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Zied Laâdhari soigne-t-il l’investissement ou son image, à l’étranger ?
Par Houcine Ben Achour
30/05/2019 | 17:59
4 min
Zied Laâdhari soigne-t-il l’investissement ou son image, à l’étranger ?

 

Et rebelote. Et l’on nous ressert, une fois de plus, le même plat. Cette année aussi, il y aura un Forum de l’investissement, le sempiternel Tunisa investment forum (TIF). Il aura lieu les 20 et 21 juin prochain. On va dépenser, une fois encore, une bagatelle de dizaines de milliers de dinars pour réunir du beau monde qui promettra monts et merveilles, puis s’en ira vaquer vers d’autres destinations plus crédibles et plus profitables à l’investissement. Comment pourra-t-on convaincre les opérateurs étrangers à investir dans le pays ?

Qu’est-ce qui a changé depuis l’année dernière pour que, cette fois, ce soit la bonne occasion. Que pouvait bien avoir, dans sa besace, Zied Laâdhari, ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale lorsqu’il a entamé son périple européen pour convaincre les milieux d’affaires, à Milan, Munich, Londres ou Paris, sur l’opportunité d’investir en Tunisie ?

Ah oui, la loi transversale d’amélioration du climat d’affaires. Une loi « révolutionnaire », selon ses dires alors qu’en réalité, elle ne fait que corriger les tares les plus criantes de notre arsenal législatif, réglementaire et institutionnel en la matière. Et encore, puisqu’il faudra attendre là aussi les décrets d’application de cette loi pour y voir plus clair. Ah oui, il ne faudrait pas l’oublier, il y a aussi le « Start up Act ». Une loi qui fait déjà sentir le fiasco.

Ah oui, il y a aussi les statistiques d’investissements directs étrangers (IDE). Certes, les flux d’investissements directs étrangers ont enregistré une remarquable progression en 2018 dépassant les 2,7 milliards de dinars, en hausse de plus de 28% par rapport à 2017. Une hausse qui a concerné tous les secteurs d’activité, l’énergie, l’industrie, les services et même l’agriculture. Cela ne reflète-t-il pas un regain d’intérêt pour la destination tunisienne ? Cela n’est pas si sûr. Car, la plus grande part de ces flux d’investissements est affectée à des opérations d’extension et non pas à des créations entreprises. Ce sont plus des investisseurs étrangers déjà installés qui renforcent leur présence que de nouveaux venus. Ne parlons pas des créations d’entreprises dans le secteur de l’énergie. Elles n’existent même pas. A tel enseigne d’ailleurs que l’Agence de promotion de l’investissement extérieur (Fipa) ne publie plus cette donnée depuis 2015, c’est-à-dire depuis l’adoption de la nouvelle constitution de 2014 et son article 13. En 2014, on n’a recensé que 3 créations d’entreprises dans le secteur de l’énergie. Depuis, il n’y a plus de données statistiques.

Qu’à cela ne tienne si pour les autres secteurs l’IDE créateur de nouvelles entreprises est conséquent. Malheureusement, cela n’est pas le cas. Alors que le total des investissements directs étrangers, hors énergie, enregistrait, bon an mal, plus de 1 000 MD entre 2013 et 2017, la part affectée à la création de nouvelles entreprises dépasse à peine 170 MD. Selon les statistiques du Fipa, le nombre d’entreprises à participation étrangère est passé de 3220 entreprises en 2014  à 3455 entreprises en 2017, soit seulement 235 entreprises supplémentaires en quatre ans. Ainsi, le pays ne recenserait que 5 créations par mois d’entreprises à participation étrangère. Le constat est cauchemardesque compte tenu des éditions de Tunisia investment forum  qui se sont bien succédé durant cette période.

Les données statistiques sont nombreuses reflétant le recul des IDE dans le pays et pas seulement ceux de création d’entreprises. D’après les données de la Banque centrale de Tunisie (BCT) la part des IDE dans la FBCF (Formation brute de capital fixe) est passée de 21% en moyenne sur la période 2005-2010 à 12% en moyenne sur la période de 2011-2018. La part des IDE dans les entrées de capitaux à moyen et long terme est passée de près de 50% en moyenne annuelle à environ 25% respectivement entre les deux périodes précitées. On peut encore rajouter un couche pour les férus de statistiques dans la mesure où durant ces deux périodes, le montant annuel moyen d’IDE est passé de 2,6 milliards de dinars par an à à peine 2 milliards par ans.

Non. Cette année aussi, la Tunisie ne risque pas d’être sous les radars car le rythme des réformes que doit engager le pays est tellement lent qu’il n’est pas en mesure de provoquer un quelconque flash d’intérêt ou d’enthousiasme chez les investisseurs étrangers. Le code d’investissement ne fournit aucune vision, ni choix stratégique. L’administration est gangrénée par la corruption dont le pendant le plus grave est le développement sans précédent de l’économie parallèle. Il convient de remédier à cette lacune et à ce fléau pour espérer obtenir les bonnes grâces des investisseurs étrangers et non pas s’adosser à des lois fourre-tout.

M. Laâdhari croit-il vraiment en la dynamique que provoquerait la prochaine édition du TIF ? Ou bien la reprise de son bâton de pèlerin pour parcourir les capitales économiques européennes, après son périple à travers les capitales des pétromonarchies du Golfe et avant son déplacement aux Etats-Unis et en Chine ne va-t-il servir qu’à lui façonner une stature internationale et signaler à Rached Ghannouchi qui est l’oiseau rare pouvant emmener Ennahdha à la victoire lors de la prochaine élection présidentielle ?

A chacun de se forger un jugement.

Par Houcine Ben Achour
30/05/2019 | 17:59
4 min
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Commentaires (2)

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DIEHK
| 07-06-2019 00:19
Vous pensez vraiment que les Tunisiens en Europe sont des demeurés à un 1 tel point qu'ils prennent pour argent comptant les paroles de votre Tunisie post-,Merdoltion
Sachez que la Démocratie et la liberté d'expression n'ont jamais existé dans les pays d'Alaho Akber!!!!
J'ai tendance à croire plus au père Noël qu'à la mère Noël
Bien qu'ils soient tous les deux ordures comme dans le film: Le père Noël est 1 ordure!!
J'espère que vous savez décodé entre les lignes de ma pensée, sinon tant pis pour moi mais surtout pour vous!!!

DHEJ
| 30-05-2019 20:45
Vendre du bluff comme quoi les les chancelleries accréditées à Tunis ne sont pas bien informées!