
Comme prévu, la conférence de presse tenue par le comité de défense de Chokri Belaïd et de Mohamed Brahmi était l’évènement marquant de cette journée. Depuis l’annonce, les observateurs de la scène nationale étaient impatients de prendre connaissance de toutes les révélations fracassantes promises à propos de l’implication du mouvement Ennahdha dans les deux assassinats politiques.
Les deux assassinats politiques des martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi demeurent les évènements ayant le plus secoué la scène nationale. Les deux crimes, toujours non élucidés constituent jusqu’à aujourd’hui une zone d’ombre et un véritable mystère. Bien que le Front populaire ait, inlassablement, clamé l’implication du mouvement islamiste, la justice n’a toujours pas rendu son verdict et les deux affaires traînent encore dans les Tribunaux.
Et ce n’est qu’en ce mardi 2 octobre 2018 que le Front populaire décide d’exposer des documents concrets prouvant l’existence d’une organisation secrète relevant du parti islamiste lors d’une conférence de presse. Une conférence à l’issue de laquelle tous les documents ont été remis aux médias.
La clef de l’organisation secrète : Mustapha Khedher
Tout a commencé un certain 19 décembre 2013, au moment où une citoyenne s’est présentée au poste de police de Mourouj 3, pour alerter les autorités à propos d’un certain Mustapha Khedher, locataire d’un local qu’il exploite en tant qu’auto-école. Ce dernier a refusé de remettre à la propriétaire les clés conduisant aux toits. Lorsqu’elle a constaté qu’on n’a pas prêté attention à sa plainte, elle a précisé qu’il cache une grosse machine qu’il utilise le soir pour détruire des documents. C’est à ce moment qu’il fût convoqué au poste de police. Interrogé, il a présenté des signes d’anxiété en tentant de sortir par tous les moyens sans se séparer de ses clés. Il a passé plusieurs coups de fils pour qu’on intervienne en sa faveur. En enquêtant davantage, il a reconnu qu’il a fabriqué cette machine avec l’aide d’un ami s’appelant Abdelaziz Doghzni. Cela dit, cette machine n’a jamais été saisie.
L’énigmatique chambre noire au ministère de l’Intérieur
En accédant au bureau de Mustapha Khedher plusieurs documents ont été saisis. Il s’agit de documents du ministère de l’Intérieur répartis dans 14 cartons, outre les appareils électroniques et autres gadgets. Le tout a été enregistré dans le PV de saisie. Sauf qu’une grande partie de ces cartons a disparu du PV de remise au ministère de l’Intérieur. Seuls 4 cartons ont été reçus par le sous-officier adjoint Mohamed Zouaoui. En effet, lorsque Khedher était au poste de police et après avoir passé ses coups de fils, 4 voitures administratives se sont déplacées au siège de l’auto-école pour prendre une grande partie des documents sur ordre du directeur général des services spécialisés à l’époque, Atef Omrani. Ces documents ont été placés dans « une chambre noire », au ministère de l’Intérieur, fermée à clés. Cette chambre n’a été ouverte, depuis le temps, qu’une seule fois. Tous les directeurs et cadres du ministère qui ont voulu réagir à cette affaire ont été mutés.
Mais qui est Mustapha Khedher ?
Mustapha Khedher a été sous-lieutenant à l’armée nationale depuis 1984. Il est impliqué dans l’affaire de Baraket Sahel en 1991. Il a écopé de 4 ans de prison. Il est le responsable de l’organisation secrète du mouvement Ennahdha, selon les dires du comité de défense. Il a la tâche de recueillir un maximum d’information en un minimum de temps à propos des cadres sécuritaires, des juges ou des hommes de médias. Il a même tracé manuellement l’organigramme confidentiel du ministère de l’Intérieur. Il fût, également, chargé de la gestion de la boite mail et du courrier du dirigeant nahdhaoui Ali Laârayedh.
Mustapha Khedher a été décoré, en prison, par l’ancien président Moncef Marzouki.
Toutes ses informations, il les transmettait à Ridha Barouni, membre du conseil de la Choura. Barouni était lieutenant à l’armée nationale en 1987. Il est impliqué dans l’affaire du Salut national, sauf qu’il a quitté le pays vers l’Espagne où il a obtenu l’asile politique. Il est rentré en Tunisie après la Tunisie, et fût membre du bureau exécutif d’Ennahdha chargé des Affaires financières et administratives. Depuis le 10ème congrès du mouvement en 2016, il a été écarté du devant de la scène et demeure, uniquement, membre du conseil de la Choura.
Des documents éparpillés, une vérité perdue
Tous les documents présentés durant la conférence de presse sont éparpillés et ne sont pas inclus dans le dossier des affaires Belaïd et Brahmi. Des faits édifiants ont été exposés à l’instar de la collaboration du fameux Khedher avec les renseignements italiens pour intervenir auprès de Jabhet Ennosra afin de libérer un journaliste italien kidnappé en Syrie. Il a, également, arrangé une rencontre entre ses services de renseignements et Béji Caïd Essebsi, pas encore président à l’époque, pour la conclusion d’un accord concernant des affaires dans le secteur pétrolier. Ce même individu était au courant qu’Abou Iyadh était retranché dans un camp d’entrainement après avoir pris la fuite de la mosquée El Fateh…
Ennahdha nie le tout en bloc
Quelques heures après la conférence, la réponse tant attendue du parti Ennahdha n’a pas tardé à venir. Le mouvement a indiqué dans un communiqué que la conférence de presse tenue par le Front populaire à propos « d’une présumée organisation terroriste est basée sur des mensonges n’ayant aucun rapport avec la réalité ».
Le mouvement a nié, catégoriquement, l’existence de toute activité en dehors du cadre de la loi régissant les partis, dénonçant fortement les méthodes pernicieuses à travers l’exploitation d’un dossier qui remonte à 2013, déjà résolu par la justice soulignant que l’accusé dans cette affaire n’a aucun rapport avec le parti.
Toujours selon le même communiqué, Ennahdha a contesté les accusations gratuites contre les institutions de l’Etat et l’atteinte aux relations extérieures avec des pays amis et frères.
Le mouvement islamiste se défend alors que les connexions révélées par le comité de défense, documents à l’appui, ne laissent pas planer le doute quant à l’implication d’Ennahdha, ou du moins certains de ses dirigeants, dans de sombres affaires...
Et la justice dans tout ça…
Les assassinats de Chokri Belaïd et de Mohamed Brahmi ont chamboulé le paysage politique en Tunisie. La vérité autour de leur meurtre et les identités des commanditaires était une revendication nationale, et l’une des fortes promesses de Béji Caïd Essebsi durant sa campagne électorale en 2014. Mais depuis le temps, le dossier demeure entre les mains de la justice, sans que le moindre avancement ne soit constaté. « Ô assassin ! Tu n’auras nulle part où te cacher », affirma Hamma Hammami à la fin de la conférence de presse.
Les documents à consulter ici :
L’organisation secrète d’Ennahdha et son implication dans les assassinats politiques
Mise à nue de l’organisation secrète d’Ennahdha
Sarra HLAOUI


Commentaires (11)
CommenterCondoleances
Des conneries
L'assassin je le connais
@Ahmed
Ce khethr existe déjà sur la scène d'Ennahtha
je ne crois pas qu'il s'agit d' un incident que ce khehr n'ait aucun lien avec le Khithr qui a ridigé la pseudo constiution et qui souvenez vous de la tricherie qu'il a commise pendant la rédaction
Franchement je n'ai jamais blairé la gueule de ce faux jeton qui à chaque fois où il intervenait je constatais sa mauvaise foie et son attitude de vermine petit dictateur ignare et petit facho
Les assassinats sont commandités par les deux puissances
@Cher A4, encore merci.
LE TAMTAM ROUGE.
Portrait robot de l'assassin en chef
Ecrit par A4 - Tunis, le 04 Février 2017
Lève-toi l'ami
Et fais comme moi
Je n'ai point dormi
Depuis bien des mois
Lève-toi, allez
Je te tends la main
J'ai les doigts gelés
J'ai le coeur chagrin
Allez, prends ma main
Tout seul je n'ai pu
Vaincre assassins
Et juges corrompus
Viens, ouvre tes yeux
Et serre fort ma main
Nous saurons à deux
Trouver l'assassin
L'assassin se cache
Derrière sa moustache
Ses lunettes de myope
Et son regard de taupe
L'assassin s'inquiète
En baissant la tête
Ni tranquille ni fier
Il vit un enfer
Il nous guette, le lâche
Mais il faut qu'il sache
Que tourne le vent
D'arrière au devant
Que même bien caché
Dans son vieux bûcher
Il n'évitera guère
La prise par derrière
ouf je suis un citoyen lambda...
Je l'avais signalé quand il a été nommé ministre de l'intérieur!!!