Les Municipales de 2018 ne seront pas le grand événement de cette année. En même temps, ce n’est une surprise pour personne. Même si j’appelle tout citoyen tunisien, un minimum soucieux de l’état de ses villes et de l’avenir de sa région, à sortir voter le 6 mai, je sais que nombreuses personnes ne prendront pas la peine de le faire. Et pourtant, tous gagneraient à sortir voter en masse.
L’immobilisme, voire même le boycott des forces de l’ordre, dimanche, en est la preuve (tristement) manifeste. Il s’agit pourtant d’une première dans notre pays. Que les forces de l’ordre, les sécuritaires de tous corps, puissent enfin exprimer leurs voix et être, enfin, considérés, comme de vrais citoyens aux droits indéfectibles, est une première à saluer. Mais cette première ne semble pas les réjouir outre-mesure.
Cinq jours nous séparent aujourd’hui des élections municipales qui auront lieu dimanche 6 mai. Des élections attendues depuis des mois, maintes fois reportées. Elles ont animé les débats, déchaîné les passions et suscité les doutes. On se demandait si elles auraient lieu en 2017, en 2018 ou si jamais elles auraient finalement lieu. Le président de l’ISIE avait démissionné et le code des Collectivités locales avait mis du temps à être voté.
Si tout s’est calmé aujourd’hui, tout ce remue-ménage n’émeut plus personne visiblement. Hormis la petite bulle, bien cloisonnée, de l’opinion publique, des quartiers de la capitale, soucieux de décortiquer en long et en large le débat public et de se pencher avec grand intérêt sur les questions qui nous concernent tous. Sont-ils les seuls ? On le saura dimanche.
Les élections du 6 mai ont déjà un avant-goût de partielles d’Allemagne. Elles n’intéressent pas. Est-ce pour autant la faute des politiques ? Est-ce la faute des listes électorales toutes aussi loufoques et ridicules les unes que les autres ? Est-ce la faute des promesses électorales toujours aussi mirobolantes et toujours aussi irréalisables sur le terrain ? Ou est-ce alors la faute de politiques ? Ce serait trop simple.
Est-ce la faute de Nidaa qui annonce une amnistie fiscale dont il n’a pas le pouvoir afin de décrocher une voix de plus ? Est-ce la faute d’Ennahdha qui use de têtes de liste ridicules mais complètement à l’opposé de son image, afin de grignoter des voix? Est-ce la faute des partis de gauche qui mélangent les appartenances et n’ont pas peur de se mouiller dans des idéologies floues afin de toucher « tous les Tunisiens » ?
Aucun de ses politiques ne sait ce qu’il fait vraiment. Tous naviguent à vue. Comment en vouloir aux électeurs d’être perdus dans ce cas-là ? De ne pas savoir qui les représentera au mieux ? Comment voulez-vous qu’ils s’y retrouvent si le chef de l’Etat brandit sa politisation et rappelle qu’il a été le fondateur d’un parti politique ? Ou quand le chef du gouvernement d’union nationale, défend les intérêts des Tunisiens en semaine, mais consacre ses weekends à servir la propagande de son parti en parfait fils modèle, reconnaissant d’être là où il est aujourd’hui ?
Ce serait cependant trop simple de blâmer les politiques. Les responsables, ceux qui les ont élus ou ont élu ceux qui les ont nommés sont vous et moi.
Dimanche, les queues devant les bureaux de vote ne ressembleront en rien à celles qu’on a vues en 2011 ou 2014. L’exaltation ambiante a laissé place à un ras-le-bol ambiant, à un dégoût généralisé, à une résignation et à une lassitude parfaitement justifiées. Mais il suffit de voir l’état des villes aujourd’hui, des petites bourgades aux plus grandes villes. Les élections municipales sont plus que jamais une urgence et une priorité. Elles toucheront le quotidien des Tunisiens, de manière plus directe et plus palpable que les législatives ou la présidentielle.
Dimanche, il ne suffira malheureusement pas de voter pour celui qui fera de la Tunisie un pays où il fait bon vivre, où les rues sont propres, les hôpitaux bien entretenus, et les jardins publics fleuris. Tout ceci ne sera sans doute pas pour tout de suite. Il suffira de voter pour le moins pire, celui qui suscitera encore même un peu la confiance et qui aura de bonnes idées, honnêtes et réalisables, pour que les municipalités regagnent enfin le rôle qu’elles ont perdu. Il suffira de sortir voter. Alors votez !
Commentaires (18)
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Votez si vous voulez ...
La traîtrise des rêves de 2011.
La médiocrité de la situation de 2018.
Il faut y aller on a pas d'autres choix
Insolite: partisans et adversaires de Ghannouchi dans un même camp
Le commentaire qui vient tout de suite est que même si Ghannouchi est bon tacticien, il joue néanmoins sur du velours car il est incontestablement aidé par une montagne de naïveté chez ses adversaires.
Non.
Je n'irai pas, cette fois-ci, voter....Parce que j'adore la saleté.
La révolution tunisienne, a gratifié le peuple tunisien de très beaux cadeaux, à savoir, la saleté, le terrorisme et la misère sociale.
A la fin des années cinquante et pendant les années soixante, le régime de Bourguiba avait mis les bouchées doubles, pour combattre l'insalubrité et les maladies infectieuses. L'hygiène publique était une priorité des priorités. Bourguiba, le "combattant suprême", voulait que cette nation sorte de l'arriération. On distribuait des vêtements, des vivres et du savon, dans les villages les plus reculés. La population comptait à l'époque trois millions et demi d'habitants.
La population plus urbanisée, sous Ben Ali, a acquis quelques bons réflexes. Ne plus jeter des ordures partout. Les ramassages d'ordures ménagères par les services municipaux étaient réguliers. Nos rues étaient propres. Les abords des hôtels touristiques assez bien entretenus. Nous autres, citoyens, nous considérions que c'était encore insuffisant. Les pouvoirs publics étaient soucieux de l'hygiène publique. Des campagnes publicitaires, sous forme de spots télévisuels, étaient actives.
Avec l'arrivée du soulèvement "bouazizien", les choses ont complètement changé. Les urbains, incrédules, ont fait connaissance, pendant le printemps de 2011, avec la grève spectaculaire des éboueurs.
Les chats de gouttières et les chiens de rues, n'en revenaient pas..... C'était une aubaine céleste pour ces animaux affamés. Les chats se servaient, sous les murs des meilleurs restaurants de Tunis. Une odeur pestilentielle se dégageait jour et nuit. Pour les passants, c'était une malédiction, cette révolution. Jamais, Tunis, depuis la nuit des temps n'avait connu cet énorme amoncellement d'ordures. Du jamais vu......
Aux abords des autoroutes, le spectacle était hideux : Gravats, boîtes de conserve de toutes sortes, sachets bien ficelés et éventrés par chiens et chats. Dégueulasse......Des cas de choléra, avaient été signalés çà et là, suivis de démentis des autorités sanitaires. L'hygiène publique était sur la balance......
Mieux :
J'ai toujours aimé jeter tout en dehors de ma maison.
Je jette tout et avec toutes mes forces, aussi loin que possible. J'éprouve un immense plaisir de déposer sournoisement et en cachete la nuit, un sachet d'ordures, surtout avec des restes de poisson et d'autres détritus nauséabonds, devant le portail de mon voisin. Je l'entends le lendemain, hurler et insulter ceux qui ont fait çà.Je savoure sa colère.
Vous savez, il y a du plaisir dans cet acte que je trouve tout à fait ordinaire. Je fais comme tout le monde.
L'autre fois, à la gare centrale de Tunis, la femme de ménage venait de nettoyer une bonne partie du hall d'entrée. Ma cigarette venait de se consumer et il n'en restait plus qu'un bout. Je jette ce mégot dans cet endroit propre. J'éprouve un plaisir en faisant çà. Je me sens Tunisien et citoyen à part entière. Après tout,je suis honnête..... Je n'ai de mal à personne.
Je vous fais un aveu et c'est entre nous :J'ai horreur des Suisses, parce que leurs rues sont propres....
Je boycotte cette élection illégitime
Rendez-nous Benali épicétou.
Votera pas ... pour les traîtres !
Ecrit par A4 - Tunis, le 12 Août 2017
Notre petit vieux est sénile
Il n'est plus du tout dans le coup
Il s'est montré très malhabile
En ne maîtrisant rien du tout
En s'entourant de gens débiles
Et de fistons à moitié fous
Le petit vieux est un vendu
Qui pactise avec le diable
Qui dévore le fruit défendu
Bien en cachette sous la table
Qui nous dessine des voies tordues
Aux désastres implacables
Il y va au pas des traîtres
Qui ne font jamais de cadeau
Qui ne pensent qu'à leur bien-être
En vous coulant votre radeau
Qui sont prêts à tout promettre
Puis vous poignardent dans le dos
Il y va d'une main tremblante
Dans un gant de compromission
Avec une voix haletante
Nous balbutiant sa reddition
Amère débâcle humiliante
Abandon et renonciation
Moi ma voix est partie au loin
Vers Jupiter ou Saturne
Pour cacher son amer chagrin
Avec des gens taciturnes
Sans discours de stupides babouins
Sans mensonge et sans urne
Ma voix à moi est bien morte
Comme meurent les espoirs trahis
Les feuilles que le vent emporte
Vers de noirs horizons haïs
Où l'on voit claquer les portes
Des coeurs de tristesse envahis
Une voix ça se cultive
Demande rêve et grand dessein
Mérite pour rester bien vive
Lueur d'espoir même lointain
Ma voix est à l'autre rive
Et vous en êtes l'assassin !
il y en a marre
Boycotter pour ne pas donner une légitimité aux politiques quels qu'ils soient...
Bajbouj n'était à la hauteur de la mission dont il a été chargé. La seule trouvaille dont il nous a gratifié était son fils hafedh à la tête d'un NidaaTounes déchiqueté et squatté par des moins que rien.
à bon entendeur salut.