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Chroniques
La Tunisie dans 40 ans
Par Marouen Achouri
08/06/2022 | 16:59
5 min
La Tunisie dans 40 ans

 

Le doyen Sadok Belaïd a demandé aux participants au dialogue sur les affaires économiques et sociales de préparer, par écrit, leur vision pour la Tunisie dans 40 ans. Quand on est professeur, on ne se refait pas. Ce genre d’exercice est fait par les sommités d’une science appelée prospective, et il y en a en Tunisie. Ils enseignent cela dans les académies militaires et à l’école d’Etat-major. Il est également fait périodiquement par la CIA dans un rapport sur l’état du monde. Mais ce n’est qu’un détail dans l’esprit de ceux qui tiennent un pseudo-dialogue qui se contente de ceux qui veulent bien y assister, comme on le ferait pour un mariage ou pour une Outeyya.

 

Mais prêtons nous quand même à cet exercice, sans aucune prétention.

Dans nos rêves, la Tunisie dans 40 ans devrait être un pays où la justice est réellement indépendante. Un pays où aucun président ne peut décider, de son propre chef, de limoger des juges par dizaines, juste parce qu’ils n’ont pas été assez coopératifs avec lui. Un pays où il serait inconcevable de virer un procureur de la République parce qu’il a refusé de mettre des élus en prison et qu’il a tenu à exercer pleinement sa fonction en qualifiant lui-même les crimes qu’on lui soumet. La Tunisie dans 40 ans devra être un pays où aucun juge ne peut être acheté, malmené ou menacé, ni par les mafias et les lobbies, ni par l’Etat et l’appareil exécutif. Les juges jouiraient de leur dignité complète sur tous les plans et ne verraient plus l’honneur de l’une de leurs collègues bafoué sur la place publique.

 

Dans 40 ans, la flagornerie et la flatterie n’auront plus aucune emprise sur le président de la République. Ce dernier procédera à des nominations, dans le cadre des prérogatives qui lui sont garanties par une vraie constitution, en se basant premièrement sur la compétence, deuxièmement sur l’honnêteté et l’intégrité et ensuite sur les appartenances et l’allégeance à sa propre personne. Dans 40 ans, il serait impossible, en Tunisie, de laisser des gouvernorats aussi important que Sfax ou Gabès sans gouverneurs pendant des mois, pour ensuite se rappeler de l’imminence d’une échéance électorale et se dépêcher d’y nommer des fidèles, même s’ils n’ont jamais travaillé. Dans 40 ans, les Tunisiens riraient à gorges déployées s’ils entendaient parler d’un gouverneur qui participe à une manifestation de soutien au président de la République. Il serait totalement impossible d’avoir une cheffe du gouvernement qui ne daigne pas faire un discours de politique générale et s’adresser à eux. Dans 40 ans, les Tunisiens n’accepteront jamais que leur Etat soit totalement dévolu au service de sa majesté le président de la République pour exécuter ses desiderata. Ils ne voudront jamais de ministres hocheurs de tête, tremblotants sur leurs sièges qui ne font qu’appliquer les ordres de leur patron.

 

La Tunisie dans 40 ans sera un pays où il fait bon vivre car les dirigeants auront planché sur les problèmes des caisses sociales, de la santé, du transport, de l’éducation, du pouvoir d’achat, de la sécurité. On arrêtera de mourir dans cette Tunisie là parce qu’on n’a pas les moyens de se faire soigner à l’étranger et que les caisses sont incapables de financer les médicaments. Dans cette Tunisie-là, on aura dépassé depuis longtemps cette normalisation avec la violence et avec la médiocrité. Dans 40 ans, toute femme tunisienne pourra se promener tranquillement dans la rue ou bien prendre les transports en commun sans être agressée, ni moralement ni physiquement. Elles ne pourront jamais entendre des relents misogynes en provenance du palais de Carthage. Le Tunisien de 2060 ira se soigner dans un hôpital public qui préserve la dignité humaine de ceux qui y vont et de ceux qui y travaillent. Il pourra même aller à la méga-cité de la santé programmée par le président Kaïs Saïed. D’ici là, l’unité de gestion par objectifs aura au moins livré les plans. Dans 40 ans, les Tunisiens pourront compter sur un transport public efficace et ponctuel. Ils pourront abandonner les voitures et n’y passeront pas la moitié de leurs vies, comme leurs aînés. La Tunisie sera respectueuse de l’environnement et on aura fini avec les énergies fossiles, le plastique et la pollution industrielle. On sera même parvenus à une extraction plus propre de notre phosphate. Le littoral sera protégé et on s’ouvrira enfin, réellement, sur la richesse que représentent nos plages.

A l’image d’un pays comme le Japon, l’éducation sera une priorité nationale de la Tunisie dans 40 ans. Les programmes seront en phase avec le monde et l’école républicaine formera des citoyens et non des coquilles vides. Aux oubliettes l’inefficacité et le populisme des années 2020. Une époque où un décret annonçant la création d’un conseil supérieur de l’éducation reste sans suite pendant de longs mois, alors que le président de la République s’est accaparé tous les pouvoirs.

En 2062, les dirigeants de l’Etat tunisien, quel que soit leur niveau, depuis le guichetier de n’importe quelle municipalité au président de la République, seront parfaitement conscients qu’ils sont au service de ce peuple, qu’ils ne sont pas là pour servir leurs desseins personnels, qu’ils ne sont pas là pour nous apporter leur lumière divine. Ils seront parfaitement conscients qu’ils sont là pour résoudre nos problèmes et non pour en devenir de nouveaux. Le respect rigoureux des droits de l’Homme, de tous les droits de l’Homme, sera le crédo de tout responsable de l’Etat. Ils respecteront également notre intelligence et n’oseront pas nous mentir à longueur de discours.

 

La Tunisie dans 40 ans sera un pays libre, souverain –pour de vrai, pas en s’en prenant à une commission consultative-, en développement et où les droits et libertés des citoyens seront respectés. Ce sera un pays où les jeunes traceront eux-mêmes leur avenir et construiront eux-mêmes leur pays. Ils ne se précipiteront plus, légalement ou clandestinement, en Europe et ne laisseront pas la destinée du pays à de vieux flagorneurs à la recherche d’un moment de gloire. Espérons également que les Tunisiens, dans 40 ans, ne nous maudirons pas en nous reprochant ce qu’on fait aujourd’hui de leur pays, qu’ils ne seront pas saisis de tristesse et de colère en prenant la mesure du temps perdu et des égos qui ont gouverné leur pays. J’espère qu’ils ne nous traiteront pas de lâches et de faibles en parcourant, dans les livres d’Histoire, ce que nous sommes en train de vivre.

Par Marouen Achouri
08/06/2022 | 16:59
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Commentaires
Hassine
Reconnaissance
a posté le 14-06-2022 à 13:10
Regarder à partir de 70 ans en arrière est plus facile pour vous de regarder à 2 ans futur. Pendant es 70 ans il y avait qq qui a accaparé tout les pouvoirs et qui vous a permis d'écrire cet article en bon français d'ailleurs avec qq ironie de poète. Vous devez tirer la conclusion de votre cas. Vous parler de justice indépendante comme si le peuple tunisien va choisir un président sans âme et conscience et donc il fallait faire un état a part. Alors si vous êtes dans ce corps vous savez très bien où on en est face à la corruption si vous êtes dehors vous le connaissez mais les magistrats ne savent pas que vous savez. Je dirais ne savent que nous savons. Maintenant l'aptitude à voir dans 40 ans n'est pas donnée à tout le monde. les études prospectives dont vous avez fait allusion sont surtout enseigné en gestion pour rêver du futurs de leurs entreprises. Mais ce n'est pas tout il ne faut ou oublier les Jules Vernes dans chaque nation. (Ghandi,mandella , mao, Bourguiba etc...) Sadok belaid pourrait être un ces Jules vernes tant qu'il est honnête. Il a dit ' c'est une question de conscience '.
Pouet pouet
Dans 40 ans?
a posté le 10-06-2022 à 10:32
Dans 40 ans nous serons au pire un émirat islamiste ou au mieux un état satellite vassal de l'Algérie ou de l'Erdoganistan. Les compétences s'exporteront vers le Maroc, devenu depuis le dragon de l'Afrique, tandis que le reste du pays se serait bédouinisé et nous aurons des guerres tribales pour s'arracher les hectares de terres agricoles arides, ou kidnapper les filles de 8 ans pour renflouer les harems des polygames.
Et comme nous sommes bons dans la déchéance ce tableau idyllique sera même atteint avant l'échéance de l'objectif, disons dans 20 - 25 ans.
Dormez tranquilles...
intuitif
islamophobie maladive
a posté le à 12:30
encore un allergique à islam, aux islamistes, frèristes, mosquistes, ramadanistes, hajjistes, zakatistes, coranistes, bedwinistes, erdoganistes ...
il oublie que le pays peuplé d'arabo musulmans .
intuitif
en l'an 2062
a posté le 09-06-2022 à 13:09
dans 40 ans, les tunisiens s'appelleront François, René, Michel ... au lieu de Sadok ou Chadok.
les noms de famille francisés. Ex: Joseph TEMOIN, Guidé VENDREDI ...
les mosquées transformées en églises, synagogues. des monuments Shoah, partout.
ambassade de isra-HELL, av. NatenYahoud à Tunis. consulat av. Sharon-gnard à Sfax
le pays dirigé par des sionistes comme en France.
et voilà, une parfaite copie de la France, recolonisée par la 5 ème colonne de ses laquais ....
mais toujours sous développé.
DIEHK
Dans 40 ans, tu parles ya si Marouan !
a posté le 09-06-2022 à 11:54
pour vous dire :J'ai vécu quatre vingt ans, mais c'est comme si j'en avais vécu 120.
Dans 40 ans je serai âgée de 120 ans !
Est-ce que C sérieux de pondre 1 article comme celui d'aujoud'hui ?
Toutes les compétences qui ont participé à l'émancipation de bn et non de NB seront mortes et bien enterrés 6 pieds sous terre dans 40 ans !!!
Je vous souhaite de vivre 1 siècle plus votre âge à ce jour et tu regretteras..........
Mais, 1 page de BN, il faut la remplir par un article que 80% des fidéles de notre site ne sauraient comprendre.....
Pour vous dire que: On écrit de fort beaux livres sur l'être et sur l'histoire, moi, je m'intéresse d'abord à organiser ma semaine. Une vie, c'est beaucoup de semaines ' pas tellement d'ailleurs, et surtout pas plus. Une vie, c'est beaucoup de journaux achetés à six heures et demie au même métro pendant vingt ans, c'est six ou huit mille sonneries de réveils, trente ou quarante cadeaux de Noël. On croit toujours que c'est autre chose que ce qui se passe à chaque instant. Elle file dans les coups de téléphone, dans la rumeur des rues.
Et: L'âge mûr semble être mon âge naturel. Ce calme encore accompagné de force, ces opinions rassises, ces vues claires en littérature et en philosophie, voilà ce que je goûte et dont je jouis avec délices. J'aurais dû naître à quarante ans.
Je termine par vous dire qu'e: C'est l'année de mes 80 ans que je suis devenu complètement fou. Auparavant, comme tout le monde, je faisais semblant d'être normal.
Eugène Beaumont a écrit : Comme dirait A vingt ans, la femme n'a pas les yeux dans sa poche. A quarante ans, elle a les yeux dans vos poches. A soixante ans, elle a des poches sous les yeux.
Bonne santé et bonne journée à vous TOUS



Eugène Beaumont


Loc
Prémonition
a posté le 09-06-2022 à 09:46
Dans 40 ans comme dans 100 , la Tunisie comme tous les autres pays arabes seront toujours au creux de la vague , à la traine des autres nations même celles qui sont plus pauvres que nous
intuitif
pays gouverné par des singes
a posté le à 15:37
et mème pire. dans 200 ans.
durant la colonisation, pas de corruption, vol ... à la douane, la poste ...
la monnaie était le franc de la zone franc.
la corruption débute à la soit disant indépendance, en 56.
on a pris le mème système français, on l'a traduit -- mal -- en arabe.
une monnaie de singe, non convertible, le dinar .
un passeport qui ne vaut rien ( visas ).
des consulats où on vous traite comme un chien.
votre passeport canadien pas reconnu ... mais vos dollars sont reconnus !!
khaled
amertume
a posté le 09-06-2022 à 08:44
une chronique trop superficielle qui se veut sarcastique pourtant le sarcasme exprime bel et bien une comprehension tres eclairee alors que vous vous moquez mechamment de notre president le seul que personne ne peut l'egaler dans sa sincerite digne d'un soufi. et le pire vous n'avez aucune vision ni perspective pour la tunisie de demain. ca prouve que vous etes un pseudo intello qui se vante de son expression a la voltaire grammaticalement correcte. vous etes tous les memes. et dire que la tunisie est dans la merde.
Forza
Ce n'est pas un doyen, c'est un criminel
a posté le 09-06-2022 à 07:10
et un criminel arrogant de plus. Il croit vraiment que le torchon qu'il prépare survivra un seul jour la chute de son maitre ? Sa place sera en prison une fois le putschiste est dégagé du pouvoir.
nazou de la chameliere
J'espère
a posté le 08-06-2022 à 20:22
Qu'ils ne vont pas se dégonfler.
J'espère qu'ils mettront en ligne leurs visions de la Tunisie dans 40 ans !!

Mais malheureusement, ils vont se dégonfler !!
DHEJ
Dans 40 ans je serai sous-terre...
a posté le 08-06-2022 à 19:00
Mais aujourd'hui c'est toute la Tunisie qui l'est!
Fares
Kiasabad/Tunis 2045, une ballade sur l'avenue
a posté le 08-06-2022 à 18:23
Kaisabad, le 7 juin 2045

Il est 6 heures du matin, les chansons patriotiques à l'honneur de notre leader national Kais Saïed Premier et Dernier (khatimou errouassa) m'extirpent d'un sommet agité. Cette tradition de réveiller le peuple à l'aube nous a été transmise par nos frères Nord Coréens.

Je prends mon petit déjeuner à la hâte, de l'eau bouillante et un peu de khobbiza, j'enfile mon uniforme de travail, un dingri délavé et je sors me ballader sur l'artère principale de Kaisabad: l'avenue Kais Saïed.

Le portrait de notre leader orne tous les bâtiments, Macha Allah, Macha Allah, on dirait un Hitler fiz zmanou. Les oiseaux gazouillaient sur les arbres Kaisssouun, Kaissouun, Sobhana Allah.

Des éboueurs nettoyaient du sang sur les trottoirs. Le sang des traîtres devrais-je préciser. En effet, notre Fuhrer bien vénéré a eu l'excellente idée de lancer le programme: une guillotine pour chaque quartier. Ces guillotines servent à purifier le pays des traîtres de la République. Les décapitations organisées en soirée un peu partout dans le pays sont devenus le spectacle favori des sujets de Kais le Magnifique. Chaque soir on peut entendre les foules scander: que la purification commence, que le sang gicle, mort aux traîtres.

Je continue ma ballade tranquillement, en admirant tous les symboles de la prospérité économique du pays. Il faut dire que le pays ne compte plus que 534000 sujets et quelques poussières. 11 millions 500 milles traîtres ont été décapités, bon débarras. La prospérité économique est aussi due à tous l'argent que notre Seigneur a pu reprendre aux riches et à la sage gestion de Atika Chbil, première dame de Kaissistan. Il fallait y penser, toz fi ommek sannafa et toz fil FMI.

Ma ballade débouche sur la place du El istifta al 3adhim, qu'on appelait jadis la place du 7 Novembre. Je me suis attardé pour admirer la nouvelle statue érigée à l'effigie de notre Dieu National Kais Saïed. La vue de notre Rabb chevauchant un saroukh m'a toujours donné la chaire de poule et quelques idées coquines, tant d'assurance et de virilité. Une plaque en marbre est placée en bas de cette statue sur laquelle on peut lire: Baba Kaisoun. Juste à côté, une pub pour un lubrifiant, honnêtement je ne vois aucun rapport.

Ma ballade s'est terminée en beauté, wa raja3tou fari7an masrouran.
Forza
Bravo Fares
a posté le à 07:21
Abou Kacem Echeebi chantait
"ayouha achaabou, anta tifloun saghiron, laaiboun bitourabi wallaylou moghsi"
C'est une longue nuit qui attend les tunisiens.
Fares
@Forza
a posté le à 14:57
Merci.

L'avenir de la Tunisie ne s'annonce pas très radieux malheureusement. La revanche des haftarichs et des chômeurs de longue durée alors que le peuple laisse ces complexés, frustrés et ratés détruire le pays.
Naim
Tu déconne.
a posté le 08-06-2022 à 17:25
On a déjà de la peine pour se projeter pour demain...
walii eddine
Aucun juge ne peut être acheté? Vous rêvez
a posté le 08-06-2022 à 17:19
Vers la fin des années 1970, une entreprise publique est assignée en justice par un plaignant malhonnête et se voit condamnée en première instance. L'un de ses cadres expose les éléments du dossier à un parent qui était, à cette époque, président de chambre à la cour d'appel de Tunis pour lui prouver qu'il s'agit d'un déni de justice flagrant. Il se voit répondre à peu près ceci: " Il faut faire appel du jugement car au niveau de cette instance la plupart des juges sont intègres". Depuis la gangrène de la corruption a bien progressé au point d'atteindre les plus hautes sphères de notre belle justice. Alors dans 40 ans tous nos juges deviendraient, par miracle, incorruptibles? Il ne faut pas rêver.
zozo Zohra
LA TUNISIE VAINQUERA INCHALLAH
a posté le 08-06-2022 à 16:40
"'?TRE LIBRE, CE N'EST PAS SEULEMENT SE D'?BARRASSER DE SES CHA'?NES ; C'EST VIVRE D'UNE FA'?ON QUI RESPECTE ET RENFORCE LA LIBERT'? DES AUTRES."

"LA PLUS GRANDE GLOIRE N'EST PAS DE NE JAMAIS TOMBER, MAIS DE SE RELEVER '? CHAQUE CHUTE."

Nelson Mandela
Chaba7
Excellent article Marouen!
a posté le 08-06-2022 à 16:34
J'espère toutefois que tu ne recevras pas un appel des poulagas du coin. C 'est devenu une coutume avec les new kids on the block. Chasse le naturel, il revient au galop.