux).
6. Charger l'ITES de la planification stratégique.
7. Valoriser la culture du pays.
dalil
l'enseignement de l'histoire
a posté le 04-02-2020 à 14:13
La IV ieme République française a vécu ce que vit la II ieme République tunisienne aujourd'hui. La paralysie par le fait de la politique des partis.
De Gaulle a claqué la porte en 1946 pour ne revenir qu'en 1958 avec la crise générée par l'attaque de Sakiet Sidi Youssef le 8 Février 1958.qui a fait chuter la IV ieme République.
La France depuis, a connu la stabilité des institutions avec la Constitution de 1958.oeuvre entre autre du Professeur Duverger.....initiateur de notre constitution de 1959.
Manipulée et travesti notre Constitution a entraîné la présidence à vie.
Les partis tunisiens actuels, paralysent le pays. Ils ne connaissent pas l'histoire enfermés qu'ils sont,dans leurs schémas primaires et leurs jeux stériles.
Le Président Saied au fait de l'histoire des constitutions s'appui sur cela ,pour rejeter les partis.
Il a tout à fait raison.


cesarios
c'est trop, c'est trop, ça suffit notre, les TUNISIENNES et les TUNISIENNES ne peuvent plus supporter vos........... ne peut supporter
a posté le 04-02-2020 à 12:51
parmi les grandes calamités de notre chére TUNISIE est d'avoir des personnalités politiques que leur souci primordial est d'assurer les intéréts de leurs partis ,de leurs avantages et de leurs priviléges( le parti avant la patrie) . Notre président élu à 73% n'a qu'un seul objectif qui est de chambarder tout le système du régime politique actuel et instaurer sa nouvelle vision de la gouvernance de notre nation méme progressivement et par étapes, sa nomination de mr fakhfakh n'est que le commencement, mr le cheikh gannouchi, président d'ennahdha et aussi élu président de l'ARP est en train de tout faire pour résister à continuer l'officialisation définitive d'un régime semi- parlmentaire qui lui cher et qui luis semble une garantie pour une durable hégémonie de son parti sur la scène politique tunisienne et il a tous les atouts , les conditions légales , et les géniales fourberies pour confirmer son positionnement et empécher tout l' armada des autres partis et surtout le PDL de pouvoir le devancer, d'ailleurs ses magouilles et ses micmacs concernant l'affaire de mr nabil karoui président de kalb tounés n'est qu'un échantillon et dit tout