
Hier, un agent de sécurité a succombé à des blessures infligées par un assaillant pendant qu’il était en fonction. Alors qu’il assurait la sécurité de l’ambassade du Brésil à Tunis, il a été agressé par un citoyen qui tentait de s’introduire de force dans le bâtiment. Il succombera à ses blessures dans l’après-midi.
L’assaillant est un enseignant universitaire âgé de 53 ans et souffrant de troubles mentaux. On ignore pour l’instant les motivations derrière cet acte et les troubles ayant conduit l’enseignant-assaillant à s’attaquer et à assassiner l’agent de sécurité.
Les troubles mentaux sont souvent méconnus en Tunisie. On en parle peu et on y accorde peu d’importance. Dans la société tunisienne, la pensée prédominante est que si tu es en bonne santé et que tu n’as pas de graves problèmes financiers ou familiaux, tu n’as pas le droit d’aller mal. Autrement dit, toute la dimension biologique, psychique et même héréditaire des troubles mentaux est balayée par la croyance populaire. Cette même croyance balaye aussi les raisons ayant « conduit » certaines personnes à aller mal.
Ce n’est que ces dernières années que des termes, nouveaux pour la société tunisienne, ont émergé. Depuis 2011, on parle de dépression, de bipolarité, de schizophrénie, de burnout, de dépression postpartum, de personnes narcissiques, de perversions, etc. Mais, en général, il s’agit de termes fourre-tout dans lesquels, par ignorance, on place un spectre très large de troubles mentaux divers et variés et qui n’ont, souvent, aucun lien avec la dénomination qu’on leur donne.
Souvent, des gens mal informés n’arrivent pas à mettre un nom sur le mal dont ils souffrent et préfèrent le qualifier en des termes populaires comme « faddit », « falgatt » [j’en ai marre, j’étouffe] alors qu’il s’agit de pathologies cliniques qui peuvent être diagnostiquées et traitées.
Plusieurs facteurs ont plombé la santé mentale des Tunisiens au fil des ans. D’abord, la frustration liée aux attentes non satisfaites de la révolution de 2011. Viennent ensuite des années d’incertitude politique, une pandémie anxiogène qui a duré deux ans – et qui a fait décoller les taux de dépression et d’anxiété dans le monde – mais aussi une crise politique angoissante qui empire au fil des mois.
Les Tunisiens ne vont pas bien. Les derniers sondages ne font que confirmer ce constat. Selon l’étude de l’ONG International Alert, réalisée sur les jeunes tunisiens âgés de 18 à 29 ans, réalisée sur 1.250 jeunes, hommes et femmes, dans les quartiers populaires de Kabaria, Kasserine nord et Tataouine nord, 27% des Tunisiens estiment que leur santé mentale est « mauvaise », voire « très mauvaise ». En effet, les pressions de la vie, comme le chômage, la paupérisation et les difficultés familiales font augmenter le risque de subir des troubles mentaux tels que la dépression, l’alcoolisme et le suicide.
Mais si les Tunisiens savent qu’ils vont mal, que font-ils pour y remédier ? Se font-ils diagnostiquer ? Suivent-ils des traitements ? Difficile à dire. On parle peu et pas assez de santé mentale. Elle reste, pour l’instant, reléguée au statut de luxe réservé aux riches qui n’ont pas de « vrais » problèmes. Ça coûte en effet cher de prendre soin de sa santé mentale, à l’heure où on a du mal à satisfaire des nécessités plus « physiques ». A l’heure aussi où les établissements de soin pour les personnes souffrant de troubles mentaux sont rares et mal équipés.
En contrepartie, l’investissement pour la prise en charge des maladies mentales n’a pas bougé en Tunisie. Selon un rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la Tunisie investit à peine 1% de son budget santé dans la prise en charge des maladies mentales. Un chiffre très bas même lorsqu’on le compare aux autres taux (déjà bien faibles) dans le monde. Toujours selon l’OMS, seulement 2% des budgets nationaux de la santé et moins de 1% de toute l’aide internationale à la santé sont consacrés à la santé mentale.
Un humoriste peu connu avait dit un jour que la génération Y était consciente de ses troubles mentaux, de son anxiété, sa dépression… mais qu’elle se suffisait de l’admettre, d’en rire et d’en parler autour d’elle sans rien faire pour y remédier. Les nouvelles générations sont mieux informées et plus conscientes que nous à ce niveau-là. Est-ce pour autant qu’on observe une prise de conscience généralisée ? Permettez-moi de douter. En période de crise économique, le bien-être mental est, pour bien des gens, loin d’être perçu comme une nécessité. Et vous, comment vous portez-vous ?



Et puis les Tunisiens aiment leurs situations actuels. C'est les sondages qui le disent!:))
Ce à quoi l on observe aujourd hui constitue la continuité de cette implosion
On cit pour les apparences et la futilité et tout est bon pour sauver les apparences
Ce pays est un campement bédouin a échelle agrandie ou les bases d une société moderne et de la citoyenneté responsable ont fondus comme neige au soleil
Le reste, c'est économique, sachant que les changements dans le monde n'ont fait qu'aggraver le fond du problème. La conséquence, c'est encore plus de critères de respectabilité merdiques, et donc, la monté des problèmes sociaux.