
Mehdi Bhouri, membre du bureau exécutif de la Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (Conect), s’est exprimé le mercredi 23 avril 2025 sur les ondes de Jawhara FM à propos des récentes réformes économiques et sociales, notamment celles portant sur les moyens de paiement et le Code du travail.
Concernant la suppression des chèques antidatés, Mehdi Bhouri a souligné qu’elle a été mise en œuvre sans qu’un mécanisme de substitution adapté ne soit prévu pour les entreprises. Alors que certaines alternatives, comme les cartes de crédit, ont été introduites pour les particuliers, les entreprises, en revanche, ne disposent toujours pas de solutions concrètes pour les paiements différés.
Il a rappelé qu’en Tunisie, 78,6 % des échanges entre PME s’effectuent en différé, dont plus de la moitié étaient historiquement réalisés par chèque. La disparition de ce moyen de paiement a provoqué une baisse significative du volume des transactions, estimée entre 10 % et 50 % selon les secteurs d’activité.
Les chiffres de la Banque centrale de Tunisie confirment cette tendance. Depuis le lancement de la plateforme « Tunichèque » le 2 février 2025, seulement 94.333 chèques ont été traités jusqu’au 6 mars, soit une moyenne de 3 930 chèques par jour. En comparaison, à la même période en 2024, la moyenne était de 68.055 chèques par jour, ce qui représente une chute de 94,2 %.
Sur un autre volet, Mehdi Bhouri a également abordé le projet de réforme du Code du travail, qui suscite de vifs débats. Celui-ci instaure désormais le contrat à durée indéterminée (CDI) comme norme, les contrats à durée déterminée (CDD) étant strictement encadrés et réservés à des cas exceptionnels. Ces CDD seront automatiquement convertis en CDI, avec maintien de l’ancienneté acquise.
« Nous sommes favorables à cette orientation, car elle renforce la protection des travailleurs. Toutefois, dans certains secteurs, la nature des activités exige une flexibilité contractuelle », a-t-il souligné. Il a cité en exemple les projets ponctuels, pour lesquels une main-d’œuvre temporaire est indispensable : « Le flou juridique autour des exceptions risque de dissuader les employeurs, qui préféreront assumer un risque financier plutôt que judiciaire ».
Autre mesure notable : l’interdiction des relations de travail triangulaires, désormais considérées comme un délit, et passibles de sanctions financières et pénales. La période d’essai est, quant à elle, plafonnée à six mois, renouvelable une seule fois, et toute réembauche devra impérativement se faire sous CDI.
Si ces réformes visent à structurer davantage le marché du travail et à consolider les droits des salariés, elles introduisent également de nouvelles rigidités que les entrepreneurs appréhendent. « Il est impératif de trouver un juste équilibre. Aujourd’hui, nous traversons une phase de transition délicate. La Conect continue de travailler à l’élaboration de propositions réalistes et adaptées pour surmonter ces blocages », a conclu Mehdi Bhouri.
M.B.Z