
L’affaire a suscité bien des remous dans le monde médical et a délié les langues sur ce qui semble n’être que la partie visible de l’iceberg. Le scandale des stents périmés, a été révélé par la CNAM lors d’une enquête menée à la suite de la découverte, par ses agents, de dossiers de patients contenant des vignettes. Vignettes qui indiquent une date d’expiration antérieure à la date de leur opération.
Sur le banc des accusés, un éminent médecin en cardiologie et deux cliniques privées de la capitale, d’après les premières données, le chiffre est néanmoins plus important selon l’Instance nationale de lutte contre la corruption.
Pour commencer il est important de rappeler ce qu’est un stent, il s’agit de petits ressorts métalliques qui sont placés, nus ou recouverts de médicaments, dans les artères coronaires pour les maintenir ouvertes lorsqu’elles ont été obstruées.
Cette endoprothèse est commercialisée par des laboratoires en Tunisie, qui, selon ce qu’un proche du ministre de la Santé, Saïd Aïdi, nous a révélé, les cèdent à des prix bradés lorsque leur date de péremption est proche, soit 30% à 40% de moins que leur prix initial.
L’affaire a tout de suite braqué les projecteurs sur les pratiques illicites de certaines cliniques privées et de certains médecins qui usent de ce stratagème pour arnaquer la Caisse nationale d’assurance maladie en facturant, évidemment, le plein tarif à la CNAM alors que le produit a été payé moitié moins cher.
Suite à ce scandale, la Caisse nationale d'assurances maladie a pris la décision de suspendre sa coopération avec les utilisateurs des stents périmés utilisés lors des opérations de cathétérisme cardiaque, et de soumettre leurs dossiers à la justice.
Après vérification des faits, le ministère des Affaires sociales a ordonné à la caisse d’assurance d'ouvrir une enquête immédiate et approfondie sur les infractions rapportées et a appelé à renforcer le contrôle médical afin de garantir la qualité des services proposés aux assurés.
Selon la CNAM « ces pratiques mettent la vie des patients en danger, et violent les termes du contrat établi avec la CNAM et la déontologie de la profession ». Propos partiellement démentis par le ministre de la Santé, Saïd Aïdi, affirmant qu’une commission de médecins spécialistes a été formée pour examiner les risques encourus par les patients ayant reçu les stents périmés. Ainsi, il a été établi qu’il n’y a « aucun danger imminent sur les personnes, quoique le principe de précaution reste de rigueur ».
La CNAM a, par ailleurs, indiqué que le Conseil national de l'Ordre des médecins (CNOM) a procédé à l’interrogation d’un chirurgien cardio-vasculaire qui a implanté des stents périmés sur des patients, dans une clinique privée de Tunis. Il s’agit du cardiologue Faycel Derbel, qui a reconnu dans une intervention sur Radio Med avoir implanté des stents périmés sur 16 patients. Le médecin a néanmoins affirmé que les stents en question ont dépassé le délai de péremption au sein des pharmacies des cliniques et que les patients porteurs de ces stents n’encourent pas de danger de mort.
Le chirurgien s’est défendu d’être le seul médecin à avoir recouru à cette pratique appelant à ce que lumière soit faite sur la responsabilité collective des personnes chargées de tracer le circuit des stents périmés, de l’approvisionnement des cliniques en stents auprès des pharmacies, jusqu’à leur mise à disposition auprès des cliniques.
Faycel Derbel a expliqué que le problème était systèmique et qu’il y a 6 cliniques et 20 docteurs concernés par l’affaire. Selon lui, le médecin est le dernier maillon de la chaîne et il n’est pas en charge du contrôle de la validité ou de la péremption des stents avant d’opérer les patients. « Le médecin est le dernier maillon de la chaîne, ce sont les cliniques qui achètent les stents et aucun logiciel détectant les codes à barres des stents n’existe dans les cliniques pour vérifier la péremption ou la validité de ces supports artériels».
Intervenant quelques heures plus tard sur Express Fm, le ministre de la Santé a déclaré que le secteur de la santé privée comporte depuis quelques années plusieurs problèmes et que les textes régissant les conditions d’activité dans les cliniques privées seront revus. Il a affirmé qu’un pharmacien responsable sera désormais affecté dans les salles de cathétérisme. Saïd Aïdi a néanmoins souligné que le manque de contrôle en amont est une réalité connue des médecins qui doivent endosser la responsabilité du contrôle en bout de chaîne, pointant du doigt un manque de rigueur de la part des cliniques dans la gestion de leur stock de matériel. Le ministre a enfin précisé que les services concernés, dans deux cliniques privées, ont été fermés pour trois mois.
Accusé, mis à la porte tel « un ouvrier non spécialisé », Faycel Derbel ne nie pas sa responsabilité et pointe du doigt des lacunes au niveau de la pharmacie de la clinique où il exerçait et surtout la campagne de « diabolisation » qu’il subit alors qu’il n’a juste pas « eu le temps, ou la présence d’esprit » de vérifier le matériel qui lui a été fourni par la clinique.
Le président de l’Instance nationale de lutte contre la corruption,Chawki Tabib, nous a confirmé l’implication de plusieurs cliniques privées, dont six sur le Grand Tunis, l’une d’elles est carrément accusée d’avoir décollé les vignettes des paquets de stents. Chawki Tabib nous a également confié l’implication de plusieurs médecins et de plusieurs sociétés de distribution. Les communiqués officiels de l’Ordre des médecins et de la CNAM continuent cependant à faire état d’une seule clinique et d’un seul cardiologue concernés.
D’après M. Tabib, l’affaire dépasse de loin un petit nombre de médecins et de cliniques et concernerait plusieurs établissements de santé et probablement aussi des hôpitaux publics. D’ailleurs, le ministre de la Santé a lui-même affirmé que des contrôles sont effectués dans les établissements publics ne serait ce que pour faire de la prévention.
L’affaire est venue lever le voile sur des pratiques plus courantes qu’on pourrait le penser. L’Association Médecins contre la corruption a, pour sa part, indiqué dans un communiqué publié le 26 juin 2016, que l’affaire des stents périmés est loin d’être un cas isolé. L’Association a, en effet, affirmé, documents à l’appui, qu’une patiente opérée à l’hôpital Farhat Hached en mai 2013, s’est vu poser un Pace Maker périmé, dont la date de validité a été dépassée d'un mois. Elle affirme que la patiente en question a contacté le ministère de la Santé munie de son rendu opératoire et a fourni toutes les preuves nécessaires mais n’a jamais eu de retour et que bien d’autres cas ont eu droit à la même pratique.
Les scandales médicaux ne sont pas l’apanage de la Tunisie et souvent ils viennent rappeler à certains médecins que le serment d’Hippocrate ne les engage pas à s’enrichir en vitesse mais à informer les patients, notamment, des décisions envisagées, de leurs raisons et de leurs conséquences et à ne jamais tromper leur confiance.
Saïd Aïdi a bien résumé ce point en affirmant que le secteur de la santé a besoin « d’être moralisé », car si la Tunisie est riche de ses médecins dont la compétence est reconnue de par le monde, certains ont tendance à oublier leur première vocation. Le Conseil de l’Ordre des médecins a d’ailleurs souligné l’extrême importance de cette affaire, en ce qu’elle touche à la réputation de la médecine tunisienne.
Acheter un stent bradé à 800dt, comme nous l’a confié un proche du ministre, pour le vendre à la CNAM à 2500dt, cela s’appelle du commerce. Implanter du matériel périmé dans le corps des patients sans les en avertir, que cela comporte un danger ou pas, cela s’appelle un abus de confiance et est indigne de cette profession dite noble.
Myriam Ben Zineb

Commentaires (26)
CommenterMeilleurs bouchers en Aftique
@ takilas| 02-07-2016 16:04
De ma part je condamne les pratiques de ces Ripoux Médecins qui bravent toute la morale et le respect de cette noble profession, ils ne sont pas tous visés heureusement.
Il y a de ces cupides qui veulent s'enrichir en un laps de temps, ces malfaisants qui ont ignoré le serment d'Hippocrate
Nahdah et ses intentions mauvaises ou pas, le peuple tunisien n'est pas dupe pour marcher dans ces combines mafieuses et condamnables, et à dénoncer ces passe-droits ! les grèves et la stratégie, que compte pratiquer ce parti s'il 'uvre dans stratégie à placer ses sympathisants dans les rouages de l'Etat, et des différentes entreprises pour consolider sa main mise sur l'économie, et le pouvoir il se trompe, nos honnêtes concitoyens ne se laisseront pas dupés, n'importe comment cette stratégie ne mène nul part , les Trabelsis l'ont bien pratiqué ,c'est un chemin sans issue !
Ce qui me révolte c'est que cette Elite éduquée, (des médecins) ce n'est pas du n'importe quoi ! tombent dans cette bassesse inouï, se faire de l'argent sale sur les dos des miséreux et arnaquer la CNAM , c'est inconcevable ni pour la morale ni par le tout naturellement du monde de cette honnêteté occultée, bafouée piétinée, « je vous invite à lire cet engagement sur lequel ils se sont engagé le serment Hippocrate » une fois lu vous saurez la gravité du problème de nos médecins qui ont emprunter une autre voix hélas c'est triste on ne voulait pas que ce corps de profession se fasse éclabousser par ces Malhonnêtes Félons. A bientôt. (Manai)
LA TUNISIE EST LE SEUL PAYS OU AVEC UNE DEFENSE DEBILE ET MENSONGÈRE ON ARRIVE QUAND MÊME A S'ENSORTIR
une aubaine
Serment d'hypocrite
Mr Chawki Tabib doit accompagner et conseiller ces patients.
Acte criminel
Pas d'impunité
Brebis galeuses
Il faut les dénoncer !
Mme
@Safia
Si vous y allez seul vous serez broyé .. il faut être nombreux ... mettre un pot commun et attaquer les véreux ... vous aurez gain de cause mais seul et isoler ...!!! vous n'y arriverez @ rien ... @ plusieurs vous prenez un avocat et vous attaquez ... Votre exemple fera JURIPRUDENSCENCE ... Rabbi Yichfik ... Cdt ... Hatem Chaieb

