
On ne joue pas avec la souveraineté de la Tunisie, il n’en est absolument pas question. On l’a vu, par exemple, dans la réponse cinglante adressée par l’ambassade de Tunisie à Bruxelles au Haut-représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères, Josep Borrell. Le responsable européen a pu voir de quel bois on se chauffe puisqu’il s’est pris un post Facebook en guise de réponse officielle ! Il a eu le malheur d’exprimer des inquiétudes devant le rapprochement tunisien avec la Chine, l’Iran et la Russie. Notre ambassade à Bruxelles a donc renvoyé l’ancien ministre espagnol à sa condition de « ancien administrateur d’un groupe industriel désormais en fin de contrat professionnel », et vlan !
On ne supporte pas l’ingérence en Tunisie et on y fait face de la plus vigoureuse des manières à chaque fois que l’on suspecte des velléités de ce genre.
Néanmoins, ce que les responsables étrangers n’ont pas encore compris, c’est qu’il suffit de demander pour savoir. C’est du moins le cas en matière économique.
Le successeur de l’excellent Farid Belhaj à la Banque mondiale, Ousmane Dione, vice-président pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, vient de passer quelques jours en Tunisie. A cette occasion, il a rencontré les principaux responsables de la chose économique dans le pays : Fethi Nouri, gouverneur de la Banque centrale, Feryel Ouerghi, ministre de l’Economie et de la Planification et le chef du gouvernement, Ahmed Hachani.
D’après les différents communiqués émis à l’issue de ces rencontres, on peut supposer que M. Dione s’est fait une idée assez claire de la situation de l’économie tunisienne et surtout de ce que le gouvernement compte faire dans les prochains mois pour redresser une situation loin d’être facile.
Par exemple, selon le communiqué publié par le ministère de l’Economie et de la Planification, la ministre a exposé à son invité les principales orientations de développement du pays ainsi que les principales réformes entreprises par le gouvernement pour améliorer la croissance et favoriser l’activité économique. Il a également été question des mesures prises pour améliorer le climat des affaires, pour faire face au changement climatique et même de la réforme et de la restructuration des entreprises publiques pour qu’elles « reprennent leur efficacité et leur rôle actif sur la scène économique du pays ».
Autant de politiques, de réformes et de plans susceptibles d’intéresser l’opinion publique tunisienne ainsi que les journalistes qui n’ont cessé de tenter de savoir ce que le gouvernement compte faire. Ceux qui vont subir ces réformes et ces plans, qui vont très probablement financer les prêts nécessaires à leur réalisation, à savoir le peuple tunisien, sont les derniers à savoir ce qui se trame au niveau du gouvernement.
Autre exemple lors de la rencontre avec le gouverneur de la BCT, Fethi Nouri. Anciennement adepte des plateaux médiatiques tunisiens, le nouveau gouverneur n’a pas encore jugé utile de rencontrer les journalistes tunisiens depuis sa nomination. Lors de la réception de Ousmane Dione, entre autres sujets évoqués, le patron de l’institut d’émission a déclaré « même si les prévisions tablent sur un taux de croissance réalisable de 1,4%, les perspectives d’affermissement de l’économie tunisienne permettraient de dépasser cette estimation ». On aimerait bien savoir comment surtout que la croissance au premier trimestre de 2024 a été seulement de 0,2% et que l’on sort d’une année 2023 où la croissance a été de 0,4%. Le gouverneur évoque même « un processus de recouvrement de la croissance » dont les contours sont totalement inconnus pour l’opinion publique tunisienne.
Les responsables étrangers qui travaillent avec leurs homologues tunisiens sont plus informés sur les intentions et les plans de réforme du gouvernement que l’opinion publique tunisienne. De réelles questions subsistent chez les journalistes tunisiens comme ce qui va être fait au niveau des entreprises publiques et quels choix de réformes seront faits. On se demande notamment comment seront financées ces réformes et quels seront leurs axes d’implémentation.
Nous n’avons pas de réponses à ces questions pour les transmettre à l’opinion publique du pays. Il faut bien avouer que l’attitude de ce gouvernement envers les journalistes ne laisse place à aucun doute quant au peu de cas que nos responsables font aux médias. Le régime ne s’y intéresse tout simplement pas, que ce soit pour donner des interviews et de vraies informations ou pour gérer les médias publics et le secteur de l’information et du journalisme de manière générale.
Même l’obscur conseil des régions et des districts avait pris la décision d’interdire les journalistes d’assister aux travaux de leur première séance. Il n’a fait qu’imiter l’Assemblée des représentants du peuple qui avait pris la même décision lors de sa séance inaugurale. A ce jour, on ne sait pas qui a pris cette décision et personne ne souhaite l’assumer. Le courage est la plus rare des denrées.
Apparemment, le citoyen tunisien doit se contenter de payer les impôts et de subir, de préférence en silence, les difficultés économiques sans avoir de vision sur la manière d’en sortir. Le premier concerné par les réformes et les politiques gouvernementales est tout simplement mis à la marge. Il est gavé de slogans populistes et de déclarations d’intention vides de substance, et il semble s’en contenter.




Son rôle courir derrière les moyens de transports pour travailler,manger passer qq heures aux café ,serfer sur FB et dormir faire des enfants

