
Le sombre Rached Ghannouchi avait prononcé une sombre phrase du temps où il était au pouvoir avec son sombre parti. Il nous avait à peu près dit : « Remerciez Dieu d’avoir encore de l’eau en ouvrant le robinet et de l’électricité en appuyant sur l’interrupteur ». Sombre présage. On avait ri à l’époque. On rit beaucoup moins aujourd’hui.
C’était en 2013. Dix ans après, on aurait pu penser que nos préoccupations évolueraient et finiraient par décoller. Qu’elles auraient pu quitter le plancher des nécessités de base pour atteindre - non pas les stratosphères des débats de luxe relatifs aux droits des minorités et à l’importance de l’éducation inclusive - mais, au moins atteindre un niveau plus élevé de nécessités. Il n’en est pourtant rien.
Ces derniers jours ont été rythmés par plusieurs événements peut-être anodins, mais qui renseignent sur la situation dans le pays. La crise du pain, la crise de l’enseignement et l’audition de deux journalistes –parmi les plus virulents contre le pouvoir – devant la brigade criminelle à cause d’une chronique d’opinion.
« Ce qui se passe avec le pain est inacceptable ! Comme nous n’acceptons aucune atteinte à notre souveraineté, le pain et les produits de base du citoyen sont une ligne rouge ! », avait déclaré le chef de l’État, hier, face à son ministre de l’Agriculture. Le président de la République a évoqué, dans ce même discours de plus de quinze minutes, les pénuries touchant le pain, le sucre, le café et bientôt le carburant. Des pénuries provoquées, selon lui, « à des fins politiques » et qui font partie des complots habituels fomentés par « des cercles et des lobbies qui cherchent à envenimer la situation ». Le discours habituel.
En attendant, les crises et les pénuries touchent un spectre aussi large que varié de produits de première nécessité. Les Tunisiens cherchent encore, dans les rayons, leur café, sucre, riz, farine... Ils vivent, depuis de nombreuses semaines, avec des coupures répétées d’eau courante dans plusieurs régions et, plus récemment, n’arrivent plus à retrouver leur pain dans leurs boulangeries habituelles.
Les réponses officielles restent les mêmes : il n’y a pas de pénuries, il y a juste une surconsommation de la part des Tunisiens. Entendez par-là, que ce n’est pas une mauvaise gestion du gouvernement, mais de mauvaises habitudes des citoyens. En attendant, on résout chaque crise de manière ponctuelle, en rafistolant sans prévoir la suivante.
Pour faire face au stress hydrique, on coupe l’eau, le soir, pendant quelques semaines, avant de se rendre compte que les effets ont été pires que le problème. Pour faire face aux pénuries, on crie au complot et on menace, au lieu de s’attaquer à la complexité d’une situation économique bien plus alambiquée.
Dix ans après cette sombre phrase, les libertés sont toujours aussi menacées et l’indépendance de la justice est plus que jamais incertaine. Certains des « acquis » - appelons-les comme ça – qu’on pensait avoir garanti depuis, semblent fondre comme neige au soleil. L’étau se resserre sur les journalistes et les atteintes à l’indépendance de la justice se multiplient.
Dix ans après, l’éducation des enfants est toujours aussi précaire et obéit à des épisodes tendus de tergiversations et de négociations sans fin entre syndicats et gouvernants. Les enseignants travaillent dans des conditions humiliantes et les élèves ne savent pas de quoi seront faits leurs lendemains…
On aura beau parler d’une « décennie noire », cette décennie n’est toujours terminée…



Notre réalité actuelle se résume dans l´adage populaire « Oh ma belle poule attend que le blé vienne de Béja ! »
Entre- temps il faut retrousser les manches et commencer à travailler ! bande de fainéants.
Et on ose parler de pénurie
La majorité des profs doublent leurs salaires tous les mois avec les cours particuliers
Entre tunisiens on se comprend mieux et un 'machmoum el fel' fera la paix!
Mais le gourou de la secte, non il n'a rien de tunisien c'est une marionnette entre les mains des puissances étrangères!
Parlez pour vous, quand vous dites on avait rit à l'époque. Tout le monde n'est pas aussi ahuri que vous le croyez, certains sont conscients et clairvoyant. Comme moi.
D'autre part, faites des articles proposant des solutions argumentées plutôt que des constats d'échecs
Et puis quoi encore? Quand est-ce qu'on aura l'honnêteté de dire qu'on vivait beaucoup mieux avec Ennahdha,? Quand est-ce qu'on arrêtera de vilifier une partie de la population et d'accepter de vivre avec eux suivant les règles démocratiques du jeu?