
Quand il évoque la situation politique et qu’il se rappelle l’existence d’opposants politiques, le président de la République, Kaïs Saïed, peut vite se montrer colérique et parler de traitrise suprême et d’atteinte à l’Etat. Il a maintes fois menacé directement tous ceux qui ne voyaient pas la gestion des affaires publiques de la même manière que lui. Cela contraste beaucoup avec le même Kaïs Saïed quand il évoque la chose économique. Il bascule instantanément, par romantisme ou par ignorance, dans le monde des rêves et celui des bisounours.
Le dernier communiqué publié par la présidence de la République avant le départ de la délégation tunisienne au forum de Davos laisse transparaitre une vision rêveuse de l’économie et des équilibres financiers. La délégation, composée par la cheffe du gouvernement, la ministre des Finances et le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, doit expliquer à ses interlocuteurs qu’on ne peut lire la situation financière et monétaire du pays sans se rappeler ses obligations sociales envers le peuple. Il évoque également l’impératif de justice sociale dans la mise en place et la lecture des équilibres financiers « qui ne tiennent pas uniquement sur les paramètres des recettes et des dépenses ». Autant dire une vision utopiste des équilibres financiers complétement déconnectée de l’Histoire et de la géographie. De l’Histoire car le fait de fournir des prestations sociales à un peuple donné est évidemment tributaire de paramètres moins romantiques comme le budget, les dépenses, les politiques d’austérité, l’emprunt et la dette. Le chef de l’État semble l’ignorer ou le découvrir. Ce sont des concepts que le monde a analysé, étudié et mis en application depuis des décennies. Un Etat-providence comme le voudrait Kaïs Saïed, qui s’occuperait de santé, de transport, d’éducation, d’habitat ou encore d’emploi, a un coût.
Par cette perception, Kaïs Saïed se place également en dehors de la géographie parce que ce n’est certainement pas à Davos que quiconque ira faire la leçon aux grands décideurs mondiaux. La participation même à ce forum signifie l’adhésion à un système de pensée capitaliste qui ne place pas les prestations sociales fournies par l’État comme une priorité absolue. Ce n’est pas aux personnes rassemblées à Davos que l’on ira recommander de prendre en considération les engagements sociaux dans la lecture des équilibres financiers et monétaires. La réputation du forum est tellement ancrée qu’il donne lieu à une infinité de théories du complot sur le contrôle mondial. C’est ce qui explique, par ailleurs, que les tenants de la vision socialiste basée sur les ressources propres et la défiance vis-à-vis du capitalisme ne vont pas à Davos. D'autre part, Kaïs Saïed semble ignorer qu’un tel discours n’est pas de nature à rassurer les responsables qui vont assister au forum et ne les incitera pas à venir en aide à la Tunisie. Oui, il faut bien le dire, le but premier de la participation de la Tunisie à ce forum est de trouver une forme de soutien à la Tunisie, que ce soit par l’aide financière ou par le simple lobbying.
Il ne s’agit pas de la première fois où le président de la République, Kaïs Saïed, démontre son ignorance totale de la chose économique et financière. On se rappellera qu’il avait évoqué l’importation de la nourriture pour animaux et du maquillage en parlant du problème du déficit commercial de la Tunisie. On rappellera également qu’il lui semble tout à fait envisageable et réaliste de récupérer 13,5 milliards de dinars, soit près de 19% du budget de l’État pour l’année 2023, en mettant en place une simple commission de conciliation nationale, et le tout en seulement six mois !
La Tunisie vient de recevoir un don libyen de sucre, d’huile alimentaire et de riz, entre autres denrées. Le romantisme couplé à l’ignorance de la chose économique au niveau de la présidence de la République a ce genre de répercussions : la Tunisie est dans une situation tellement difficile qu’elle accepte des dons alimentaires venant de Libye. La présidence du gouvernement peut publier des dizaines de photos sur les rencontres effectuées par Najla Bouden. Le président de la République peut multiplier les discours colériques enflammés et les petites balades au centre-ville pour montrer que les gens l’apprécient, mais la réalité froide des chiffres restera la même. La Tunisie est un pays au bord de la faillite qui dispose d’un État qui vit bien au-dessus de ses moyens en pompant directement dans la poche du citoyen.
Le déni dans lequel s’enferme le président de la République avec son attachement à garder pour lui seul toutes les prérogatives finiront par former un cocktail explosif pour la Tunisie. Kaïs Saïed doit comprendre que l’économie ne supporte ni le romantisme ni le lyrisme qu’il emploie pour tenter de formuler une pensée politique. N’en déplaise au président, il ne s’agit que de chiffres, de recettes et de dépenses.



Sait-il comment on vit en Corée du Sud? Voit -il à quel point ces gens travaillent, dès le plus jeune âge, dans les études puis la vie professionnelle?
Au japon on a 2 semaines de congés par an, et encore il est mal vu de les prendre.
Ainsi sont nos compétiteurs.
Soit on se met à niveau, soit on vit en autarcie, on produit tout ce dont on a besoin: ordinateurs, téléphones, voitures, instruments médicaux... C'est impossible bien sûr.
Une solution radicale pour ne pas se plier aux règles du FMI et autres Banque Mondiale, consisterait à vendre la Tunisie à de riches pétro-monarchies.
Qatar, Arabie saoudite, EAU... C'était le projet des islamistes.
Mais le rôle du FMI n'est pas de donner l'argent de ceux qui bossent à ceux qui ne font rien pour s'en sortir. Saied devrait le comprendre...
Ce n'est qu'un exemple, on peut en citer d'autres...
Même si tout à coup Saied devenait compétent et décidait de s'entourer de compétences, il est des décisions, des choix, sur lesquels on ne peut revenir.
La France a le même problème, en plus petit heureusement.
La solution employée depuis 20 ans consiste à ne plus engager de fonctionnaires, mais des contractuels de la fonction publique. Les passages à la retraite font le travail de dégraissage.
C'est long, très long, et la Tunisie n'a plus le temps. Le chemin sera long, et la pente est raide, disait un ancien ministre français...
Personnellement, je me reproche, tous les jours que le bon dieu fait, de ne pas être allé voter le 25 juillet.
Le problème c'est qu'on ne sait pas si l'élection présidentielle de 2024 aura lieu ou pas. J'aimerais bien que KS nous dise si il a l'intention de s'y tenir ou pas. Vu l'immobilisme (La couardise) des différentes composantes des responsables des différents organismes de la société civile et des partis politique, il ne nous reste que les élections pour évincer notre incompétent en chef et sa clique de merdeux.
Il faut rappeler le contexte actuel pour en mesurer l'ampleur qui n'est certainement évaluée a sa juste mesure par le Président. Celui-ci se montre totalement en deçà de ses responsabilités, voire est carrément hors sujet ce qui est inconcevable compte tenu de sa fonction.
Voici les faits :
Le taux de croissance annuel moyen est passé de 4,3% pendant les années 2000 à 1,7% durant la décennie 2010,
Notre déficit courant - la valeur des biens importés par rapport a la valeur exportés- est passé , entre 2010 et 201, d'une fourchette de 2 à 6% du PIB à une fourchette de 8-12%.
Le recul de la productivité et de l'investissement a dégringolé de 25,4 à 16,8% du PIB entre 2010 et 2021
Ce naufrage de l'investissement productif a affaibli de manière inédite et considérable notre potentiel de croissance et notre compétitivité de la Tunisie, et a fortement destructuré nos équilibres extérieurs.
Notre économie est structurellement très dépendante de la consommation des ménages (73% du PIB), peu diversifiée et exposée aux aléas cycliques des secteurs agricole (9% du PIB) ou touristiques. jusqu'à 14% du PIB , de manière indirecte).
L'administration publique constitue un obstacle majeur a la reprise de la croissance : une fonction publique pléthorique et des opérateurs publics non performants et gangrénés par la corruption constituent de puissants freins à l'investissement et au développement d'une industrie compétitive.
La dégradation de la situation d'une centaine d'entreprises publiques représentant plus de 10% du PIB et 100 000 emplois est sous estimée de manière criminelle
Dans ce contexte, face à une forte inflation REELLE qui devrait dépasser les 20% en 2023, et des investissement productifs en peau de chagrin, la Tunisie est suspendue à un prêt..... toujours en suspens.
En cas ne serait ce de report - ne parlons pas de refus- c'est le Club de Paris.
Et Mr Saed n'a évidement aucune idée des conséquences du rééchelonnement de notre dette et les exigences du Club de Paris.
Tu es très malheureux ici et tu n'as rien à faire ici !