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Après le décret 54, le gouvernement passe à la vitesse supérieure
05/04/2023 | 15:00
8 min
Après le décret 54, le gouvernement passe à la vitesse supérieure


Les autorités tunisiennes étudient la possibilité d’élaborer une loi renforçant le contrôle et la censure au niveau des réseaux sociaux. Après avoir promulgué un décret répressif en septembre 2022, une réunion ministérielle, portant sur la lutte contre les crimes liés aux réseaux sociaux, s’est tenue le 4 avril 2023.


À l’origine de cette malheureuse initiative, se trouve la question de l’état de santé du président de la République, Kaïs Saïed. Ce dernier n’avait pas fait de visites inopinées ou de discours durant plus de dix jours consécutifs. Un phénomène rarement observé en Tunisie depuis l’annonce des mesures exceptionnelles du 25 juillet 2021. Le chef de l’État avait réussi, depuis cette date-là, à monopoliser non seulement le contrôle du pays, mais aussi la représentation officielle de l'État et l’espace public. L'unique moyen d'avoir une idée sur le futur du pays était d'écouter ses incontournables allocutions. Leur importance est primordiale du fait qu’ils apportent des explications à certains faits et phénomènes politiques en plus de nous éclairer au sujet des décisions futures du Président.

Le Président avait rendu les Tunisiens accros à ces discours et à ses déclarations enflammées. Après avoir complètement disparu du paysage politique pendant plusieurs jours, le président de la République a refait surface. Il a indiqué s’être absenté pour deux ou trois jours en raison d’un simple rhume et a tenu à démentir toute information créant des doutes autour de son état de santé ou sa capacité à gouverner. Ceci résulte des innombrables déclarations médiatiques et publications circulant sur les réseaux sociaux à ce sujet. 

Certains ont évoqué un malaise et une dégradation de la santé de Kaïs Saïed. Ils ont même appelé à l’annonce de la vacance définitive et permanente à Carthage. Du côté des soutiens au chef de l’État, on évoque une simple retraite temporaire. Il s’agirait d’une habitude liée au mois de ramadan. Le chef de l’État aurait, seon eux, coutume de s’isoler un peu du monde extérieur pour prier et lire le coran.


Bien évidemment, le président de la République a surpris tout le monde en fournissant cette explication remettant en question la crédibilité de ses soutiens. Il a, d’ailleurs, profité de l’occasion pour lancer les piques et les accusations habituelles à l’opposition et à ses détracteurs. La vacance, selon lui, serait dans leur imaginaire et non au niveau de la présidence. Il a, également, appelé à l’application de la loi, à la poursuite et à la sanction des personnes responsables de ces rumeurs ayant, comme il l’a toujours prétexté, pour ultime but de porter atteinte à la stabilité du pays et à sa sécurité.


Toutes ses affirmations ont eu lieu sous le regard complice de la cheffe du gouvernement, Najla Bouden, présente lors d'un entretien avec le Président. Dans la vidéo relayant l’allocution de Kaïs Saïed, on la voit, fidèle à ses habitudes, silencieuse et se contentant de quelques « inchallah » et « oui monsieur le Président ». 

Optant pour la politique du silence, Najla Bouden, n’a toujours pas accordé de déclaration aux médias tunisiens depuis sa nomination en octobre 2021. Par son attitude, elle a soutenu le président de la République, lors de la promulgation du décret-loi n° 2022-54 du 13 septembre 2022, relatif à la lutte contre les infractions se rapportant aux systèmes d'information et de communication. Ce texte a représenté une véritable secousse politique. Il apporte plusieurs notions floues et pouvant faire l’objet de multiples interprétations. De plus, les sanctions introduites par cette loi ont été qualifiées d’assez lourdes. Selon l’article n° 24 du décret-loi :

« Est puni de cinq ans d'emprisonnement et d'une amende de cinquante mille dinars quiconque utilise sciemment des systèmes et réseaux d’information et de communication en vue de produire, répandre, diffuser, envoyer, ou rédiger de fausses nouvelles, de fausses données, des rumeurs, des documents faux ou falsifiés ou faussement attribués à autrui dans le but de porter atteinte aux droits d'autrui ou porter préjudice à la sûreté publique ou à la défense nationale ou de semer la terreur parmi la population.

Est passible des mêmes peines encourues au premier alinéa toute personne qui procède à l’utilisation de systèmes d’information en vue de publier ou de diffuser des nouvelles ou des documents faux ou falsifiés ou des informations contenant des données à caractère personnel, ou attribution de données infondées visant à diffamer les autres, de porter atteinte à leur réputation, de leur nuire financièrement ou moralement, d'inciter à des agressions contre eux ou d'inciter au discours de haine.

Les peines prévues sont portées au double si la personne visée est un agent public ou assimilé ».


La durée de la peine privative de liberté correspond à plus du double de la peine prévue par l’article n°217 du code pénal en cas d’homicide involontaire. L’amende à payer, quant à elle, correspond à plus de cent fois le Smig tunisien. Des mesures théoriquement assez dissuasives. Que dire alors de l’alourdissement des peines en raison de la qualité de la victime ? Dans le cas où la personne visée serait un agent public ou assimilé (fonctionnaire, ministre ou encore président) la peine de prison passe de cinq à dix ans, soit presque la même peine prévue par le code pénal pour les personnes ayant intégré une association de malfaiteurs. Celle-ci est de douze ans. La sanction pécuniaire est, elle aussi, doublée et atteint cent mille dinars, soit selon certains, le coût de formation d'un ingénieur tunisien. Il s’agit de sanctions assez importantes pour ne pas dire exagérées.


Les fausses informations, en général, continuent à circuler sur les réseaux sociaux. L’échange d’insultes et d’accusations est devenu monnaie courante sur Facebook ou sur YouTube. Nul ne semble prêter d’attention à ce texte de loi. Peut-être en raison de son application par le pouvoir en place. Les personnes concernées, en général, sont des politiciens et des journalistes. Le Tunisien lambda ne se soucie pas de la chose. Il pense sûrement ne pas être concerné par ce décret ou estime que la Tunisie, comme tout autre pays qui se respecte, n’envisage pas de peine de prisons pour ce genre de chose. D’ailleurs, avons-nous eu vent, dans le passé, de l'emprisonnement d’un citoyen ayant propagé des rumeurs au sujet du président français, américain, du chancelier allemand ou d'un même de la famille royale britannique ? Évidemment que non. La vénération de la personne gouvernant le pays et son isolation est caractéristique des pays totalitaires et autocratiques.


Mais, alors que compte faire la cheffe du gouvernement après cette réunion ministérielle ? Tout ce que l'on sait pour l'instant, via un communiqué de la Kasbah, c'est que les discussions ont porté sur la lutte contre les crimes liés aux réseaux sociaux, notamment, les pages diffamatoires et les comptes fictifs sur les réseaux sociaux, la divulgation de documents administratifs et de secrets professionnels via ces réseaux, mais aussi le piratage de pages officielles et la création de pages fictives similaires à celles des structures étatiques et des personnalités officielles.

Une réunion qui survient alors que le Parquet a annoncé qu'il engageait des poursuites contre les profils et les pages ayant diffusé de fausses informations. Cela concerne les rumeurs qui ont circulé autour de l'état de santé du président de la République alors qu'il avait disparu depuis treize jours et que les autorités avaient opté pour l'opacité.


Quelle pourrait être donc cette mesure permettant de mettre fin aux rumeurs et aux fausses informations ? Que pourrait-on décider de plus que ces peines injustes ? Découvrira-t-on donc, bientôt un texte de loi encore plus répressif que ce décret n°54 qui s’est caractérisé par un grand échec ? L’alourdissement des peines ne changera peut-être rien à la chose. 

Le gouvernement, incompris, songerait-il à recourir à la censure, au moyen de restrictions d’accès à certaines plateformes ? On pourrait alors se retrouver face à un temps d’accès limité à Internet comme c'est le cas en Iran ou bien en Russie et en Chine où Facebook est complètement bloqué. La cheffe du gouvernement a, déjà, fait ses preuves en approuvant le décret n°54 et nous avons déjà été témoins de toute l'opacité qui a entouré l'absence du Président mais aussi le contenu des négociations gouvernementales...



Sofiene Ghoubantini

05/04/2023 | 15:00
8 min
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Commentaires
Patriote
@dodo et @mourad
a posté le 06-04-2023 à 20:18
Premierement Je ne suis pas un partisan de KS et je ne l'ai pas voter en 2019
Seulement je vois le proverbe qui dis "en absence d'une bonne solution on choisit la moins mauvaise"
Sachant que KS était le seul à affronter les khouanjias et en débarrasser la Tunisie de leur gangrène Cancéreuse par conséquent j'ai de l 'estime pour ce geste qui a déclenché la remise du pays sur la bonne voie
Je dis bien que ça a déclenché et non remis sur les rails
On sait bien que la sortie de la situation actuelle est une tâche très difficile qui prendra des dizaines d'années avec l'union de tout les tunisiens sincères
Comme le medecin qui reçoit un patient avec une grande hémorragie il doit en urgence arrêter l'hémorragie puis trouver la cause pour ensuite commencer le traitement
Personnellement je vois que la descente aux enfers de la tunisie est entrain d'être maîtrisée et que le diagnostic est en cours afin de trouver les bons scénarios de guerison
N'oublions pas qu'en 2012 la dette extérieure était de 20 mille miliards et que en 2021 elle est passée à 120 mille milliards
Une augmentation de 100 milles milliards que les envahisseurs ont eu durant
C'edt un héritage très très lourd et même les grands économistes le disent surtout dans un environnement social tres perturbés et des khouanjias qui essayent de mettre la pagaille partout
Donc actuellement et pour le bien de la tunisie KS est la solution la moins mauvaise ey df plus il lui reste seulement une année suit a quoi on peut lui dire bye
Djodjo
@patriot
a posté le à 14:41
N'importe quoi, kais n'est pas Dieu, même pas calife, il nous a sauvé de rien du tout, et la dette sous sa gestion, elle a augmenté de combien ? Y'a 12 millions de tunisiens et sans doute celui qu'il faut pour le pays.
Djodjo
La Tunisie, un cirque grandeur nature
a posté le 06-04-2023 à 09:18
Une fois de plus avec kais, on perd un temps précieux bêtement, une fois de plus, il détourne notre regard de l'essentiel, une fois de plus, il nous fait tourner en rond pour rien, quand est-ce qu'il va s'occuper de redresser notre économie super-kais ? Quand est-ce qu'il se met au boulot et arrête de faire du bla-bla-bla contre-productif sur sa personne ?
retraité
les prirités sont ailleurs
a posté le 06-04-2023 à 09:08
les priorités de la Tunisie et des tunisiens sont ailleurs elles sont d'ordre économique financière sociale sanitaire sécuritaire et sociétale et l'avenir de leurs enfants et de la génération montante il faut avouer que la situation du pays et de ses citoyens étaient meilleure que l'actuelle et c'est pour ça que les tunisiens n'ont plus confiance des hommes politiques qui ont rendu le pays appauvri et surendetté et son peuple affamé qu ne trouve pas de quoi se nourrir correctement et une cherté de vie avec un taux de chômage jamais égalés avant
Le Baron
Certains vont regretter la troïka
a posté le 06-04-2023 à 08:05
'? l'époque ils pouvaient traiter le président Marzouki de tartour sans être inquiété, mais franchement bien fait pour leur gueule...
Mourad
@Le Baron
a posté le à 15:18
Marzouki est mille fois meilleur que le locataire forcé. C'est dire que nous sommes vraiment descendu trop bas avec kais au pouvoir. Que Allah protège la Tunisie et yahdi ettouansa pour qu'ils se réveillent.
Sanaa
Les priorités sont ailleurs
a posté le 06-04-2023 à 03:15
Les priorités de la Tunisie sont économiques. Si quelqu'un n'a pas apprécié qu'on le critique à cause de sa disparition inopinée, et ben c'est son problème et seulement son problème. C'est lui le fautif.

Il est impératif d'intervenir pour sauver la Tunisie. Les personnes qui détiennent le pouvoir sont en plein délire.
Patriote
@Djodjo
a posté le 05-04-2023 à 22:34
On est bien dans un régime présidentiel dont tout les pouvoirs sont entre les mains du président et que le premier ministre ne fait qu'exécuter comme ce qui se passe en France
On veut bien être un troupeaj df mouton derrière KS afin sortir notre pays de situation catastrophique de la décennie noire et ne pas être des traitres avec les khouanjias et leurs cercle d'opportunistes qui ont détruit ce qui a été construit depuis l'indépendance de la Tunisie
Mourad
@Patriote Parlez pour vous même
a posté le à 15:15
Si vous n'avez aucune dignité pour accepter à être le mouton d'un crétin, c'est votre problème. Mois je refuse d'être le mouton de quiconque, je suis digne et fier.
Djodjo
@patriot
a posté le à 09:01
kaïs nous a sorti de la situation catastrophique laissé par les islamistes ? Ah bon, et à quel niveau est-ce que la situation c'est amélioré depuis kais ? Dans quel domaine kaïs fait mieux que ses prédécesseurs ? Par contre que notre situation a empiré depuis kais, ça, c'est evident, il suffit de regarder autour de soit.

Tiens, un article pour toi :

https://www.businessnews.com.tn/Kaïs-Saïed-n'est-pas-responsable-de-nos-maux,-la-preuve-!,523,128196,3

En France comme tu dis, la cheffe du gouvernement ne fait pas de figuration, hein, rien à voir avec notre géologue.

Pour finir, toi qui a réponse à tout, ce n'est pas parce que l'on est anti-kais que l'on est forcément pro-nahda, je ne suis pas obligé de choisir entre la peste et le choléra, nous sommes 12 millions, il y a forcément quelqu'un de compétent dans la masse capable de relever le pays, encore faut-il que des élections honnêtes soit organisées pour que l'on puisse choisir.



Patriote
@veritas
a posté le 05-04-2023 à 21:28
Zaba allah yarhmou n'avait pas de matraque mais il exigeait seulement le respect de la loi
Il savait pertinemment que nos ***et les supposés politiciens n'ont aucun sens de patriotisme et se cachent toujours derrière les mots démocratie et liberté d'expression
On se rappelle bien que pendant la guerre du golfe plusieurs journalistes américains ont été écroués pour avour dénoncer la guerre contre l'irak
Djidjo
@patriot
a posté le à 09:13
Arguments idiots, ce n'est pas parce que les ricains ont fait les imbeciles que l'on doit faire pareil, on est un peuple souverain, hein.

D'ailleurs, quel sont les noms des journalistes emprisonnés parce qu'ils étaient contre la guerre ? Je n'en connais pas ? Tu peux nous éclairer ?

Si les anti-médiocrité sont régulièrement accusés de traîtrise à tord par les moutons cretins, une chose est sur, les pro-kais sont particulièrement fourbes et n'hésites pas à mentir pour justifier l'injustifiable.

D'ailleurs, un proverbe d'audiard qui te va bien : les cons ça osent tout, c'est d'ailleurs à ça qu'on les reconnais.
Djodjo
Le peuple Tunisien en passe de devenir du bétail.
a posté le 05-04-2023 à 21:25
Parfois, je me demande à quoi elle sert cette dame ? En attendant, bientôt nous seront tous dans une prison à ciel ouvert.

Le souhait profond de kais c'est de transformer le peuple en un troupeau de moutons cretins. Le reste, c'est votre problème, pas le sien.
Crow85
et pk pas?
a posté le 05-04-2023 à 21:20
si c une loi pour lutter contre les fake news et les pages mensongères alors oui vivement cette loi.
Djodjo
@crow85
a posté le à 11:02
Pour ton information et histoire de te mettre à niveau, on envoie pas quelqu'un en prison parce qu'il a parler ou exprimer ce qu'il ressent, c'est la base d'une société dit civilisé, en ce qui te concerne quand est-ce que tu rejoins les civilisés ?
Zend
Solution Radicale
a posté le 05-04-2023 à 19:22
La solution radicale est de couper les réseaux sociaux ( facebook ect).
Au moins.. plus personne ne communique..
Même internet devrait être coupé..
veritas
La matraque de Ben Ali doit reprendre du service.
a posté le 05-04-2023 à 17:59
La matraque est nécessaire pour ceux qui ne connaissent pas leur limites ou ceux qui font semblant de ne pas les connaître'?'il n'y a pas d'autres solutions avec ceux qui ne connaissent que l'absolu et les extrêmes mais ceux qui veulent abuser de la fameuse démocratie n'en parlons pas '?'la démocratie pour eux est sans limite et digne d'anarchie leur sauce favorite .
MH
@veritas
a posté le à 08:06
'?tonnant comme réflexion car celui qui mérite le plus la matraque d'après vos dires (ceux qui ne connaissent pas les limites) c'est vous-même. Bien sûr, il y aura d'autres avec vous, peut-être bien moi-même (selon la définition de la limite des uns et des autres). '?tes vous prêts à recevoir des coups?
Shems
Fake news
a posté le 05-04-2023 à 15:32
Si les fausses informations étaient vraiment sanctionner, Kaïs Saïed devrait être en prison.
FALLAG
La moitié du populace sera probablement concernée!
a posté le 05-04-2023 à 15:12
Où les prisonniers doivent-ils être logés et avec quels fonds doivent-ils être nourris ? Il manque des prisons dans le pays.

L'aide française de 250 millions d'euros promise aujourd'hui ne suffira sans doute pas !