Chawki Gaddes crée la polémique
On avait annoncé sa nomination au poste de président de la commission de préparation du congrès électoral du nouveau né Tahya Tounes lors de la conférence de presse qui s’est tenue hier en grande pompe. Le nom de Chawki Gaddes suscite la polémique aujourd’hui. Indépendant ou membre – non assumé – du parti, le principal intéressé se défend mais les choses sont moins simples qu’il n’y parait.
« Je n’ai pas intégré Tahya Tounes » avait précisé Chawki Gaddes dans une déclaration à Mosaïque FM, jeudi 21 février 2019, à l’issue de l’annonce faite par Selim Azzabi lors de la conférence de presse.
Le coordinateur général de Tahya Tounes avait expliqué, plus tôt dans la journée d'hier, que deux personnalités nationales indépendantes feront partie de l’équipe qui se chargera d’organiser le congrès du parti. Ces deux personnalités ne sont autres que Najla Brahem, ancien membre de l'instance des élections (Isie) et Chawki Gaddes.
Chawki Gaddes, président de l’Instance nationale de protection des données personnelles (INPDP) occupera le poste de président de la commission de préparation du congrès électoral. Il aura pour mission d’assurer l’aspect logistique et organisationnel en vue d’accorder la crédibilité nécessaire au parti.
Crédibilité qu’il apportera « grâce à son indépendance », précise justement Gaddes, qui souligne qu’il n’a pas rejoint le mouvement Tahya Tounes et qu’il ne fera que superviser le congrès électif du parti. « Je suis indépendant et je le resterai. Cette mission qu’on m’a proposée me permettra, également, de veiller sur les données personnelles des participants au congrès. Je tiens, également, à préciser que j’accepterai la demande de tout autre parti qui ferait appel à moi pour ce genre de mission », a-t-il dit ajoutant que cette mission ne s’oppose pas à son poste à la tête de l’INPDP.
Si Chawki Gaddes se défend de tout conflit entre ces deux missions affirmant qu’il « serait prêt à faire la même chose si n’importe quel autre parti le lui proposait », ses propos peinent à convaincre.
Aussitôt cette candidature annoncée, des voix se sont élevées pour contester cette nomination. Le parti Al Joumhouri a publié un communiqué appelant Chawki Gaddes à présenter sa démission de l’INPDP. Dans son communiqué, le parti considère que le fait d’avoir accepté de superviser le congrès du parti Tahya Tounes porte atteinte à l’indépendance de l’instance et sa neutralité. Ainsi, Al Jomhouri a appelé à la démission de Gaddes et à la nomination d’une « autre personnalité indépendante à la tête de l’instance pour la préserver et la protéger de toute influence politique ».


Aujourd’hui, la Ligue des instances publiques indépendantes a annoncé la suspension de l’adhésion de l’Instance nationale de protection des données personnelles (INPDP) contestant la nomination de Chawki Gaddes au poste du président de la commission de préparation du congrès électoral de Tahya Tounes. Les membres réunis aujourd’hui ont estimé que la nouvelle mission de M. Gaddes est « en contradiction avec le principe de neutralité, d’indépendance, tout en s’écartant des manipulations politiques ».
Selim Azzabi s’est expliqué ce matin sur Express FM dénonçant de nombreuses « calomnies » qui ont été dites au sujet de la candidature de Chawki Gaddes. « Nous sommes dans une année électorale […] il y a beaucoup de fake news aujourd’hui et il est ridicule de croire que Chawki Gaddes possède une base de données rassemblant toutes les informations personnelles des Tunisiens », a-t-il souligné. Il ajoute que : « Les choses se feront dans les règles de l’art et il ne faut plus croire que toute personne qui fait de la politique est forcément louche. Il faut redonner la confiance et arrêter de diaboliser les partis politiques ».
Tahya Tounes se défend en effet affirmant qu’il s’agit d’engager une personnalité indépendante pour ses compétences logistiques et techniques dans le but d’organiser un congrès comme il n’y en a jamais eu auparavant. Force est de constater cependant que confier une mission politique à une personnalité indépendante à la tête d’une institution nationale dérange forcément.
Des observateurs de la scène politique se sont même interrogés si pareille nomination aurait été acceptée si d’autres personnalités à la tête d’institutions nationales étaient concernées par de pareils postes politiques ? Est-ce que cela aurait dérangé si Sihem Ben Sedrine, présidente de l’Instance Vérité et Dignité, organise le congrès électif d’Ennahdha par exemple ? La question mérite réflexion…
Synda TAJINE