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Samir Saïed peut-il voir au-delà du bout de son nez ?
03/11/2022 | 10:57
5 min
Samir Saïed peut-il voir au-delà du bout de son nez ?

 

En parcourant les biographies des ministres du gouvernement de Najla Bouden, il saute aux yeux que Samir Saïed, ministre de l’Économie et de la Planification possède l’un des meilleurs, sinon le meilleur CV. Ceci sur le papier. Sur le terrain, face aux réels problèmes, il en est autrement.

Samir Saïed avait beau passer par l’École centrale de Paris, l’ATB, la STB et Tunisie Telecom, il n’arrive toujours pas à faire dégager un véritable plan de sortie de crise pour le pays. Il n’arrive pas, non plus, à faire changer le discours de son président qui se morfond, encore et toujours, dans les généralités et un modèle économique éculé.

Pendant que Kaïs Saïed parle de la nécessité de trouver des solutions innovantes et de nouveaux modèles économiques, différents de ceux expérimentés jusque-là, Samir Saïed négocie avec le FMI un plan de réformes identique à celui proposé par ses prédécesseurs sous les gouvernements Hichem Mechichi, Elyes Fakhfakh et Youssef Chahed.

Principales caractéristiques de ce plan, réformer le système de la compensation, geler les salaires, réaliser l’utopique équité fiscale et le recrutement et privatiser ce qu’il y a de privatisable dans les entreprises publiques.

Qu’a apporté Samir Saïed de nouveau par rapport à ses prédécesseurs ? Rien. Aucune solution nouvelle.

A-t-il appliqué, ne serait-ce qu’à 1%, les directives de Kaïs Saïed en ce qui concerne les nouvelles approches ? Aucunement.

 

Malgré ce constat des plus factuels, Samir Saïed se permet de tacler ses prédécesseurs et de les regarder de haut en déclarant, mardi 1er novembre sur Mosaïque FM, que « la compensation est le vrai obstacle de la Tunisie et qu’aucun gouvernement n’a eu le courage de la réformer ».

Autrement dit, lui posséderait du courage que ses prédécesseurs n’auraient pas eu.

Dans un élan d’autosatisfaction et d’égo surdimensionné, il déclare que son plan présenté aurait été salué par les acteurs mondiaux et qu’il est temps de rompre avec la démagogie.

Pourtant, force est de rappeler à M. Saïed que ses prédécesseurs ont une légitimité que lui n’a pas. Eux, ils ont été adoubés par une assemblée élue par le peuple, alors que lui a été parachuté par un président qui s’est assis sur la constitution.

La démagogie dont il parle est une spécialité de son président qui réfléchit avec une mentalité soviétique et ne distingue pas entre les millions et les milliards.

Quant au plan qui aurait été salué, il est bon de rappeler à M. Saïed que non seulement il est identique à celui de ses prédécesseurs, mais qu’il n’a aucune vision d’avenir. En tout cas, pas comme celle qu’on voit chez d’autres pays.

Le plan de ce gouvernement n’a aucune vision sur l’alternative aux énergies fossiles, n’aborde même pas le sujet de l’énergie verte, ne prévoit pas les conséquences de la guerre russo-ukrainienne, n’apporte aucune solution pour les pénuries actuelles sur le marché, n'offre aucune perspective d’avenir pour les milliers de candidats à la migration (régulière et clandestine), etc.

 

Non seulement Samir Saïed tacle ses prédécesseurs, mène une politique à 180 degrés de celle affichée par son président et ne propose aucune solution d’avenir pour les entreprises et le peuple, mais il se permet des analyses dignes d’une discussion de café entre deux hurluberlus.

Lundi 31 octobre sur la Wataniya 1, il affirme qu’« on ne peut plus importer cette quantité importante de véhicules, qui représente une hémorragie pour l’économie tunisienne, l’épargne et les réserves en devises » et qu’« il faut développer le transport public ».

Le ministre feint-il d’ignorer que le transport public est dans un état dramatique et est très loin de répondre aux besoins des citoyens ? Que l’état de vétusté des bus et métros publics est carrément dangereux pour les usagers ? Que ce n’est pas l’État qui importe les véhicules, mais les privés et que l’Etat taxe lourdement ces importations, notamment les véhicules de luxe ?

Pour ce qui est de la soi-disant hémorragie de l’importation de véhicules, il est bon de rappeler au ministre que le parc automobile tunisien doit être renouvelé périodiquement si l’on veut assurer la sécurité routière et le niveau de pollution.

Au-delà des aspects sécuritaires et écologiques, la majorité des marques présentes en Tunisie (notamment européennes) sont elles-mêmes importatrices de pièces fabriquées dans le pays. Ce système de compensation industrielle, dans un esprit gagnant-gagnant, a été mis en place sous Bourguiba et a permis la création de milliers d’emplois. A ce jour, le secteur de l’industrie de pièces automobiles emploie 85.000 personnes et draine l’équivalent en devises de huit milliards de dinars, soit nettement au-dessus des importations de véhicules.

Bon aussi à noter, les concessionnaires automobiles tunisiens emploient quelque 28.000 personnes et ne distribuent que 45.000 véhicules par an, alors que la demande tourne autour de 80.000 véhicules, d’après Ibrahim Debache, président de la Chambre syndicale des concessionnaires et constructeurs automobiles.

En cherchant à réduire les importations de véhicules, Samir Saïed risque de fragiliser tout un écosystème bien huilé depuis des années qui touche à la fois l’employabilité et nos exportations.

 

En vérité, avec son plan présenté au FMI, ses propos légers et l’absence totale d’une véritable vision d’avenir pour le pays, Samir Saïed montre qu’il ne sait pas regarder au-delà du bout de son nez.

Sa priorité est de trouver un financement étranger tout de suite pour répondre aux besoins immédiats de liquidités. Peu importe le coût que cela représente sur les moyen et long terme pour le pays, peu importe s’il prend en otage les générations futures, peu importe s’il déstabilise des secteurs équilibrés, c’est l’immédiateté qui compte pour le ministre et sa cheffe du gouvernement.

Et quand on dit immédiateté, ce n’est même pas les mois à venir, c’est vraiment maintenant. Alors que les pays européens alertent déjà leurs populations sur la nécessité de réduire la consommation d’énergie cet hiver, Samir Saïed zappe totalement cette crise à venir dans le court terme, comme si la Tunisie nageait sur des puits de pétrole et de gaz.

Véritable ministre technocrate, sans aucune assise populaire ni même légitime, Samir Saïed a beau avoir l’un des meilleurs pedigrees du gouvernement et se croire supérieur à ses prédécesseurs, il est loin d’avoir le calibre de ces derniers. Quand on pense à Hédi Nouira, Mohamed Ghannouchi, Mohamed Nouri Jouini et, plus récemment, Hakim Ben Hamouda et Fadhel Abdelkéfi, on voit tout de suite l’énorme recul enregistré dans ce département stratégique.

 

 Nizar Bahloul

03/11/2022 | 10:57
5 min
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Commentaires
LE FINANCIER
tres bonne article
a posté le 06-11-2022 à 01:47
tres bonne article , pour info son cv est d une nullité totale .
quand on veut apprendre la patisserie on va en France là , la specialité de la France .
Apprendre l'economie dans un pays qui a echoué toutes ses reformes et qui n est pas capable d economiser 1% de son pib est plutot un point faible . apprendre chez le dernier ne fait pas de vous un genie .
Ses interviews montrent sa mediocrité intellectuel , tout juste un comptable qui pense qu un budget se boucle en augmentant les impots ou en faisant des credits , il n a pas compris que le probleme de la Tunisie c est la taille du gateau en plus des reformes fiscales , en faite il est nul
Loozap
Respect
a posté le 04-11-2022 à 13:55
C'est un grand homme
DHEJ
Le xxx ne voit que
a posté le 04-11-2022 à 12:54
Ses moustaches!
Dromadaire
Donner à César
a posté le 03-11-2022 à 22:16
Pourquoi la compensation existe-t-elle ? Lorsqu'on sait que les politiques, toutes époques confondues, se soucient davantage de leur première chemise que du bien-être de la plèbe, il est intéressant d'aller chercher ce qui les a poussés à lui donner vie.

Deux raisons, l'une sociale et l'autre d'ordre technique.
A un moment où la famine était un risque réel et la possibilité d'un soulèvement populaire une probabilité évidente, acheter la paix sociale avait été une nécessité incontournable. Il a fallu donc remplir le ventre des démunis (soit la majorité de la population) en leur offrant la nourriture des pauvres (céréales, huile, sucre, lait.........) à des prix accessibles, voire très accessibles. On se rappelle qu'en janvier 1984, la décision de Mohamed Mzali, alors tout puissant premier ministre, de porter le prix du pain de 90 à 170 millimes, a provoqué ce qu'on appelle communément les émeutes du pain, avec à la clé des dizaines de victimes et un pays au bord de la guerre civile. Chat échaudé craint l'eau froide. Depuis, aucun gouvernement n'a osé toucher à la compensation des produits dits de base. Le gouvernement actuel ne sait pas à quoi il se frotte en pensant ouvrir la boite de pandore.

La deuxième raison est d'ordre technique. Les autorités ayant fait le choix d'attirer les investisseurs étrangers en leur proposant une main d'?uvre bon marché, il fallait garder les salaires à un niveau très bas. Et comme on ne peut pas travailler le ventre vide, il a fallu le nourrir grâce à la caisse de compensation.

Aujourd'hui, nos lumières en économie qui veulent nous ramener à la réalité des prix devraient d'abord penser à la réalité du prix du travail c.-à-d. des salaires qui méritent leur appellation.
Karim d
Acharnement sur un ministre
a posté le 03-11-2022 à 19:30
Les autres ministres qui l'ont précèdé n'ont pas fait mieux que lui.
Accord arraché à la FMI n'est pas une mince affaire
Souvenez vous quelques mois auparavant personne ne croyait à cet accord
On sais très bien Mr Bahloul que vous ne portez pas sur le c'?ur le Président Kais Said . Ces affinités personnelles envers le Président sont entrain de se répercuter sur vos jugements.
Mourad g.
Saied est théoricien, non visionnaire
a posté le 03-11-2022 à 17:30
Les diplômés rien à voir avec l'intelligence et la vision à long terme.
L'école centrale ne vaut plus grand chose face à d'autres grandes écoles, véritablement d'ingénieurs.
Samir saied ne pense qu'à lui même et non au pays.
Brabi qu'il commence avec les voitures de fonction qui provoquent une hemorragie sur le dos du contribuable.
Tati
28000
a posté le 03-11-2022 à 16:32
Bonjour,
Je pense que 28000 poste d'emplois pour les concessionnaires automobiles,est tres tres difficile a imaginer,
Disons raisonnablement 2800 !
C'est plus réaliste et logique.
CL
Oui Mais
a posté le 03-11-2022 à 15:55
C'est un article à charge contre ce ministre.il n'a pas de baguette magique pour réparer une machine économique détruite par 10 ans de populisme politique et syndicale ? Il faut éliminer la compensation mais au même temps aider les plus vulnérables est ce que là Pays a besoin de véhicules de grosses cylindrées importées avec des devises qui pourront servir au développement ? Décidément BN ne rate aucune occasion de dénigrer ce Gouvernement j'insiste je suis apolitique et je n'ai aucun intérêt
Carthage Libre
Toi tu fais partie du club Kaies Saied très select appelé "be333333333"
a posté le à 21:15
Je sais, je sais, meskine ton Maître; ndhif ou khatih...c'est les autres! Les autres!! Winhom les zautres Ba77777...ils sont plus au pouvoir tiens!

non mais attends, je sais, c'est pas la faute de ton maître la situation actuelle, c'est la mienne ; je l'ai tellement fait chier ici sur Business News qu'il ne sait plus quelle "décision" prendre!

il a pris TOUS TOUS les pouvoirs, legislatif et judiciare compris Et bin qu'il assume ; c'est LUI et LUI seul le RESPONSABLE de la situation du pays.

Et s'il peut pas réparer les dégâts d'Ennahdha, après 3 ans (il nous a mis fakhfakh et mechichi le Saied, donc 3 ans) et bin qu'il foute le camp! Et toi avec, tiens.
Carthage Libre
On nous mène vers l'abbatoir, et certains disent encore "be33333333"
a posté le 03-11-2022 à 14:02
Voilà ce qu'engendre une Dictature.

Voilà ce que engendre de ne pas laisser les gens choisir qui peut les diriger et sauver ce pays.

Les gens se sont trompés depuis 2011, ce qui est normal vu les "lobbies" islamistes très puissants, les gens se sont trompés sur le cas Kaies Saied et la plupart (je dis bien LA PLUPART) se sont reveillés de leur connerie, et la majorité des gens ont compris qui peut rectifier le tir aujourd'hui.

Abir Moussi est une de ces solutions, sinon LA solution, car elle a un cachier des charges prêt à être appliqué pour SAUVER LES MEUBLES immédiatement.

On lui donnera pas plus de 6 mois.

Si elle échoue, on lui dira à elle aussi "dégage"...Mais je sais qu'elle réussira à redresser ce pays et surtout communiquer avec le peuple et lui dire la vérité, comme elle l'a toujours fait et fidèle à sa parole ; la politique, la sincérité c'est ce qui donne confiance et qui fait repartir la machine.

La confiance est rompue avec Kaies Saied et son "équipe".

S'il était vraiment "ndhif", il dégagerai et laisserait sa place à d'autres.

Kaies Saied n'a pas commencé son "oeuvre de Destruction" depuis juillet 2021...mais bien bien avant ; n'oublions jamais qu'il a été élu par Ennahdha, ceux qui ont profondément détruit ce pays, et que c'est LUI qui a nommé 2 Premiers ministres successivement : c'était SON choix de les imposer dès 2019 : donc, arrêter de dire "qu'il vient de venir" ; il est la cause principale de la continuation de la destruction methodique du pays, en reprenant le "flambeau" des salopards d'Ennahdha.

Si l'économie nationale plonge aussi...c'est parcequ'il n'y a plus AUCUNE perspective de démocratie et d'élections libres en Tunisie ; ça vaut son pesant d'or dans toute "politique", croyez moi : la gestion d'un pays par la force en imposant des gens qui ne règlent rien par la force fini d'écoeurer les opérateurs économiques et les institutions.

La SEULE solution : Kaies Saied annonce ses démissions, organisation immédiates d'élections LIBRES avec un nouvel executif....mais ça ne se passera pas comme ça ; Kaies Saied ne s'en ira que par la FORCE, ce qui sera désastreux mais nécessaire pour le sauvetage de la Tunisie.
Bruno
La vérité
a posté le 03-11-2022 à 13:31
N'importe qui vous dira que la compensation est un frein à l'économie. Le ministre actuel a bien raison . Il faut que les subventions soient données aux familles nécessiteuses don ciblées et c'est une excellente alternative. Ce gouvernement a réussi là où ses prédécesseurs ont echoué. L'accord avec le FMI n'est pas rien. Donc les mauvaises langues doivent se taire
Halloumi
Réponse
a posté le à 15:23
Tout à fait d'accord, pour certains il faut se taire.
Excellent article
Mais il manque le chiffre d'affaires...
a posté le 03-11-2022 à 13:10
Article musclé et trop consistant..., mais l'essentiel demeure le chiffres d'affaires des concessionnaires d'automobiles et leur impact sur la balance des devises en Tunisie. Des voitures luxueuses importées coûtent en moyenne 150 000 dt l'unité. Le prix d'autres véhicules avoisine les 350 000 dt l'unité. Est-ce la Tunisie dispose de suffisamment de réserves en devises pour se payer le grand luxe de l'importation de ces véhicules très luxueux et hors de prix...?! Vu la crise économique mondiale, il importe parfois de choisir entre l'importation de médicaments, de denrées alimentaires, de carburants ou de voitures luxueuses. Le dilemme est claire, mais le choix est trop limité. Crise économique oblige..!
Carthage Libre
Oui mais t'as pas lu l'article
a posté le à 15:07
Il te dit que ce sont les PRIVES qui importent les voitures (concessionnaires et non l'Etat).

Il te dit que l'Etat SURTAXE ces importations.

Il te dit enfin que l'Etat se saborde lui même avec ce manque à gagner énorme, outre les problème grave d'écologies qui engendreront des coûts aussi ;

il n'y a que les "populistes" qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez qui applaudissent ; il suffit de faire des "effets d'annonces populistes" genre" je n'importe plus, car c'est les riches qui en profitent" pour que toute la Smalla applaudissent les bras et les pieds en l'air.
DHEJ
Les douane serait contre
a posté le à 12:56
Ce debil de ministre connaît- il ce qu'est le RPD?