
Personne ne le détournera de son grand dessein qu’il ambitionne pour la Tunisie. Il a une mission à accomplir. Il a accédé au pouvoir à la surprise générale et a attendu le moment propice pour lancer son véritable projet. Il a utilisé les leviers du processus de transition démocratique pour s’installer à la magistrature suprême. Des leviers qu’il n’a de cesse de dénigrer aujourd’hui, estimant que tout ce processus, ses fondements, ses textes, ses dynamiques sont biaisés et frauduleux. Il s’est donné pour mission de tout démanteler, de tout déconstruire et de rebâtir un Etat à l’image de ses visions. Le souverain de la République, Kaïs Saïed est prêt à en découdre avec les détracteurs de sa démarche. Il ne rate pas une occasion pour les qualifier d’ennemis du peuple.
Petite parenthèse historique en passant, cette expression n’est pas anodine et nous éclaire encore plus sur l’état d’esprit du président. Parce que la pensée humaine, tout en évoluant selon les contextes, n’est autre que l’héritage d’anciennes strates, de réminiscences du passé qui inscrivent, le cas échéant, le président dans une certaine logique (et non pas filiation, ce serait par trop gros d’y prétendre). « Ennemis du peuple ». Cette expression rappelle à mon souvenir la Terreur, période la plus radicale de la Révolution française où la constitution avait été suspendue, l’état d’exception décrété, les guillotines bien graissées et que des lois sont venues définir cette notion. Des milliers de têtes avaient roulé sur les parvis, et pas que des aristos, toutes les classes étaient touchées du moment que critiques envers le régime et donc décrétés ennemis du peuple. La rhétorique avait été reprise par les soviets puis les dirigeants de l’URSS avec persécutions, goulags et peines capitales. Pour les férus d’Histoire, il est facile de consulter des études sur le sujet. Pour ce qui est du peuple tunisien, encore heureux qu’on n’ait pas de guillotines ou de goulags. Fermons la parenthèse.
Le président prépare donc sa constitution (sur la base de sa consultation) et son référendum et personne ne devrait oser objecter. « Celui qui craint la volonté du peuple, celui qui a essayé de nuire désespérément à la consultation électronique ne peut être qu’un ennemi du peuple ».
Pourtant un débat commence à pointer du nez, celui de savoir s’il serait judicieux de boycotter ou de participer au référendum du 25 juillet. Pour les soutiens du président de la République, aucune hésitation. Quel que soit le contenu qu’on leur présentera, ils apposeront un « oui ».
Pour tous ceux qui remettent en doute la légitimité de l’action présidentielle ou qui relèvent des dépassements à l’esprit référendaire, deux camps s’opposent. Les personnes qui boycottent rejettent totalement l’entreprise de Kais Saïed depuis le 25 juillet. Participer viendrait à légitimer les actions du président. Ils optent pour une position qui mise sur une faible participation, donc une décrédibilisation de l’événement. Ils estiment par ailleurs que les dés sont pipés : une Instance supérieure « indépendante » pour les élections dont les membres sont nommés par ce même Saïed qui porte le projet (Le monsieur est juge et partie) ; une constitution rédigée sans véritable consultation et sans véritable débat public… ça boycotte pour toutes ces raisons et plus encore.
Une troisième analyse de la situation voudrait que si les gens qui ne sont pas d’accord avec les idées présidentielles, venaient à boycotter… son projet passerait quand-même. Alors tant qu’à faire, il faudra participer et apposer des « Non » pour exprimer son opposition et affaiblir sa position. Le postulat est que Kais Saïed a déjà fait le coup lors de sa consultation électronique. Seuls 500 mille citoyens avaient participé, sauf que le président affirme qu’il s’agit d’une réussite et que la constitution et le « dialogue » se feront sur la base de sa consultation. Qu’est ce qui l’empêcherait de faire de même avec le référendum ? S’il venait à récolter dans les 500 mille « oui » et un faible taux de « non », il décréterait, sans surprise aucune, sa nouvelle République et invoquerait une « falsification de la pensée » concernant les réfractaires.
A défaut d’un débat sur le texte de la constitution, exercice légitime dans toute démocratie, voilà qu’un débat est lancé sur l’utilité ou non de participer au référendum. Les tensions ne sont pas près de s’apaiser.
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Donc, je soutiendrais le projet de Saïed si ce dernier s'engage à assumer les conséquences de tout échec éventuel de son projet, comme démissionner et comparaître devant un tribunal. Sinon je ne marche pas. Si l'instigateur du projet n'y croit pas vraiment, pourquoi j'y croirais moi? Dah!
Les explicateurs de sa majesté nous expliquent que Saïed dit le bulldozer ne fait que nous fournir les outils juridiques, whatever that means, la construction est à la charge du peuple et si tout foire alors le peuple n'a plus que ses yeux pour pleurer. C'est du n'importe quoi.
Pour le serment, j'ai une suggestion. Pourquoi ne pas jurer sur l'honneur tout simplement ? Je connais un pays où l'on vous demande de lever la main et de dire "je le jure" sous-entendu sur l'honneur, tout simplement sans convoquer une hypothétique entité supérieure, un quelconque livre ni formule à rallonge qui n'empêche en rien le parjure.
Chez nous, dieu est partout, envahissant, omniprésent, du matin au soir, mêlé à toutes les actions, toutes les sauces, sur toutes les lèvres, sur les voitures, les murs, les ondes...partout, partout, partout. Du matin au soir. Parfois même on l'accable de nos turpitudes pour mieux nous en laver les mains. Si vous essayez de l'oublier, des âmes sensibles ne manquent pas de vous le rappeler au moins cinq fois par jour avec force décibels. Il faudrait être sourd pour ne pas l'entendre invoqué à de multiples reprises quotidiennement. Ce qui ne nous empêche pas d'occuper une place enviable dans le classement mondial de la corruption, d'être dans la zone grise des paradis fiscaux, et toutes autres sortes de vilénies qui émaillent et empoisonnent notre quotidien.
Laissons dieu là où il est un court instant.
Le Motanabbi, vous ne devez pas ignorer ce que j'en pense. Je préfère El Khayam ou Abou Nawas.
Je vous souhaite une bonne semaine.
Merci pour votre retour.
Il paraît que quand on demandait a Pierre Mauroy, qui était son personnage préféré de la Révolution, il répondait "Robespierre" sans hésiter. P. Mauroy n'avait pourtant rien d'un extrémiste. Il existe des enregistrements des discours de Maximilien déclamés par Serge Reggiani. De très très beaux textes. L'homme peut fasciner par sa complexité.
Vous le dites bien, au sujet de Napoléon, les avis resteront partagés. Il y a même eu dans les années quatre-vingts une sorte de procès posthume qui ne trancha pas la question définitivement.
Une vieille lecture marqua mes années d'étudiant, "La crise des dictatures" de Nicos Poulanzas disparu prématurément. L'auteur n'y épargne pas l'empereur.
J'aime à repenser à ce que Raymond Queneau fait dire à l'espiègle Zazie dans "Zazie dans le métro" :
"Napoléon, mon cul, [...] Il m'intéresse pas du tout, cet enflé, avec son chapeau à la con"*.
Les deux Jacques, Dutronc et Lanzman se demandent toujours ce qu'il fait avec sa main dans son giron.
"On ne nous dit rien, on nous cache tout".
Pour bien de nos acteurs politiques nous ne sommes que quantité négligeable.
C'était la minute légère dans une actualité qui ne l'est pas toujours.
Je vous souhaite une bonne fin de dimanche. Je n'oublie pas l'auteure qui nous permet de nous épancher.
* Louis Malle en a fait un film loufoque et vivifiant. Je vous le recommande vivement.
Voilà qui rappelle "En attendant les pogroms".
L'Histoire serait-elle entrain de bégayer de ce côté-ci de la Méditerranée ?
Honni soit qui mal y pense !
La lecture convoque la mémoire de deux éminents personnages de la Révolution française que vous ne nommez pas. Permettez que je le fasse pour vous. Robespierre et Napoléon.
1. Robespierre poussa à l'excès la Révolution, tant et si bien que beaucoup pensent que la Terreur fut la période la plus sombre de l'histoire de France. D'autres, au contraire lui reprochent de n'avoir pas coupé assez de têtes! D'autres encore en trouvent des "traces" chez un J. L. Mélenchon. Le mode de pensée, les références, la rhétorique, le tribun.
2. Napoléon pour avoir confisqué la Révolution et tourné le dos à ses idéaux par son coup d'Etat du 18 Brumaire An VIII (9 novembre 1799).
Nombre d'historiens estiment que par son coup, Bonaparte mit fin à la Révolution et installa avec le Consulat un régime dictatorial.
La similitude avec notre situation actuelle?
De qui des deux K.S. serait la réincarnation ou le continuateur? D'aucuns disent trouver chez lui une manière de bonapartisme : souveraineté populaire, un pouvoir fort, un régime au dessus des partis, personnalisation du pouvoir exécutif par dessus notables et parlementaires.
Vous n'ignorez pas comment pour l'un comme l'autre s'arrêta la chanson. Robespierre sous le couperet de la délicate machine de Guillotin qu'il fit tant fonctionner.
Bonaparte en paria exilé à
Sainte-Hélène.
De celui de l'un ou de l'autre, funeste sort. Je ne le lui souhaite pas. Non plus qu'on ne le souhaiterait pour le pays. De ce jeu de massacre, personne ne sort gagnant.
L'avenir proche nous le dira incessamment.
Une pointe "de finesse dans ce monde de brutes" sans quitter notre sujet. Fervent soutien des idéaux de la Révolution, L. V. Beethoven composa entre autres un concerto pour piano et orchestre dédié à Napoléon alors chef révolutionnaire.
Quand le dédicataire tourna le dos à ses idéaux, s'autoproclama empereur, s'autocouronna en la cathédrale Notre Dame de Paris, signifiant qu'il ne tient son pouvoir de personne, pas memey de dieu au nom de qui étaient couronnés les rois de France, de rage, le compositeur raya le nom du dédicataire jusqu'à faire un trou dans la partition. "C'est donc rien de plus qu'un de plus qu'un homme ordinaire ! Maintenant il va fouler au pied les droits humains, il n'obéira plus qu'à ses ambitions", s'est-il écrié. Beaucoup vendent la même chose de quelqu'un.
Il s'agit du cinquième concerto pour piano et orchestre également connu
sous le titre "L'Empereur".
'?couter l'enregistrement est bien.
En concert, c'est une tout autre dimension.
'?coute hautement recommande
En lisant l'article de Mme Latif, j'ai également eu la même réflexion. Les événements de 2011 vécus par la Tunisie prouvent qu'il s'agit d'une révolution et qu'elle n'est pas encore terminée. KS me rappelle plus Robespierre que Napoléon. Ce dernier, même si les avis sont partagés, a marqué l'histoire et a élevé la gloire de la France très haut au-delà des frontières, voire très loin de la France jusuqu'à l'Egypte et la Russie. Mais le nom de Robespierre est solidement lié à la sombre période de la terreur. Que retiendra-t-on de la Tunisie de KS (2019-2022) ?
Amicalement.
Et, mot de la fin :"recommandée".
qui n'a pas besoin de mes services.
Mais vous, vous m'avez l'air de tenir une sacrée couche. Une certaine constance dans le refus de penser.
A ce que j'ai pu lire et relever, @Welles est un "bouffon", l'auteur de ces lignes est un "bouffon", N. d. l. C. aussi. A qui le tour?
Rachitique comme lexique.
Vous êtes l'archétype du fanatique illuminé, laudateur invétéré, dresseur de guillotine pour scalper à tours de couperet sans autre forme de procès.
Avec un minimum de modération vous servirez mieux votre idole.
Torquemada de sous-préfecture !
Mais le jour où le vent tournera ,il s'aplatira comme une larve ,en pleurnichant, avec des khatini khounek wallah khatini éna ta3rafni khounek khatih !!!
Le facho ne durera pas !
Il ne tiendra même pas cinq ans.
Les bougres vont pleurnichaient plus vite que ce qu'ils croient !
@BN
sommes-nous obligés à chaque fois d'écrire notre pseudo.
Y'a pas moyen de les enregistrer ?
https://tinyurl.com/3pp5j49w
Et ceci m'a rappelé l'excellente chanson de Tracy Chapman, Revolution
https://youtu.be/Xv8FBjo1Y8I
Mais pour le pas net du tout !!!
Les 80 % hypothétiques de pseudos soutiens.
N'ont pas youridou sortir un certain 8 mai !!!
Ils ont brillé par leur absence !!!
Faut changer d'opticien, et D'URGENCE !!!
L'imprévisible qui prévaut et plusieurs acteurs seraient à l'épreuve quant à leur capacité de mobiliser les gens dans un sens ou dans l'autre.
Une rude épreuve qu'attend les tunisiens lors des semaines qui viennent !
Ecrit par A4 - Tunis, le 10 Octobre 2021
Tel un maudit pécheur
Je viens vous avouer
Mon passé de tricheur
Aux actes inavoués
Tel un vil repenti
A genoux je me mets
Je me fais tout petit
Pour me faire pardonner
Car le jour du destin
Désertant les urnes
J'ai brûlé mon bulletin
Restant taciturne
J'ai voulu faire le fou
Faire semblant d'ignorer
L'immense Manitou
L'unique à adorer
Moi, minable terrien
Comptant le temps en jour
Mais ne comprenant rien
Aux éloquents discours
Je m'émeus quand j'entends
Ces mots de vérité
Qui disent que le temps
N'est qu'une éternité
Dans une éternité
Ou même peut-être deux
Nous saurons, hébétés
Les décisions du Dieu
Nous saurons que c'est lui
Qui seul peut décréter
Quand entre lui et lui
Il peut se concerter
Quant à ceux qui veulent
Entamer un dialogue
Il ordonnera seul
D'ouvrir son monologue
Il leur dira, haletant
D'un air désabusé
Quand ça sera l'instant
De lancer les fusées
En attendant cette heure
J'ai un pèlerinage
A faire loin des voyeurs
Au temple de Carthage
Je dois me prosterner
Pour rentrer dans les rangs
Prier et entonner
Que "Rabb'ocop est grand" !
Ce que vous dites ne correspond pas à la réalité. Il n'est pas question de voter "oui" ou "non" pour un projet même si cela semble en apparence être le cas. L'unique objectif du référendum de KS est de voter POUR et rien que POUR. Tout est fait tout pour qu'il en soit ainsi. Il n'a pas l'intention de s'éclipser en cas de vote CONTRE. Vous seul le dites. Ces élections, si vous êtes vraiment à la retraite, vous en rappelleront d'autres du temps de l'ancien régime. Avez-vous voté à l'époque de Ben Ali ? avez-vous cru à ces élections ? Le problème comme le dit bien l'auteur de cet article, voter CONTRE ou boycotter ne changera rien, le résultat sera le même. KS nous mettra devant le fait accompli et restera au pouvoir jusqu'à sa mort ou le jour où il sera destitué de force. C'est la triste vérité que les rêveurs (dont ses propres partisans) refusent d'admettre.
Pourtant pour le facho, elle aurait obtenu un franc succès.
Pour le pseudo référendum, ce sera pareil, même si ,c'est le non qui l'emporte !!!
Pour le facho, mais surtout pour ceux qui le pilotent, leur coup d'état doit aboutir !!!
C'est l'aboutissement du coup d'état de 2010,2011 !!
Oui kaiess said est soutenu par plus de 80% de la population...
Les malfrats ,les vermines et les mafieux que tu défends bouffone seront neutralisés tôt ou tard....
C'est même très urgent!
Hizzou Ilkazi Lirrazi..
Hizzou Ilkazi Lirrazi..
Hizzou Ilkazi Lirrazi..