C’était prévisible, la vidéo de Rached Khiari n’a pas eu l’effet escompté de ses commanditaires qui lui fournissent des informations à dormir debout.

Le député islamiste radical a déclaré dans cette vidéo, diffusée hier sur sa page Facebook, que Kaïs Saïed aurait rencontré, dans un café à la Cité Ennasr, un émissaire américain de l’ambassade US à Paris. Cet émissaire lui aurait envoyé ensuite un mandat, par Western Union, de quelques millions de dollars.

Sur les réseaux sociaux, au lendemain de la diffusion de cette vidéo, les internautes ont bien moqué Rached Khiari et la grossièreté de ses « informations ». A l’exception de son « virage » sur son mur, il y a quasiment une unanimité pour remettre en doute ses propos. Il faut dire que ce n’est pas la première fois que l’ancien batteur de tambour sort en public pour donner des informations extravagantes au point qu’il a perdu toute crédibilité, d’autant plus que cette vidéo est diffusée en plein conflit entre le président d’Ennahdha, Rached Ghannouchi et le président de la République, Kaïs Saïed.

Sur la toile, les réactions ne se sont pas fait attendre.

Le journaliste Noureddine Aouididi, pourtant islamiste, a déclaré que les « fuites et les scandales s’utilisent en politique dans tous les pays du monde. Sincèrement, dans cette nouvelle fuite, je n’ai pas trouvé quelque chose de convaincant, mais j’attends encore que Rached Khiari publie ce qu’il a comme données pour trancher définitivement. Mon avis importe peu, ce qui importe c’est que le parquet réagisse. Soit il met en prison Rached Khiari pour ses accusations fallacieuses contre le président de la République, soit il ouvre une instruction judiciaire avec professionnalisme, sous l’œil du public pour qu’on sache la vérité complète. Ce n’est pas normal que le parquet se taise. »

C’était l’unique post sérieux que l’on a pu voir. Tout le reste était des moqueries.

Le journaliste Maher Kacem a dit qu’il s’est efforcé de regarder la vidéo de Rached Khiari, mais il s’est arrêté net quand il l’a entendu dire « l’ambassade de France à Paris ».

Le journaliste Béchir Ouarda est revenu aux archives quand Rached Khiari chantait les louanges de Kaïs Saïed en 2016. A noter que le député islamiste a continué à chanter les louanges du président jusqu’à ce qu’il réussisse aux élections de 2019. Il a carrément fait sa campagne lors du deuxième tour de l’élection, à l’époque où il était encore dans la coalition Al Karama.

L’internaute Slim Ramzi a joué l’ironie en déclarant : « Les fuites de Rached Khiari sont toujours accompagnées de preuves. En photos, voici Kaïs Saïed sortant d’un bureau de poste après avoir reçu le mandat de Western Union de chez les Américains ». La photo en question date de 2020 quand le président était allé à la Poste de la cité Mahrajene pour déposer un don.

L’internaute Lamia Dridi estime que cette vidéo est une réaction des islamistes aux dernières déclarations de Kaïs Saïed : « La sortie hier de Rached Khiari est la preuve suffisante de votre corruption et de votre peur d’un président que vous n’avez pas pu maîtriser ! ».

Le journaliste Elyes Gharbi a été bref pour résumer la situation sans se donner la peine de citer l’intéressé par le nom : « Saleté, bêtise, ignorance, impolitesse et tout cela en étant élu et dans le foyer législatif ! ». 

Le journaliste Jamel Arfaoui a également choisi l’ironie en déclarant que ce qu’a accompli Rached Khiari en infiltrant les organismes américains était impossible pour la Russie, la Grande Bretagne, la France, le Japon et la Chine. « Cette affaire aura des suites sur la stabilité des Etats-Unis et on va certainement interroger l’ancienne directrice de la CIA et s’il le faut Donald Trump lui-même ». 

La chroniqueuse Aïda Arab a rêvé, pour sa part, de voir Rached Khiari directeur de la CIA, puisqu’il est tellement fort au point d’avoir découvert comment les Américains ont envoyé de l’argent, discrètement, via Western Union et comment il a découvert les rencontres secrètes dans un café de la cité Ennasr. « C’est fou le degré de bêtise qui se propage en Tunisie jusqu’aux plus hautes institutions de l’Etat et l’appareil législatif ! ». 

Pour se moquer de Rached Khiari, le poète Walid Ahmed Ferchichi a joué sur une photo de campagne de Kaïs Saïed où on le voit aux côtés de Faouzi Daâs. Un piéton derrière eux est présenté comme un agent de la CIA et un garçon de café est présenté comme étant un agent du renseignement français.

R.B.H