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Chroniques
Kaïs Saïed, le président des jeunes s’entoure de vieux
Par Nizar Bahloul
04/11/2019 | 15:00
5 min
Kaïs Saïed, le président des jeunes s’entoure de vieux

 

Qui a créé cette histoire des Cent-Jours, cette période de grâce que l’on donne aux hommes politiques, au début de leur mandat, pour qu’on leur foute la paix ? On s’est en effet promis de laisser le nouveau président élu Kaïs Saïed nous montrer ce qu’il a dans le ventre, lui président du peuple, élu avec 72%. Ce n’est pas un peu long cent jours par hasard ?

Une petite recherche nous fait remonter à l’Histoire de France au 1er mars 1815 quand Napoléon Ier reconquerrait le pouvoir avec son débarquement au Golfe Juan et sa marche vers Paris. « Du 20 mars au 22 juin 1815, c'est le second règne impérial de Napoléon Ier. Cette période voit le rétablissement du contrôle de l'administration et de l'armée par Napoléon, la modification de la Constitution avec l'Acte additionnel, et la reprise de la guerre contre les Alliés qui s'achève par la défaite française à Waterloo (Septième Coalition), et l'abdication de l'empereur », disent les historiens.

 

Qu’a accompli de bon Kaïs Saïed qu’on pourrait noter à son actif, puisqu’on a promis de lui foutre la paix, durant les cent premiers jours de son mandat ? A la lecture de l’actualité présidentielle de ses dix premiers jours, on voit qu’il a reçu les deux accusés de fraude fiscale Nabil Karoui et Seïf Eddine Makhlouf. Si le premier a trouvé une solution avec l’administration avec un échéancier, le second risque d’échapper au paiement de la note. Peut-être que le nouveau président l’aiderait-il à changer de statut pour passer de fraudeur à évadé fiscal ?

Kaïs Saïed a également reçu, durant ses dix premiers jours, Sihem Ben Sedrine qui n’a plus de titre dans la structure de l’Etat, théoriquement. Elle était présidente de l’Instance Vérité et Dignité, cette structure chargée de la justice transitionnelle, mais son mandat s’est achevé avec un grand échec. Durant son « règne » on a vu beaucoup de mensonges, beaucoup de transactions et beaucoup d’indignité.

Autre « personnalité » sans titre reçue à Carthage, l’ancien maire de Paris Bertrand Delanoë et Khaled Mechri, président du Haut conseil d’Etat libyen. Un monsieur longtemps considéré comme persona non grata au palais de Carthage vu qu’il est soutenu par la Turquie et le Qatar. Il est aussi connu pour être l’ennemi juré du maréchal Haftar. Ce même maréchal qui a bombardé, hier dimanche, un camp libyen se trouvant à cinquante kilomètres de nos frontières.

Kaïs Saïed a également reçu un repris de justice devenu député sur le tard. Et qui dit député, dit immunité. Ça tombe bien, Yassine Ayari a une condamnation à de la prison ferme en bonne et due forme. Grâce à son immunité au lieu d’aller en prison, il ira au palais du Bardo en passant par le palais de Carthage. Il est tellement à l’aise le Ayari qu’il y est allé en baskets. Outre le repris de justice, on a un véritable hors-la-loi reçu par le nouveau président, défenseur de la loi, à savoir M. Saïd Jaziri. Ce type, vous savez, qui a lancé la radio propagandiste pirate « Radio du Saint Coran » en envoyant balader la Haute autorité indépendante pour la communication audio-visuelle, la seule autorité de l’Etat chargée d’octroyer des licences radio et des ondes FM. 

 

Quoi d’autre à noter « à l’actif » de Kaïs Saïed pour ces dix premiers jours de « règne » ? Ah oui ! La nomination de quelques membres de son cabinet. Nominations qu’on a apprises par voie de presse (merci Leaders) et non par voie officielle via les services de la présidence de la République. Le président  de la République, essentiellement élu par les jeunes pour porter les projets des jeunes, a nommé plusieurs retraités autour de lui. Des sexagénaires quoi. Parmi ces retraités chargés de porter les projets de jeunes, on trouve le militaire Mohamed Salah Hamdi qui a multiplié les posts Facebook louant les mérites de Kaïs Saïed durant la campagne électorale. On trouve aussi Abderraouf Betbaïeb qui a multiplié les posts Facebook de dénigrement à l’encontre de ceux qui ne réfléchissent pas comme lui, mais aussi des posts d’encensement. On trouve enfin notre ancienne consœur journaliste Rachida  Ennaïfer, devenue ensuite nouvelle collègue juriste de M. Saïed. En parcourant le mur Facebook de Mme Ennaïfer, on trouve beaucoup d’encensement de Kaïs Saïed, exactement comme ses deux nouveaux collègues du cabinet. En bonne communicatrice, elle les a même dépassés avec une interview à inscrire dans les annales parue dans son ancien quotidien La Presse où elle a dévoilé la face cachée du futur président.  Et puis, il y a cette autre interview dans France Télévision qui, à force de louanges et d’apologie de Kaïs Saïed, a fait tiquer la journaliste au point de lui poser la question : « A vous écouter, on se dit que vous auriez peut-être envie de devenir ministre... ». A cette question, Mme Ennaïfer a répondu : « Jamais ! Pour moi, un ministre, c'est un fonctionnaire. Et être fonctionnaire, ce n'est pas mon fort ! ». L’interview a été publiée le 17 octobre. Le 30 octobre, Mme Ennaïfer a été nommée directrice de la communication de la présidence de la République. Il n’est pas exclu qu’elle ait le titre de ministre.

 

Donc en résumé, pour ses dix premiers jours, Kaïs Saïed, président des jeunes, a nommé des retraités et des laudateurs dans son cabinet.

Kaïs Saïed, président des patriotes,  a reçu des étrangers qui n’avaient rien à faire au palais, les tous premiers jours de son investiture.

Kaïs Saïed, président défenseur du droit et de la Justice, a reçu des hors-la-loi qui ont, souvent, envoyé balader l’Etat et ses juges. Sans parler de ces manipulateurs de la vérité et adeptes de la justice transactionnelle.

Difficile de faire mieux en dix jours ! Même Moncef Marzouki n’a pas réussi cela en si peu de temps !

Après avoir dit et présenté tout cela, que peut-on conclure et analyser ? La règle des cent jours, que l’on s’était auto-imposée nous-mêmes, exige qu’on le laisse travailler tranquillement, sans lui mettre les bâtons dans les roues, sans critique, sans rien. Ainsi soit-il ! Vivement que cette période finisse, elle a, à peine, commencé qu’elle semble déjà devenir longue.

Par Nizar Bahloul
04/11/2019 | 15:00
5 min
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Commentaires (14)

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Rationnel
| 05-11-2019 14:57
Une phrase comme "le président des jeunes s'entoure de vieux" est a condamner, dans d'autre pays c'est illégal de pratiquer une telle discrimination. La loi américaine : Age Discrimination in Employment Act (ADEA) protège les employers âgées contre ce type de discrimination. C'est un vrai problème aux USA ou l'age moyenne des employers a Facebook est de 28, a Google il est de 30, ces sociétés licencient indirectement les employers qui deviennent trop vieux (35 ans et plus) pour bien s'intégrer dans la culture jeune de l'entreprise.
Si on est vieux n'implique pas qu'on ne peut pas comprendre les plus jeunes ou agir pour améliorer leurs situations.

zba
| 05-11-2019 14:10
et laisser le travailler

Maxula
| 05-11-2019 01:25
Où l'on apprend ce que tout le monde savait déjà et le disait même haut et fort, à savoir que Nabil-maqrouna est bel et bien un fraudeur fiscal, même si certains partisans-panurgistes(*) croyaient en lui dur comme fer, au point d'y voir le sauveur de la Tunisie tant espéré, à défaut d'être attendu !
Il faut croire que la scène politique, (le théâtre politique plutôt) est tellement désespérante que le premier à se présenter n'ayant que très peu fricoté avec les crocos du marigot, était assuré de recueillir une bonne part des suffrages "moutonniers" !
Mais cette vérité ayant valu à l'intéressé des poursuites qui avaient abouti à une incarcération n'est manifestement pas aussi importante aux yeux de l'auteur, que le fait d'avoir été reçu par le président. . . même si celui-ci, dans un souci d'équilibre peut-être, avait fait de même pour le pendant islamiste de notre "hommes des affaires" !

Où l'on apprend que Rachida Ennaifar, une ex-collègue de KS à la fac, semble au grand dam de son ex-confrère et auteur de l'article-charge, avoir gardé de bonnes relations avec son ex-collègue devenu président, jusqu'à avoir l'outrecuidance de faire partie de son équipe, composée de "vieux" laudateurs, inconnus au bataillon, autant dire des incapables, pour le moins, sinon des intéressés !

Où l'on constate que l'auteur du petit brûlot, brûlant d'impatience, rechigne à accorder au Président nouvellement élu, et comme il est pourtant d'usage, le délai de décence au bout duquel il serait normal et admis d'évaluer l'action de l'impétrant, et ce alors même que notre éminent auteur préconise dans le même souffle, tout et son contraire !
Pour un peu, l'on soupçonnerait un je ne sais quoi de dépit (pour ne pas dire, de jalousie ?)dans la façon qu'a notre auteur de décrire la scène à travers un certain prisme, celui du parti-pris, sinon revendiqué du moins assumé dans la clarté du jour !
Maxula.
(*) Ici-même ils sont légion, suivez mon regard !

anti-benjamin
| 04-11-2019 22:56
Quelle jeunesse?
Je ne vois que des garnements naifs qui se laissent mener parle bout du nez par une équipe de vieux renards sadiques.

A leur age, on ne suivait personne et on doutait de tout. Ils sont pleins de certitudes et veulent un Houbel à adorer.

Déja si vieux, ces "jeunes" anémiques et grognons..

Ils me rappellent le film "l'étrange histoire de Benjamin Button" né vieillard...

Moi-même
| 04-11-2019 22:26
Notre président des jeunes et des vieux est libre dans le choix de son équipe . Ou étiez vous quand on avait au Palais ben nticha et garrach. Quand on est subjectif on pourrait dire ce qu'on veut.

mansour
| 04-11-2019 19:29
Kais Said président des jeunes n'était qu'un slogan de campagne électorale

Bob
| 04-11-2019 19:03
Heureusement que vous êtes là pour lire entre les lignes et même quand il n'y a plus de lignes.
Heureusement que vous êtes là pour lire sur les lèvres et même quand il n'y a plus de lèvres
Heureusement que vous êtes là pour lire entre le jour et la nuit et même quand il n'y plus de jour ni de nuit
Heureusement que vous êtes là pour lire dans la tête de la jeunesse même quand il n'y a plus de jeunesse
Heureusement que vous êtes là pour lire dans les intentions des truands même quand il n'y plus rien à truander
Heureusement que vous êtes là pour détecter une apologie même quand les dictateurs ont déserté.
Heureusement...

Justinia
| 04-11-2019 18:26
Dominique de Villepin ancien premier ministre français a très bien expliqué dans son livre "Les Cent jours" comment Napoléon ,après sa défaite de la campagne de Russie avait été exilé à l'Ile d'Elbe en Italie.de Son retour en France jusqu'à sa défaite de Waterloo,M. de Villepin a confirmé les dires de M. Bahloul.
Tous les cent jours ne se ressemblent pas...

Naivité
| 04-11-2019 18:09
Le président est assez intelligent pour savoir de quels conseillers et personnels expérimentés il a vraiment besoin. Que la contre-révolution, ne veut pas de tout du bien, pour le président, c´est clair (*).

(*) On a même pas besoin d' avoir un cerveau humain pour le deviner!

Abir
| 04-11-2019 17:49
Allaho a3lam quel genre d'homme