Mais qu’est-ce que c’est que cet Exécutif qui n’arrête pas de se tirer des balles dans les jambes ? Alors que son gouvernement s’échinait pour boucler l’exercice budgétaire nécessitant irrémédiablement l’élaboration d’un projet de Loi de finances complémentaire, voilà que le président de la République se fend d’une affirmation selon laquelle il ne serait nullement besoin, cette année, de recourir à une telle procédure. À moins d’un miracle, cela semble impossible compte tenu des paramètres budgétaires affichés à la fin du 1er semestre 2024. En 2022, déjà, alors que les négociations entre le FMI et la Tunisie avaient laborieusement abouti à un accord permettant au pays de bénéficier d’un crédit sur la base d’un programme de réformes conjointement approuvé, Kaïs Saïed rejette l’accord, reprochant au Fonds son approche exclusivement quantitativiste dans la gestion des crises.
Autrement dit, le gouvernement devra faire avec. Dans la foulée, il qualifiera les agences internationales de notation de « Ommek Sannafa » rendant encore plus difficile un recours aux marchés financiers internationaux. Le gouvernement a dû faire avec. Au prix de quoi ? D’une dégradation de la situation économique avec un rythme de la croissance économique réelle en-dessous du taux de croissance démographique, une dégradation de la situation sociale et des conditions de vie que reflète la hausse du nombre des ménages bénéficiant du Programme national d’aide aux familles nécessiteuses ou la pénurie latente de produits de première nécessité. Certes, le pays aurait reconstitué son stock stratégique de céréales, toutefois une hirondelle ne fait pas le printemps. Avec cela, les comptes publics demeurent encore fragiles. Le déficit budgétaire devrait être plus étendu que celui prévu initialement dans le budget. Sauf si le gouvernement fait appel à une variable d’ajustement que semble constituer la rubrique « Autres ressources de trésorerie » dans le budget de l’État.
Cette rubrique constitue franchement une énigme. En 2021, cette rubrique affichait un montant de plus de 7 milliards de dinars, soit près du tiers du total des ressources de trésorerie. Les autres tiers concernent les ressources d’emprunts intérieur et extérieur. En 2022, cette rubrique a mobilisé plus de 1,1 milliards de dinars. En 2023, c’est un montant de 3,7 milliards de dinars qui a été mobilisé, selon le cadre budgétaire 2024-2026 publié par le ministère des Finances et près de 7 milliards de dinars selon les résultats provisoires de l’exécution du budget au 1er semestre 2024 publiés par le même ministère. Un écart abyssal. Une réelle énigme. Pour 2024, l’enveloppe de cette rubrique a été fixée à seulement 320 MD. Une prévision totalement caduque à moins que le pays enregistre d’ici la fin de l’année un afflux massif de crédits extérieurs ce qui est fort improbable. Sur la base de telles considérations et d’autres d’ailleurs, une Loi de finances est une exigence de discipline budgétaire.
L’écart des propos présidentiels par rapport à la praxis budgétaire s’est apparemment reproduit le 30 septembre dernier lors de la rencontre du président, Kaïs Saïed avec son chef du gouvernement, Kamel Maddouri, rencontre au cours de laquelle le chef de l’État a ordonné certaines mesures devant être inscrite dans le projet de Loi de finances pour l’exercice 2025. Or, le gouvernement avait déjà parachevé l’élaboration du projet de Loi de finances 2025. Le chef du gouvernement a peut-être dû revoir sa copie et prévoir des dépenses supplémentaires correspondant aux désidératas du président de la République telle la création d’un Fonds spécial d’assurance-chômage ou d’un Fonds pour la protection sociale des travailleuses du secteur agricole quitte à accroître la pression fiscale à défaut d’élargir la base imposable.
Le gouvernement a eu le temps de se préparer à l’échéance de dépôt du projet comme veut le chef de l’État. Une gageure. A moins que l’on fasse appel à la fameuse rubrique « Autres ressources de trésorerie » pour résoudre cette énigme.
vous négligez un paramètre sur lequel compte probablement le Président de la République: l'aide financière et matérielle d'un pays frère et ami (ce qui est en contradiction avec le principe "de non ingérence étrangère" dont parle KS). Et ainsi se pose la question évidente, est-ce que ce pays frère et ami a les moyens à long terme de faire nourrir, chauffer et habiller 12 millions de Tunisiens? La réponse est évidente, non et non et non...
Autrement, c est a
appliquée au cadre macroéconomique, elle devient suspecte ou tout au moins se prête aisément a moults tripatouillages
Le point soulevé ici est un véritable scandale qui dans des contextes légalistes et démocratiques provoqueraient des démission en cascade
Ce tour de passe passe illustre une nouvelle fois une constante de ce régime :se servir des Tunisiens et de leurs institutions pour leur faire croire précisément qu on est a leur service