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30 avril 2014 à l'ANC : une journée à effacer !
01/05/2014 | 1
min
30 avril 2014 à l'ANC : une journée à effacer !
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Par Noômane Fehri


Tout commence par l’article 74, qui autorise les listes électorales des élections prochaines à bénéficier de 50% du financement public de la campagne, avant même de commencer cette dernière. Cette même pratique a été utilisée durant les élections d’octobre 2011 et n’a fait qu’encourager les listes indépendantes et non crédibles à se présenter.

Certaine listes non sérieuses ont été crées simplement pour bénéficier de ce financement public (rizq-el-bilik). Certaines ont même reçu moins de voix que le nombre des personnes inscrites (Ben Arous, Arianna…) et d’autres ont été composées simplement par les membres de la famille de jeunes entrepreneurs du marché de l’argent facile (et qui ont reçu des voix familiales simply for the fun.)

Ne vous trompez guère, ce choix qui est, le moins qu’on puisse dire, non judicieux aura plusieurs effets néfastes pour les prochaines élections. Il ne fera que germer des listes champignons dans toutes les circonscriptions et attendons-nous à des dizaines, voire des centaines de listes par circonscription.

Ceci engendrera une déperdition de voix énorme et un brouillage du bulletin électoral qui augmentera les erreurs et le nombre de voix perdues. Et pour finir, c’est simplement de la mauvaise gestion de l’argent public.

 

Venait ensuite l’article 104, qui a été revisité pour supprimer le seuil minimum de 3%. Ce qui ne gênera point les deux grands partis du paysage politique tunisien, mais donnera l’illusion aux petits partis qu’aller tout seul pourrait être bénéfique. Il les découragera de faire des alliances électorales, tant souhaitées par l’électorat tunisien.

N’oublions pas qu’il y a à peu près un an au premier round du dialogue national à Dar Dhiafa, quelques semaines après l’assassinat de Chokri Belad, tous les partis politiques avaient signés un document qui renforce le principe de réduction du nombre des listes électorales aux prochaines élections et ce par l’adoption du système de nombres de signatures minimales par liste et l’adoption d’un seuil minimal.

Oh, Bon Dieu, que la mémoire de nos politiques est courte et leur habilité à faire des virages à 180 degrés est grande ! J’ai pourtant essayé d’exprimer le refus de mon parti à ce sujet, mais Monsieur Ben Jaâfar sachant pertinemment ce que j’allais dire, me refusa la parole en prétendant qu’un consensus a été obtenu sur ce dernier point. Pourtant, je lui ai bien dis que la représentante de mon parti n’était pas d’accord et n’a pas signé pour cela.

Conclusion : lors des dernières élections, 1,5 million de voix ont été jetés à la poubelle. Pendant les prochaines élections, le nombre ne sera pas très loin. Merci aux « consensus » des partis politiques qui ne se soucient guère des 1,5million de Tunisiens frustrés de voir leurs voix perdues.

 

 Et enfin, le soir, vient le fameux article 167 ! Un article pour lequel l’ambition électorale partisane utilise l’émotion populaire et met en scène un film d’une très mauvaise qualité. En effet, cet article de l’exclusion des RCDistes est l’arme des partis présentant des candidats à la présidentielle pour éliminer certains adversaires potentiels, tout en se basant sur une émotion antiRCD primaire et légitime.

L’opportunité de commencer la justice transitionnelle depuis avril 2012 était là et c était la date à laquelle mon parti avait déposé une Loi de justice transitionnelle. Monsieur Le Président de l’Assemblée n’avait pas jugé alors important de lui accorder la priorité qu’elle méritait. Sachant que l’article 24 de la loi provisoire des pouvoirs publics oblige l’ANC à traiter directement la question de la justice transitionnelle. Il est vrai que Monsieur le président de l’ANC agissait plutôt comme un ministre du gouvernement d’Ennahda en charge de l’ANC, plutôt qu’un vrai président autonome et à égal distance de tous les partis.

Je ne critique point ceux qui ont voté pour cet article d’exclusion, dont je respecte l’avis sans le partager, mais je me pose la question : n’y a t-il pas un conflit d’intérêt avec la présidence de la séance traitant de ce sujet alors qu’il est un potentiel candidat à l’élection présidentielle dont le résultat du vote lui rendront la tâche plus ou moins facile ? Il est donc évident que les mauvaises scènes qui suivirent le vote de refus de l’article 167, étaient un résultat attendu. Pourtant, plusieurs solutions existaient pour traiter ce vrai problème des anciens responsables RCD potentiellement impliqués dans des crimes contre le peuple tunisien et qui ne représentent pas forcement tous ceux ayant eu des postes de responsabilité. Il est vrai que la politique a des raisons que la raison ignore !

 

Une chose est certaine, il m’est difficile de valider et de donner ma voix pour une loi électorale contenant des articles tels le 74 et le 104. Mes électeurs ne souhaiteraient certainement pas que je vote une loi qui encourage la déperdition des voix des Tunisiens. J’aurais tellement aimé que cette journée n’ait jamais existé ou, au moins, qu’elle soit différente…  La nuit porte conseil, demain, sera un autre 23 octobre concernant la déperdition des voix !

 

·         Noômane Fehri est député Afek Tounes.  

01/05/2014 | 1
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