
Le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) a publié, le 8 novembre, un communiqué concernant l’agression subie par une enseignante de l’école primaire dans le poste de police de Ksibet Mediouni. Abir Khelifa est allée sur place pour renouveler sa carte d’identité. Au final, elle a été agressée et retenue sur place pendant plus de trois heures et en est sortie avec une accusation d’agression sur un fonctionnaire pendant l’exercice de ses fonctions.
Il ne s’agit là que d’un exemple de transgression flagrante des droits de l’Homme en Tunisie. Il est dénoncé par le FTDES qui fait partie des organisations invitées par le président de la République à la défunte commission nationale pour une nouvelle République. Cela veut dire que cette organisation, très sérieuse du reste, est totalement crédible pour le pouvoir en place. La catastrophe de Zarzis montre également à quel point les droits de l’Homme sont bafoués en Tunisie. Nous en sommes arrivés à voir des familles fouiller elles-mêmes le cimetière Jardin l’Afrique dans l’espoir de retrouver les dépouilles de leurs enfants pendant que Carthage assure, dans un communiqué, que l’affaire fait l’objet d’un suivi quotidien de la part de présidentissime Kaïs Saïed.
Dans le même esprit, le Front de Salut, un groupement d’opposition, a été empêché de tenir un meeting à Regueb dans le gouvernorat de Sidi Bouzid. Evidemment, l’Etat n’est pas intervenu directement, mais les leaders du Front ont été surpris que les trois propriétaires des salles réservées aient subitement changé d’avis. La même chose est arrivée au parti Afek Tounes quand il avait essayé de tenir un meeting dans la même ville dans le cadre de la campagne du « non » au référendum.
Cet espace ne suffirait pas pour recenser toutes les violations des droits de l’Homme en Tunisie pendant ces derniers mois. Notons juste au passage qu’il s’agit d’une année record en termes d’agressions subies par les journalistes, sans que personne ne soit condamné. De vieux fantômes de torture dans les prisons réapparaissent sous l’ère Kaïs Saïed. Sans parler des civils traduits devant des tribunaux militaires.
Face à cela, le pouvoir oppose un imperturbable déni alimenté par une langue de bois éhontée. Dans une rencontre avec son ministre de l’Intérieur, le chef de l’Etat nie carrément les allégations concernant des restrictions sur les libertés. Kaïs Saïed justifie formidablement cela en disant que si de telles restrictions existaient, les auteurs seraient devant les tribunaux. Ce qui montre, en soi, l’esprit qui gouverne le palais de Carthage. Plus la situation des droits de l’Homme se dégrade en Tunisie, plus le président de la République assure que les droits et les libertés sont garantis.
Mais avouons que nous sommes de plus en plus habitués au fait que Kaïs Saïed gouverne une autre Tunisie que celle dans laquelle nous vivons. Le fait qu’il soit complément déconnecté des réalités de la Tunisie n’est pas une découverte aujourd’hui. Par contre, le talent certain de sa cheffe du gouvernement, Najla Bouden, pour le maniement de la langue de bois à propos de plusieurs sujets dont les droits de l’Homme se révèle à nous.
L’adresse enregistrée faite au Conseil des droits de l’Homme des Nations-Unies en date du 8 novembre est un bel exemple car la locatrice de la Kasbah n’hésite pas à y dresser un portrait tout rose de la situation dans le pays.
Toutefois, la langue de bois maniée par la cheffe du gouvernement nécessite quelques ajustements. Najla Bouden a commencé par justifier le coup de force du président Saïed en décrivant comment le parlement tunisien est devenu le théâtre de violences en tous genres et que devant cette situation, son parton s’est retrouvé dans l’obligation d’activer l’article 80. Cela pourrait être recevable si, par la suite, pour démontrer les progrès du pays sur la question des droits de l’Homme, elle ne citait pas des lois votées par ce même parlement et des décisions prises par les gouvernements précédents. Il s’agirait d’avoir un minimum de cohérence.
Mais l’audace ne s’arrête pas là. Najla Bouden n’a pas hésité à évoquer, comme une vraie réalisation montrant l’attachement de la Tunisie aux droits de l’Homme, la mise en place de l’instance constitutionnelle du développement durable et des générations futures. Non seulement cette instance n’a jamais vu le jour, mais en plus elle est issue de la constitution abrogée unilatéralement par Kaïs Saïed. La blague est meilleure quand on sait que cette instance n’existe plus, selon la constitution promulguée par le chef de l’Etat en date du 25 juillet.
La cheffe du gouvernement a également juré ses grands dieux que la Tunisie travaillait à garantir la place de la femme à tous les niveaux, politique, économique et social. Si Najla Bouden ignore que le pourcentage de femmes candidates aux législatives décidées par son chef ne dépasse pas les 15%, son auditoire lui, le sait parfaitement. Il est utile de rappeler que ce taux n’a été obtenu qu’à cause de l’amendement du code électoral décidé unilatéralement par le même Kaïs Saïed.
Il est triste pour notre pays d’avoir une cheffe du gouvernement qui tente de démontrer que les droits de l’Homme sont préservés par l’existence de plateaux télé et radios dans lesquels l’opposition peut s’exprimer. Elle ne semble pas être au courant de ce qui se passe dans les médias publics que Hichem Snoussi, membre de la Haica, qualifie d’outils de propagande du pouvoir en place. La langue de bois et la dissimulation semblent encore avoir de beaux jours devant eux en Tunisie.



amicalement
Quel bonheur de vous lire.
J'ai pu croire que vous nous avez définitivement quittés.
Je suis fort aise de vous savoir toujours parmi nous. A moins que je ne me sois toujours débrouillé pour vous rater.
Vous voyez, je continue de poster un com. par-ci, un autre par-là. On a perdu quelques "animateurs" "ami.e.s", Nazou de la Chamelière, Warrior... En plus de @MPP, ami veritable. Désabusé, sans trop y croire, je continue de me payer de mots. A chaque com. Je me dis c'est le dernier. J'ose espérer que ce n'est pas le cas du vôtre.
Au plaisir.
Je reviens aujourd'hui,maintenant que la situation a l'air d'être enfin apaisée;
Au plaisir de te lire,de te relire.
En voyant votre nom, j'ai repensé cueillette, olives et oliviers. Je vous souhaite une bonne récolte et un excellent millésime.
Au plaisir.