Par Lassaâd M’SAHLI*
Le présent papier clôt la série des trois articles qui l’a précédée. Il n’est ni une déclaration politique, ni une candidature à un quelconque poste de responsabilité, ni une attaque gratuite à l’encontre de l’OMS et encore moins à certains anciens et actuels responsables distingués de l’OMS, qui ont honoré par leur engagement, leurs nations. A travers ces quatre articles j’ai voulu attirer l’attention des décideurs sur certains aspects complexes qu’il faut connaître et comprendre pour décider des futurs engagements relatifs à l’OMS. Mon objectif est de respecter le lecteur en lui apportant des aspects réalistes sans lui faire peur ou tenter de lui plaire. Mes articles ne sont pas, non plus, destinés à amoindrir ou critiquer les efforts des responsables sanitaires qui travaillent dans des conditions difficiles qui suffisent à leurs peines. Mon analyse critique concerne uniquement le système pharmaceutique et son fonctionnement et aucunement les personnes qui y travaillent.
Edgar Morin disait que « le bon sens va souvent à contre-sens de l’idée reçue et de l’opinion ». Ce qui cadre avec l’objet de cette série d’articles réservée à l’approche de limitation de la souveraineté nationale en matière de santé et son remplacement par une future gouvernance mondiale.
- I. Pour quelles raisons serait-il nécessaire d’adopter une gouvernance mondiale dans le domaine de la santé ?
Les éléments de réponse comportent les arguments suivants :
1) Le critère objectif de marché en tant qu’institution :En effet, le marché mondial de la pharmacie chimique classique [matières premières (acides, bases, solvants, réactifs, sels, etc.) principes actifs, excipients et matériaux d’emballage] est dominé à plus de 90% par les BRICS et à plus de 80% par la Chine, seule. Pour certaines classes thérapeutiques, la dépendance est de 100% (antibiotiques, antiviraux, anesthésiques). Cette dépendance stratégique que l’Occident a envers les BRICS, oblige l’Occident à trouver une solution et à forcer le changement des comportements et des politiques publiques internationales pour préserver sa position dominante.
Les derniers développements politiques, économiques et stratégiques des BRICS rendent les orientations stratégiques de l’Occident plus agressives. Il faut rappeler, dans ce contexte que l’industrie pharmaceutique fait partie intégrante des politiques publiques des pays de l’OCDE. Il est donc, compréhensible que les Etats adoptent des positions correspondant à des orientations stratégiques de leurs firmes pharmaceutiques, à l’instar d’une meilleure protection des droits de propriété intellectuelle à travers des accords bilatéraux (ALECA). Cette orientation stratégique est caractérisée en plus, par un déclin important de l’innovation dans la chimie thérapeutique classique, la montée en puissance de la vaccination à la suite de la dépénalisation de la responsabilité des fabricants de vaccins et la coopération militaro-industrielle (Armée, Industrie biopharmaceutique et philanthropie) qui est un aspect de cette politique publique sanitaire. Dans ce contexte, la coopération militaro-industrielle explique l’unicité des actions gouvernementales de gestion de la pandémie de la Covid-19, leur caractère obligatoire, la censure des critiques qui contredisent le narratif officiel et la solidarité « affichée » dans les rangs des gouvernements.
2) Le critère de marketing diplomatique dont le narratif s’appuie sur l’interconnectivité mondiale des problèmes de santé, afin de proposer une réponse plus efficace aux crises sanitaires, une optimisation des ressources et des connaissances, une prévention des externalités négatives (les choix politiques et sanitaires dans un pays peuvent avoir des effets sur les populations d'autres pays). Une gouvernance internationale peut aider à éviter les décisions unilatérales. Ces dernières pourraient générer des conséquences négatives pour la santé mondiale, la promotion de normes et de réglementations communes, le renforcement des capacités dans les pays en développement et la minimisation des conflits d’intérêts nationaux.
3) L’inversion des masses critiques des firmes transnationales par rapport aux Etats-Membres :
En effet, durant les cinq dernières décennies, les capitalisations des firmes transnationales ont dépassé les PIB de plusieurs pays en développement. Ces firmes n’ont pas d‘obligations envers les populations ni en matière de service public de santé, de sécurité, d’alimentation, d’accès à l’électricité, à l’eau potable, à l’irrigation et à l’éducation… Leurs seules obligations sont celles de la rentabilité financière de leurs actionnaires.
Ce qui nous met devant une nouvelle réalité : d’une part, on a des Etats souverains qui siègent dans les organisations mondiales (OMS) et qui ont un droit de vote mais qui sont déficitaires et endettés. D’autre part, on a des firmes transnationales et des ultra-riches qui disposent de fortunes colossales et dominent toutes les articulations économiques, financières et décisionnelles, qui ne sont pas endettés, qui financent les Etats mais qui ne disposent pas et ne siègent pas officiellement dans les organisations internationales. Les firmes transnationales et les ultra-riches ont pu créer un réseau d’influence et une forte dépendance chez les politiques (financement des élections), le corps médico-académique (financement de la recherche médicale et la création de notoriété scientifique (Key Opinion Leaders) et l’OMS (plus de 50% du financement de l’OMS).
Une telle situation est identifiée en sociologie, comme étant « une escalade irrationnelle d’engagement » ou « de biais d’engagement » dont la remise en question du système qui la supporte peut mener à son écroulement. La résistance des pays africains aux mesures Covid, n’a pas été appréciée par les pays riches et le complexe militaro-industriel (NATO) qui ont proposé deux nouveaux instruments de droit international (la révision du RSI 2005 pour donner le RSI 2023 et le Pandemic Treaty dont le lancement était confié à l’Allemagne). Lesquels instruments placent l’OMS au cœur de la nouvelle architecture de la gouvernance mondiale, qui sera « inévitablement » imposée.
4 Le critère d’opportunisme stratégique :
Ce critère est une innovation parce qu’il est fondé sur la santé. D’ailleurs, à la considère comme une priorité. Il s’agit d’une approche où les acteurs, tels que les gouvernements, les organisations internationales, les entreprises pharmaceutiques, les chercheurs et d'autres parties prenantes, prennent des mesures en fonction d'opportunités spécifiques pour atteindre leurs objectifs stratégiques dans le domaine de la santé. Cela peut impliquer de tirer parti des circonstances, des crises sanitaires, des avancées technologiques ou des changements politiques pour promouvoir des intérêts particuliers.
Ce concept peut s'appliquer à différentes situations :
- Le développement de médicaments et de vaccins : Les entreprises pharmaceutiques peuvent saisir des opportunités pour développer et commercialiser de nouveaux médicaments ou vaccins en fonction des besoins de santé changeants de la population et des marchés.
- La réponse aux crises sanitaires : Les gouvernements et les organisations peuvent mettre en œuvre des mesures spécifiques en réponse à des crises sanitaires, comme des épidémies, pour renforcer leur influence ou leur image.
- L’accès à des ressources financières : Les acteurs peuvent chercher à obtenir des financements pour la recherche médicale en mettant en avant des enjeux de santé actuels ou émergents.
- L’influence politique : Les gouvernements peuvent profiter de situations de crise pour renforcer leur rôle et leur influence dans les décisions de santé publique à l'échelle nationale et internationale.
- La promotion d'objectifs diplomatiques : Les organisations internationales peuvent utiliser des enjeux de santé comme moyen de renforcer les relations diplomatiques et d'obtenir le soutien des autres pays.
- Les avancées technologiques : Les nouvelles technologies médicales peuvent être exploitées pour atteindre des objectifs stratégiques, tels que le renforcement de la position économique d'un pays ou d'une entreprise
Il est important de noter que l'opportunisme stratégique en santé peut entraîner des conséquences positives ou négatives en fonction des intentions et des résultats obtenus. Certaines actions opportunistes peuvent contribuer à des avancées médicales et à des améliorations en matière de santé, tandis que d'autres pourraient être perçues comme égoïstes ou contraires aux principes de coopération et de solidarité internationale en matière de santé.
L’autre aspect de cet opportunisme stratégique serait la bonne réputation dont jouissent l’OMS et l’UNICEF. Ce qui pourrait réduire l’hostilité et la résistance aux projets de réformes de la gouvernance mondiale et faciliter le passage de la pilule. Il est aussi probable que le recours à l’OMS comme élément de mise en place de la structure inaugurale de la Gouvernance Mondiale « inéluctable » comme annoncée par plusieurs Chefs d’Etats (Sarkozy, Macron) et par le gourou du Forum Economique Mondial, soit une perversion de planification et de mise en œuvre de ces réformes, qui nous rappelle les techniques de minage et de guet-apens en guerre (empreinte du complexe militaro-industriel).
- II. Quelles distinctions pourraient être observées entre la configuration actuelle de l'OMS et celle qui est envisagée pour l'avenir ?
La différence résulterait principalement de l’inversion des pouvoirs et des rôles entre les Etats-Membres et l’OMS d’une part, et de l’industrialisation de la pandémie, d’autre part.
1) Inversion des pouvoirs et des rapports entre les Etats-Membres et l’OMS :
Après la seconde guerre mondiale, l’adoption de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (DUDH) en 1948 était mutuellement choisie pour prévenir le retour aux règles fondées sur l’inégalité et le totalitarisme. D’où le concept de permettre aux Etats de représenter leurs peuples et d’exercer leur souveraineté sur leurs territoires et sur les lois gouvernant leurs peuples dans les limites contrôlables. L’OMS et les autres agences internationales devaient jouer un rôle d’appui et de conseil et non pas un rôle d’instruction (obligation). Le RSI (2005) reflète ce concept à travers l’aspect non contraignant des recommandations contenues. Ce qui signifie que la position hiérarchique des Etats-Membres était supérieure à celle de l’OMS.
Les RSI 2023 et le Pandemic Treaty, inversent cette hiérarchie et donnent à l’OMS des pouvoirs supérieurs à ceux des Etats-Membres. Le Directeur Général de l’OMS et la Déclaration de l’OMS d’une Urgence de Santé Publique de Portée Internationale (USPPI/PHEIC en anglais), qui s’appuie sur le SRI(2005 et 2023), voient leurs prérogatives s’élargir et devenir supérieures à celles des Ministres de la santé des Etats-Membres. Une sorte d’abdication des gouvernements nationaux en faveur de la Direction Générale de l’OMS qui pourra, en vertu de ses pouvoirs :
- disposer des données personnelles sanitaires de chaque citoyen ;
- décréter la restriction des droits individuels fondamentaux comme la liberté de consentement à se faire vacciner, la liberté de voyager. Ainsi, l’arrestation d’individus, la restriction de voyager et l’obligation de subir des interventions sanitaires (test, vaccins, masques) et des examens médicaux restent à la discrétion du Directeur Général de l’OMS ;
- désigner les opinions ou les informations pouvant être classées comme « désinformation ». D’où son projet « infodémie » pour censurer tout ce qui est contradictoire au narratif de la sphère décisionnelle la plus nantie (le complexe politique et militaro-industriel) ;
- donner instructions aux Etats-Membres d’appliquer ses directives ;
- demander aux Etats-Membres d’interdire et d’arrêter une telle expression contradictoire à la doxa ;
- déclarer les urgences sanitaires nationales, régionales et internationales avec ou contre le grès les gouvernements des Etats-Membres
Les nouveaux pouvoirs du Directeur Général de l’OMS peuvent transcender les constitutions nationales y compris celle des Etats-Unis et lui permettent de donner instructions aux gouvernements des Etats-Membres de fournir l’OMS avec les fonds et les produits de base ou d’augmenter la production de tel médicament ou vaccin dans les pays limitrophes. Ce qui nous rappelle, d’autres abus internationaux et déni de souveraineté nationale comme le fameux tube à essai que Colin Powell tenait entre les doigts, qui servi d’alibi pour détruire l’Irak ou les inspections d’armes biologiques et nucléaires en Irak, en Iran et en Libye.
Les inspecteurs de l’OMS auront en plus de l’immunité diplomatiques, le droit d’entrer sans autorisation des autorités nationales, de contrôler et d’inspecter la conformité par rapport à leurs directives, d’enfermer dans le confinement et de procéder à une vaccination obligatoire dans un environnement international où les fabricants de vaccins ne sont soumis à aucune redevabilité en action civile pour dédommager la montée des séquelles induites par le recours à des vaccins obligatoires pouvant contenir des substances à effets indésirables notoires.
Ainsi, le rôle de l’OMS qui était un appui à la santé publique afin d’améliorer l’accès à un meilleur service de soins de santé pour la population, fondé sur une concrétisation des droits de l’Homme, par une coordination aux frontières et une amélioration des conditions de vie (Déclaration Alma Asta), se transformera en un rôle d’appui au partenariat public privé (philanthrocapitalisme et complexe militaro-industriel).
2) Construction d’une industrie de la pandémie :
Le premier aspect de cet agenda permet à l’OMS de passer d’un budget annuel de 3.6 milliards de dollars à un budget de 31 milliards de dollars et d’avoir un pouvoir universel.
Les Etats-Membres seraient redevables devant l’OMS. Cette dernière sera à son tour redevable envers ceux qui assurent son financement et ceux qui lui donnent un appui politique (politiques, argentiers, firmes transnationales et Etats riches) et influencent ses règles de fonctionnement et ses structures pour changer fondamentalement la santé publique internationale. Il s’en suivra un déplacement du centre de gravité des maladies endémiques courantes (tuberculose, paludisme, grippe) vers des flambées relativement rares d’éclosion de nouveaux agents pathogènes et une création d’une industrie spécifique pour les perpétuer. Nous serons alors amenés à se vacciner contre tout et n’importe quoi et même contre les germes donnant des pathologies bénignes. Par conséquent, c’est la rentabilité financière des actionnaires de cette industrie qui primera.
En effet, de tels amendements favoriseraient le risque d’épidémies manipulées et fabriquées dans les laboratoires les plus obscures. Le cas de gain de fonctions[1] opéré dans les laboratoires d’armes biologiques (USA, Wuhan, Sierra-Léon, Soudan, Ukraine,…) nous impose une très grande vigilance.
Malgré l’existence de la Convention sur les armes biologiques et la prohibition des armes biologiques, les laboratoires BSL-3 et BSL-4 continuent fleurir partout et à être financés par les mêmes financeurs qui financent l’OMS et qui poussent vers l’adoption du RSI (2023) et le traité pandémique (Pandemic Treaty).
Un tel scénario augmentera l’interventionnisme de la nouvelle bureaucratie de l’OMS dans les champs décisionnels qui sont prévus aux gouvernements élus dans les démocraties constitutionnelles qui sont redevables à leurs populations qui les ont élus.
Ceci devient plus probable au regard de la définition vague donnée par l’OMS au terme « pandémie » qui ne précise pas des « critères de sévérité » mais une « large propagation » commune à tous les virus respiratoires, laissée à la discrétion du Directeur Général de l’OMS et des influences dominantes au sein de la bureaucratie de l’OMS. Au point que certains se demandent si le vaccin Covid serait la poule ou l’œuf ? Autrement dit, est-ce qu’on aurait créé l’épidémie pour vendre le vaccin et la nouvelle gouvernance mondiale ?
Il est à noter que durant la période de 120 ans passés, l’OMS (sous ses différentes appellations) n’a enregistré que 5 pandémies :
- la grippe espagnole de (1918-19) qui a fait plus 20 millions de morts dont la majorité aurait succombé par suite aux surinfections bactériennes et à l’absence d’antibiothérapie
- Les grippes de (1957-58) dont chacune avait fait 1.1 million de morts
- La grippe aviaire (2009-10) a tué près de 200 000 personnes
- La Covid-19 (2019-20-21-22-23) a fait moins de 7 millions de morts principalement chez les personnes âgées dont la mortalité a considérablement augmenté à partir de 2021, ce qui serait corrélé à l’introduction de la vaccination.
L’inversion des pouvoirs coûteraient en moyenne 5% du PIB de chaque Etat-Membre en plus des parts habituelles réservées à la santé. Pour un pays comme la Tunisie dont la part de PIB réservée à la santé s’élève à environ 7%, devra consacrer en plus 5% pour financer sa quote-part qui lui donnera le droit de vote au sein de la nouvelle OMS. Cette part précieuse et rare de ressources ira à l’OMS pour financer le projet de l’industrie de la pandémie et ne sera pas orientée pour éponger les dettes de la Pharmacie Centrale ou pour améliorer l’infrastructure hospitalière, ou à lutter contre la tuberculose et le tabagisme, ou pour améliorer la rémunération des professionnels de la santé et l’attractivité du secteur médical public.
Sur cette base, est-il logique d’inverser l’architecture du pouvoir entre les Etats-Membres et l’OMS ?
*Pharmacien-Clinicien, Pharmacoéconomiste, Chercheur en Droit de la Gouvernance, Ancien Consultant de l’OMS.
que fait le attar-pharmacien ? rien. on peut le remplacer par un distributeur automatique. çà revient moins cher.
qu'a-il fait durant ses 6 ans d'études ?
apprendre et reciter comme un perroquet ... comme au 19 ème s.
voilà où çà mène le franalphabétisme = copier la France comme moutons écervelés.
GROW UP !!!