
Si l’on est en droit de récuser ou d’émettre de fortes réserves au contenu du livre consacré à la Tunisie d’Antoine Sfeir, écrivain et journaliste franco-libanais, on le serait bien moins vis-à-vis du titre de l’ouvrage: Tunisie, terre de paradoxes, publié en 2006. Ce que vit le pays à travers les péripéties qui ont jalonné et jalonnent encore la formation du nouveau gouvernement n’en est-il pas l’exacte illustration ? Si ce n’est pas du paradoxe, c’est de l’incohérence ou du contresens. En tout cas, cela a fait perdre un temps précieux au pays pour lui éviter le pire. Car enfin, on observait bien qu’un gouvernement serait extrêmement difficile sinon impossible à former sur la base de cette mosaïque parlementaire issue des élections législatives de novembre 2019. Les positions de chaque parti vis-à-vis des autres durant la campagne électorale préfigurait déjà le scénario d’un gouvernement introuvable.
Aujourd’hui, les irréconciliables se sont réconciliés et les mis au ban sont devenus de plus en plus séduisants. Ce renversement de situation permettra-t-il de dégager une majorité au sein du Parlement pouvant soutenir un gouvernement ? A moins d’un miracle, il est inimaginable, compte tenu des déclarations des uns et des autres que le gouvernement de Habib Jamli puisse obtenir la confiance d’une majorité de députés à l’Assemblée des représentants du peuple. Ce gouvernement est loin de satisfaire leurs attentes.
Mais revenons aux paradoxes.
Quel qualificatif doit-on donner à l’engagement solennel de Habib Jamli de remanier l’équipe gouvernementale qu’il a lui-même choisie pour peu que cette équipe obtienne la confiance d’une majorité de députés ? Si cela ne tient pas du paradoxe, cela relève d’un ridicule marché de dupes. Dans le même contexte, peut-on qualifier autrement que de paradoxal le fait qu’un député accorde sa confiance dans un gouvernement dont il sait à l’avance qu’il sera ensuite remanié ? Comment peut-on définir la position du mouvement Ennahdha de soutenir officiellement le gouvernement de son candidat à la Primature et d’émettre dans le même temps de sérieuses réserves sur la composition de son gouvernement ? N’est-ce pas là une position qui peut être considérée comme un signal aux députés de son bloc parlementaire suggérant à certains d’entre eux de jouer les snipers lors du vote de confiance à accorder au gouvernement?
Ah, ce gouvernement. C’est 100% de compétences, affirme Habib Jamli. Soit. Mais que valent les 100% de M. Jamli, compte tenu de ses propres compétences, de ses aptitudes et son expérience politique ? Ce pourcentage de compétence serait de 75% au mieux pour certains, pouvant aller jusqu’à presque rien du tout pour d’autres.
De quelle compétence, de quelle indépendance, de quels principes et de quelle éthique peut se prévaloir un gouvernement dont les membres, ministres et secrétaires d’Etat, se savent déjà sur un siège éjectable avant même leur prise de fonction et en dépit d’un vote de confiance majoritaire et de circonstance ? Comment peuvent-ils rester sans réaction alors qu’ils risquent d’être les victimes d’une infamie annoncée qui, pour plusieurs d’entre eux, est probablement injuste ? Si ce n’est pas là un paradoxe, c’est une absence totale de discernement et de lucidité qui les disqualifie objectivement d’être ministre ou secrétaire d’Etat.
Ce vendredi 10 janvier 2020 est le jour fixé pour le vote de confiance au gouvernement. Si la confiance est accordée au gouvernement, elle consacrera tous ces paradoxes. Si elle lui est refusée, elle les consacrera aussi.
« Vouloir jouer aux échecs contre soi-même, est donc aussi paradoxal que de vouloir marcher sur son ombre », écrivait Stefan Zweig dans le Joueur d’échecs. Habib Jamli aurait gagné à méditer une telle réflexion avant de se lancer dans une entreprise dont l’aboutissement apparait clairement absurde, s’il n’est pas paradoxal.



Affirmation lourde de sens, precisement
Ce microcosme perd les pedales il est deboussole desempare hebete comme le reste du pays
Cest une crise globale une perte generale,meme au plus haut niveau de responsabilite, du sens commun.
Des valeurs et de la coherence et de la perennite de tout ce qui a structure l'identite tunisienne au cours des siecles
Un campement bedouin dans l'espace physique, et aussi - et surtout- dans les tetes
Et ce ne sont pas les milliards d erdogan qui vont ressusciter cette coherence et sens communs
Il a inventé un appareil de mesure de l'indépendance
Et un autre instrument de mesure de la compétence...
Il déposera ses brevets auprès du GOUROU de la secte...
Mais pour mesurer l'intensité du PARADOXE là c'est le père Noël qui sait la mesurer .