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Réunion de Djerba : Enième roulement de mécaniques au sein de Nidaa Tounes
18/10/2015 | 15:59
5 min
Réunion de Djerba : Enième roulement de mécaniques au sein de Nidaa Tounes

Déjà en proie à des luttes internes, le parti Nidaa Tounes a vécu de nouvelles tensions ce week-end avec la tenue de la controversée réunion de Djerba. Samedi 17 et dimanche 18 octobre 2015, l’un des deux camps qui s’affrontent au sein du parti a tenu un meeting, qualifié de « parallèle » par ses adversaires, dans lequel il a présenté ses propres solutions de sortie de crise. Entre l’équipe de Hafedh Caïd Essebsi et celle de Mohsen Marzouk, il est encore une fois, question de guerre de leadership.


«Je suis le secrétaire général du parti. Je suis le secrétaire général de tout le monde, du simple militant au membre du bureau politique», a martelé Mohsen Marzouk dans une interview accordée à la Radio nationale le 12 octobre. Difficile à croire pourtant lorsque l’on regarde le beau monde qui était présent lors de la réunion de ce week-end à Djerba. Les ministres appartenant au parti, la majorité des députés au sein de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), et les autres cadres du parti ainsi que les membres des coordinations régionales de Nidaa étaient tous au rendez-vous. L’absence de Mohsen Marzouk, secrétaire général de Nidaa, et de son président Mohamed Ennaceur, était très remarquée.

Tout le gratin de Nidaa était présent à cette rencontre controversée. Selon nos confrères du Maghreb, présents sur les lieux, étaient présents les cadres du parti Noureddine Ben Ticha, Faouzi Elloumi, Abdelaziz Kotti, Khemaïes Ksila et Fadhel Ben Omrane, mais aussi les ministres et membres du gouvernement dont Ridha Belhaj, Salma Elloumi, Saïd Aïdi, Slim Chaker, Néji Jalloul et Saïda Garrache. Etait également de la partie Houda Nagdh, veuve de feu Lotfi Nagdh, coordinateur de Nidaa à Tataouine assassiné il y a deux ans à Tataouine. Cette réunion qui devait marquer le troisième anniversaire de son assassinat, le 18 octobre 2012, porte d’ailleurs le nom de « conférence du martyr Lotfi Nagdh ». Il est à noter, par ailleurs, que la quasi-majorité des élus de Nidaa étaient présents à cette réunion, soit 60 sur les 86 élus à l’ARP.

 « La réunion de Djerba […] constituera un tournant décisif dans l’histoire du parti », a déclaré Khemaïes Ksila à l’agence TAP hier. Ce membre notoire du camp de Hafedh Caïd Essebsi a ajouté que le meeting a  rassemblé les « artisans de la victoire de Nidaa Tounes aux dernières élections ».

 

 

Pourtant, le camp adverse qui a tenu la réunion du bureau exécutif, vendredi 16 octobre, a clairement qualifié cette réunion de « illégitime » et de « parallèle » puisque se dressant contre celle des « instances légitimes du parti ». La réunion du bureau de vendredi devait servir, de son côté, à  « clarifier la ligne de Nidaa mais aussi à organiser le prochain congrès du parti », selon Boujemâa Remili, porte-parole du parti qui a annoncé que des décisions importantes seront rendues publiques le 30 octobre et que, d’ici la tenue du congrès, le bureau exécutif représentera la seule structure de décision du parti. Comme solution de sortie de crise, le bureau exécutif de Nidaa recommande de confier la préparation du congrès à une commission « neutre et indépendante » dont les membres seront exemptés des postes de responsabilités au sein du parti. Une manière de sauver les meubles qui n’a pas été rejetée par le camp adverse, mais il semblerait que le camp de HCE semble vouloir trouver de « meilleures » solutions à sa manière.

 

 

En effet, Hafedh Caïd Essebsi a indiqué que le meeting de Djerba a été organisé après des rencontres qui se sont tenues dans plusieurs régions du pays, dont notamment Sousse et Kairouan. Il a appelé, donc, à ce que les décisions qui en émanent soient respectées par les dirigeants de Nidaa, et ce afin qu’une solution consensuelle soit trouvée aux différends qui secouent le parti depuis un moment. Selon lui, les décisions qui émaneront de la réunion de Djerba et qui passeront au vote des présents réunis, et non des moindres, serviront à sauver le parti de la banqueroute. Dans le cas contraire, le parti court sûrement vers sa perte.

 

Dans cette crise, le camp dit de Mohsen Marzouk  impute la responsabilité des divisions internes à Hafedh Caïd Essebsi. « Celui-ci a appelé à la dissolution du bureau politique parce qu’il n’a pas réussi à s’en dégoter une majorité ». Il a également accusé des « parties étrangères » de vouloir s’imposer en usant de moyens détournés, a déclaré Lazhar Akremi, qui a souligné que « Nidaa Tounes est en train de se diviser […] certains ont la volonté d’accaparer le parti et de renverser ses institutions ». « On loue des bus et on affrète des avions pour avoir une majorité de présents lors des réunions. Ce n’est pas ainsi qu’on peut préserver l’unité du parti », a-t-il indiqué. Puis d’ajouter que des millions de dinars ont été dépensés pour la tenue de la réunion de Nidaa à Djerba. Cet argent, dit-il, est suspect et renseigne sur une ingérence extérieure dans les affaires de Nidaa.

 

Pour faire plus simple, les deux camps qui s’affrontent aujourd’hui au sein de Nidaa représentent deux courants distincts du parti. Cette formation politique, créée par Béji Caïd Essebsi représentait le cœur du parti, réunit deux courants : les cadres dits de gauche, dont le secrétaire général Mohsen Marzouk et le ministre démissionnaire Lazhar Akremi, et ceux qui restent attachés à une vision destourienne du parti, donc Hafedh Caïd Essebsi, Khemaïes Ksila, etc. Les premiers estiment que seules les institutions dites « légitimes » du parti ont la primeur et les autres accusent le camp adverse de vouloir faire main basse sur les institutions du parti et le mener vers la crise.

 

La crise au sein de Nidaa est un constat qu’on ne fait plus à demi-mots.  Si on refuse de parler de guerres d’égos et de règlements de compte « personnels » évoquant, généralement, des divergences de point de vue, il faut reconnaitre que dans ce cas précis, tout est une démonstration de force. La réunion de Djerba qui a réuni le gratin de Nidaa, en est la preuve. Les luttes intestines sont en train de prendre le parti par la gorge depuis que Béji Caïd Essebsi, homme fort de Nidaa, est aux commandes de la présidence de la République. Dernière bataille en cours, celle qui devra déterminer comment sera organisé le prochain congrès du parti dont la tenue même reste menacée vu les tiraillements actuels. Ce congrès, prévu pour le début de l’année 2016, devra déterminer le poids réel de chacun et donner au parti de Béji Caïd Essebsi une solidité qui lui fait défaut aujourd’hui.

 

Synda TAJINE

18/10/2015 | 15:59
5 min
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Commentaires (18)

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Abel Chater
| 22-10-2015 08:42
La chose la plus importante qui a attiré mon attention, c'est l'absence de ce théâtre de basse facture avec la photo du défunt dictateur déchu Bourguiba, que cultive l'arriviste Mohsen Marzouk comme moyen banal pour bêtifier les débiles parmi les Tunisiens.
Je ne sais pas encore s'il s'agit là d'une bonne foi vers une transition démocratique sincère de la part de Hafedh Caïd Essebsi & Co. ou seulement, par crainte des Djerbiens à grande majorité yousséfistes?

@felfel
| 19-10-2015 21:16
Felfel citez moi un diplôme obtenu, un écrit de HCE, un article, une idée, une interview, un projet politique et je vous suivrai. Échec total à tous points de vue. Ces ministres qui le suivent sont des opportunistes qui attentent leur heure. Ils sont brûlés politiquement. Des personnes comme Ben Romdhane, Aidi qui en sont à leur 3 eme parti politique en 5 ans ne peuvent pas avoir la confiance des tunisiens.

Kairouan
| 19-10-2015 21:01

" [...] si ce n'est la sauvegarde d'intérêts enchevêtrés mais complémentaires : la main invisible de Smith appliquée à la politique de caniveau !" (sic)

J'adore ca, Nephentes! Ca dit tout, en toute beaute et avec plein d'esprit.
Merci pour ce sourire, au milieu du marasme ambiant.

felfel
| 19-10-2015 18:58
Comme dans toute democratie, il y aura toujours des gens pour et des gens contre. Dans un parti, il y a toujours des frictions et des divisions, on ne peut pas contenter tout le monde, si la minorite n'est pas capable d'accepter l'avis de la majorite, alors la minorite n'a qu'a quitter le parti. Ceci se passe dans tous les pays democrates, c'est tout a fait normal qu'il y est des problemes dans un parti dans une democraties, l'UMP, le parti socialiste en France, le parti de Merkel, l'Espagne, l'Italie, tous connaissent des problemes. Ce qui n'est pas normal en revanche, c'est cette avalanche de commentaires negatifs, tres probablement emanant des eternels chiens nakbaouistes et cpristes qui continuent a aboyer, bon temps mauvauis temps, mais on, on ne s'attend pas a ce que ces personnes la comprennent ce que c'est qu'etre democrate et avoir un avis contraire.

@réponse à Watani
| 19-10-2015 13:43
Watani;
Vous découvrirez rapidement le vrai visage de Aidi et Elloumi. Un constat : ne pas se fier aux apparences.
Un qualificatif: opportunistes
Un conseil: ne pas jamais leur faire confiance.

watani
| 19-10-2015 11:59
Le parti Nidaa n'est pas l'héritage de HCE, il faut bannir cette notion. HCE doit disparaître de la vie politique règle de l'école Bourguibienne. On n'en veut pas. Ce système d'héritage est dépassé d'ailleurs HCE n'a pas le poids de son père, c'est dommage que le fils va détrôner son père et l'histoire effacera tout ce qui a été fait de bon par son père BCE. Quelque soit les conditions de réussite de HCE par ténors de son parti, les sympathisants de Nidaa donneront une raclée sans précédent à HCE, donc à Nidaa puisqu'ils veulent oublier le passé. La punition de ce parti viendra essentiellement des femmes et des hommes qui ont voté Nidaa car ils attendaient de belles choses alors que les promesses se sont ventilées pour donner place aux querelles interminables. Ils ne sont même pas capables d'organiser leur congrès et arrêter cette mascarade menée par un minable non reconnu HCE. je suis vraiment déçu de la présence de la famille Elloumi et des militants Aidi ministre de la santé et le ministre de l'éducation nationale Jalloul.

Sinistres Girouettes
| 19-10-2015 11:01
Sur la photo on ne voit que Said Aidi qui s'accroche au bras du financier de Nida...logique sommes toutes, il n'est pas à une trahison prêt.
Qui étaient les autres ministres présents? Neji Jelloul, Ridha Belhaj, Selma Loumi et qui d'autres?
Franchement la vie politique tunisienne mérite une sérieux mise au point.

Nephentes
| 19-10-2015 10:42
Votre commentaire est une fois de plus très juste

L'aile"néo-rcdiste" de Nida est clairement une coterie d'opportunistes prêts à tout pour exercer pouvoir et privilèges.

Aucun principe directeur, aucun idéal politique, si ce n'est la sauvegarde d'intérêts enchevêtrés mais complémentaires : la main invisible de Smith appliquée à la politique de caniveau !

Mais ce comportement est logique ; les tunisiens,à de rares exceptions, au cours de leur histoire désormais totalement oubliée, n'ont ils été autre chose qu'une ou plusieurs coalitions hétéroclite (s) d'opportunistes sans identité et sans morale ?

Mahdi
| 19-10-2015 10:34
Petite question :
Quel est le premier parti politique en Tunisie?
Pour répondre, il est possible de s'appuyer sur les résultats du dernier scrutin.

Rais
| 19-10-2015 09:28
Quel BCS, heureusement que le vrai clan adverse n'a pas la force mentale et mentaliste pour comprendre cette ingénierie, ce coup de maître que seule Ennahdha en sortira majestueusement perdante. On a toujours fait l'éloge du bourguibisme par adulation et de manière hébété sans comprendre son finfin,BINGO... il est maintenant ou jamais l'occasion de comprendre cet "isme", mais faut-i attendre la fin de la partie pour en comprendre tout ou presque.