alexametrics
mardi 16 avril 2024
Heure de Tunis : 21:09
BN TV
Nawel Toumi : j'ai été séquestrée dans l'immeuble du SFSI par des agents de police
28/09/2022 | 15:51
4 min
Nawel Toumi : j'ai été séquestrée dans l'immeuble du SFSI par des agents de police


Nawel Toumi, avocate du propriétaire de l'immeuble dans lequel se trouvaient les locaux du Syndicat des forces de sécurité intérieure (SFSI) a indiqué que le litige opposant le propriétaire à cette organisation datait de 2012. Le SFSI squattait l'immeuble depuis cette date-là et avait refusé d'évacuer les lieux. La sentence d'évacuation a été prononcée en 2014. Néanmoins, le propriétaire n'a pas pu l'exécuter et a fait face à plusieurs agressions et menaces. 

L'avocate a expliqué que l'État n'a pas pu appliquer la loi en raison de la qualité de syndicalistes des policiers. Elle a, aussi, rappelé que le SFSI a entamé des travaux au niveau de la façade de l'immeuble qui était classé patrimoine historique. « La maire de Tunis n'a pas réagi au courrier adressé à ce sujet... Personne ne pouvait lutter contre ce syndicat... j'étais surprise de l'exécution du jugement », a-t-elle dit.

Invitée le 28 septembre 2022 par Elyes Gharbi sur les ondes de la radio Mosaïque FM, Nawel Toumi a affirmé que les syndicalistes ont refusé d'évacuer l'immeuble en raison de leur qualité d'agent des forces de l'ordre. Un PV rédigé par un huissier de justice indique que les policiers ont refusé de se soumettre à la décision judiciaire et de l'appliquer. Elle a expliqué que le propriétaire de l'immeuble leur avait proposé d'exploiter gratuitement un appartement se trouvant dans un immeuble adjacent. Le SFSI a refusé cette proposition et a affirmé qu'il voulait squatter l'ensemble de l'immeuble.

« Mon client s'est retrouvé dans l'impossibilité d'exploiter son bien depuis 2012. Lorsqu'il s'était rendu à deux reprises à l'immeuble, il a été la cible d'une agression... Un agent a tendu sa main vers son arme de service en guise de menace... Le ministre de l'Intérieur avait demandé à la Steg de confisquer les compteurs. Les agents de la société ont été mis dehors... La Steg a informé le ministère de l'Intérieur de cela... Qui va payer la facture ? Personne ne le sait ! Voici une déclaration recueillie par un huissier notaire le 30 juin 2020 : "Vous ne pouvez rien contre nous ! Nous faisons ce que bon nous semble !" », a-t-elle ajouté.




L'avocate a révélé avoir été agressée physiquement et verbalement par des membres du SFSI le même jour de cette déclaration. L'un des auteurs de cette agression est le trésorier du syndicat, Khaled Jelassi et un autre agent dénommé Mohamed Baldi. Elle a, également, expliqué que ce dernier habitait avec sa famille au deuxième étage de l'immeuble. Elle a indiqué que des dizaines de recours et de lettres avaient été adressés à plusieurs hauts fonctionnaires notamment à la présidence de la République, la présidence du gouvernement ou la Commission parlementaire de l'organisation de l'administration et des forces armées. L'avocate a, aussi, déposé une plainte à la suite de l'agression qu'elle a subie. Une collègue, un huissier notaire et elle-même avaient été séquestrés à l'intérieur de l'immeuble par les membres du SFSI. Elle a indiqué que la brigade criminelle avait été chargée de l'affaire depuis 2020 et n'a pas pu les auditionner. Elle a considéré que le ministère de l'Intérieur ne pouvait pas contrôler les syndicalistes.

« Mon client a, aussi, fait face à des tentatives d'extorsion... A chaque fois, un nouvel individu se présentait pour nous offrir la possibilité d'évacuer l'immeuble en échange d'une somme d'argent... J'ai été menacée devant le tribunal de Ben Arous... On m'avait affirmée que j'allais être écorchée... Nous avions informé le ministère de l'Intérieur de tout cela... Nous n'avions reçu aucune réponse... Nous avons informé la cheffe du gouvernement par courrier... L'inspection du ministère de l'Intérieur nous a convoqués pour nous auditionner, rien de plus... Il y a une différence entre le simple policier et le policier syndicaliste », a-t-elle ajouté.

Maître Toumi a expliqué que son client aurait eu gain de cause si l'affaire l'opposait à un simple agent de police. Elle a critiqué l'octroi d'un appartement à un agent de police au deuxième étage par le SFSI. L'avocate a révélé qu'une autre affaire visant le syndicat avait été entamée. Celle-ci porte sur le manque à gagner subi par le propriétaire. Les syndicalistes ont été mis à la porte et des experts ont été chargés de dresser un procès-verbal. Des individus se sont, aussi, fait passer pour des clients afin de s'entretenir avec elle et de la menacer dans son bureau. Nawel Toumi a indiqué qu'elle avait, suite à l'ensemble de ces événements, entamé une procédure pour dissoudre ce syndicat en raison de cette attitude de bandits.

L'avocate a indiqué qu'elle avait contacté le journaliste Hamza Belloumi afin de consacrer un épisode de l'émission les Quatre vérités à cette affaire. Ce dernier s'est contenté de lui répondre qu'il reviendrait vers elle. Elle a considéré que les médias évitaient de parler de ce genre d'affaires. Elle a estimé que le SFSI représentait un véritable danger pour l'État, ainsi, que pour les citoyens.


S.G

28/09/2022 | 15:51
4 min
sur le fil
Tous les Articles
Suivez-nous
Commentaires
Houcine
Un cas symptomatique.
a posté le 29-09-2022 à 06:22
Les faits sont extrêmement graves, et la conduite des policiers, leurs propos et menaces illustrent à leur façon l'hyperpuissance de ce ministère qui fut le joujou de Ben Ali contre les citoyens et continua de l'être après son éviction et la prise de pouvoir par Ennahdha et ses ralliés.
On sait comment Ennahdha avait tout fait pour garder sous sa coupe ce ministère durant la décennie écoulée, l'histoire de l'officine parallèle hébergée en son sein et la guerre de tranchée menée à l'occasion de chaque changement de gouvernement afin de garder cette prise en y plaçant ces hommes. Laarayedh en fut l'exemple le plus voyant.
Le syndicat de cette corporation se révèle ainsi une officine qui se voudrait au-dessus des lois, un Etat dans l'Etat, et même
un Etat parallèle.
Dès lors, que des flics voyous soient arrêtés, ce n'est que normal, et rendre les lieux au propriétaire est légitime.
Je laisse de côté la saisie d'une somme d'argent énorme, qui est une incidente au regard de ce qui apparaît une affaire sérieuse.
Alors, nous parler de démocratie, et lire ici entre autres le soutien de Ennahdha aux syndicalistes policiers ne fait que confirmer les connexions entre des intérêts troubles.