alexametrics
jeudi 01 mai 2025
Heure de Tunis : 21:25
Chroniques
Drôle de rentrée
Par Houcine Ben Achour
31/08/2023 | 19:59
3 min
Drôle de rentrée

 

Voilà presque un mois qu’Ahmed Hachani a pris ses fonctions de chef de gouvernement. On imaginait que le nouveau chef de gouvernement allait rapidement former son gouvernement et annoncer ses intentions à défaut de présenter un programme d’actions clairement défini. Le retour au travail selon les horaires de la double séance aurait constitué le moment opportun marquant symboliquement la rentrée. Malheureusement, on ne sait même pas s’il a l’intention de changer l’équipe gouvernementale actuelle ou pas. C’est dire du climat d’incertitude qui plane sur le pays. Incertitude qui, une fois de plus, a entraîné une dégradation supplémentaire de la note souveraine du pays. À la fin du mois d’août, c’est l’agence japonaise R&I qui dégrade le risque souverain en l’accompagnant de « perspectives négatives », après Fitch en mai 2023, en attendant celui de Moody’s, probablement d’ici un mois.

Pour le moment, le statu quo est total. Un calme plat. Aussi plat que la courbe de croissance trimestrielle du PIB du pays. Toutefois, il faut se garder de ce calme car il peut être annonciateur de tempête. Il ne faut pas s’en cacher.

Ahmed Hachani devra faire face à une échéance cruciale, capitale : l’élaboration des projets de loi de finances et de budget économique 2023, sans compter, le cas échéant, un projet de loi de finances rectificative ou complémentaire. Des documents qui refléteraient logiquement les choix de l’Exécutif face au dilemme cornélien d’opter ou pas pour le programme de réformes conclu avec le Fonds monétaire international (FMI). Un dilemme où il s’agit de choisir entre la peste et le choléra parce qu’on n’a pas su s’en prémunir lorsqu’il était encore temps.

En tout cas, les conséquences sociales de l’une comme de l’autre seront difficilement supportables.

Le choix de ne pas solliciter le FMI est déjà visible. C’est à un inexorable appauvrissement vers lequel chemine le pays. Les pénuries, frappant aujourd’hui les produits alimentaires, vont s’élargir à d’autres produits de consommation. Ces pénuries accentueront les tendances spéculatives ou monopolistiques et relanceront les tensions inflationnistes. Et cela sans pour autant garantir un redressement des finances publiques, ni une inflexion de la courbe d’endettement. Encore moins une reprise de la croissance et une recrudescence des créations d’emploi. La raison fondamentale tient en l’absence d’alternative au plan d’accord avec l’institution financière multilatérale.

Le choix en faveur d’un accord avec le FMI n’est pas en reste de conséquences sociales. Cependant, là, un programme existe. Est-il renégociable ? En dépit de toutes les pressions, particulièrement européennes et surtout italiennes, le Fonds semble inflexible, légitimant son attitude en référence aux lamentables échecs des deux précédents programme de soutien à la Tunisie de 2013 et 2016 dus à la procrastination des autorités du pays à engager les réformes structurelles censées résoudre le déséquilibre des finances publiques et réorienter le modèle de développement du pays.

Najla Bouden, l’ex-cheffe du gouvernement s’y est engagée. À preuve la lettre de cadrage du projet de loi de finances et de budget 2024 envoyée à tous les ministères dès avril 2023, dans laquelle elle rappelle les objectifs de réforme : maîtrise de la masse salariale, rationalisation de la compensation et coût de frein aux dépenses de gestion courante du budget de l’État. À cet égard, la priorité sera donnée aux dépenses visant à combler les arriérés et celles affectées aux programmes et projets en cours. « Les engagements de dépenses seront déterminés sur la base des critères de performances affichés par les projets par rapport au critères de performances initialement établis », indique le document. Parallèlement, le gouvernement Bouden devait s’atteler, entre autre, à présenter au cours de 2024 un projet de loi améliorant le climat de l’investissement, un autre concernant le développement de l’économie du savoir et un autre de révision des incitations destinées au Start-up.

Ahmed Hachani prendra-t-il à son compte le document de Najla Bouden ? Il a pris à son compte son gouvernement. Pourquoi ne le ferait-il pas avec les orientations tracées par son prédécesseur ?

Ce serait une drôle de rentrée.

Par Houcine Ben Achour
31/08/2023 | 19:59
3 min
sur le fil
Tous les Articles
Suivez-nous
Commentaires
'Gardons un minimum d'honnêteté!
@Mr. Ben Achour
a posté le 02-09-2023 à 11:35
@Mr. Ben Achour,

votre article ci-dessus est trop superficiel. En effet vous écrivez : "En dépit de toutes les pressions, particulièrement européennes et surtout italiennes, le Fonds semble inflexible, légitimant son attitude en référence aux lamentables échecs des deux précédents programme de soutien à la Tunisie de 2013 et 2016 dus à la procrastination des autorités du pays à engager les réformes structurelles censées résoudre le déséquilibre des finances publiques et réorienter le modèle de développement du pays.", fin de la citation.
-->
Si la Tunisie est aujourd'hui en faillite socio-économique, la faute est d'abord au FMI --> ceci non pas par méchanceté mais plutôt par ignorance et par le manque de professionnalisme de beaucoup de ses fonctionnaires. Je m'explique:

A) Exportation de notre Argent de l'endettement avec la bénedition du FMI (qui devrait contrôler ses financements) --> voir le lien web suivant, Business news tn du 28/07/2016 | 15:46:

www.businessnews.com.tn/en-lhonneur-de-frederic-oudea-kamel-neji-reunit-le-tout-tunis-a-la-residence-de-france,520,66072,3

Je cite: "l'Europe remercie notre Banque Centrale Tunisienne avec à sa tête son gouverneur, Chedly Ayari, pour l'ouverture du marché de nos capitaux. Cette ouverture devrait permettre de financer des projets en Tunisie." fin de la citation. --> hhh, ça fait 8 ans que l'on attende le financement de projets par les banques de notre oligarchie, mais rien ne s'est produit! Et ce n'est pas demain que les choses changeront.

--> Après avoir privatisé en grande partie toutes les banques publiques tunisiennes, on leur a ouvert durant la dernière décennie une grande fenêtre/porte afin d'exporter nos capitaux de l'endettement en toute légalité. Oui, ceci au nom de la révolution du jasmin et de l'impérialisme de notre oligarchie --> Et avec la bénédiction du FMI qui devrait contrôler ses financements. On a même exporté nos capitaux de l'endettement vers l'Europe afin d'acheter des actions perdantes et maintenir des banques impérialistes tunisiennes déjà en faillites (je rappelle un proverbe tunisien: une bague sur le doigt et sans culotte sur le cul).


B) LE FMI ne devrait pas proposer des Théorie socio-économique sans prendre compte de la mentalité des entrepreneurs/banquiers tunisien(e)s:
- Je propose d'analyser la période 2010-2021 --> en effet, qui a encouragé nos gouvernements successifs à très mal gérer la Tunisie Socio-économique? oui c'est le FMI. Certes non pas par méchanceté mais par ignorance de la mentalité de nos hommes d'affaires et de nos banquiers.
- Oui, c'est le FMI qui a encouragé le gouvernement de Mr. Essid et notre BCT (dont le gouverneur était Mr. Chedly Ayari) à injecter des milliards d'euros, l'argent de l'endettement, dans notre système bancaire oligarque en faillite.
-->
Je cite: "Le Fonds monétaire international (FMI), qui a félicité le gouvernement tunisien, a annoncé qu'il approuvait un accord élargi portant sur un montant de 2,9 milliards de dollars".
--> voir le lien suivant:
https://www.businessnews.com.tn/oxford-business-group-presente-le-programme-de-reforme-du-systeme-bancaire-tunisien,520,66109,3
-->
Oui le FMI félicitait le gouvernement tunisien d'avoir injecté des milliards d'euros, l'argent de l'endettement, dans un système bancaire oligarque qui aurait pu se recapitaliser par ses propres moyens'?'
- cependant la faute est en particulier à notre ex-troïka qui n'a pas eu le courage afin de faire un effort cognitif intelligent et d'avoir appliqué sans discussion les propositions du FMI. En effet, les théories qui ont fonctionné en ASIE ou en Irlande ne sont pas compatibles à 100% avec la mentalité de l'entrepreneur tunisien/africain.

Bonne journée, Mr. Ben Achour

PS: Pourquoi le FMI était très généreux avec la Tunisie durant la dernière décennie? A vous de trouver la réponse...
Gardons un minimum d'honnêteté!
Le Web n'oublie absolument rien, Merci entre-autre à Business News TN
a posté le à 09:56
Je donne un exemple d'exportation de notre argent de l'endettement vers l'Europe. Je cite: "Tunisie Telecom soumissionnaire final pour le rachat de l'opérateur maltais GO ", Business news tn, du 23/05/2016 à 23:58

***

-->
de cet investissement on avait droit à aucun dividende, puisque Malte investissait la totalité du gain net pour la construction d'un réseau internet à très haut débit --> Et ceci avec l'argent de notre endettement auprès du FMI:)
-->
voir le lien Business news tn ***

Je rappelle que 87% de La Tunisian Foreign Bank à Paris, qui ne génère que des pertes, appartiennent à la Société tunisienne de banque et la Banque de l'habitat. Ainsi, "notre" banque de l'habitat qui a reçu des millions de dinars de l'Etat tunisien joueait au "poker" avec notre argent et l'investissait ailleurs aveuglement au nom de l'internationalisation de notre système bancaire. La banque de l'habitat aurait pu retirer ses Millions d'euros de la Tunisian Foreign Bank afin de se recapitaliser par elle-même. Puis, ce n'est pas fini --> la banque de l'habitat investi ailleurs en Afrique où ce n'est pas du tout rentable...

Oui, l'argent que l'on a eu du FMI est entré par la porte et ressorti par la fenêtre et ceci d'une façon pseudo-légale, mais aussi illégale.
-->
Et qu'a fait le FMI qui prétendait contrôler ses financements en Tunisie, absolument rien....

bonne journée
Gardons un minimum d'honnêteté!
@Business News TN
a posté le à 14:05
@Mr. Nizar Bahloul:
c'est injuste de faire disparaître des articles historiques de votre plateforme Business News TN, comme celui sur Oxford Business Group.

-->
Ce groupe "Oxford Business Group" et le FMI ont très mal conseillé la Tunisie socio-économique durant la dernière décennie, et il est temps qu'ils le sachent. je redonne un passage de cet article qui a disparu de Business News TN. Je cite: "Le Fonds monétaire international (FMI), qui a félicité le gouvernement tunisien, a annoncé qu'il approuvait un accord élargi portant sur un montant de 2,9 milliards de dollars".

-->
D'abord féliciter nos gouvernements de la dernière décennie pour leurs conneries socio-économiques et après les accuser d'incompétence:))
'Gardons un minimum d'honnêteté!
@Mr. Ben Achour
a posté le 02-09-2023 à 11:14
2ème Partie:

C) Certaines exigences du FMI sont en contradiction avec les données empiriques et la réalité du marché. Je m'explique:
La conception néoclassique du marché est une utopie basée sur le dogme selon lequel les prix et les échanges se fixent de manière efficace et autonome à travers une "main invisible" (réglés par des facteurs qui leur sont propres). Cette conception est une illusion de l'abstraction théorique qui ne pourrait être atteinte, mais dont on peut s'approcher le plus possible grâce à l'intervention de l'Etat (ce que fait d'ailleurs le gouvernement tunisien)
-L'équilibre spontané entre l'offre et la demande ne sert que de référence aux organisations internationales (comme le FMI et la banque mondiale) lorsqu'elles nous dictent qu'il faudrait faire des "réformes structurelles": privatiser, déréglementer et Etat minimum, de façon à ce que la concurrence puisse s'exercer sans limites pour être parfaite de manière autonome. Ce qui est en contradiction avec les données empiriques et la réalité du marché.
- Oui, certaines théories socio-économiques soutenues par le FMI et la BM et les réformes que nous imposent l'Europe et les USA sont réfutées par la réalité du marché et par les données empiriques. --> Il est complètement irrationnel de prétendre encore que la concurrence sans obstacle conduit à une situation optimale d'équilibre spontané entre l'offre et la demande. Oui ceci est en contradiction avec les données empiriques --> Et dire que l'on a accordé un prix Nobel pour cette illusion...

Il est temps que le FMI, la BM se débarrassent de cette illusion que "les prix et les échanges se fixent de manière efficiente et autonome à travers une main invisible et miraculeuse". Cette formule est totalement réfutée par la réalité du marché.

- Il faudrait, en Tunisie et ailleurs, mettre en place une instance qui centralise les offres et les demandes, interdis les accords bilatéraux, cherche des prix équilibrant l'offre et la demande sur la base de données empiriques de différentes plateformes logistiques --> Et nous avons les moyens informatiques et mathématiques afin de réaliser cette équilibre d'une façon intelligentes ... Par contre, le FMI, la Banque mondiale nous dictent des "réformes de structure" qui sont exactement le contraire : supprimons le plus possible tout ce qui empêche les agents économiques de "s'entendre" directement --> ce qui n'a pas fonctionné et ce qui a induit une inflation qui dépasse les 10% un peu partout sur la planète à la suite de spéculations abusives --> ce n'est pas moi qui le dit, c'est plutôt l'avis de la majorité des politiciens en Europe.

Le laisser faire avec pour seule obligation le respect des contrats n'a pas fonctionné cet hivers en Allemagne et nulle part.

Veuillez voir le lien Web suivant:
www.tagesschau.de/wirtschaft/verbraucher/butterpreise-103.html?utm_source=pocket-newtab-global-de-DE

Je traduis: "Les entreprises du secteur agroalimentaire ont-ils vraiment profité de la crise pour maximiser leurs bénéfices [par exemple, le prix de beurre a quasiment doublé]. [...] Si l'on met les choses en perspective, on constate que les hausses de prix dans les stations-service n'étaient pas justifiées, et je ne veux pas exclure que cela se soit également produit à un endroit ou à un autre dans le commerce de détail alimentaire." d'après Nikos Förster, fonctionnaire d'état.

'Gardons un minimum d'honnêteté!
@Mr. Ben Achour
a posté le 02-09-2023 à 11:10
3ème partie:

D) La privatisation des entreprises publiques à la hâte (je dis bien à la hâte) , encore une exigence du FMI qui n'a pas fonctionné en Afrique Subsaharienne. Pourquoi?
- Certes, la privatisation ne se fait pas en quelques jours ou semaines, il faut la préparer en profitant des études empiriques déjà faites que l'on pourrait étudier afin de ne pas refaire les mêmes fautes que d'autres pays. Il faut seulement savoir et vouloir lire et s'informer. Je cite:
- "Dans les esquisses de bilan proposées par la littérature récente sur les privatisations en Afrique sub-saharienne, l'échec est reconnu et les perspectives dégagées appellent à une plus réflexion critique sur les orientations futures. Quant aux principales institutions financières internationales comme l'OCDE et la Banque Mondiale, elles mettent en exergue les insuffisances des programmes de privatisations. La Banque Mondiale, par exemple, reconnaît que les objectifs de la privatisation ont été surestimés, appelant à la nécessité d'avoir une approche plus casuistique. Quant à l'OCDE, elle a montré comment l'Afrique sub-saharienne a été défaillante dans ses programmes de privatisation, en particulier dans l'atteinte des objectifs sociaux "
voir le lien:
http://afrilex.u-bordeaux.fr/wp-content/uploads/2021/03/Privatisation_des_services_publics_en_afrique_sub-saharienne.pdf
-->
de ce fait, Il faudrait explique au FMI et à la banque mondiale que nous allons privatiser certaines entreprises publiques, et que pour cela nous devons d'abord faire des études utiles et intelligentes afin de ne pas refaire les fautes de l'Afrique sub-saharienne. Il serait même utile de réaliser une méta étude d'une dizaine d'études déjà faites par d'autres pays que l'on trouve sur la page web de la banque mondiale.

- Fazit: La privatisation des entreprises publiques ne se fait pas du jour au lendemain, c'est plutôt un processus qui pourrait durer des mois et même 2 à 3 ans


Bonne journée

Zarzoumia
Redoublants
a posté le 01-09-2023 à 07:24
La rentrée est sans conteste celle des redoublants. Incapables de présenter une copie aux tunisiens, ils tentent par des écrans de fumée politiciens de cacher leurs incapacité à définir des orientations et surtout à en assumer les conséquences politiques. Une drôle de position, car l'immobilisme et la tergiversation pourraient avoir des conséquences plus douloureuses que les réformes. Ils semblent ignorer qu'une petite infection sans traitement peut mener jusqu'à l'amputation.
La réalité se chargera de réveiller tout le monde.