alexametrics
dimanche 04 mai 2025
Heure de Tunis : 03:09
Chroniques
L’Etat est aussi une entreprise
Par Houcine Ben Achour
16/04/2020 | 21:35
3 min
L’Etat est aussi une entreprise

 

Lorsque les entreprises hurlent à hue et à dia qu’on les aide parce qu’elles risquent de crever ; que les chefs d’entreprise sont aux abois parce qu’ils courent tout simplement à la ruine et qu’ils revendiquent le soutien indéfectible de l’Etat, il ne fait aucun doute que celui-ci est dans le devoir de l’entendre et d’être totalement disponible pour répondre à leurs attentes…dans la mesure du possible. Or, c’est ce possible qui fait diverger.

Beaucoup de chefs d’entreprise semblent persuadés, comme l’était la Troïka puis l’UGTT au fil de cette décennie, que les ressources de l’Etat sont inépuisables. Ils donnent fortement l’impression d’ignorer que l’Etat vit pourtant une situation qui est bien pire que la leur. Peut-être bien la plus difficile qu’il ait eu à connaître non pas depuis l’indépendance, mais depuis 1869 lors du passage de la Tunisie sous le contrôle d’une commission financière internationale présidée par la France et qui mènera à signature du Traité du Bardo de 1881. Il y a un siècle et demi, les finances de l’Etat étaient celles qui sont pratiquement les nôtres aujourd’hui alors que le paradigme économique de l’un est sensiblement différent de l’autre.

Les chefs d’entreprise ont constamment souhaité que l’Etat ait un esprit d’entrepreneur. Mais pour beaucoup, trop n’en faut. Pourtant, l’Etat, tout comme chef d’entreprise, traverse actuellement d’énormes difficultés de trésorerie. Tout comme n’importe quel chef d’entreprise, il s’est tourné vers ses bailleurs de fonds traditionnels pour gérer son entreprise qu’est l’administration et la fonction publique. Depuis 2011, les dirigeants de l’entreprise n’ont fait qu’accumuler les erreurs de management dans sa stratégie de développement. Les gouvernements successifs et l’actuel chef du gouvernement a fait partie d’une des équipes dirigeantes, celle qui a signé la 1er lettre d’intention au FMI pour obtenir le 1er crédit « Stand by » dans le but de redresser les finances publiques après la vague monstrueuse de dilapidation des ressources financières opérée dans un délire révolutionnaire et de pouvoir par Ennahdha et ses acolytes.

En fait, le choc économique provoqué par l’épidémie du Covid-19 n’a rendu que plus impérieux encore d’entreprendre, aujourd’hui sans attendre, ce qu’il fallait faire depuis l’époque où Elyes Fakhfakh était ministre des Finances. Aujourd’hui chef de gouvernement, c’est son ministre des Finances qui a la lourde mission de renflouer la trésorerie et d’établir un schéma d’exploitation prévisionnelle comme tout directeur administratif et financier d’une entreprise. Pour renflouer les caisses de l’Etat, il a bien fallu qu’il fournisse des gages à ses futurs-anciens créanciers, à l’image de l’entreprise qui se tourne vers son banquier favori pour une facilité de caisse. Et si cela ne suffit pas, il se dirigera vers son autre banquier pour une autre facilité de caisse.

Lors de l’élaboration du schéma d’exploitation prévisionnelle, il faudra bien que l’un (le ministre des Finances) et l’autre (le DAF) propose une répartition optimale de ces nouvelles ressources compte tenu de la situation financière globale de l’entreprise, de ses perspectives et ses contraintes futures.

« Nos priorités budgétaires pour réduire notre lourd fardeau de la dette et rendre notre budget plus favorable à la croissance et à l'équité comprendront la réduction de la masse salariale de la fonction publique en pourcentage du PIB, la suppression progressive des subventions à l'énergie, une réforme des entreprises publiques et la mise en place d'un filet de sécurité sociale efficace, en particulier pour les ménages à faible revenu. Pour favoriser davantage la croissance inclusive de l'économie, nous mettrons en place des mesures pour relancer l'économie et soutenir les PME, faire respecter l'état de droit et progresser dans la lutte contre la corruption, et améliorer les services publics, notamment dans les domaines de l'éducation, de la santé et de la numérisation ».  C’est sur quoi s’est engagé l’Etat en sollicitant l’Instrument de financement rapide (IFR).

Est-ce de la sorte que vont s’engager nos entreprises vis-à-vis de leurs banquiers ?

Par Houcine Ben Achour
16/04/2020 | 21:35
3 min
sur le fil
Tous les Articles
Suivez-nous
Commentaires
Léon
Tout le problème est là mon grand
a posté le 17-04-2020 à 11:28
Depuis que les états sont gérés comme des entreprises, c'est la déroute sur tous les plans: Social, Sécuritaire, de la Santé, de l'éducation, de la recherche, de la cohésion, de la souveraineté.....
Tout le problème est là mon grand. On a géré la Tunisie par les plus hauts diplômés du monde comme s'il s'agissait de gérer une entreprise et l'on a vu le triste résultat.
Le peuple a réagit à cela en votant pour l'antithèse de cette gouvernance, votant en masse pour un Saïed pour éviter l'entreprise gérée par Karoui. Ni l'un ni l'autre ne peuvent gouverner et répondre à la demande populaire d'un état fort.
Les "anciens" avaient même eu le tort de greffer un système trop libéral à l'état fort. Le système libéral a eu raison de l'état avec l'aide du père atlantiste qui voulaient que la seule forme de gouvernance dans les pays arabes soit la gouvernance par les profits et les intérêts. Sans état et encore moins des états forts.

Ce serait long à expliquer. Peut-être un jour si j'ai la chance d'animer des émissions de sensibilisation contre la propagande.

Léon, Min Joundi Tounis Al Awfiya;
Résistant.

VERSET 112 de la SOURATE des ABEILLES.
DHEJ
Non l'état n'est pas une entreprise ...
a posté le 17-04-2020 à 11:21
C'est beaucoup plus complexe!

Tellement complexe que ça demande des surdoués et sages pour maintenir sa portance.
A4
Bouée de sauvetage:
a posté le 17-04-2020 à 10:53
Une entreprise mal gérée, finit par déposer son bilan, faire faillite et disparaitre.
L'état, même ma géré, très mal géré, trop mal géré par des affamés, des incompétents et des opportunistes, ne fait pas faillite: il augmente les impôts et les profiteurs continuent à profiter !!!
hba
Toto
a posté le 16-04-2020 à 23:07
La réponse à la question posée ? Certaines entreprises très certainement, pas celles qui se respectent.
Le désolant c'est que l'état en vient à ne plus respecter ses engagements.
Même ses engagements sont toujours subordonnés à des compensations absurdes.