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La répression durcit, les Tunisiens étouffent
24/04/2025 | 09:27
6 min
La répression durcit, les Tunisiens étouffent

 

Des verdicts surréalistes dans l’affaire du complot contre l’État, arrestation abusive d’une grande figure du Barreau, la répression durcit en Tunisie. C’est la fuite en avant d’un régime aux abois.

 

L’image est insupportable. Ahmed Souab, grande figure du barreau et ancienne grande figure de la magistrature administrative, est pris en photo menottes aux poignets. De quoi déchaîner la colère de milliers de Tunisiens sur les réseaux sociaux qui partagent immédiatement la photo infâmante. Des centaines la mettent carrément en photo de profil dont le chroniqueur-vedette Haythem El Mekki aux 216 mille followers.

Le mandat de dépôt émis mercredi 23 avril 2025 vient suite à une phrase et un geste malheureux de M. Souab affirmant que le juge chargé de l’affaire du complot contre l’État a le couteau sous la gorge. Joignant le geste de la main sous la gorge à la parole, c’était suffisant pour l’arrêter à son domicile, le mettre en garde à vue pour 48 heures dans un premier temps et sous mandat de dépôt ensuite.  

 

Une justice calibrée pour les dossiers sensibles

Les propos d’Ahmed Souab sont anodins, il parlait au second degré comme il a toujours eu l’habitude de le faire. La gestuelle n’a rien d’exceptionnel, c’est juste un réflexe méditerranéen. Au Nord comme au Sud de la grande mare, on parle avec les mains.

Mais ce n’est ni l’avis du parquet, ni celui de la juge d’instruction qui n’est pas à sa première affaire impliquant une personnalité nationale. Elle a déjà eu à traiter un des dossiers de l’avocate et chroniqueuse Sonia Dahmani et un des dossiers de l’ancien ministre des droits de l’Homme, Mehdi Ben Gharbia, tous deux en prison. Pour certaines affaires, le parquet sait très bien qui mandater.

Les propos d’Ahmed Souab étaient pour dénoncer les conditions de déroulement du procès de complot contre l’État qui n’a pas respecté pas les minima des conditions ordinaires d’un procès. Les peines prononcées allant jusqu’à 66 ans de prison contre les prévenus (majoritairement des opposants politiques) étaient surréalistes et ne concordaient pas avec les faits.

 

Une mécanique bien huilée

Depuis le début de l’année, chaque semaine apporte son lot d’arrestations, de procès iniques ou de décisions judiciaires contestables. À mesure que le pouvoir vacille politiquement et s’enlise économiquement, le régime serre l’étau. Et la justice, loin d’apparaître comme un rempart, se transforme peu à peu en instrument d’oppression.

Ce que dénonçait Ahmed Souab, avec sa verve habituelle et son humour grinçant, ce n’est pas seulement l’illégalité d’un procès, mais l’effondrement d’un État de droit. Il ne faisait que pointer ce que des centaines d’observateurs et de citoyens perçoivent désormais : une justice qui se rend au nom de l’exécutif, une scène politique criminalisée, et une opinion publique bâillonnée.

 

Une stratégie du choc

Les verdicts dans l’affaire du complot contre l’État ne sont pas seulement sévères : ils sont exemplaires, au sens où le pouvoir les utilise comme un avertissement. Derrière chaque peine disproportionnée se cache un message : ne parlez pas, ne contestez pas, ne critiquez pas. Les citoyens ordinaires, les avocats, les journalistes, les ex-ministres… nul n’est à l’abri.

Et pour que le choc soit total, il faut l’image. Celle d’Ahmed Souab menotté n’est pas un dérapage. C’est un coup de com', sinistre, mais stratégique. Elle est destinée à terroriser ceux qui doutent encore, à dissuader ceux qui voudraient s’exprimer, à humilier une figure emblématique pour en faire un exemple.

 

L’effet domino

Cette séquence judiciaire ne s’arrête pas à Souab. Sonia Dahmani, Mehdi Ben Gharbia, les prévenus du procès du complot, les jeunes blogueurs, les instagrameurs et les syndicalistes arrêtés dans les régions… tous sont les maillons d’un même enchaînement. L’effet domino est enclenché. Et il semble irréversible.

 

La juge en charge, régulièrement désignée pour ces affaires à forte portée symbolique, est-elle un rouage docile ou une exécutante zélée ? Peu importe, au fond. Car ce n’est plus le droit qui guide les décisions, mais une logique politique brutale : il faut faire peur, il faut punir, il faut montrer que le pouvoir est fort, n’a pas peur des polémiques et ne cède pas aux pressions.

 

Jusqu’où ira l’État ?

La question n’est plus de savoir si le régime tunisien dérive, mais jusqu’où il ira. Chaque arrestation injuste, chaque procès biaisé, chaque photo humiliante devient un clou de plus dans le cercueil de l'État de droit. L’opinion publique, elle, observe, réagit, mais n’a plus les moyens d’agir. Elle est matraquée, divisée, apeurée.

Mais à force d’humilier ses figures morales, de museler ses penseurs, d’enfermer ses opposants, le régime prend un risque immense : celui de fracturer durablement la société. Et de précipiter sa propre chute. Car l’Histoire l’a prouvé : aucun régime ne survit éternellement à la peur qu’il instille.

 

Soudain, Kaïs Saïed devient hyper actif

Face à la polémique et à la répression, le président de la République agit comme si de rien n’était. Comme s’il n’était pas concerné.

Depuis lundi, le compte officiel de la présidence publie quotidiennement les activités du chef de l’État. Chose très inhabituelle : avant la dernière vague de répression, on comptait rarement plus de deux apparitions présidentielles par semaine. C’est un peu comme si l’on voulait dire : « Le président continue à gérer le pays pendant que vous vous plaignez dans le vide. »

À première vue, Kaïs Saïed semble concentré sur les questions économiques, notamment financières. En une semaine, il a reçu trois fois sa cheffe du gouvernement et sa ministre des Finances.

Le 16 et le 23 avril, il les a réunies toutes les deux ensemble. Et le 21 avril, il les a reçues séparément : d’abord la cheffe du gouvernement seule, puis la ministre des Finances accompagnée du gouverneur de la Banque centrale.

La présidence cherche ainsi à projeter l’image d’un président absorbé par les affaires du pays, comme si le séisme judiciaire qui secoue l’opposition et scandalise une partie de l’opinion publique ne le concernait pas.

 

Une présidence qui fuit ses responsabilités

À force de multiplier les apparitions sans dire un mot sur la répression qui secoue le pays, Kaïs Saïed donne l’image d’un président retranché dans une bulle d’autosatisfaction. Comme si le sort des magistrats, des avocats, des opposants politiques ou même des citoyens ordinaires injustement arrêtés ne méritait ni un mot, ni un regard.

Cette fuite en avant médiatique ressemble moins à une maîtrise de la situation qu’à un aveu d’impuissance, voire de déni. L’acharnement judiciaire, les procès politiques, les peines extravagantes : tout cela se déroule sous son mandat, dans son silence, avec sa bénédiction implicite.

Et pendant que le peuple suffoque sous le poids de l’injustice, le président, lui, fait mine de respirer à pleins poumons. Jusqu’à quand ?

 

Maya Bouallégui

24/04/2025 | 09:27
6 min
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Commentaires
EL OUAFI
La bonne nouvelle
a posté le 25-04-2025 à 15:27
l'agence de presse palestinienne Wafa, le ministère palestinien des Affaires étrangères et des Expatriés a annoncé ce vendredi que Marie Antoinette Sedin avait présenté ses lettres de créance au roi Harald V de Norvège, devenant ainsi la première ambassadrice de l'?tat de Palestine dans ce pays. Cette étape intervient à la suite de la reconnaissance historique de la Palestine en tant qu'?tat indépendant par le Royaume de Norvège, le 28 mai dernier. Cette décision est entrée en vigueur ce mois-ci, avec la remise officielle des lettres de créance au souverain norvégien.
Le ministère a souligné que cette journée revêt une portée historique pour la cause palestinienne, dans le cadre de la reconnaissance norvégienne de l'?tat de Palestine. Il s'agit d'un message de solidarité et d'une reconnaissance explicite des droits du peuple palestinien, à un moment où celui-ci subit une guerre d'extermination menée par l'occupation israélienne.
EL OUAFI
Usurpation de pseudo !
a posté le 25-04-2025 à 10:29
'EL OUAFIFausse témoignage sur Ben Alia posté le à 09:26'
B N, je vous mets en garde, il y a eu usurpation de mon pseudo, or vérifier bien l'adresse IP de mon adresse e-mail.
Je n'ai jamais écrit ce commentaire.
Je vous prie d'effacer mon pseudo.
oscar
Logique.
a posté le 25-04-2025 à 09:59
De toute façon ,c'est la bonne politique ,car les arabes ne comprennent que le zolate .
Tounsi hor
On n'est pas arabes on est Tunisiens democrates depuis l'antique carthage
a posté le à 07:05
Tu es mazochiste et tous les anti-revolution de 2011 sont des mazochistes qui n'aiment que la souffrance et la peur ton papa t'a humilié et tabassé durant ton enfance maintenant tu veux que toute la Tunisie subisse le meme sort que toi ?
Nephentes
Voyous déguisés en révolutionnaires
a posté le 24-04-2025 à 14:24
Ce régime est le retour pur et simple au benalisme c'est à dire à la voyoucratie abjecte des années 1990-2010, déguisée cette fois-ci en "volonté du peuple de la révolution du 17 décembre 2010". J'avais signalé à maintes reprises que ce régime aux abois et sans scrupules était désormais la créature l'otage de l'Etat profond benaliste

AUCUN, je dis bien aucun, des slogans proférés par cette farce minable n'a été traduit en acte concret effectif; à part quelques initiatives "législatives";

Non seulement ce régime est décrédibilisé au sein de la grande majorité des Tunisiens et aux yeux de tous nos partenaires internationaux, mais encore s'est il engagé de manière définitive dans une spirale de répression et d'injustices ubuesques et sans issue.

Le niveau d'indigence et d'aveuglement de ce régime est tel qu'il ne se rend d'ailleurs même pas compte de l'ampleur des dégâts qu'il cause à notre économie à l'Etat de Droit et surtout au niveau de vie de la population; ni que ses dérives sont désormais IRREVERSIBLES.

Mr Saed et de son clan affichent une posture de patriotes (sic) assiégés victimes d'un complot international; la vérité triviale comprise par tous est que Mr Saed n'a en réalité aucun autre objectif a part le pouvoir pour le pouvoir.

Ce clan mise son va tout sur ce qu'il pense être ses soutiens indéfectibles à savoir une partie de la population (particulièrement marginale aujourd'hui) et les forces sécuritaires; il s'est engagé dans une impasse qui va obligatoirement déboucher sur une confrontation sanglante voire une amorce de guerre civile.

L'ampleur et la gravité des risques qui nous attendent sont inédites. L'Armée, en tant que protectrice véritable de cette pauvre population, et notre souveraineté nationale, doit assumer ses responsabilités historiques.
EL OUAFI
Fausse témoignage sur Ben Ali
a posté le à 09:26
@ A Nephentes : Mon ami ce que vous étiez entrain de témoigner est faux au contraire la période du présidence de Ben Ali était la meilleure une vie digne la sécurité aussi la liberté d'expression existait la preuve la classe cultivé exprimait librement la preuve un grand écrivain Tawfik Ben Brik s'exprimait librement il n'a jamais été malmené parce que toute simplement les hommes de pouvoirs en sécurité étaient à la hauteur ils ne commis pas des fautes flagrantes que penser vous de Ammar 4X4. 04 qui avait bien géré il savait faire la distinction entre ce qui est sérieux ou non grâce à lui que la majorité d'entre nous été bien éduqué comment je sais bien que vous détestez les fils de Trablsy parce que ce sont d'origine Libyens de nationalité Tunisienne mais aussi la jalousie existait d'être l'épouse du Président Ben Ali malgré que qu'il libre de épouser ce qu'il veut c'est sa liberté personnelle. Si vous étiez juste dans vos jugement a propos de ce que les fils de Trablsy ont réalisé pour la société Tunisienne vous le retirer chapeau grâce à eux que l'économie était en bonne santé la disponibilité des produits de première nécessité étaient disponibles pas de queue.
EL OUAFI
Non ce n'est pas moi
a posté le à 14:12
Vérifier l'adresse IP SVP CE N'EST PAS MOI.
NEPHENTES JE VOUS ASSURE QUE CE N'EST PAS MOI.
cordialement.
Adil
Avec Ben Ali, on avait un taux de croissance honorable
a posté le à 15:07
Et malheureusement les Trabelsi avec.
Moi, je suis convaincu que Abir Moussi pourrait sauver le pays. Cela était tellement probable qu'on l'a mise, malheureusement pour la Tunisie, en prison.
Tanit
"Les Tunisiens étouffent" comme pendant la décennie noire
a posté le 24-04-2025 à 13:27
KS est l'oiseau rare qu'Ennahdha cherchait et l'a trouvé.
Ennahdha et les islamistes en général, sont coupables de cette situation exécrable, depuis le départ de ZABA, et KS est responsable.
Ne pas Konfondre "faire Komprimer" et "Prendre ses comprimés" !
Ne pas Konfondre enfin au dernier moment surtout "passeport Caribéen de repli" et "pass automatiKS Manouba-Monarguia"
a posté le 24-04-2025 à 10:49
La répression durcit, un peuple entier parjuré esr en asphyKSie terminale.

Suite logique : contestations, eKSplosions de ressentiment, soulèvement révolutionnaire, puis, en réaKSion, les tentatives d'oKKultation, d'infiltration, division, réKupération, eKSclusion, soumission puis neutralisation globale.

Sauf que.... non.

Pas cette fois ci.

Ni pardons, ni oublis, ni concessions, ni Kontorsions, ni KKKompromissions.

Ce sera reddition des Komptes.

Un par un.

Une par une.

Tout le régime parjurant ZaifouniK mollahrdeux antidémlcratique avec son chenil de garde des gamelardeux supplétifs chleKatiKS et chmetatiKS judiciaro-séKuritaire comme pénitenciers matons en assant par les dhoubabiKS esKadrons.

Ce ne sera pas la vengeance, mais le simple respect.

Ce ne sera pas la haine, mais simplement reconnaissance, justice, et mémoire.

Que le sang des sacrifié.e.s, le temps précieux subtilisé,

que la confiance,

que l'energie patriotique avec entrain et don de soi sans compter des laissé.e.s pour comptes détournés et trahis,

que l'humiliation et la déshumanisation d'un peuple entier

...ne soient pas une fois de plus versés en vain.

Pour finir :

Avant toute reconstruction.

Avant toute tentative de panser les blessures visibles et traumatismes invisibles d'un pays entier.

Cette seule priorité absolue en trois volets KonKomitants :

-La réparation de l'appareil policier et judiciaire.

-La reddition des Komptes avec punition des Kriminel.le.s.

- La vérité des sous bassements de ce régime des plus Kriminels de l'Histoire du pays depuis sa "semi-indépendance sous-verrin".
A4
Dictature est synonyme d'incompétence !!!
a posté le 24-04-2025 à 10:46
ROSE
Ecrit par A4 - Tunis, le 13 Octobre 2024

Elle est rose, mais pas d'un rose bonbon
Elle est morose, parfum de charbon

Elle est rose, promet des miracles
Mais elle cale au premier obstacle

Elle est rose, mais un peu trop bornée
Voyant à peine le bout de son nez

Elle est rose, ne voit que des mafieux
Et veut faire du neuf avec du vieux

Elle est rose, les chiffres lui font peur
La bloquent soudain, la figent de stupeur

Elle est rose, sa démarche est bancale
Elle a la trouille, son visage est pâle

Elle est rose, mais ne pense qu'à punir
Et à tricher pour se maintenir

Elle est rose, et aime flanquer la frousse
Et a pour slogan "prison pour tous"

Elle est rose, mais noire et rancunière
Ne sachant faire que la marche arrière

Elle est rose, mais n'a dans sa bedaine
Qu'un c'?ur malade débordant de haine

Elle est rose, d'un rose un peu foncé
Prête à sévir et tout défoncer

Elle est rose, d'un teint pas réjouissant
Virant sûrement vers le rouge sang
Hamza Nouira
Et bien...
a posté le 24-04-2025 à 09:32
Il a raison de se concentrer sur l'économie. Car c'est la colonne vertébrale du pays.
Mais s'en occupé maintenant c'est déjà trop tard.

Je l'ai toujours dit. Il n'est pas à la hauteur pour l'économie. Et quand l'économie ne vas pas rien ne vas.
Et ça je le dit depuis tellement longtemps sur votre blog.
Tounsi hor
KS est nul en economie
a posté le à 07:12
Un professeur en droit constitutionnel n'y connait absolument rien en economie, parles lui d'adam Smith il te dira je connais pas, il ne connait que charlie chaplin et ses pitreries malheureusement
Adil
Tu tombes du ciel
a posté le à 12:06
Comme si on ne le savait pas