Des perspectives positives pour 2019
L’année 2018 tire à sa fin. Elle n’a pas été une année faste mais elle n’a pas été une année catastrophique non plus. On retiendra de cette année que malgré les difficultés, les tunisiens ont réussi à préserver le caractère civil de leurs différences. Ils ont avancé sur le chemin de la construction démocratique encore perfectible. Ils ont amélioré des lois et adopté d’autres qui, à court et à moyen terme, auront des répercussions positives sur leur société. Ils ont proposé des réformes sur le plan social, notamment au niveau de l’égalité successorale, qui les rapprocheront des normes de la justice, de l’égalité et de l’équité. Comparée aux évolutions connues, dans d’autres pays, c’est une attitude suffisamment positive pour être relevée.
L’année 2019 qui s’annonce, sera une année charnière qui ouvre des perspectives positives sur plusieurs plans politique, sécuritaire, économique et social. Le seul paramètre inconnu dans cette équation, c’est la capacité de la classe politique actuelle à se renouveler, se rapprocher encore plus des citoyens et se hisser aux niveaux des exigences et des attentes des tunisiens, qui eux ont beaucoup changé, au cours des huit dernières années, parce qu’ils se sont réellement affranchis de leur peur, ont retrouvé leurs voix et se sont réappropriés leur citoyenneté.
Sur le plan politique, l’année prochaine sera clôturée par l’organisation des élections législatives et présidentielles. Tout porte à croire que les délais seront respectés même si l’ISIE, l’instance qui les supervisera connait, pour le moment, une crise interne mais, qui ne semble pas entamer sa capacité à organiser les prochaines élections. Ces élections seront salutaires pour le pays car, elles permettront de remettre de l’ordre dans un paysage politique qui a été fortement pollué durant les trois dernières années par les magouilles et les manœuvres politiciennes qui n’ont servi que les intérêts personnels de quelques-uns. Elles permettront de dégager une configuration réelle des forces politiques et débarrasser la scène des parasites et des escrocs de la politique qui ont réussi à se faire une place sans commune mesure avec leur poids ou leur impact effectifs. Certains diront que les résultats des prochaines élections ne pourront être très différentes des précédentes. Cela ne dépend que des tunisiens qui doivent participer massivement à l’opération de vote. Ils n’auront qu’à pénaliser ceux qui ont déçu, avec la certitude que leurs voix ne seront plus désormais truquées.
Ces élections ne peuvent, bien entendu, se dérouler convenablement que dans un climat sécuritaire maitrisé, ce qui est globalement le cas. Il semblerait même que notre pays a eu la chance de passer rapidement de la phase d’un terrorisme actif à celle d’un terrorisme résiduel. La vigilance, l’efficacité et l’héroïsme de nos forces de sécurité, qui continuent à souffrir affreusement de manque de moyens, y sont pour beaucoup. Toutefois, il serait absolument nécessaire de mettre au clair durant l’année 2019, cette question épineuse de l’organisation sécuritaire secrète du parti islamiste. Il serait absurde de construire une démocratie avec des partenaires qui profite des mécanismes de la démocratie tout en fomentant des desseins malveillants pour l’anéantir.
Quant à la situation économique, elle ne connaitra pas une évolution significative au cours de l’année prochaine. Mais avouons que sur le plan économique, c’est surtout les finances publiques qui sont en crise. Le pays réel, lui, vit à son rythme cadencé malheureusement par le secteur informel et la contrebande qui génèrent des liquidités financières qui profitent aux classes défavorisées mais qui ne profitent nullement à l’Etat qui laisse faire et montre une permissivité déconcertante. La détérioration du climat social n’est que la conséquence de la politique et des orientations économiques de l’Etat. C’est pourquoi, ne serait-ce que pour des considérations électorales, le gouvernement pourrait initier au cours de l’année prochaine des mesures qui ne changeront pas radicalement la situation mais qui apporteront un répit certain, surtout pour les classes moyennes qui ont été les plus touchées par les politiques de l’Etat au cours des dernières années.