
On dit souvent qu’une image vaut mille mots. Et il est de ces images qui suscitent l’émotion au premier coup d’œil, qui choquent, qui interpellent. C’est le cas de cette caricature qui fait le parallèle entre deux drames survenus cette semaine. Celui du submersible parti explorer l’épave du Titanic, à son bord cinq personnes parmi les nantis de ce monde. Celui de l’embarcation de fortune naufragée au large de la Grèce, à son bord des centaines de migrants parmi les plus démunis de ce monde. Une image qui nous revoie au cynisme de ce monde face au décalage de traitement médiatique et au déploiement de moyens pour secourir les victimes.
On est aussi une civilisation de la parole, de l’écriture. Il est donc essentiel de mettre des mots sur les images, de dire le contexte, le comment et le pourquoi. Et dans ce parallèle qui a été fait entre deux drames, il y a matière à réflexion. La vie de migrants qui se noient en Méditerranée, vaudrait-elle finalement moins que celle d’une poignée d’aventuriers ? L’écart entre l’énorme attention consacrée au drame du Titan et la presque indifférence envers la tragédie en Méditerranée, interroge.
On a appris beaucoup de choses ces derniers jours. On a maintenant une idée précise de ce qu’est un submersible. On connait les cinq membres du Titan par leur nom, leur âge, leur profession, leurs ancêtres et même leur solde bancaire. On se réveillait le matin et on lisait que les secours pensaient avoir entendu des bruits. Au cours de la journée, on écoutait à la radio combien de temps l’oxygène durerait. En rentrant, on allumait la télé et on nous parlait de problèmes techniques. Plus tard, on recevait une alerte disant que l’épave, implosée, a été retrouvée… Depuis dimanche, les plus grands médias occidentaux ont rapporté presque minute par minute l’avancée des recherches et le monde a suivi en direct, avec fascination, le destin des cinq disparus.
Lorsque près de 800 migrants ont fait naufrage en Méditerranée, il y a une semaine, l’attention donnée au drame a été le moins qu’on puisse dire plus faible. L’embarcation surchargée a été détectée par les garde-côtes sans déclencher de plan de secours. Plusieurs centaines de migrants sont morts, dans l’un des naufrages les plus meurtriers de ces dernières années, sans déploiement de grands moyens de sauvetage et dans pratiquement l’indifférence internationale.
Une différence de traitement médiatique, une différence d’émotion, une différence de moyens déployés… C’est cynique de le dire, mais cela interroge la nature même de l’humain : de miséreux migrants qui se noient et meurent, on en a l’habitude, c’est fréquent. Pour les pays occidentaux, la migration ne représente qu’un épineux problème à résoudre. Endiguer les flux migratoires vers le Vieux-continent est la priorité, l’aspect humain est secondaire. Pour les ‘spectateurs’ occidentaux (ou autres d’ailleurs), des centaines de migrants qui coulent, c’est devenu banal. Et puis c’est difficile d’entretenir l’empathie et la compassion face à des gens qui ont été transformés en chiffres et en éventuelle menace. Et puis aussi des submersibles de milliardaires ne font pas naufrage tous les jours. Et puis encore, ce sont des occidentaux disparus en partant à l’aventure et ainsi se pose la question d’une forme de racisme latent. Certains ont épinglé le deux poids, deux mesures dans cette affaire. Ce qui a fait grincer des dents l’extrême droite européenne, taxant ceux qui font la comparaison de ‘populistes de gauche’.
Par ailleurs, l’histoire du Titan est carrément un scénario hollywoodien. Un énième naufrage de migrants venus d’Afrique ou d’Asie n’est pas accrocheur. Ce sont des anonymes sans nom, les morts en Méditerranée sont devenus monnaie courante depuis bien longtemps. Un submersible disparu près d’une célèbre épave, c’est comme suivre un film et attendre l’issue miraculeuse. C’est glamour, c’est vendeur et les médias entretiennent le suspense comme dans un thriller américain. Gageons que certains producteurs manœuvrent déjà pour récupérer les droits du film.
Le constat est accablant, le monde ne s’intéresse guère à la souffrance et à la mort de miséreux migrants. « Une situation intenable », a commenté l’ancien président américain, Barack Obama, critiquant la différence de traitement.
Des migrants continueront à mourir dans l’indifférence en quittant notamment les côtes tunisiennes. Depuis plusieurs années déjà, la communauté internationale s’accommode de voir des femmes, des enfants et des hommes se noyer sans qu’il y ait un véritable sursaut.
Les récits de ces naufragés confrontent les occidentaux à une certaine responsabilité morale et politique qu’ils préfèrent occulter au profit de récits moins problématiques, plus glamours et plus ‘divertissants’.



J'ajoute, seulement, qu'on ne "découvre" rien, puisque tout cela est inscrit dans uns vision du monde.
Littératures, philosophies, ethnologie....
Sans en dire davantage, je vous suggère si vous ne l'avez lu, un livre de bonne tenue, clair, documenté, qu'un philosophe d'origine jamaicaine a écrit :
Le Contrat racial, Charles W. MILLS, Mémoire d'encrier éd.,
Montréal, Québec.
Traduit en français et diffusé en France.
ces riches poussent les pauvres à la mer: on se débarrasse d'un chomeur et il rapporte de précieuses devises, que le pays ne peut gagner autrement.
devises qui servent aux riches d'acheter whiskey, bananes ... importer de belles voitures, etc ...
quels imbéciles ces émigres !!
moi je n'envoie pas un centime !!
Aujourd'hui et dans l'espérance que ça dure, je vous dis sincèrement, CHAPEAU BAS...
De l'autre, des nuées de migrants dont personne ne veut, au moins parce que leurs pays, qui ont le devoir de les empêcher et de les faire vivre, ne le font pas. Je n'ajoute rien sur l'impossibilité, pour eux, de s' intégrer aux sociétés qu'ils tentent de rejoindre pour, une fois sur place, leur cracher dessus.
Que voulez vous que l'on fasse d'eux? Accueillez les, au lieu de les aider à traverser la mer.
Notez aussi la bonne occasion pour les journaleux de se drapper de l'habit de moraline, de faire croire que ce des sont gentils, à l'abri de tout reproche face aux foules de méchants!