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Chroniques
Que sont devenus les magistrats « corrompus » ?
Par Nizar Bahloul
03/06/2024 | 15:59
4 min
Que sont devenus les magistrats « corrompus » ?

 

C’était le 1er juin 2022. Le chef de l’État modifie le décret relatif au Conseil supérieur de la magistrature (CSM) et s’octroie plus de pouvoirs. Le jour même, un peu avant minuit, il publie dans le Journal officiel un second décret portant révocation de 57 magistrats.

Ces deux décrets sont considérés comme un véritable séisme ayant frappé le monde des magistrats. Un séisme qui est venu s’ajouter à celui de trois mois plus tôt, le 5 février 2022, quand le président de la République a décidé, de son propre chef, de dissoudre le CSM. Un CSM remplacé, quelques semaines après, par un CSM provisoire aujourd’hui dans le coma. Son président, Moncef Kchaou est, d’après nos informations, parti à la retraite.

Au moment de leur révocation, ils ont été fortement salis par le pouvoir et ses sbires sur les réseaux sociaux et les plateaux médiatiques. On a dit d’eux qu’ils étaient corrompus, harceleurs, fraudeurs, libertins ou trafiquants. On a dit d’eux qu’ils étaient au service des islamistes et de la gauche. On se rappelle encore comment le président de la République a parlé d’une magistrate « aux mœurs légères ».

Deux ans après, il y a lieu de s’interroger où sont-ils maintenant ? Que sont devenus ces magistrats corrompus, sales et adultères ?

 

Sur les 57 magistrats révoqués, deux sont en prison, à savoir Taïeb Rached et Béchir Akremi.  Un seul a été condamné, Taïeb Rached. 54 ont déposé des référés pour réintégrer leurs fonctions dont 49 ont eu gain de cause. À ce jour, le ministère de la Justice refuse d’appliquer les décisions du tribunal et de les réintégrer à nouveau.

S’ils sont si sales comme le pouvoir l’a affirmé, au moment de leur révocation, il y a lieu de s’interroger pourquoi ne sont-ils pas en prison deux ans après ? Et s’ils sont intègres, comme eux-mêmes le crient sur tous les toits, pourquoi n’ont-ils pas été réintégrés ?

Les deux questions sont d’une simplicité enfantine et ne méritent ni débat, ni plaidoiries dans un sens ou dans l’autre.

 

Ce que l’on sait, c’est que l’écrasante majorité des soi-disant magistrats corrompus ne sont même pas poursuivis en justice. S’ils sont dans cette situation, c’est parce qu’ils auraient refusé de se soumettre aux directives du pouvoir exécutif. Leurs témoignages sont ahurissants et leurs accusations ont touché jusqu’à la première dame.

Ce que l’on sait, c’est qu’ils sont, à ce jour, sans ressources financières pour subvenir à leurs besoins. Il y en a même qui n’ont pas pu honorer leurs crédits bancaires et ont dû faire face à des saisies judiciaires.

Ce que l’on sait, c’est qu’ils ont bien essayé de rejoindre le barreau et se sont acquittés des vingt mille dinars du ticket d’entrée obligatoire, mais l’Ordre des avocats traine les pieds sciemment pour ne pas les réintégrer. Il ne les a pas notifiés du refus les empêchant ainsi de saisir la cour d’appel et il ne les a pas admis répondant ainsi favorablement à leur demande.  

Ce que l’on sait, c’est qu’il y a un véritable conflit entre les magistrats et les avocats dont personne ne sort gagnant, ni les magistrats, ni les avocats et encore moins les justiciables.

Ce que l’on voit, c’est que l’on est face à une terrible injustice qui frappe des Hommes de loi.

 

Le problème des magistrats révoqués et la dissolution du CSM est à l’origine de tous les maux qui frappent actuellement la justice en Tunisie. Ils sont à la source de toutes les injustices que l’on voit dans nos tribunaux. Sans ces deux problèmes, il n’y aurait pas autant d’innocents dans nos prisons.

Ces 49 magistrats déshonorés par le président, révoqués par le pouvoir et ignorés par le barreau sont ceux qui ont dit non à la soumission de la justice. Ce sont eux qui ont défendu l’indépendance de la justice.

En les frappant, le régime de Kaïs Saïed a donné une leçon à tous les autres magistrats : « voici ce qui arrive à ceux qui refusent d’obéir à mes diktats ». 

Un jour, et je n’ai aucun doute là-dessus, ces magistrats seront rétablis dans leur honneur et l’État leur présentera des excuses pour les injustices qu’ils sont en train de subir. En attendant, ils sont sans ressources et oubliés de tout le monde.

 

Par Nizar Bahloul
03/06/2024 | 15:59
4 min
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Commentaires
URMAX
Pourquoi BN n'informe pas d'un tel évènement ... ?
a posté le 06-06-2024 à 11:12
Le mardi 6 juin 1944, dans le courant de la WW2. N'oublions pas :
IL y a de cela 80 ans, initiait l'Opération Overlord qui allait durer deux mois, trois semaines et trois jours, consistant au Grand Débarquement de Normandie et à la conséquente Bataille, marquant le début de la libération de l'Europe, alors aux prises avec l'occupation Nazie du 3ème Reich.
2.052.399 alliés allaient y prendre part, contre 640.000 du côté germanique.
226.326 troupes alliées allaient y perdre la vie et entre 25.000 et 39.000 civils.
(source : Wikipédia).
...
Tant de vies fauchées & d'avenirs brisés, comme pour toutes les guerres ...
Voilà où nous mène "la recherche de l'intérêt personnel et de la domination".
...
Stockholm, 22 avril 2024 ' Le total des dépenses militaires mondiales s'élève à 2.443 milliards de dollars en 2023, soit une augmentation de 6,8 % en termes réels par rapport à 2022. Il s'agit de la plus forte augmentation d'une année sur l'autre depuis 2009.
...
Si ces sommes astronomiques étaient dépensées à des fins sociales, humanitaires, écologiques, ... , cela ferait bien longtemps que les termes "misère", "précarité", "génocide" auraient été oubliés du vocabulaire et le monde rendu bien meilleur.
...
Malheureusement, le capitalisme, le lobbying de l'armement et l'avidité des grands dirigeants de ce monde en décide autrement et il en sera encore ainsi pour longtemps et nombre de victimes continueront encore de tomber, pour satisfaire cette faim intarissable de pouvoir et de domination.
Ahmed ghedira
Opignon
a posté le 04-06-2024 à 12:54
Tout est faux . vous défendez l'indéfendable.

Grâce à nôtre président la Tunisie relève la tête et gagne en dignité .
Mais ceci est Le dernier de vos soucis
Loi
Chèvres !
a posté le à 22:47
Qu'est ce qui est faux ? N'ont-ils pas été réintégrés dans leurs fonctions par le tribunal administratif ? Le ministère ne refuse-t-il pas d'appliquer la LOI ?

Une seule question: POURQUOI le ministère de la Justice refuse d'appliquer les décisions du tribunal et de les réintégrer à nouveau ?

Chèvres même si elles volent !
Bouzidi
Ni intégrés ni indépendants
a posté le à 14:14
Tout à fait d'accord
Tounsi Tounsi
Pas de fumée sans feu
a posté le 04-06-2024 à 07:44
KS n'est qu'un symptôme, merci de bien vouloir parler des causes profondes qui nous ont mené à cette situation.
Houda
Et leur bourreau
a posté le 04-06-2024 à 06:44
Sera de son côté traduit en justice evidemment
Hassine
Mr nizar
a posté le 03-06-2024 à 17:41
Et si un peintre traduit vos propos qui poussent à pleurer sang et non des larmes sur une toile comment sera t elle