Trois mois après son lancement officiel lors d’une réunion massive à la ville de Monastir tenue le 27 janvier, Tahya Tounes a célébré aujourd’hui son 1^er congrès électif à Radès après avoir reporté les festivités de 48 heures de la date prévue.  Ainsi, le projet de Tahya Tounes, désormais concrétisé, a définitivement et ouvertement confirmé son soutien au chef du gouvernement qui ne s’est toujours pas prononcé au sujet de son intégration de ce nouveau mouvement.

C’est selon le secrétaire général fraîchement élu de Tahya Tounes, Selim Azzabi, que le drame du décès de 12 travailleurs agricoles, dans un accident de la route à Sidi Bouzid, était derrière le report de la clôture des travaux du congrès constitutif électif du parti. Ainsi, la cérémonie prévue le dimanche 28 avril 2019 a eu lieu ce mercredi 1^er mai en présence de plusieurs personnalités nationales, politiques et diplomatiques.

Azzabi avait, lors d’un point de presse tenu dimanche dernier, que la décision du report a été prise en concertation  avec le chef du gouvernement, Youssef Chahed, autour duquel Tahya Tounes, comportant à présent 84291adhérents d’après le président du congrès, Kamel Idir, a été formé. Les résultats des élections aux niveau local, régional et national ont été également déterminés le jour même annonçant ainsi l’ancien chef du cabinet présidentiel en tant que secrétaire général du parti pro Chahed.

Néanmoins, le président du parti n’a pas encore été désigné bien que toutes les spéculations tournent autour de l’actuel chef du gouvernement, Youssef Chahed pour qui le soutien de Tahya Tounes a été souvent prononcé.

Après 2 jours de report, les festivités se sont finalement déroulées à la salle de sport multidisciplinaire à Radès. Outre plusieurs députés du bloc de la Coalition nationale dont notamment son président et président de la commission de motions de Tahya Tounes, Mustapha Ben Ahmed, l’assistance était variée entre membres du gouvernement et figures diplomatiques. Ce bloc a été en effet responsable de la conception du mouvement Tahya Tounes rassemblant les forces progressistes et modernistes à l’instar des dissidents de Nidaa Tounes, de Machrouû Tounes, de l’UPL, d’Afek Tounes et des destouriens.

Etaient présents aux premières rangées, le secrétaire général du gouvernement, Riadh Mouakher, le porte-parole du gouvernement, Iyed Dahmani, le ministre du Transport, Hichem Ben Ahmed, le ministre du Commerce, Omar Béhi, la ministre de la Jeunesse et des Sports et ministre de la Santé par intérim, Sonia Ben Cheikh,  et le ministre de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et la Pêche, Samir Taïeb.

Le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Slim Khalbous, le ministre auprès du chef du gouvernement chargé de l’Economie sociale et solidaire, Chokri Ben Hassan, l’ancien ministre chargé des Relations avec la société civile, des instances constitutionnelles et des droits de l’Homme, Mehdi Ben Gharbia, l’ancien ministre du commerce, Mohsen Hassan, le secrétaire d’Etat auprès du ministère de la Jeunesse et des Sports chargé de la Jeunesse, Abdelkoddous Saâdaoui ainsi que le président de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat, Samir Majoul ont également été présents à la salle sportive couverte de Radès.

L’ancien président de l’Assemblée nationale constituante (ANC), Mustapha Ben Jaâfar a également été présent ainsi que le président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), Mohamed Ennaceur, invité officiellement par le parti pour assister à la clôture de ses travaux.

La cérémonie a, par ailleurs, été marquée par la présence de nombreux membres du corps diplomatique notamment l’ambassadeur de France en Tunisie, Olivier Poivre d’Arvor ainsi que l’ambassadeur de Palestine en Tunisie, Hayel Al Fahoum qui ont été, tous les deux, présents au congrès de Nidaa Tounes ayant eu lieu, le 6 avril 2019 à Monastir.

Si le congrès de Nidaa Tounes, organisé sous le thème de la réforme et de l’engagement, a vu la présence de son fondateur, le président de la République, Béji Caïd Essebsi, le congrès constituant électif de Tahya Tounes a été marqué par l’absence du chef de l’Etat, officiellement invité par la direction du parti bien que sa touche d’utiliser des versets coraniques a été présente dans l’allocution ainsi que d’adopter le référentiel bourguibiste ont fait acte de présence.

Il a été marqué, cependant, par la présence de la 2^ème tête de l’exécutif, le chef du gouvernement, Youssef Chahed qui a, devant une salle qui commençait déjà à se vider, prononcé un discours dans lequel il a énuméré les accomplissements du gouvernement actuel malgré toutes les entraves et les coups bas notamment au niveau des réformes sociales et économiques ainsi que de la lutte contre la corruption.

Youssef Chahed n’a pas manqué, de surcroît, d’accuser certaines parties de vouloir le priver de l’action politique bien qu’elle soit un droit garanti par la Constitution. Il s’est, dans ce sens, montré reconnaissant aux députés du bloc de la Coalition nationale et fondateurs de Tahya Tounes grâce auxquels il ne se sent plus intimidé ni seul dans ses batailles contre ses détracteurs vu le soutien politique qu’apporte désormais ce mouvement au gouvernement. Tahya Tounes s’est ainsi, positionné, une bonne fois pour toutes, sur la scène politique en tant que moyen d’appui politique au chef du gouvernement notamment lors des prochaines échéances électorales.

Un parti démocratique, jeune, ambitieux mais quand même expérimenté. Un parti structuré, orienté vers la construction loin des complots et des tractations et puisant sa légitimité de ses bases dans toutes les régions de la Tunisie. C’est ainsi que Selim Azzabi a qualifié Tahya Tounes. A travers une simple observation qui permet d’évaluer les acteurs du paysage politique, les chances de réussite de Tahya Tounes sont loin d’être minces. Alors que certains partis rivaux sont fragilisés par des conflits internes et des règlements de comptes personnels, Tahya Tounes fera-t-il l’exception et parviendra-t-il à percer sur la scène politique menant éventuellement Youssef Chahed à la présidence de la République ?

Boutheïna Laâtar