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Santé publique : les hôpitaux tunisiens sous perfusion
08/09/2016 | 19:59
5 min
Santé publique : les hôpitaux tunisiens sous perfusion

Les services rendus par la santé publique sont considérés comme une sorte de baromètre qui permet de mesurer le degré de développement des pays à travers le monde. La Tunisie, était, auparavant, reconnue par le développement de ce secteur et réputée par le haut niveau des compétences médicales. Sauf que de nos jours, l’état de nos établissements publics laisse souvent à désirer.

 

Dernier constat en la matière date d’hier. C’est suite aux fortes averses enregistrées, que le toit du service de la maternité à l’hôpital régional de Bizerte a fuité et a été envahi par la pluie. Le staff médical s’est trouvé dans l’obligation d’évacuer tous les nouveau-nés du service de maternité en les transférant  vers le service de pédiatrie. Cet incident était attendu par le personnel de l’hôpital dans le sens où les travaux d’aménagement n’étaient pas encore achevés.

On rappellera, pourtant qu’une somme avoisinant les 3 millions de dinars était mise à la disposition de l’administration régionale de l’Equipement, et ce, afin d’engager des travaux d’aménagement dans les différents services de l’hôpital de Bizerte. Malgré cela, une lenteur a ponctué l’avancement desdits travaux, sans que les responsables concernés ne puissent y apporter une explication plausible.

 

Encore un cas enregistré, cette fois-ci à l’hôpital régional Tahar Sfar de Mahdia où s’est rendue la ministre de la Santé, Samira Meraï, fraîchement nommée, le 3 septembre 2016.

Au cours de cette visite, la ministre s’est engagée à prendre des mesures pour améliorer la qualité des services de santé dans la région. Elle a évoqué le cas du scanner de l’hôpital en disant qu’il était inadmissible qu’un Centre hospitalo-universitaire de cette importance ait un scanner défectueux.

Mme Meraï a, également, déclaré que le secteur de la santé souffrait de problèmes de gestion et d'une mauvaise gouvernance et qu’il fallait remplacer du vieux matériel. Elle a ajouté que la volonté du ministère était d’aller vers plus de décentralisation afin que les problèmes soient réglés au plus vite au niveau des directions régionales.

 

Un autre établissement qui ne s'en sort pas mieux que les précédents, est l’hôpital régional de Kasserine. L’état des lieux fut constaté par le chef du gouvernement d’union nationale, Youssef Chahed, au moment où il s’est rendu au chevet des blessés de l’accident survenu mercredi au marché de la localité de Khemouda, et qui a  fait 16 morts et 85 blessés. Et c’est bien l’état délabré de cet hôpital qui a poussé M. Chahed à prendre un certain nombre de mesures en faveur de cet établissement de santé à Kasserine.

 

Le chef du gouvernement a donné au ministère de la Santé ainsi qu’aux directions centrales et régionales, un délai de 24h pour commencer à mettre en place la concrétisation de ces mesures décidées avec le département conerné ainsi que celles exceptionnelles, qui seront annoncées ultérieurement.

 

Youssef Chahed a annoncé, en effet, les mesures suivantes :

-   Augmentation du budget de l’hôpital

-   La mise en place de trois machines respiratoires mobiles

-   La mise en place d’un nouveau bloc de chirurgie dédié à la chirurgie des os

-   La fourniture au service des urgences des équipements de radiologie et de cardiologie

-   La fourniture à l’hôpital des appareils de respiration artificielle et de radiologie numérique

-   La mise en place d’un stock stratégique de médicaments à la disposition de l’hôpital

-   La mis à la disposition de la direction de l’hôpital d’un budget dédié au réaménagement de l’hôpital et de son infrastructure

-   L’organisation des circuits du sang dans le gouvernorat en collaboration avec la banque du sang.

 

Face à cette situation, et à l’incapacité des autorités d’apporter des solutions urgentes et efficaces, certaines composantes de la société civile ont choisi d’agir par leurs propres moyens. Ce qui est le cas de l’association Maram Solidarité qui avait totalement rénové le service d’oncologie pédiatrique de l’Hôpital Salah Azaïez. Or quelques mois plus tard, le service devient quasi délabré. « Nous avons organisé une fête pour les enfants dans le service il y a un mois et nous n’avions rien constaté de tout cela. En l’espace de quelques jours, des fournitures ont disparu, du matériel a été dégradé et la crasse a envahi le lieu » nous a confié, abasourdie, la vice-présidente de l’association, Manel Gharbi.

Très remontée contre le cadre médical et paramédical relevant du service en question, Manel Gharbi a expliqué, dans une déclaration à Business News, que les draps brodés à la main qui ornaient les dix lits que compte le service ont disparu, que la climatisation ainsi que le système d’alarme très sophistiqué, installés pour le confort et la sécurité des enfants, sont, à présent, défectueux, que le lave-linge qui permettait au service d’être autonome a été saccagé, jusqu’à la résine, au marbre et aux poignées des portes qu’on a voulu arracher.

 

C’est dire qu’il faudrait procéder à une mise à niveau des infrastructures de base, des équipements et des compétences humaines. Il faudra aussi changer les mentalités et s'assurer d'une prise de conscience généralisée quant à la préservation du matériel, des médicaments et de l’état des lieux, en général. Ce sera une action de longue haleine et de suivi au quotidien des moyens existants tout en œuvrant à les développer et à les promouvoir au grand bonheur des patients et du staff médical.

 

08/09/2016 | 19:59
5 min
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Commentaires (28)

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Trab
| 13-09-2016 16:49
La santé est devenue un enjeu économique majeur. Elle suscite les convoitises des escrocs qui font rêver les citoyens avec des promesses folles. Aidi a ouvert la porte aux groupes étrangers qui veulent soi disant nous aider. Ils utilisent toujours un poisson tunisien qui joue les intermédiaires. Aidi a vendu la santé publique à ces groupes.
La situation dans les hôpitaux s'est dangereusement dégradée ses deux dernières années, maintenant il est impossible de sauver la santé publique. La solution est le privé

Tounsia
| 11-09-2016 11:41
la santé publique constituait une fierté pour le pays . Qu'est ce qui a changé depuis? : la mentalité tout d'abord comme partout dans tous les domaines . On ne considère plus le public comme un acquis à protéger et à promouvoir mais comme quelque chose qui appartient à tout le monde et dont personne n'est responsable. Ainsi ,l'entretien manque ,les abus abandent l'hygiène n 'obéit plus à des normes internationales établies mais à l'autosuffisance du personnel paramédical et administratif . La mentalité et le civisme sont étroitement liés.
La prolifération des cliniques privées ,le départ de bon nombre de médecins vers le privé ,l'instauration de l'APC dans les hôpitaux n'est pas pour encourager l'amélioration des conditions des hôpitaux publics.
Et le manque dans le budget alloué aux hôpitaux est responsable de l'absence d'entretien du matériel défectueux.
En conclusion ,il y a une a absence de volonté politique pour trouver des solutions à tous ces problèmes en même temps tant le chantier est immense .

Fehri
| 10-09-2016 12:27
Dépenser 80 millions de dinars en devises uniquement pour le voyage à la Mecque est inhumain et contre toutes provisions de la religion. Il faut se rappeler qu'on fasse le Hadj seulement si on a les moyens. La Tunisie n'a pas les moyens. La Tunisie à besoin des devises pour améliorer ses hôpitaux. L'Arabie interdit les caméras durant le Hadj pour pour forcer les pauvres de Hadj. En plus elle s'en foute des pèlerins s'ils meurent ou non. Le Hadj est un business.

zohra
| 09-09-2016 19:30
Bonjour Monsieur,

Je suis très impressionné par votre projet, j'espère qu'il aboutisse dans des bonnes conditions, ça serait une grande richesse pour le pays et le continent Africain.

Salutations

Tunisienne
| 09-09-2016 17:55
Laxisme et laisser-aller (culture dominante à l'hôpital, qui arrange tout les corps parce qu'elle signifie «faire le moindre effort qui est la juste contrepartie du salaire de l'hôpital»);

Opportunisme (comment sucer le système dans la mesure où «l'hôpital ne paie pas»);

Irresponsabilité (manque d'identification avec ce lieu de travail «hostile et répugnant», manque d'empathie envers les patients, chacun-pour-soi...);

Attentisme (les médecins attendent toujours, encore et encore, du système ; le directeur de l'hôpital attend des solutions de la direction régionale; cette dernière attend des solutions de la direction centrale... Et personne ne veut mettre du sien);

Impunité (pas de délimitation des responsabilités lesquelles restent sciemment diffuses et confuses; protestation des syndicats et de leurs affiliés à la moindre tentative de remédier à cette impunité).

G&G
| 09-09-2016 16:15
Deux secteurs vitaux échappent au contrôle de l'Etat: La santé et l'enseignement
Santé et Enseignement pour les riches et misère et ignorance pour les pauvres.
Le FMI nous interdit le modèle scandinave. Le social n'est plus une affaire de l'ETat; c'est devenu l'affaire des associations qui ramassent l'argent min halalek wa min haramek.

Ali bey
| 09-09-2016 16:11
Chère madame,
Je n'ai pas dit privatiser l'hôpital public .J'ai hôpital privé à but non lucratif.
L'état a dépensé en 2014, 500 dinars pour chaque tunisien en matière de soins. C'est l'équivalent d'une assurance maladie pour tous les indigents. Ainsi chaque tunisien aura le droit de choisir son médecin et le lieu de son traitement.
Oui madame je suis du domaine ,je suis le président fondateur de la "fondation Carthage C'ur". Nous nous proposons de construire un hôpital privé à but non lucratif de cardiologie et de chirurgie cardiaque.pour toute l'Afrique. Y seront pris que le même pied d'égalité riches et pauvres de toute l'Afrique.Nous sommes certains qu'au bout de trois ans nous aurons le plus grand centre de cardiologie et de chirurgie cardiaque en Afrique. Nous serons très heureux de vous voir parmi nous.

Majestic12
| 09-09-2016 13:39
"En l'espace de quelques jours, des fournitures ont disparu, du matériel a été dégradé et la crasse a envahi le lieu"

Quel plan quinquennal ou programme d'ajustement structurel sera efficace pour éradiquer la sauvagerie d'un nombre croissant de "citoyens" ?

On feint de jouer à l'Etat de Droit et à al bonne gouvernance alors que la population-cible est à des années lumières de tout respect des principes d'une société civilisée.

Et c'est là ou se trouve le défi majeur pour l'avenir de ce pays

HatemC
| 09-09-2016 11:12
ABOLITION de l'APC en toute urgence ... l'APC était pour attirer les medecins dans les régions reculés ... ça partait d'un bon sentiment amis aujourd'hui ceci a été détourné pour des considérations PECUNIERE /....

« Ces prof ont ruiné les hôpitaux publics » ... vous avez raison ...
Apc, ou activité privée complémentaire ... il semble que le tunisien moyen n'a aucune idée de la signification de l'APC ' faites un micro trottoir et personne ne répondra @ la question ... notre problème reste cette IGNORANCE criante de notre peuple qui ne s'intéresse qu'aux futilités ...

Il est bien utile de rappeler qu'il s'agit d'une activité privée exercée par les professeurs au sein de l'hôpital, les médecins spécialistes recrutés dans les zones intérieures du pays ont reçu le droit et le privilège de pratiquer cette Apc ... au meme titre que les chefs de service ...

L'APC est devenu petit-à-petit un business ... l'Apc autorise les professeurs à pratiquer des consultations privées au sein de l'hôpital deux après-midi par semaine C'EST LA LOI ... or aujourd'hui c'est 7j /7 qu'ils pratiquent l'APC ... ce qui a généré une concurrence entre les médecins au sein de l'hôpital et la course aux patients ... ces médecins utilisent les service de l'hôpital ... et détournent les patients vers les cliniques .. allant jusqu'à désintégrer les services hospitaliers ...

L'APC est inscrite dans une loi ... il faut qu'un député prenne cela en compte et demande l'abrogation de cette LOI INIQUE et FALLACIEUSE qui tue notre système de santé qui était une fierté ... aujourd'hui les hôpitaux sont devenus des mouroirs ... a t-on idée qu'une femme enceinte meurt pendant l'accouchement lors d'uns césarienne par manque de matériel ...???? Si INTERDICTION de l'APC ... HC

zohra
| 09-09-2016 10:46
Bonjour Monsieur,

Vous êtes surement du métier et vous connaissez très bien la situation mais votre analyse me fait peur, vous voyez le bien être des médecins et le personnel hospitalier par contre vous ne pensez pas que privatiser les hôpitaux c'est la mort de la gratuité des soins pour les pauvres citoyens.

Donc plus d'eau, plus de soins, !!!!!!!!!!